Published online by Cambridge University Press: 17 July 2017
L'idée de la nécessité pour un missionnaire de connaître la langue de ceux qu'il évangélise nous apparaît aujourd'hui comme une évidence. En fait, cette idée ne s'est imposée que tardivement. En Occident, l'évangélisation a d'abord suivi les cadres géographiques de la domination romaine et a, par suite, bénéficié de la langue du pouvoir. Seules les tentatives — d'ailleurs fructueuses — des moines irlandais dans le monde germanique constituaient une approche d'un monde totalement nouveau, quoique déjà pénétré d'influences méditerranéennes. L'Empire d'Occident et le triomphe de la Papauté au IXe siècle imposent l'idée d'une ‘Chrétienlé’ souveraine. En Méditerranée orientale, nous voyons les Byzanlins partagés entre le complexe de supériorité des Grecs envers tout ce qui est ‘barbare’ et le désir de convertir les hordes slaves, désir qui aboutira à la formalion de l'alphabet cyrillique et à tout un effort de traduction de textes d'abord, d'adaptation musicale ensuite, etc. Mais, ce faisant, les Byzantins se sont liés à tout un mécanisme politique d'influence et de prédominance entre Églises sœurs mais rivales. L'idée d'ouverture aux non-chrétiens comme tels ne sera reprise qu'au XIVe siècle par des moines russes suivant la colonisation du Nord-Est, notamment avec la formation d'une ériture ziriane par Saint Étienne de Perm.
1 Sur le processus très complexe de domination de la langue d'Église sur les langues vulgaires et d'influence qu'a subi en retour le latin jusque vers 800, cf. Wolff, Ph., Les Origines linguistiques de I'Europe occidentale (Paris 1970).Google Scholar
2 Sur cel aspect culturel très important, mais trop peu connu, cf. Verdeil, P., La Musique byzantine chez les Bulgares et les Russes (Monumenta Musicae Byzantinae, Subsidia III; Copenhague 1953).Google Scholar
3 Cf. Ducellier, A., Le Miroir de l'Islam: Musulmans et Chrétiens d'Orient au Moyen-Age (VII e – XI e siècles) (Paris 1971).Google Scholar
4 Sur tout ceci, cf. Basetti-Sani, G., o.f.m., Mohammed et Saint François (Ottawa 1959) ch. VII.Google Scholar
5 Cf. la Chronique dite des XXIV Généraux (trad. Masseron, A., La Légende franciscaine [Paris 1954] 230–233).Google Scholar
6 Cf. Lemay, R., ‘Dans l'Espagne du xiie siècle: Les traductions de l'arabe au latin,’ Annates: Economies, Sociétés, Civilisations 18 (1963) 639–665.Google Scholar
7 Cf. Daniel, N., Islam and the West: The Making of an Image 3 (Edinburgh 1966).Google Scholar
8 Cf. Bekri, Cheikh, ‘Le Kharijisme berbère: Quelques aspects du royaume rustumide,’ Annates de l'Institut d'Études Orientales 15 (1957) 55–108 notamment 89 sq.Google Scholar
9 Cf. le Voyage du Rubruk, (trad. T'Serstevons, A., Les Précurseurs de Marco Polo [Grenoble 1959]).Google Scholar
10 Nous avons étiuité ce probléme dans notre article: ‘ de Sahagún, L'Apport de Fr. B. à la solution du problème lullien de la compréhension d'autrui,’ Estudios Lulianos 18 (1974) 5–24.Google Scholar
11 Cite par Berque, J., ‘Une affaire Dreyfus de la philologie arabe,’ dans: Normes et valeurs dans l'Islam contemporain ed. Charnay, J.-P. (Paris 1966) 266–285 notamment 273.Google Scholar
12 Coran XXVI 195; XVI 103; etc.Google Scholar
13 Dans son Radd ‘alā l-zindiq al-la'in Ibn al-Muqaffa’ (éd. avec introd., trad. et notes par Guidi, M., La lotta tra l'Islam e il Manicheismo: Un libro di Ibn al-Muqaffa' contro il Corano confutato da al-Qāasim b. Ibrāahim [Rome 1927]).Google Scholar
14 Op. cit. 13, 35 sq., 42–43, et d'autre part 11, 31; trad. 18, 82 sq., 99–100 et 21, 72.Google Scholar
15 Dans le Kitāb al-Intiṣār (éd. et trad. Nader, A. [Beyrouth 1957] § 15).Google Scholar
16 Le Kitāb al-Zumurru d, qui a été reconstitué par Kraus, P., ‘Beiträge zur islamischen Ketzergeschichte: Das Kitāb az-Zumurru d des Ibn ar-Rāwandà,’ Rivista degli Studi Orientali 14 (1933/34) 93–129, 335–379.Google Scholar
17 Traité des divergences du hadif (trad. Lecomte, G. [Damas 1962] 65–66).Google Scholar
18 Rapporto par Ibn 'Asākir sans son apologie d'al-Aσ'ari, , Tabyin ka d ib al muftari… (Damas 1347/1928–9) I38f.Google Scholar
19 Radd 'alā-l-Nasārā (éd. d'extxaits par Finckel, M. J. [Le Caire 1926]; trad. Allouche, I. S., ‘Un Traité de polémique christiano-musulmane au ixe sièele.’ Hespéris 26 [1939] 123–155 en particulier 142 et 145).Google Scholar
20 Cf. Arnaldez, R., Grammaire et théologie chez Ibn Hazm de Cordoue (Paris 1956).Google Scholar
21 Kitāb al-Fisal (le Caire s.d.) II 76.Google Scholar
22 Cf. notre étude: Le Monde des ulémas andalous du V e /XI e au VII e /XIII e Siècle (Genève 1978).Google Scholar
23 Ed. et trad. par Turki, A. M., ‘La Lettre du “Moine de France” a al-Muqtadir Billāh, roi de Saragosse, et la réponse ’ Al-Andalus 31 (1966) 73–153 en particulier 113/150–1 et 95/132.Google Scholar
24 Al-I'lām bi-mā fidin al-Naṣsoarā… (éd. et trad. partielles par Devillard, P., thèse ronéo-typée, Aix-en-Provence 1970).Google Scholar
25 Cf. notamment: ‘L'arabe, langue liturgique,’ dans: L'Islam et l'Occident (Cahiers du Sad 1947) 160–164.Google Scholar
26 Cf. Garrad, K., ‘The Original Memorial of Don Francisco Nuñez Muley,’ Atlante II 4 (1954) 168–226 en particulier 211, 215.Google Scholar
27 Cité par Abel, A., ‘Les caractères historiques et dogmatiques de la polémique islamo-chrétienne, des origines au xiiie siècle,’ IX e Congrès International des Sciences Historiques , Paris, août-sept. 1950 (texte ronéotypé p. 7).Google Scholar
28 Cf. Khoury, A.-Th., Les Théologiens byzantins et l'Islam: Textes et auteurs (VIII e–XIII e s.) (Louvain–Paris 1969).Google Scholar
29 Cf. Indiculus luminosus (PL 121.513–556 notamment 555).Google Scholar
30 Cf. Dufourcq, Ch. E.: L'Espagne catalane et le Maghrib aux XIII e et XIV e siècles (Paris 1966).Google Scholar
31 Muqaddima (trad. Monteil, V., Discours sur l'Histoire Universelle [Beyrouth 1967] I 467).Google Scholar
32 Cf. notre étude: ‘Sur l’évolution de la notion de Ğihād dans l'Espagne musulmane,' Mélanges de la Casa de Velázquez 9 (1973) 335–371.Google Scholar
33 Cf. notre élude: ‘La Structuration du monde des ulémas à Bougie au viiie/xiiie siècle,’ Studia Islamica 43 (1976) 87–107 en particulier 100.Google Scholar
34 Cf. Ducellier, A., ‘Mentalité historique et réalités politiques: L'Islam et les Musulmans vus par les Byzantins du xiiie siècle,’ Byzantinische Forschungen 4 (1972) 31–63.Google Scholar
35 Ce renseignement m'a été donné par le Pr. Perarnau de Barcelone.Google Scholar
36 Cf. ‘La Structuration… à Bougie’ (op. cit. n. 33) 97 et 105–106.Google Scholar
37 Radd 'alā-l-mantiqiyàn (Bombay 1949).Google Scholar
38 Al-Tawhàdà, , Kitāb al-imtā' wa-l-mu'ānasa (le Caire s.d.) I 108–128. Longue analyse do ce célèbre passasge par Mahdi, M., ‘Language and Logic in Classical Islam,’ dans: Logic in Classical Islamic Culture (éd. v. Grunebaum, G. F.; Wiesbaden 1970) 51–84.Google Scholar
39 Cf. Khoury, P. Paul d' Antioche, évêque melkite de Sidon (XII e siècle) (Introd., textes et trad.: Beyrouth, 1964).Google Scholar
40 Laoust, H., Les Schismes dans l'Islam (Paris 1965) 272.Google Scholar
41 Vocabulista in arabico (éd. Schiaparelli, E.; Florence 1871) xvi–xviii.Google Scholar
42 Cf. de la Granja, F. ‘Una Polémica religiosa en Murcia en tiempo de Alfonso el Sabio,’ Al-Andalus 31 (1966) 47–72.Google Scholar
43 Cancionero de Juan Fernandez de Ixar (éd. Azaceta, J. M. [Madrid 1966] II 491–496).Google Scholar
44 Op. cit. 491.Google Scholar
45 Cf. Berque, J., ‘Quelques Signes dans l'Islam,’ Cahiers de I'Oronte, no 1: Importance de la lettre et de la calligraphie dans I'Islam el la littératare arabe (Beyrouth 1961) 6.Google Scholar
46 Cf. ses Opera minora (3 vol.; Beyrouth, 1963) passim.Google Scholar
47 Publié par Denifle, H. avec Chatelain, E., Chartularium Uniuersitatis Parisiensis II (Paris 1891) 83f.Google Scholar