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Fermes et villae romaines en Gaule chevelue: La difficile confrontation des sources classiques et des données archéologiques*

Published online by Cambridge University Press:  23 August 2017

Michel Reddé*
Affiliation:
Ephe, Anhima, Umr 8210

Résumé

Les termes de «ferme indigène» et de «villa» romaines, souvent opposés par les historiens, ressortissent à un débat historiographique ancien, mais toujours actuel car jamais véritablement tranché. En Gaule du Nord, ils renvoient notamment aux travaux déjà anciens de Roger Agache, dont les prospections aériennes avaient donné à voir un paysage peuplé de grandes villae, volontiers considérées comme de vastes domaines aristocratiques par opposition à de petits établissements de tradition indigène. Cette image a fini peu ou prou par s'imposer, donnant l'impression d'une mutation rapide et radicale des systèmes agraires du Nord de la Gaule après la conquête. Malgré de nombreuses tentatives de correction, la notion d'une économie agricole fondée sur la productivité des grands domaines reste dominante dans la pensée des historiens. Cet article se propose de rappeler la difficulté d'appréhender, à travers les sources classiques, la complexité des campagnes de l'Antiquité, afin de mieux examiner l'apport récent des grands décapages de l'archéologie préventive et les problèmes d'interprétation posés par l'intrication de nombreux établissements ruraux, dont la taille et le luxe ne constituent pas nécessairement des indicateurs pertinents de productivité.

Abstract

The terms “native farm” and “Roman villa,” often contrasted by historians, stem from a long-standing and still-unsettled historiographical debate. In northern Gaul, they particularly evoke the work of Roger Agache, whose aerial prospections showed a landscape populated by large villae that were readily interpreted as great aristocratic estates in contrast to small native settlements. This view became more or less dominant, giving the impression that the Roman conquest swiftly and radically altered the agrarian system of northern Gaul. In spite of many attempts to correct it, the idea of an agricultural economy based on the production of large estates remains widely accepted among historians. This paper offers a reminder of how difficult it is to apprehend the complex situation of ancient rural landscapes through the lens of classical sources. It then goes on to consider the recent contribution of rescue archaeology and the interpretative problems posed by the entanglement of numerous rural settlements whose size and luxury are not necessarily relevant indicators of productivity.

Type
Archéologie romaine
Copyright
Copyright © Éditions de l'EHESS 

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Footnotes

*

L'expression «Gaule chevelue» est la traduction du latin Gallia Comata, par opposition à Gallia Togata («Gaule en toge») qui désigne le Midi, plus romanisé. Elle ne s'applique pas uniquement au Nord du pays puisqu'elle concerne tout l'Ouest, voire le Sud-Ouest.

References

1 Agache, Roger, «La campagne à l’époque romaine dans les grandes plaines du Nord de la France, d'après les photographies aériennes», Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, 2-4, 1975, p. 658713 Google Scholar ; Id., La Somme pré-romaine et romaine d'après les prospections aériennes à basse altitude, Amiens, Société des antiquaires de Picardie, 1978.

2 Agache, Roger, «Les fermes indigènes d’époque pré-romaine et romaine dans le bassin de la Somme», Cahiers archéologiques de Picardie, 3, 1976, p. 117138 CrossRefGoogle Scholar. Le terme, d'origine britannique, traduisait la notion de native farm, encore très prégnante à cette époque mais plus guère utilisée aujourd'hui, à juste titre.

3 Bayard, Didier et Collart, Jean-Luc (dir.), no spécial «De la ‘ferme indigène’ à la villa romaine. La romanisation des campagnes de la Gaule», Revue archéologique de Picardie, 11, 1996, p. 5 CrossRefGoogle Scholar.

4 De l'époque de La Tène, qui désigne le second âge du Fer. La Tène finale (vers 150-130 av. J.-C.) est divisée en deux périodes : La Tène D1, jusque vers 80 av. J.-C., et La Tène D2, qui se termine vers 40-30 av. J.-C, soit après la conquête césarienne. Ces termes caractérisent essentiellement des faciès matériels, et non des événements historiques empruntés au monde méditerranéen.

5 Ce terme controversé est employé ici avec toute la charge idéologique dont il est traditionnellement porteur. Voir Reddé, Michel, «La romanisation dans le Nord et l'Est de la Gaule. Quelques stéréotypes à la lumière d’études archéologiques récentes», in Ménard, H. et Plana-Mallart, R. (dir.), Contacts de cultures, constructions identitaires et stéréotypes dans l'espace méditerranéen antique, Montpellier, Maison des sciences de l'homme de Montpellier/Presses universitaires de la Méditerranée, 2013, p. 117128 Google Scholar.

6 La bibliographie sur cette question étant immense, citons deux ouvrages fondamentaux : Carandini, Andrea (dir.), Settefinestre. Una villa schiavistica nell'Etruria romana, Modène, Panini, 1985 Google Scholar ; Étienne, Robert (dir.), Du latifundium au latifondo. Un héritage de Rome, une création médiévale ou moderne?, Talence, Publications du centre Pierre Paris, 1995 Google Scholar. Pour de nouvelles approches, prenant en compte les petits établissements, voir l'exemple de la vallée du Tibre dans Goodchild, Helen, « Gis Models of Roman Agricultural Production», in Bowman, A. et Wilson, A. (dir.), The Roman Agricultural Economy: Organisation, Investment, and Production, Oxford, Oxford University Press, 2013, p. 5583 CrossRefGoogle Scholar.

7 Fabia, Philippe, La table claudienne de Lyon, Lyon, Impressions de M. Audin, 1929, l. 71 Google Scholar.

8 Gros, Pierre, L'architecture romaine du début du iii e siècle av. J.-C. à la fin du Haut-Empire, vol. 2, Maisons, palais, villas et tombeaux, Paris, Picard, 2001 Google Scholar.

9 Roymans, Nico et Derks, Ton (dir.), Villa Landscapes in the Roman North: Economy, Culture, and Lifestyles, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2011 Google Scholar.

10 Hingley, Richard, Rural Settlement in Roman Britain, Londres, Seaby, 1989, p. 1112 Google Scholar. Pour une mise au point récente sur la Gaule du Nord, voir Reddé, Michel, «Grands et petits établissements ruraux dans le Nord-Est de la Gaule romaine : réflexions critiques», Revue des études anciennes, 117-2, 2015, p. 575612 Google Scholar.

11 Taylor, Jeremy, An Atlas of Roman Rural Settlement in England, York, Council for British Archaeology, 2007 Google Scholar.

12 Scheidel, Walter, Morris, Ian et Richard Saller, P. (dir.), The Cambridge Economic History of the Greco-Roman World, Cambridge, Cambridge University Press, 2007 CrossRefGoogle Scholar. Pour une approche sensiblement différente, voir A. Bowman et A. Wilson (dir.), The Roman Agricultural Economy. . ., op. cit.

13 Dennis P. Kehoe, «The Early Roman Empire: Production», in W. Scheidel, I. Morris et R. P. Saller (dir.), The Cambridge Economic History. . ., op. cit., p. 541-569.

14 Tacite, Histoires, V, 23. Voir Michel Reddé, «‘Ut eo terrore commeatus Gallia aduentantes interciperentur’ (Tacite, Hist., V, 23). La Gaule intérieure et le ravitaillement de l'armée du Rhin», Revue des études anciennes, 113-2, 2011, p. 489-509.

15 Voir archaeologydataservice.ac.uk/archives/view/romangl/query.cfm et www.reading.ac.uk/archaeology/research/roman-rural-settlement/. Pour l'exposé des prémisses, voir Fulford, Michael et Holbrook, Neil, «Assessing the Contribution of Commercial Archaeology to the Study of the Roman Period in England, 1990-2004», The Antiquaries Journal, 91, 2011, p. 323345 CrossRefGoogle Scholar. Pour une synthèse récente, voir Alexander Smith et al., New Visions of the Countryside of Roman Britain, vol. 1, The Rural Settlement of Roman Britain, Londres, Society for the Promotion of Roman Studies, 2016.

16 Elle est disponible en ligne sur le catalogue Dolia (http://dolia.inrap.fr), mais elle est encore fort loin d’être complète.

17 Le projet Rurland (Rural Landscape in North-Eastern Roman Gaul), dirigé par l'auteur de cet article, est financé par l'European Research Council (Erc Advanced Grant, Rurland, Support for Frontier Research 2013, Erc-2013-Adg). Le projet initial (en anglais) peut être consulté sur le blog http://rurland.hypotheses.org.

18 Digeste, 50, 16, 180 (tugurii appellatione omne aedificium, quod rusticae magis custodiae convenit quam urbanis aedibus, significatur, trad. par l'auteur).

19 Par exemple dans César, Bellum Gallicum, V, 43, 1.

20 Veyne, Paul, «La table des Ligures Baebiani et l'institution alimentaire de Trajan», Mélanges d'archéologie et d'histoire, 69-1, 1957, p. 81135, ici. p. 117CrossRefGoogle Scholar.

21 Voir notamment Leveau, Philippe, Gros, Pierre et Trément, Frédéric, «La recherche sur les élites gallo-romaines et le problème de la villa », in Antoine, A. (dir.), Campagnes de l'Ouest. Stratigraphie et relations sociales dans l'histoire, Rennes, Pur, 1999, p. 287302 CrossRefGoogle Scholar.

22 Voir notamment P. Gros, L'architecture romaine. . ., op. cit., p. 265-270. Sur le phénomène culturel de la villa républicaine en Italie, voir Jeffrey Becker, A. et Terrenato, Nicola (dir.), Roman Republican Villas: Architecture, Context, and Ideology, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2012 Google Scholar.

23 Varron, Res Rusticae, III, 2.

24 Varron, Économie rurale, t. 1, liv. 3, trad. par C. Guiraud, Paris, Les Belles Lettres, 1997.

26 Pline le Jeune, Epistulae, III, 19. Cette situation trouve un écho saisissant dans un passage quasiment contemporain d'Hygin le Gromaticien (III, 20) à propos des controverses qui surgissent entre particuliers : «En outre, les propriétaires de plusieurs domaines [fundi] contigus peuvent rattacher leurs terres, par exemple deux, trois à une seule villa tout en laissant les bornes qui limitaient chacune de ces terres ; une fois abandonnées les autres villae à l'exception de celles à qui les terres ont été rattachées, les voisins, qui n'ont pas assez de leurs propres terres, enlèvent les bornes qui limitent leur propre possession, et revendiquent celles qui marquent les limites entre les domaines qui appartiennent désormais à un seul propriétaire. Cela aussi devra faire l'objet d'un examen.» Voir Les arpenteurs romains, vol. 1, Hygin le Gromatique, Frontin, trad. par J.-Y. Guillaumin (modifiée), Paris, Les Belles Lettres, 2005.

27 Criniti, Nicola (éd.), La tabula alimentaria di Veleia, Parme, Deputazione di storia patria per le province parmensi, 1991 Google Scholar.

28 Le cens (c'est-à-dire l’évaluation de la fortune) minimal d'un sénateur doit être d'un million de sesterces.

29 Corpus Inscriptionum Latinarium (ci-après CIL), IX, 1455.

30 P. Veyne, «La table des Ligures Baebiani. . .», art. cit., p. 117.

31 Voir notamment Dennis Kehoe, P., «Allocation of Risk and Investment on the Estates of Pliny the Younger», Chiron, 18, 1988, p. 1542 Google Scholar.

32 Pline le Jeune, Epistulae, III, 19.

33 Ibid. , IX, 37.

34 Mais est-ce par an ou pour la durée du bail (cinq ans)?

35 CIL, VI, 33840. Rappelons, à titre de comparaison, qu'un centurion légionnaire touche, sous Domitien, une solde annuelle de 4 500 deniers, soit 18 000 sesterces. Voir Michael Speidel, A., «Roman Army Pay Scales Revisited: Responses and Answers», in Reddé, M. (dir.), De l'or pour les braves! Soldes, armées et circulation monétaire dans le monde romain, Bordeaux, Ausonius, 2014, p. 5361 Google Scholar.

36 Cela a donné lieu à d'intenses et intéressants débats scientifiques. Voir par exemple le compte rendu de Dennis Kehoe, P.The Sources for Roman Farm Tenancy», Journal of Roman Archaeology, 9, 1996, p. 389394)CrossRefGoogle Scholar sur l'ouvrage Scheidel, de Walter, Grundpacht und Lohnarbeit in der Landwirtschaft des römischen Italien, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 1994 Google Scholar. Le débat avait déjà été profondément renouvelé par Pieter De Neeve, W., Colonus: Private Farm-Tenancy in Roman Italy during the Republic and the Early Principate, Amsterdam, J. C. Gieben, 1984 Google Scholar. Pour une vision élargie de la question et une reconsidération des sources antiques sur la petite exploitation, voir Dennis Kehoe, P., Law and Rural Economy in the Roman Empire, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2007 CrossRefGoogle Scholar.

37 La pars urbana est la partie d'habitation, par opposition à la pars rustica, qui forme l'ensemble des bâtiments à fonction économique de la villa.

38 Le Glay, Marcel, «La Gaule romanisée», in Duby, G. et Wallon, A. (dir.), Histoire de la France rurale, vol. 1, La formation des campagnes françaises, des origines à 1340, Paris, Éd. du Seuil, 1982, p. 191286 Google Scholar, ici p. 209.

39 P. W. De Neeve, Colonus: Private Farm-Tenancy. . ., op. cit.

40 Nous ne pouvons, par exemple, intégrer à notre réflexion la persistance éventuelle de «coutumes» protohistoriques locales que nous ignorons complètement et qui peuvent n’être pas conformes au droit romain strict. On perçoit d'ailleurs l'existence de telles différences entre des régions comme l'Afrique et l'Asie Mineure ou l’Égypte, mieux documentées par les textes épigraphiques. Pour la Gaule chevelue, on peut supposer que, dans les décennies qui ont suivi la conquête et sans doute jusque vers le milieu du i er siècle apr. J.-C., voire plus tard, la structure foncière et les relations socio-économiques qui régissaient l'exploitation de la terre à l’époque protohistorique n'ont pas été radicalement modifiées partout et de manière subite. On ignore en fait l'ampleur et le rythme des changements qui ont affecté la province après la conquête, notamment dans le régime foncier et la propriété effective du sol, sans parler du droit éminent de Rome sur la terre provinciale.

41 Greene, Kevin, The Archaeology of the Roman Economy, Berkeley, University of California Press, 1990, p. 9097 Google Scholar.

42 On peut se reporter, dans la suite du texte, à la figure 1 pour la localisation des noms géographiques mentionnés.

43 Ouzoulias, Voir Pierre, «Place et rôle de la petite exploitation dans la Gaule romaine : un débat en cours», Revue archéologique, 47-1, 2009, p. 149155 Google Scholar, notamment à propos des petits établissements fouillés dans l'emprise de l'aéroport d'Albert-Picardie (fouilles Inrap menées par Laurent Duvette), au cœur de la zone des villae, mais qui avaient échappé à la détection aérienne.

44 Leeuw, Sander van der, Favory, François et Fiches, Jean-Luc (dir.), Archéologie et systèmes socio-environnementaux. Études multiscalaires sur la vallée du Rhône dans le programme Archaeomedes, Paris, Cnrs Éditions, 2003 Google Scholar.

45 Pour une critique argumentée de la méthode, Ouzoulias, voir Pierre, «Les campagnes romaines : quelle spatialité? Retour sur l'expérience d'Archaeomedes», in Carpentier, V. et Marcigny, C. (dir.), Des hommes aux champs. Pour une archéologie des espaces ruraux du Néolithique au Moyen Âge, Rennes, Pur, 2012, p. 131156 Google Scholar.

46 Les prescriptions actuelles en archéologie préventive tendent de toute manière à privilégier les surfaces bâties au détriment du «hors site» (fossés, parcellaires, mares, etc.), même dans le cadre de décapages très vastes, le plus souvent pour des raisons financières.

47 Tous les chercheurs, ou presque, s'accordent à le penser et tous utilisent, selon leur propre typologie, ce critère essentiel, mais la diversité des approches régionales n'en rend pas la comparaison aisée. Pour une analyse critique mais positive des critères de caractérisation de l'habitat rural et des approches statistiques, Bertoncello, voir Frédérique, « Villa/vicus : de la forme de l'habitat aux réseaux de peuplement», Revue archéologique de Narbonnaise, 35, 2002, p. 3958 CrossRefGoogle Scholar.

48 Pour la Gaule du Nord, Gandini, Cristina, Des campagnes gauloises aux campagnes de l'Antiquité tardive. La dynamique de l'habitat rural dans la cité des Bituriges Cubi ( ii e s. av. J.-C.- vii e s. apr. J.-C.), Tours, Féracf, 2008, p. 246254 Google Scholar, prend en considération sept niveaux hiérarchiques selon des descripteurs formels qui s'appuient à la fois sur la superficie des établissements, leur degré apparent de richesse (évalué en fonction de leur architecture et de leur mobilier) et leur durée de vie. Niveau 1 : grosses villae à caractère résidentiel marqué ; niveau 2 : grandes villae ; niveau 3 : villae moyennes à petites ; niveau 4 : fermes grandes à petites édifiées «à la romaine» ; niveau 5 : fermes en terre et en bois ; niveau 6 : petites fermes ou bâtiments agricoles ; niveau 7 : établissements à vocation artisanale.

49 Van Ossel, Paul et Defgnée, Anne (dir.), Champion, Hamois : une villa romaine chez les Condruses. Archéologie, environnement et économie d'une exploitation agricole antique de la Moyenne Belgique, Namur, Institut du patrimoine wallon, 2001 Google Scholar.

50 Malrain, François, Matterne, Véronique et Méniel, Patrice, Les paysans gaulois ( iii e siècle-52 av. J.-C.), Paris, Errance/Inrap, 2002 Google Scholar.

51 Lemaire, Frédéric (dir.), À l'origine de la villa romaine. L'exemple du site exceptionnel du «Fond de la Commanderie» à Conchil-le-Temple (Pas-de-Calais), Berck-sur-Mer, Cradc, 2012 Google Scholar.

52 Fichtl, Stephan, «La villa gallo-romaine, un modèle gaulois? Réflexions sur un plan canonique», in Grunwald, S. et al. (dir.), Artefact. Festschrift für Sabine Rieckhoff zum 65. Geburtstag, Bonn, Habelt, 2009, p. 439448 Google Scholar ; Id., «Die gallische Villa von Batilly-en-Gâtinais (Loiret) und die Frage nach dem Ursprung der grossen villae ‘à pavillons multiples alignés’», Alemannisches Jahrbuch, 59-60, 2011-2012, p. 127-142.

53 Ferdière, Alain et al., «Les grandes villae ‘à pavillons multiples alignés’ dans les provinces des Gaules et des Germanies. Répartition, origine et fonctions», Revue archéologie de l'Est, 59-2, 2010, p. 357446 Google Scholar.

54 Florian Sărăţeanu-Müller, «The Roman Villa Complex of Rheinheim, Germany», in N. Roymans et T. Derks (dir.), Villa Landscapes in the Roman North. . ., op. cit., p. 301-315.

55 Habermehl, Diederick, Settling in a Changing World: Villa Development in the Northern Provinces of the Roman Empire, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2013, p. 46 Google Scholar.

56 Ce qui signifie littéralement les «districts des mines de lignite à ciel ouvert», situés entre Cologne et Maastricht sur le piémont nord de l'Eifel et recouverts d'une épaisse couche de lœss fertile.

57 Karen Jeneson, «From Finds to Villas: Reconstructing the Roman Villa Landscapes between Tongres and Cologne», in M. Reddé (dir.), Méthodes d'analyse des différents paysages ruraux dans le Nord-Est de la Gaule romaine. Études comparées (hiérarchisation des exploitations, potentialités agronomiques des sols, systèmes de production, systèmes sociaux), actes du séminaire du programme Rurland, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01253470, p. 183-198. L'auteure a montré que la société de cette riche région agricole, occupée exclusivement par un semis dense de très petites villae, était loin d'atteindre le niveau de richesse économique que l'on associe généralement à ce type d'exploitation. On ignore en revanche largement à quoi pouvait ressembler l'habitat des colons sur les terres centuriées de la colonie romaine d'Orange, pourtant bien localisées topographiquement. Voir Favory, François et al., «La vie agraire», in Favory, F. (dir.), Le Tricastin romain. Évolution d'un paysage centurié, Drôme, Vaucluse, Lyon, Alpara/Publications de la Maison de l'Orient et de la Méditerranée, 2013, p. 93166 CrossRefGoogle Scholar.

58 John Smith, T., Roman Villas: A Study in Social Structure, Londres, Routledge, 1997, p. 295300 Google Scholar. Sur le rôle économique de la villa romaine, voir aussi Rind, Mareike, Die römische Villa als Indikator Wirtschafts-und Gesellsschaftstrukturen, Oxford, Archaeopress, 2015, notamment p. 130-131Google Scholar.

59 P. Van Ossel et A. Defgnée (dir.), Champion, Hamois. . ., op. cit., p. 98-120.

60 Ebnöther, Christa (dir.), Der römische Gutshof in Dietikon, Zürich, Direktion der öffentlichen Bauten des Kantons Zürich, 1995 Google Scholar.

61 Schucany, Caty, Die römische Villa von Biberist-Spitalhof/SO (Grabungen 1982, 1983, 1986-1989). Untersuchungen im Wirtschaftsteil und Überlegungen zum Umland, Remshalden, B. A. Greiner, 2006 Google Scholar.

62 Karine Boulanger et Sylvie Cocquerelle, «Identification des espaces de production, de transformation et de stockage au sein de la pars rustica de la villa gallo-romaine de Damblain», in F. Tr ément (dir.), Produire, transformer et stocker dans les campagnes des Gaules romaines. Problèmes d'interprétation fonctionnelle et économique des bâtiments d'exploitation et des structures de production agro-pastorale, Tours, Féracf, à paraître.

63 Bayard, Didier, Buchez, Nathalie et Depaepe, Pascal (dir.), no spécial «Quinze ans d'archéologie préventive sur les grands tracés linéaires en Picardie», Revue archéologique de Picardie, 3-4, 2014, notamment p. 126129 Google Scholar.

64 R. Hingley, Rural Settlement. . ., op. cit.

65 Cette tendance à assimiler la situation passée à celle du présent, en postulant l'existence d'une agriculture à fort rendement pratiquée par de grands propriétaires terriens, romains ou romanisés, habitant de vastes et luxueux palais campagnards, est pernicieuse et fausse le raisonnement. Pour la Somme, terre de villae romaines «par excellence», une enquête préfectorale de 1840 montre que la superficie consacrée aux céréales n’était alors que de 44 %, dont seulement 23,9 % pour le froment. Compte tenu de l’évolution des productions depuis l'Antiquité, cette statistique ne plaide certainement pas pour une image sans nuance à l’époque romaine. La Somme n’était d'ailleurs pas, à l’échelle de la France du milieu du xix e siècle, le département où le froment occupait la plus grande surface des terres cultivables, même si le rendement y était plutôt bon. La proportion des prairies artificielles y était en revanche importante (enquête menée par P. Ouzoulias dans le cadre du programme Rurland).

66 Nicolas Fouillet et Gaëlle Morillon, «Les greniers maçonnés ruraux antiques à plancher surélevé dans les provinces des Gaules et des Germanies», in F. Tr ément (dir.), Produire, transformer et stocker. . ., op. cit. ; Alain Ferdière, Cristina Gandini et Pierre Nouvel, «Les granges de plan carré à porche entre deux pavillons. Un édifice utilitaire plurifonctionnel emblématique de la Gaule centrale», ibid. ; Alain Ferdière, «Interprétation fonctionnelle des bâtiments et structures dans les parties productives des établissements agropastoraux des Gaules. Historiographie et questions méthodologiques», ibid. ; Matthieu Poux et al., «Le granarium des Buissières à Panossas. Contribution à l’étude des réseaux d'entrepôts de grande capacité dans les Gaules et les Germanies (i er-iii e s. apr. J.-C.)», ibid. Ces auteurs ont montré, à juste titre, l'importance de ces grands horrea au sein des domaines ruraux, même si l'interprétation historique qu'ils proposent reste, à mon sens, hautement spéculative. Pour une synthèse récente, voir Alain Ferdière, «Essai de typologie des greniers ruraux de Gaule du Nord», Revue archéologique du Centre de la France, 54, 2015, doc. 4, http://racf.revues.org/2294. Pour une bonne analyse de ces problèmes dans les villae de Germanie, voir Lars Blöck, «Die Erweiterung der Getreidespeicherkapazitäten der Axialhofvilla Heitersheim in ihrer 4. Bauperiode», Alemannisches Jahrbuch, 59-60, 2011-2012, p. 81-112. Sur la question du stockage dans les villae italiennes de la fin de l’époque républicaine, Van Oyen, voir Astrid, «The Moral Architecture of Villa Storage in Italy in the 1st c. B. C.», Journal of Roman Archaeology, 28, 2015, p. 97123 CrossRefGoogle Scholar, avec un utile catalogue.

67 D. Habermehl, Settling in a Changing World. . ., op. cit., p. 149.

68 Si les études sur les installations agricoles de l’âge du Fer ne manquent pas (voir notamment Gransar, Frédéric, «L'apport de l’étude du stockage à la reconstitution des systèmes agro-alimentaires de l’âge du Fer en France septentrionale», in Anderson, P. C., Cummings, L. S. et Schippers, T. K. (dir.), Le traitement des récoltes. Un regard sur la diversité du Néolithique au présent, Antibes, Apdca, 2003, p. 201217)Google Scholar, celles sur l’époque romaine ont plutôt concerné soit les sites militaires, soit le monde urbain, Rome et Ostie en particulier, et une bonne comparaison entre les deux types de système fait défaut.

69 Pour une synthèse, voir Véronique Zech-Matterne, Julian Wiethold et Bénédicte Pradat, «L'essor des blés nus en France septentrionale. Systèmes de culture et commerce céréalier autour de la conquête césarienne et dans les siècles qui suivent», in X. Deru et R. González Villaescusa (dir.), no spécial «La consommation dans les campagnes de la Gaule romaine», Revue du Nord, hors-série, 2014, p. 23-50.

70 Il s'agit évidemment d'une évaluation sur la pédologie actuelle, qui peut avoir sensiblement évolué depuis l'Antiquité, mais ce facteur de variation potentielle nous échappe. Voir P. Van Ossel et A. Defgnée (dir.), Champion, Hamois. . ., op. cit., p. 35-37.

71 Les fouilles extensives des zones de lignite (Braunkohlenrevier) ont touché de manière systématique des secteurs entiers de plusieurs dizaines de kilomètres carrés. Elles ont ainsi offert une vision pratiquement exhaustive de l'occupation du sol sur d’énormes surfaces, avant l'extraction à ciel ouvert de lignite. Les établissements concernés portent un nom de secteur (en l'espèce Hambach) et un numéro d'ordre. Pour une vue globale, Kunow, voir Jürgen (dir.), Braunkohlenarchäologie im Rheinland. Entwicklung von Kultur, Umwelt und Landschaft, Weilerswist, Verlag Ralf Liebe, 2010 Google Scholar.

72 Hallmann-Preuss, Britta, «Die Villa Rustica Hambach 59. Eine Grabung im rheinischen Braunkohlenrevier», Saalburg-Jahrbuch, 52-53, 2002-2003, p. 283535 Google Scholar, ici p. 395-398.

73 Gaitzsch, Wolfgang, «Grundformen römischer Landsiedlungen im Westen der Ccaa », Bonner Jahrbücher, 186, 1986, p. 399427 Google Scholar.

74 F. Malrain, V. Matterne et P. Méniel, Les paysans gaulois. . ., op. cit. L'analyse a été reprise par François Malrain et Denis Maréchal, «Espaces ruraux dans la moyenne vallée de l'Oise. Limites et perspectives», in V. Carpentier et C. Marcigny (dir.), Des hommes aux champs. . ., op. cit., p. 361-384.

75 Dans un grenier, les céréales doivent être remuées régulièrement pour se conserver et ne pas s’échauffer, ce qu'une couche épaisse ne permet pas.

76 Brunaux, Jean-Louis et Méniel, Patrice, La résidence aristocratique de Montmartin (Oise) du iii e au ii e siècle av. J.-C., Paris, Éd. de la Msh, 1997 Google Scholar ; F. Malrain, V. Matterne et P. Méniel, Les paysans gaulois. . ., op. cit.; Yves Menez, «Le camp de Saint-Symphorien à Paule (Côtes-d'Armor) et les résidences de l'aristocratie du second âge du Fer en France septentrionale», thèse de doctorat, Université Paris-1-Panthéon-Sorbonne, 2009.

77 Fichtl, Stephan, «À propos des résidences aristocratiques de la fin de l’âge du Fer. L'exemple de quelques sites du Loiret», in Krausz, S. et al. (dir.), L’âge du Fer en Europe. Mélanges offerts à Olivier Buchsenschutz, Bordeaux, Ausonius, 2013, p. 329343 Google Scholar.

78 On peut souligner l'utilité de la chronique consacrée au monde rural par Alain Ferdière dans la Revue archéologique du Centre de la France, qui aborde sous plusieurs aspects nombre des questions évoquées dans ces pages : http://racf.revues.org/289.

79 C'est l'un des objectifs du programme Rurland, qui a lancé une étude spécifique sur la fertilisation des sols. Voir Mònica Aguilera et al., «Crop Fertility Conditions in North-Eastern Gaul during the La Tène and Roman Periods: A Combined Stable Isotope Analysis of Archaeobotanical and Archaeozoological Remains», Environmental Archaeology, 2017 (en ligne) ; pour une étude préliminaire, voir Id., «Fertilisation des sols de culture par les fumiers et rôle potentiel des céréales dans l'affouragement du bétail. L’éclairage des analyses isotopiques sur restes carpologiques et archéozoologiques», in M. Reddé (dir.), Méthodes d'analyse. . ., op. cit., p. 41-46.