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Les origines de l'adoubement chevaleresque: Étude des remises d'armes et du vocabulaire qui les exprime dans les sources historiques latines jusqu'au début du XIIIe siècle

Published online by Cambridge University Press:  17 July 2017

Jean Flori*
Affiliation:
Rabat, Maroc

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Lorsqu'on lit dans les documents du 13e siècle qu'un jeune noble a reçu les armes, le ceinturon de la militia ou l'épée, qu'il est devenu ou a été fait miles, ou encore qu'il a été promu à la militia, on traduit tout naturellement que ce jeune noble a été ‘adoubé’; on exprime par ces mots la cérémonie de remise des armes par laquelle il a été ‘fait Chevalier’ et est ainsi entré dans l'Ordre de la Chevalerie. Mais lorsque cette remise d'armes se passe au 9e ou au 10e siècle, bien avant que la chevalerie telle qu'on l'entend généralement soit apparue, on ne peut évidemment pas donner à cet événement la même signification ‘chevaleresque.’

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References

1 Les expressions les plus usuelles sont gladio accingere, ensem accipere, militiae cingulum sumere, miles fieri ou militem facere, arma succingere. Google Scholar

2 Citons parmi les travaux récents Bumke, J., Studien zum Ritterbegriff im 12. und 13. Jahrhundert (Heidelberg 1964); Van Winter, J. M., ‘Uxorem de militari ordine sibi imparem’ dans Miscellanea J. F. Niermeyer (Groningen 1967) 113–124, et Rittertum, Ideal und Wirk-lichkeit (Bussum 1969); Reuter, H. G., Diz Lehre vom Ritterstand, zum Ritterbegriff im Historiographie und Dichtung vom 11. bis zum 12. Jahrhundert (Cologne 1971) et en France, les remarquables études de Duby, G., La Société aux XI e et X e s. dans la région mâconnaise (Paris 1953); ‘Les origines de la chevalerie,’ Ordinamenti militari in Occidente nell' alto medioevo, Settimane di Studio del Centro Italiano di Studi sull'alto medioevo 15.3 (Spolete 1968) II, 739–61, et ‘Lignage, noblesse et chevalerie au xiie siècle dans la région mâconnaise, une revision,’ Annates ESC 28 (1972) 803–23.Google Scholar

3 Ceci particulièrement après Guilhiermoz, P., Essai sur l'origine de la noblesse en France (Paris 1902), et surtout Bloch, M., La Société féodale 5 (Paris 1968) dont les travaux ont orienté les esprits dans ce sens d'une manière profonde.Google Scholar

4 C'est ce que nous avons tenté de faire dans notre étude des mots chevaliers et chevalerie dès leur apparition dans notre langue jusqu'à la fin du xiie s.: Flori, J., ‘La notion de chevalerie dans les chansons de geste du xiie siècle, étude historique de vocabulaire,’ Le Moyen-Âge, 81 (1975) 211–44, 407–45.Google Scholar

5 Flori, Voir J., ‘Sémantique et société médiévale: le verbe adouber et son evolution au xiie siècle,’ Annales ESC 31 (1976) 915–40.Google Scholar

6 Alors que notre article était en cours d'élaboration, un échange fortuit de correspondance avec Mme Van Winter, J. M. nous a appris l'un à l'autre que nous avions travaillé parallèlement sur le même thème. Nous tenons ici à remercier Mme Van Winter de nous avoir spontanément communique son étude sous forme de manuscrit au moment même où nous rédigions la nôtre, nous permettant de constater — à la fois une assez large convergence d'ensemble et des divergences limitées dans l'interprétation de sources qui nous sont en grande partie communes. Van Winter, Voir J. M., ‘Cingulum militiae: Schwertleite en miles-Terminologie als Spiegel van veranderend menselijk Gedrad,’ Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis 44 (1976) 192.CrossRefGoogle Scholar

7 Erben, W., Schwertleite und Ritterschlag: Beiträge zu einer Rechtsgeschichte der Waffen (Sonderabdruck aus der Zeitschrift für historische Waffenkunde 8. 5/6; Dresden 1919) 108ss.; Massmann, E. H., Schwertleite und Ritterschlag (Hamburg 1932), Pietzner, F., Schwertleite und Ritterschlag (Bottrop 1934), Reuter, , op. cit., et surtout Guilhiermoz, , op. cit. Nous y avons ajouté quelques textes issus de nos recherches personnelles et cinq textes (sources 2, 34, 41, 142, 194) que Mme Van Winter, J. M. nous a aimablement communiques.Google Scholar

8 Il y a bien sur dans ce choix une part d'arbitraire que nous ne contestons pas. Mais où fallait-il placer la limite? Pour laisser le lecteur juge de la valeur informative de la source, nous avons mentionné dans les tableaux I, col. 2, les écarts chronologiques séparant les événements décrits de la date de rédaction des œuvres.Google Scholar

9 d'Ardres, Lambert, Chronicon Ghisnense et Ardense 112, ed. de Menilglaise, G. (Paris 1855) 37; cf. 113; 253 et 75; 190.Google Scholar

10 L'authenticaté de la chronique de Lambert a été niée surtout par Erben, W., qui repoussait la rédaction de cette œuvre, pour une part au moins, au xive siècle: Erben, W., ‘Zur Zeitbestimmung Lamberts von Ardre,’ Neues Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde 44 (1922) 314–40; Ganshof, F. L., ‘A propos de la chronique de Lambert d'Ardres,’ Mélanges d'histoire du meyen âge, offerts à M. Ferdinand Lot (Paris 1925) 205–34, nous paraît avoir réfuté victorieusement les ojections d'Erben. Nous considérons donc cette ceuvre comme authentique et écrite entre 1194 et 1206.Google Scholar

11 Duby, G., ‘Structures familiales aristocratiques en France du xie siècle en rapport avec les structures de l'État,’ dans l'Europe aux IX–XIe siècles: aux origines des États nationaux (Varsovie 1968) 59, a déjà mentionné cet exemple révé1ateur de la valeur qu'on attribue à la cérémonie de l'adoubement à la fin du xiie siècle: e'est une cérémonie qui légitime l'exercice d'un pouvoir.Google Scholar

12 d'Andres, Guillaume Chronica Andrensis 56 (ed. Heller, Johann, MGH SS 24.708).Google Scholar

13 Van Winter, J. M. nous paraît aller trop loin en ne retenant que le classement chronologique des sources. L'exemple ci-dessus montre selon nous qu'on peut retenir le fait de la remise des armes par Thomas à Arnoul chez le père de celui-ci à l'époque indiquée. Ce qui serait contestable, ce serait d'attribuer à l'époque de l'événement mentionné la coloration que l'auteur donne à la cérémonie par le choix d'expressions et de détails révélateurs d'une psychologie qui lui est propre et que, grosso modo, l'on peut attribuer à son époque autant qu'a lui-même, si d'autres exemples viennent corroborer cette impression. D'où la nécessité d'un double classement, l'un relatif aux faits, l'autre aux vocables utilisés pour les décrire.Google Scholar

14 Duby, G., par exemple, signale l'absence ou l'extrême rareté des sources mentionnant l'adoubement dans le Mâconnais jusqu'à la fin du xiie siècle: La Soctété 418. Devailly, Guy, Le Berry da X e siècle au milieu du XIII e : étude politique, religieuse, sociale et économique (Paris 1973) 190 fait la même constatation pour le Berry au xie s.Google Scholar

15 Voir sur ce point Flori, J., ‘Qu'est-ce qu'un bacheler?,’ Romania 96 (1975) 290313.Google Scholar

16 Voir par exemple Guilhiermoz, , op. cit., passim. Google Scholar

17 ‘ut conjugium ultra non repetat, et militiae cingulum derelinquat, et aut monasterium petat, aut si foris remanere voluerit, tempora poenitentiae secundum canones pleniter exsolvat’: 9.6.Google Scholar

18 Sur le sens religieux des expressions miles christi, militia christi, voir von Harnack, A., Militia Christi: Die christliche Religion und der Soldatenstand in den ersten drei Jahrhunderten (Tubingen 1905) 21. L'évolution de ces expressions vers le sens militaire (croisé) a été soulignée par Erdmann, C., Die Entstehung des Kreuzzugsgedankens (Stuttgart 1935) 9, 11, 51, 314–15, qui place au xie siècle le changement de sens de cette expression.Google Scholar

19 Manning, E., ‘La signification de militare–militia–miles, dans la règie de Saint Benoît,’ Revue bénédictine 72 (1962) 135–39, a démontré que dès l'époque de Saint Benoît la teinte ‘militaire’ des expressions miles–militia–militare avait cédé le pas à une notion que l'on doit rendrepar ‘service.’ Google Scholar

20 On a trop perdu de vue cette étroite association des deux notions, pour nous si éloignées, de service et de pouvoir. Dans la mentalité médiévale, surtout dans l'Empire germanique, mais aussi ailleurs, dans une moindre mesure, ces deux notions n'étaient nullement opposées, comme le rappelle fort justement Ritter, J. P., Ministérialité et chevalerie (Lausanne 1955) 171. Cela peut utilement éclairer certains aspects apparemment contradictoires de la notion de chevalerie.Google Scholar

21 Le lien entre le pouvoir, le règne, et la remise des armes se voit clairement dans plusieurs sources. Ainsi, S. 15 : ‘Ubi domnus Imperator Filium suum Karolum armis virilibus, id est ense, cinxit, corona regali caput insiquivit, partemque regni id est Neustriam, attribuit’; S. 18: ‘ac praefacto Karolo arma et coronam necnon et quandam portionem regni dedit;’ S. 12: ‘tunc cingulo insignito, pars niustriae ad praesens data est ’ Google Scholar

22 Nous étudions ailleurs les formules de bénédiction des armes tirées des textes liturgiques, en particulier des pontificaux. Elles montrent une evolution tout à fait parallèle à celle que nous décrivons ici.Google Scholar

23 Vogel, C. et Elze, R., Le pontifical romcmo-germanique du Xe siècle (Studi e Testi 226, 227, 269; Città del Vaticano 1963–1972); Andrieu, M., Les ordines romani du Haut Moyen-Âge (Louvain 1948–1961) et Le pontifical romain au moyen-âge (Studi et Testi 86–88, 99; del Vaticano, Città 1938–1941).Google Scholar

24 Remarquons cependant que les sources sont rares ou silencieuses (deux mentions seulement) en ce qui concerne les remises d'armes au xe siècle et au debut xie siècle, ce qui ne nous autorise pas à tirer de conclusions trop absolues.Google Scholar

25 Sur le sens de cette division de la société en trois ‘ordres’ chez Gerard de Cambrai et ceux qui l'ont précédé, en particulier Abbon de Fleury, voir Batany, J., de Fleury, Abbon et les theories de structures sociales vers l'an 1000,' Etudes ligériennes d'histoire et d'archéologie médiévales (Auxerre 1975) 918. Nous reviendrons ailleurs sur les textes mentionnant cette division.Google Scholar

26 Bouman, Voir C. A., Sacring and Crowning (Groningen 1957) 20 et 82 et Schramm, P. E., ‘Die Krönung bei den Westfranken und Angelsachsen von 878 bis um 1000,’ Zeitschrift der Savigny-Stiftung fur Rechtsgeschichte, kanonistische Abt. 23 (1934) 117–42.Google Scholar

27 Vital, Orderic (S. 122) raconte le même épisode mais attribue à Henri ce qui concerne Guillaume. Il est intéressant cependant de noter qu'il donne à cette remise d'armes la même signification: ‘Hunc Lanfrancus ad arma pro defensione regni sustulit, eumque lorica induit, et galeam capiti eius imposuit, eique ut regis filio et in regni stemmate nato militiae cingulum in nomine domini cinxit.’ Google Scholar

28 Il semble que ce ne soit pas exact, si l'on en croit l'Histoire de Guillaume le Maréchal, (ed. Meyer, Paul; Paris 1891–1894) v. 2120.Google Scholar

29 Martène, Voir E., De antiquis Ecclesiae ritibus (Anvers 1734–1736) II 615–16; Schramm, P. E., Kaiser, Könige und Pápste (Stuttgart 1968) II 209.Google Scholar

30 Sur l'acte d'hostilité que représentait le fait pour de Ponthieu, Guy, d'armer un prince sans le consentement de son père, voir Luchaire, Achille, Louis VI le Gros, Annates de sa vie et de son règne (Paris 1890) 3, 6 et appendice 3.Google Scholar

31 Nous exluons de ccs chiffres les expressions significatives d'un changement d'état (clerc, laîc par exemple). Nous n'accordons à ces résultats chiffres qu'une valeur purement indicative, puisque nous ne prétendons pas avoir recueilli toutes les mentions de remises d'armes et que l'interprétation de quelques-unes des sources paraît difficile. Cependant, même si les chiffres mentionnés présentent une assez large marge d'incertitude, la disparité des résultats obtenus en France et dans les autres régions, particulièrement l'Empire germanique, reste malgré tout très significative.Google Scholar

32 Ce processus, général pour la France, a bien sûr suivi un rythme chronologique différent suivant les régions: Duby sur le Mâconnais, G., La Société, et ‘Lignage, noblesse et chevalerie’; pour la Picardie, Fossier, Georges, La Terre et les hommes en Picardie jusqu'à la fin du XIII e siècle (Paris 1968); pour le Berry, , Devailly, , Le Berry; pour l'Anjou, , Halphen, L., Le Comté d'Anjou au XI e stècle (Paris 1906); voir aussi Werner, K. F., ‘Untersuchung zur Frühzeit des französischen Fürstenstums,’ Die Welt als Geschichte, 18 (1958) 256, 289; 19 (1959) 96–116; 20 (1966) 87–119.Google Scholar

33 Bloch, Voir, La Société, 405ss., même si l'on doit retoucher dans le détail le tableau trop parfait qu'il brosse de l'évolution sociale de ce temps.Google Scholar

34 Nous reviendrons plus loin, en étudiant les vocables, sur cette valorisation idéologique des milites, au demeurant bien connue par les travaux de Duby, , La Société 327; Johrendt, J., Milites und militia im XL Jahrhundert (Diss. Erlangen–Nürnberg 1972) 23; Dubled, H., ‘Noblesse et féodalité en Alsace du xie au xiiie siècle,’ Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis (1960) 136; Erdmann, , op. cit., 187–92; Ganshof, F. L., ‘Les relations féodo-vassaliques aux temps post-carolingiens,’ I Problemi communi dell'Europa post-carolingia (Settimane di Studio del Centro Italiano di Studi sull'alto Medioevo 2; Spolete 1955) 67–114.Google Scholar

35 Nous reconnaissons volontiers que de telles mentions se trouvent principalement dans les chartes, et que nous avons surtout consulté les cartulaires de France. Mais l'abondance de ces mentions pour la France, et leur rareté ailleurs ne s'explique pas seulement ainsi. En effet, nombre de chartes, à Cluny par exemple, ne concernent pas la France. Nous en avons d'ailleurs mentionné une.Google Scholar

36 Les deux sources germaniques mentionnées concernent l'Alsace et la Lorraine (S. 68 et S. 134).Google Scholar

37 Nous entendons ici les guerriers possédant au moins quelques terres ou fiefs leur permettant de vivre et d'entretenir leur armement coûteux. Ceux-là seuls, selon nous, ‘reçoivent les armes’ dans le sens que nous avons développé jusqu'ici. Les ‘soldats’ entretenus au château (milites castri) et autres milites subalternes ou domestiques ont aussi des armes mais il n'y a probablement pas pour eux de ‘remises d'armes.’ On leur fournit seulement leurs outils de travail qui, comme eux-mêmes, appartiennent au maître.Google Scholar

38 de Vegèce, Particulierèment, De re militari 1.7 et 1.8, cité abondamment au Moyen-Âge, par exemple par Raban Maur (S. 25) et de Salisbury, Jean, Policraticus, 6.5 et 6.7. On sait que cette œuvre de Vegèce décrivant les fonctions et devoirs des soldats romains fut traduite et mise en vers en 1284 par Jean de Meun sous le titre significatif L'Art de chevalerie (ed. Robert, Ulysse; Société des anciens textes français; Paris 1897); cf. Priorat, Jean, Li abrejance de l'ordre de chevalerie, écrit entre 1268 et 1290 (ed. Robert, Ulysse; SATF; Paris 1897).Google Scholar

39 Collection des cartulaires de France (ed. Guérard, B.-J.-C., Collection de documents inédits sur l'histoire de France, le sér., Histoire politique, Paris 1840–1857) VIIIIX: Cartulaire de l'abbaye Saint-Victor de Marseille II 37, charte 694.Google Scholar

40 Ibid. IV–VII: Cartulaire de l'dglise Notre-Dame de Paris II 132, charte 43.Google Scholar

41 C'est encore le cas chez Joinville à l'extrême fin du xiiie siècle, lorsqu'il parle des chevaliers au sens de guerriers à cheval, sarrasins ou français: Joinville, , Histoire de Saint Louis (ed. de Wailly, N.; Paris 1867) 41, 42, 56, 191.Google Scholar

42 Hagenmeyer, Paul suppose ici, à tort selon nous, que les écuyers ainsi armés ne furent pas vraiment considérés comme des chevaliers. Il justifie son point de vue en renvoyant au livre 2.32 ou Foucher de Chartres écrit: ‘milites nostri erant D, exceptis illis, qui militari nomine non censebatur, tamen equitantes. Pedites vero nostri non amplius quam II milia aestimabantur.’ Mais ce dernier texte fait selon nous référence à deux categories de guerriers: les pedites combattant à pied, les equitantes combattant à cheval, les uns avec l'armement lourd (milites), les autres avec un armement plus léger, écuyers et sergents à cheval. Cette distinction est faite ailleurs par de Mons, Gislebert, Chronicon Hanoniense (ed. Vanderkindere, L.; Bruxelles 1904) 171, qui nomme trois categories de guerriers: les chevaliers, les sergents à cheval avec cuirasse et les sergents à pied ‘bien armés.’ Rien ne nous autorise donc à voir dans ces ‘milites’ des ‘chevaliers au rabais.’ Ce sont pour nous des chevaliers, mais au sens militaire de guerrier d'élite armé d'un équipement lourd et non au sens honorifique qui semblait primer à l'époque d'Hagenmeyer.Google Scholar

43 Le sens de cette remise d'armes n'est peut-être pas ici purement professionnelle, comme nous le verrons plus loin.Google Scholar

44 L'expression ‘domi militiaeque servavit,’ inspirée de l'antique, oppose bien ici deux types de service. Un service de maison en temps de paix, un service militaire en période de campagne.Google Scholar

45 Flori, Voir, ‘La notion de chevalerie’ 435, et ‘Sémantique et société médiévale’ 915–40.Google Scholar

46 Ce peut être un seigneur ayant à domicile des milites lui servant de garde du corps, ou plaçant dans ses forteresses, châteaux ou places fortes des milites castri en garnison; un seigneur peut aussi concéder à un des ses milites des terres (fiefs de chevaliers) capables d'assurer la vie du miles, à charge de service.Google Scholar

47 Nous renvoyons sur ce point à notre thèse en cours, La chevalerie: ideologic, éthique et religiosité chevaleresques dans les chansons de geste du xiie siècle.Google Scholar

48 Voir sur ce point Guilhiermoz, , op. cit. 162, 334, Genicot, L., L'économie rurale namuroise au bas Moyen-Âge, II, Les hommes, la noblesse (Louvain 1960) 77; Duby, , La Société 396. Devailly, , op. cit. 188 et Lemarignier, Jean-François, Le gouvernement royal aux temps capétiens 987–1108 (Paris 1965) 68–69 et 111–12.Google Scholar

49 Guilhiermoz, , op. cit. 341–43 en donne de très nombreux exemples. Mais il nous paraît trop valoriser cette signification ‘vassalique.’ Dans nombre de cas cités, on peut comprendre leur ‘service’ comme beaucoup plus subalterne; un service armé bien sûr, mais n'impliquant pas nécessairement tout ce que le mot vassal suggère.Google Scholar

50 C'est particulierèment vrai de l'éthique que l'Église transfère des rois aux chevaliers, comme nous le montrerons dans notre thèse.Google Scholar

51 Bonnaud-Delamare, Voir René, ‘Fondements des institutions de Paix au xie siècle,’ Mélanges d'histoire du moyen âge, dédiés à la mémoire de Louis Halphen (Paris 1951) 1926; Hoffmann, H., Gottesfriede and Treuga Dei (Schriften der MGH 20; Stuttgart 1964), et le volume collectif La Paix (Recueils de la Société Jean Bodin pour l'histoire des institutions 14–15; Bruxelles 1961).Google Scholar

52 Erdmann, Voir, op. cit. 51.Google Scholar

53 Dès le milieu du 9e siècle, le pape Léon IV promettait le royaume celeste à ceux qui mourraient ‘pour la vérité de la foi, le salut de la Patrie et la defense des chrétiens’: voir les lettres et décrets de Léon IV. PL 115.656. Mais il ne s'agit encore que de prémices occasionnelles, et la profession militaire à titre continu était encore fort mal considérée.Google Scholar

54 On sait cependant que des 1093 environ l'Église de Cambrai utilisait une formule de bénédiction des chevaliers très é1aborée et complete: L'ordo ad armandum ecclesiae defensorem vel alium militem , ed. Hittorp, Melchior, d'après un manuscrit perdu dans De Divinis catholicae ecclesiae officiis ac ministeriis (Cologne 1568) 158–60, et plus récemment repris par Vogel, et Elze, , op. cit. II 429–32, no. 58. Nous l'étudions ailleurs avec les autres textes de remises d'armes tirées des ordines. Remarquons cependant que cet ordo semble n'avoir eu qu'un très faible rayonnement puisqu'il n'est connu actuellement que par le manuscrit Cologne 141: n. 61 infra. Google Scholar

55 Nous étudions dans notre thèse la contribution importante de Jean de Salisbury à l'élaboration de l'idéologie chevaleresque. Voir aussi Flori, J., ‘L'idéologie politique de l'Église au xiie siècle: Jean de Salisbury et Bernard de Clairvaux,’ Conscience et Liberté 15 (1978) 2943.Google Scholar

56 Charte éditée par Mabille, E., Chroniques des comtes d'Anjou, Paris 1856–1871, pieces justificatives LXXXIX.Google Scholar

57 Remarquons un cas étonnamment précoce qui concerne la Pologne. La chronique de Pologne, dite de Martinus Gallicus (S. 85), signale des le début du xiie siècle, un armement princier en des termes tout à fait chevaleresques, joignant les expressions gladius, arma, militia, militem facere, balteo militare accingi, ensifer facere. Google Scholar

58 White, L., Technologie médiévale et transformations sociales (trad. Le Jeune, Martine, Civilisations et Sociétés 13; Paris 1969) a bien montré les conséquences considérables de cette nouvelle technique apparue dans la deuxième moitié du xie siècle, qui place au premier plan les guerriers revêtus du haubert, combattant à. cheval, les pieds dans des étriers et poussant désormais la lance au lieu de jeter le javelot.Google Scholar

59 Si l'Empire germanique paraît avoir très longtemps résisté à la montée de cette nouvelle signification chevaleresque de la remise des armes, il semble que le mouvement ait été plus rapide sur ses marges; c'est ainsi que les vocables en milit se rencontrent dans les sources 85, 133, 153, 151, 152, et l'expression miles fieri dans S. 54, 55, 70, 85, 93, 142 entre le milieu clu xie siècle et le milieu du xiie siècle.Google Scholar

60 Le sens des rites de passages dans les sociétés dites primitives, rites qui ne sont pas seulement des declarations symboliques, mais l'expression d'un changement profond de la personne par le rite a été souvent souligné par les ethnologues, en particulier Eliade, M. dans de nombreux ouvrages. Ce sens nous paraît assez proche de celui que nous rencontrons ici.Google Scholar

61 Cet Ordo a été édité par Hittorp, M. d'après un manuscrit perdu du xiie siècle. Il n'est actuellement représenté que par un seul manuscrit, le Ms Cologne 141 provenant de l'Église de Cambrai selon Andrieu, , Les ordines romani I 108 et 509; voir aussi Vogel, et Elze, , op. cit. III 45 n. 74.Google Scholar

62 La place nous manque ici pour étudier en détail les ordines, leur évolution et leur diffusion par régions: Flori, J., ‘Chevalerie et liturgie, remise des armes et vocabulaire chevaleresque dans les sources liturgiques du ixe au xive siècle,’ Le Moyen-Âge 84 (1978) 247–78 (a suivre) dans lequel nous montrons que les formules de bénédictions des pontificaux révèlent le même glissement constaté ici; voir aussi Van Winter, , op. cit. 1–92.Google Scholar

63 Voir par exemple les interdictions de devenir chevalier ou de faire des chevaliers (S. 181) et les limitations, restrictions ou amendes à ceux qui ne respectent pas ces prescriptions (S. 54, 142, 189, 249–50, 251, 252).Google Scholar

64 Sur la transformation du sens de l'adoubement dans les sources françaises particulièrement les épopées, voir Flori, J. ‘Sémantique’ 915–40.Google Scholar