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Prescription et bonne foi du Décret de Gratien (1140) a Jean d'André († 1348)

Published online by Cambridge University Press:  29 July 2016

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En vertu du c. 1508 du Code de droit canonique, qu'il s'agisse de prescription acquisitive ou de prescription extinctive, I'Église reçoit dans son droit propre la législation de chaque nation, sauf quelques réserves contenues dans les cc. 1509–1512. Dans quelle mesure les canonistes contemporains ont-ils tenu compte de cette nouvelle législation dans I'élaboration de leur doctrine de la prescription, eu égard, par exemple, au droit civil beIge ou français?

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References

1 Baudry, G. -Lacantinerie et Tissier, A., Traité théorique et pratique de droit civil XXIV (Paris 1895) n° 104 pp. 71–72; Aubry et Rau, Cours de droit civil français XII (Paris 1922) § 775 (texte et n. 2) pp. 565–566; Colin, A. et Capitant, H. Cours élémentaire de droit civil français II (Paris 1935) n° 371 p. 353; ‘Prescription,’ Répertoire pratique de droit belge 10 (1939) 27–29 n° 156–165; H. de Page, Traité élémentaire de droit civil belge VII (Bruxelles 1943) n° 1246 pp. 1121–1124; Planiol, M. et Ripert, G., Traité pratique de droit civil français III (Paris 1952) n° 744 p. 742; VII (1954) n° 1393 p. 808–809.Google Scholar

2 Vermeersch, A. et Creusen, J., Epitome iuris canonici II (Malines-Rome 1954) n° 828 pp. 581–582; Wernz, F. X. -P. Vidal, Ius canonicum ad Codicis normam exactum IV 2 (Rome 1935) n° 818 pp. 300–301; VI 1 (1928) n° 358 p. 308; Naz, R., Traité de droit canonique III (Paris s. d.) n° 290 p. 233.Google Scholar

3 On trouvera la liste des ouvrages cités à la fin de l'introduction. Google Scholar

4 Ueber die Natur des guten Glaubens bei der Verjährung, besonders nach cap. ult. X, de praescriptionibus (Erlangen 1820).Google Scholar

5 Ausführliche Entwickelung der gesammten Verjährungslehre aus den gemeinen in Deutschland geltenden Rechten (Leipzig 1828); 2e éd. (1858) annotée par Th. Schirmer.Google Scholar

6 System des heutigen Römischen Rechts V (Berlin 1841) §244–246 pp. 326–352.Google Scholar

7 Die Entwickelung der kanonischen Verjährungslehre von Gratian bis Johannes Andreä (Berlin 1880).Google Scholar

8 De bona fide rei propriae debitori ad temporis praescriptionem haud necessaria (Munich 1843); ‘Geschichte der Bestimmungen des canonischen Rechtes nach cap. ult. X, de praescriptionibus,’ Archiv für civilistische Praxis 36 (1853) 2749.Google Scholar

9 La buona fede in materia di prescrizione: Storia della teoria canonistica (Turin 1892).Google Scholar

10 Saggio sula prescrizione estintiva’ in alcuni decretalisti (Florence 1937); La prescrizione estintiva nel diritto canonico (Rome 1940).Google Scholar

11 Il concetto di buona fede nel diritto canonico (Rome 1944).Google Scholar

1 Steph. Tornac. Summa C.16 q.3 rubr. (p. 223- 26); Roger. De diversis praescriptionibus (col. 1485–1496). Google Scholar

2 Tandis que Fitting, H. avait attribué la Summa Trecensis à Irnerius, Kantorowicz, H. et Buckland, W. W. (Studies 145–180) y ont vu une première rédaction de la Summa Codicis de Roger. Meijers, Mais E. M. (‘Le conflit entre l’équité et la loi chez les premiers glossatemi,’ Tijdschr. v. Rechtsgesch.-Rev. d'hist. du Droit 17 [1941] 121 n.1) considère cette attribution à Roger comme très improbable, étant donné la différence qui existe entre les doctrines professées par la Summa Trecensis et celles professées par Roger dans sa Summa Codicis; à l'en croire, il s'agirait de l’œuvre d'un disciple de Martin de Gosia. Quoique les passages qui nous intéressent soient identiques dans l'une et l'autre somme, l'analyse des variantes prouve que l'auteur de la Summa Coloniensis s'est servi de la Summa Trecensis. Voici les références à la S. Colon. pars 10 et à la S. Trec.: S. Colon (fol. 98r) — S. Trec. 7.22 (p. 233–236); S. Colon. (fol. 98vb-99rb) — S. Trec. 7.24–26 (p. 243–246); S. Colon (fol. 99rbva) — S. Trec. 7.29 (p. 248–249). Nous trouvons également dans la S. Colon. (fol. 98va) un petit recueil sur les diverses prescriptions. Ce recueil est d'origine incertaine et se rencontre dans certains manuscrits de la S. Cod. de Roger. Il fut édité par J.-B. Palmieri (S. Cod. 7.31 [p. 187a), qui nie cependant qu'il soit de Roger, et avec d'assez nombreuses variantes, par Rhodius, N. en 1530 (= PL 146.1501–1504). Kantorowicz, Selon H. et Buckland, W. W. (Studies 177), l'origine de ce recueil serait la S. Cod. 7.39 de Placentin, qui, à cet endroit, donne une longue liste des diverses espèces de prescription.Google Scholar

3 Cf. F. C. von Savigny, System V 274svv.; Girard, P. F., Manuel élémentaire de droit romain (Paris 1918) 305 svv., 651, 652, 655 n. 4, 742 texte et n. 4; Bonfante, P., Corso di diritto romano II 2 (Rome 1928) 204svv.Google Scholar

4 S. Tree. 7.22 (p. 234); Roger. S. Cod. 7.22 (p. 180b-181a); S. Instit. 2.6 texte et glose a (p. 38).Google Scholar

5 Roger. De div. praescr. (col. 1485B). Google Scholar

6 Sur la prescription de l'action réelle, cf. S. Trec. 7.24 et 29 (p. 244, 248–249); Roger, De div. praescr. (col. 1489B, 1490BC, 1491B, 1492B, 1494BC); Id. S. Cod. 7.24 et 29 (p. 184b, 186); S. Instit. 2.6 texte et 4.12 glose a (p. 38, 188a). Google Scholar

7 Selon les romanistes du xiie siècle, la bonne foi est le facteur qui rend la prescription acquisitive. Mais, tandis que les uns affirment que la prescription avec bonne foi n'est acquisitive que des effets de la propriété, les autres prétendent qu'elle est acquisitive de la propriété. Les deux protagonistes de cette controverse sont Bulgare et Martin. Au dire de Bulgare, la prescription avec bonne foi ne confère que les effets de la propriété ou le dominium utile. Il est suivi par Jacques, Jean Bassian et Placentin. Roger, semble-t-il, partage la même opinion (De div. praescr. [col. 1491B, 1494B]). Selon Martin, dont l'opinion est rereprise par Albéric, elle confère la propriété ou le dominium directum. Les décrétistes n'ont pas manqué de rapporter cette controverse. Voici un texte d'Huguccio, Summa C.16 q.3 dict. p.c.15 v. utiliter (II fol. 21vb): ‘ut dicit Bulgarus, Placentinus, Ioannes Bassianus quia prescriptione, ut dicunt, non acquiritur dominium, quamvis effectus dominii; secundum Martinum, directe potest vendicare, quod secundum eum dominium acquiritur prescriptione.’ Notez cependant qu'une autre opinion est attribuée à Martin dans une glose à la S. Instit. 2.6 glose e (p. 38b): ‘Martinus dicit improprie poni acquiruntur. Quantum ad prescriptionem, nam acquisitio ea non est.’ Cf. aussi Ruffini, F., La buona fede 37.Google Scholar

8 Dans le De div. praescr. (col. 1491BC), Roger ne parle que de la prescription extinctive des servitudes. Dans la S. Cod. 3.23 (p. 93b), il distingue les servitudes continues et les servitudes discontinues, tout en affirmant que seules les premières peuvent s'acquérir par prescription. Quant à l'auteur de la S. Trec. 3.11 (p. 60–61), il écrit: ‘servitutes enim tempore amittuntur, non tempore adquiruntur, nisi servitus aque ducende.’ Selon F. G. von Savigny (System V 329), l'acquisition des servitudes n'exigerait pas la bonne foi, mais nous n'avons rien trouvé à ce sujet dans nos sources. Google Scholar

9 Roger. De div. praescr. (col. 1497B). Google Scholar

10 S. Trec. 7.25 et 29 (p. 245, 248–249); Roger. De div. praescr. (col. 1490C, 1493BC); Id. S. Cod. 7.25 et 29 (p. 185b, 186).Google Scholar

11 Cf. Appendice I. Google Scholar

12 C.16 q.3 dict. p.c. 4. Google Scholar

13 C.16 q.2 dict. p.c.7: ‘tales, etsi ius territorii habeant, tamen potestatem gubernandi populum, et spiritualia ministrandi non habend; p.c.10: ‘Quod de iure ordinandi, non possidendi intelligendum est.’ Google Scholar

14 Cf. F. C. von Savigny, System V 329. Google Scholar

15 Plusieurs auteurs ont défendu la thèse contraire. Cf. Ruffini, F., La buona fede 19 et 130; cet auteur ne fait que reprendre la thèse d'O. Reich, mais voit dans la C.16 q.3 c.15 une prescription ‘extinctivo-acquisitive’; Gismondi, P. Saggio 6 qui parle d'une prédominance dans le Décret de la prescription extinctive; Van, A. Hove, De privilegiis. De dispensationibus (Comm. Lovaniense in God. iur. can. I 5, Malines-Rome 1939) 81 n° 80 et n.1.Google Scholar

16 Dict. p.c. 7: ‘tunc temporalis obiectio actori silentium imponit.’ et p.c. 9: ‘tricennalis prescriptio petitori silentium imponit.’ Google Scholar

17 C.16 q.3 rubr. et dict. p.c.4, cités plus haut. Google Scholar

18 Que triginta annis ab episcopis possidentur, iure ab eis vendicantur.Google Scholar

19 Cf. C.16 q.3 dict. p.c.7. Google Scholar

20 Dict. p.c.15 §1–5. Google Scholar

21 Dict. p.c.15 §6–9, c.16, dict. p.c.16 §1–4. Google Scholar

22 Dict. p.c. 15 §1–3. Google Scholar

1 Vigilanti studio cavendum est, quum summa dimensio divini iudicii ab initio censuerit propria dimittere, aliena non appetere, ne malae fidei possessores simus in praediis alienis, atque rebus (maxime) ecclesiasticis, quoniam nulla antiqua dierum possessio divino iure iuvat aliquem malae fidei possessorem, nisi resipuerit, postquam se noverit aliena possidere, quum iure etiam bonae fidei possessor dici non possit. Ephesinus enim legislator, Origenis patruus, solum propter vitandam miserorum segnitiem et longi temporis errorem et confusionem primus tricennali vel quadrigenali praescriptioni vigorem legis imposuit. Nobis autem tam in rebus cognitis quam in latentibus placuit non habere vigorem.Google Scholar

2 Sur les thèses d'Hildenbrand et de Ruffini, cf. Ruffini, F., La buona fede 6171.Google Scholar

3 Die Benutzung Gratians in der päpstlichen Kanzlei im 12. Jahrhundert,’ Studia Gratiana I (Bologne 1953) 330–333.Google Scholar

4 Si diligenti…. Unde licite retineri non posset, quod contra iuramentum huiusmodi fuerit scienter obtentum, quia etiam secundum hoc locum praescriptio habere non posset, quum in praescriptione rerum ecclesiasticarum bona fides et iustus titulus exigantur.’ ‘Veniens … Si vero nondum consummata erat praescriptio, sed erat in praescribendo, post impetratum huiusmodi privilegium bonam fidem non habuit et ideo secundum canones non praescripsit.’Google Scholar

6 Quoniam omne, quod non est ex fide, peccatum est, synodali iudicio diffinimus, ut nulla valeat absque bona fide praescriptio tam canonica quam civilis, quum generaliter sit omni constitutioni atque consuetudini derogandum, quae absque mortali peccato non potest observari. Unde oportet, ut qui praescribit in nulla temporis parte rei habeat conscientiam alienae.’ Cette décrétale constitue le chapitre 41 du IVe Concile de Latran (Mansi 22.1027).Google Scholar

6 Possessor malae fidei ullo tempore non praescribit.Google Scholar

7 Alarms, , Appar. in Cpl. I. 2.18.7 (fol. 20va): ‘Hoc in clericis locum habet generaliter. Sed nunquid circa laicos? Videtur quod non. Laici enim legibus humanis quantum ad res quas possident, reguntur ac secundum eas prescribit male fidei possessor, ut C. de prescr. 30 vel 40 ann., si quis emptionis (7.39.8). Ergo non peccat retinendo rem quem prescripsit, licet male fidei; ar. 23 q.4 si ecclesia (c.42). Resp. Sane dici potest quod non peccat laicus in hoc casu, nisi conscientia sua ipsum remordeat. Remordere tamen non deberet et quod canon iste circa clericos tantum optinet, multo ergo fortius non peccat si bona fide prescripsit et postmodum habuit conscientiam rei aliene. Vel aliter. Peccat sive ab initio, sive ex postfacto habuerit conscientiam rei aliene ante completam prescriptionem. Sed si post completam, si rem habuerit ex causa lucrativa, retinere non debet; ar. ff. de hiis que in frau. cre., quod autem, § si quid cum pupillo (Dg. 42.8.6. §10). Si vero ex causa non lucrativa non tenetur; ar. 14 q.1 quod debetur (c.2). Et secundum hoc, canon iste ad laicos extenditur et legibus contrariis derogat. Potest ergo iudex secularis secundum hunc canonem compelli iudicare, sicut accidit in causis ubi usure petuntur.’Google Scholar

8 Huguccio, , Summa C.16 q. 3 rubr. (II fol. 19va): ‘Dicimus quod nulla res ecclesiastica sine continua bona fide prescribatur a clerico vellaico vel ecclesia; nec clericus nomine ecclesie vel ecclesia sine hac prescribit rem ecclesiasticam vel privati. Immo, si socios haberem, crederem quod nulla prescriptio sine bona fide continua curreret, et quod nullus esset tutus prescriptione sine hac. Sed quia leges aperte reclamant, dicimus quod completa prescriptione sine bona fide continua tutus est quis ratione fori, non ratione poli, tutus est quantum ad possessionem corporalem, non quantum ad salutem spiritualem, quantum ad leges seculares, non quantum ad leges ecclesiasticas.’Google Scholar

9 Fliche, A., Thouzellier, G. et Azais, Y., La chrétienté romaine (1198–1274) (Histoire de l’Église 10; Paris 1950) 12–13; Maccarone, M., ‘Chiesa e Stato nella dottrina di Papa Innocenzo III,’ Lateranum Nov. ser. 4.3–4 (Rome 1940),Google Scholar

10 Huguccio, , Summa C.16 q.3 dict. p.c.15 §3 v. quod si mala fide (II fol. 22ra): ‘sive cum titulo, sive sine titulo tunc possidet quisque mala fide quando scit rem alienam esse et ad se non pertinere; fides enim pro conscientia hic accipitur, ut in apostolo: omne quod non est ex fide, peccatum est’ (Rom. 14.23). Ce texte scripturaire est déjà invoqué par la S. Colon. 10 (fol. 100ra).Google Scholar

11 S. Lips. C.16 q.3 rubr. (fol. 91va): ‘Attenditur in prescriptione perseverantia bone fidei, ut infra 34 q.2 si virgo (c.5), supra 14 q.6 c.1, supra 3 q.1 redintegranda (c.3), licet hoc contra arguatur in extra. cum pastorali (X.3.38.11); lex vero dicit bonam fidem ad initium possessionis referri, non ad tractum medii temporis.’Google Scholar

12 Dans son commentaire à la rubrique de la C.16 q.3 (fol. 119vb-120ra), Jean de Faenza emprunte à Étienne de Tournai son exposé sur la prescription civile et à Rufin, celui sur la prescription ecclésiastique (Cf. Appendice II). Google Scholar

13 Rufinus, , Summa C.16 q.3 rubr. (p. 359): ‘Ad hoc autem, ut iura ecclesie prescribantur sive ab ecclesiis, sive a privatis personis, necesse est, ut hec duo maxime concurrant, scil. continua bone fidei conscientia et iustus titulus. Continua bone fidei conscientia: ut — ex quo prescribere cepit usque ad novissimam horam prescriptionis — conscientiam haberet quod rem alienam non possideret, licet lex dicat non ad tractum medii temporis bonam fidem referendam, sed ad initium possessionis.’Google Scholar

14 Si res aliena, propter quam peccatum est, reddi possit, et non redditur, penitencia non agitur, sed simulatur. Si autem veraciter agitur, non remittetur peccatum, nisi restituatur ablatum.Google Scholar

15 Si virgo … sicut in iure prediorum tamdiu quisque bonae fidei possessor rectissime dicitur, quamdiu se possidere ignorat alienum; cum vero scierit, nec ab aliena possessione recesserit, tunc malae fidei perhibetur, tunc iuste iniustus vocabitur.Google Scholar

16 Rufinus, , Summa C.14 q.6 rubr. (p. 344): ‘Quod vero penitentia. Vere penitentia agi non potest, nisi res aliena restituatur … quia non dimittitur peccatum, nisi restituatur ablatum. In quo et illi questioni satis fit, qua solet queri de eo, qui rem alienam mala fide prescripsit, utrum rem prescriptam vero domino debeat restituere. Debet utique secundum legem celi, etsi non teneatur hoc facere secundum legem seculi; quod optinetur ex illo capitulo Si virgo; et C.34 q.1–2 c.5 (p. 508): ‘Si virgo (etc.) male fidei, secundum ius naturale. Nam iure forensi sufficit in initio cuique bona fide possedisse, etiamsi postea conscientiam rei aliene habuerit; bona fides non ad tractum medii temporis, sed ad initium possessionis refertur.’Google Scholar

17 Steph. Tornac. Summa C.14 q.6 c.1 (p. 220): ‘Si res aliena … usque non restituatur ablatum. Si opponatur de eo, qui prescriptione 30 vel quadraginta annorum tutus est, dicimus, quia de iure fori non peccat, de iure poli peccat si non restituat. Nam et secundum leges ipse dominus rei non est qui mala fide prescripsit, sed prior dominus dominus remansit, quamvis iste adversus eum tueri se possit exceptione prescriptionis.’ Google Scholar

18 Cf. supra n.15. Google Scholar

19 Ruffini, Selon F. (La buona fede 39 et 41), dont Scavo, L. Lombardo (Il concetto 24–25) adopte les conclusions, les nouveaux principes auraient été formulés à propos de l'usucapion. A l'appui de sa thèse, il apporte un texte tiré d'un recueil de questions trouvé dans le MS D V 19 de la Bibl. Univ. de Turin (fol. 86ra): ‘De actione usucapti. — Si quis cepit usucapere bona fide, postea scit rem alienam esse, non potest usucapere. Alibi dicitur quod potest. Quod sic solvitur. Quando scit rem alienam esse, et vult eam tradere domino si invenerit eum, potest usucapere. Sed si non vult tradere domino, sed contrectat, furtum facit et non potest usucapere. Contrectare est alienam rem animo furandi baiulare.’ Trois motifs ont poussé Ruffini à placer ce texte à l'origine des nouveaux principes: le souci de l'auteur de résoudre la contradiction entre la nécessité de la bonne foi continue et ce qui est affirmé dans le Décret (Alibi dicitur quod potest), tandis que les canonistes postérieurs se contentent d'affirmer les nouveaux principes; l'emploi du terme usucapio plutôt que praescriptio; enfin la doctrine qui y est professée. On ne peut cependant admettre la thèse de Ruffini. Le souci de résoudre une contradiction vient uniquement du genre littéraire; en effet, il s'agit d'une quaestio. Quant à l'emploi du terme usucapio, il indique plutôt que l'on se trouve devant un texte relativement tardif, car ainsi que nous le montrerons plus loin, Huguccio fut le premier canoniste à appliquer les nouveaux principes aux cas de l'usucapion. Enfin nous avouons ne pas voir en quoi l'identification de la bonne foi avec l'intention de restituer milite en faveur de l'ancienneté du texte. MM. Ruffini et Scavo Lombardo ont du reste très bien senti que l'origine des nouveaux principes leur échappait. Aussi ont-ils tenté d'en donner une explication non basée sur les textes. Ruffini (op cit. 52–53) prétend qu'il s'agit d'une réaction d'ordre théologique, une réaction de personnes et de milieux contre la prépondérance des principes romains supportés pendant des siècles par l’Église. Les premiers canonistes, affirme-t-il, sont des théologiens, tels Rufin et Étienne de Tournai. Le premier aurait vécu à Rome où l'emprise de la Curie se fait sentir sur les études et où le renouveau romaniste et l'ambiance scientifique d'une ville comme Bologne font défaut, tandis que le second aurait subi l'influence de Paris où domine l’élément théologique. Scavo, M. Lombardo (op. cit. 41–42) préfère parler d'un approfondissement de la doctrine romaine. Épris de perfection morale, les canonistes n'auraient fait qu'accentuer une tendance amorcée par les juristes romains: la lutte contre la lésion du droit d'autrui. Mais en définissant l'esprit qui aurait présidé à l'apparition des nouveaux principes, ces auteurs n'ont nullement expliqué comment ces principes s’étaient formés. De plus, il n'y a pas lieu d'identifier théologie et obscurantisme, ainsi que semble le faire Ruffini.Google Scholar

20 Cf. supra n.13. Google Scholar

21 Ces arguments nous sont rapportés par la S. Colon. 10 (fol. 100ra): ‘Qui tamen aliter sentiunt, hec ita exponunt … Prescriptio, inquiunt, ecclesiastica aliquotiens longevi temporis est. Quare, sicut pretaxatum est, tunc in ea de initio et modo possidendi inquiri non oportet. Addunt etiam quod canones ubi prescriptiones astruunt generaliter loquentes nihil distinguunt. Quicumque inquiunt 30 vel 40 annis inconcusse. Ecce quod hic solus modus in canonibus tanquam prescriptionis necessarius exprimitur, ut videlicet quiete ut absque interrumptione usque in tempus prefinitum possideatur. Si aliter modus necessarius esset, hunc, ut aiunt, canones non preteriissent. Quod ergo de bona fide et iusto tytulo allegatur auctoritatem non habet. Contrarium potius ex Toletano concilio astruitur quod prescriptionem eam valere dicit que ab iniqua sententia exordium traxit (C.16 q. 3 c.10). Caldedonense quoque concilium eas maxime prescriptiones valere asserit, que sine violentia 30 annos complete sunt, quod comparativum non recte assumitur, si cum violentia nunquam prescriptio convalescit (e.q. c.1). Denique romana ecclesia, cuius in iudiciis omnibus nobis forma sequenda est, prescribentis ad probandum titulum vel bonam fidem artare non consuevit, hoc solo probato quod 30 vel 40 annis rem inconcusse possederit a petitione actoris absolvit.’ Google Scholar

22 Rob. Melid. Quest. de divina pagina q.79 (p. 41–42): ‘His omnibus actoritatibus videtur obviare ecclesiasticum iudicium, quo sancitur: Ut si quis rem alterius inconcusse tricennali vel quadrigenali possederit possessione, transeat illa in ius suum, et non liceat de cetero petitori eum calumpniari, etiam si ille qui tantum possedit, mala fide possederit. Solutio: Iudicia Ecclesie canonice facta semper iusta sunt, nec actores important aliquam iniuriam. Quod iudicat illum qui sic inconcusse tenuit rem alienam, deinceps iuris illius esse, ad reprimendam eius desidiam facit qui tanto tempore siluit et sua repetere neglexit et sic ad captelam aliorum provisum est. Actoritas sic determinatur. Non purgatur peccatum, nisi restituatur ablatum: non debet dici iam ablatum quod tandiu inconcusse possessum est … Nota quod ille qui sic iniuste rem adquisivit et adquisitam possedit, debet satisfacere quod eam rem sic eam modo adquisivit et tempore transacto sic possedit, non quia sic eam modo possidet, quia canonice eam modo possidet. Et nota quod de rebus ecclesiasticis agitur.’ Google Scholar

23 Sur ces gloses, cf. Van, A. Hove, Prolegomena 421–428,Google Scholar

1 Rufinus, Io. Faventinus, Huguccio, S. Lips.: cf. supra II n. 8, 11, 12 et 13. Glossa Pal. C.16 q.3 rubr. (fol 58va): ‘Secundum canones hec (longissima prescriptio) non procedit, nisi quis bonam fidem habeat, extra. de prescr., vigilanti, 34 q. 2 si virgo.’ — Gardinalis: nous n'avons conservé de ce décrétiste que quelques gloses éditées par Maassen (p. 22); nous y trouvons deux textes où il exige la bonne foi continue à propos de la prescription des droits curiaux et épiscopaux. — Albertus: l'opinion de ce canoniste nous est rapportée par le Comm. Atreb. C.16 q.3 rubr. (fol. 156vb): ‘Quibusdam quoque veluti Alberto, Rufino visum fuit quod in omni ecclesiastica prescriptione, iustus titulus, bona fides in initio, in medio, in fine, infra C.34 si virgo et supra 14 q.6 si res et extra. vigilanti.’ — Sicardus Cremon. Summa (fol. 93rb): ‘In tribus speciebus (i. e. prescr. 30, 40 vel 100 ann.) necessarie sunt temporis continuatio et bona fides secundum canones et equitatem, non autem secundum leges et consuetudines.’ — Tract. de praescr. §28 (p. 264). — De iure can. tract. C.16 q.3 rubr. (fol. 140ra): ‘Ad cursum prescriptionis, exigitur continua bona fides, ut infra 34 si virgo.’ Google Scholar

2 S. Colon. 10 (fol. 99vb): ‘Ut iura ecclesiarum prescribantur, sive ab ecclesiis, sive ab ecclesiasticis personis, necesse est ut continua sit bona fides, quamquam legum statuta aliud decernere predictum sit.’Google Scholar

3 Bern. Pap. Summa 2.18 (p. 335). S. Bruxell. 2.18 rubr. (fol. 24r) reprend mot à mot la précédente, et 2.18.7 v. divino iure (fol. 24va): ‘novo vel veteri testamento vel etiam iure canonico 34 q.2 si virgo, patet quod bona fides et iustus titulus necessaria sunt ad prescriptionem.’ Materia auct. 2.18.7 (fol. 17rb): ‘Mala fides interveniens quandoque non permittit prescriptionem procedere.’ Alan. Appar. in Cpl. I. 2.18.7 v. postquam (fol 20va): ‘Ergo qui ex postfacto incipit esse male fidei possessor desinit prescribere. Verum est secundum canones, secus secundum leges, ut C. de usucap. transf. 1. un. (7.31), 34 q.2 si virgo, 14 q.6 si res.’ Io. Gal. Appar. in Cpl. III 2.17.7 v. bona fides (fol. 155rb): ‘Continua bona fides requiratur, supra eod. vigilanti.’ Google Scholar

4 Tract. de praescr. §30 (p. 264–268). Selon le c. Placuit ut, un évêque peut prescrire le territoire d'un autre évêque si celui-ci néglige de convertir les hérétiques de son diocèse; l’évêque qui s'occupe de la conversion des hérétiques, prescrit en six mois le territoire de l’évêque négligent. Selon le c. Puella, les parents ou le tuteur d'une jeune fille qui de son plein gré a pris le voile avant l’âge de douze ans, peuvent annuler cette prise de voile, à moins qu'il ne se soit déjà écoulé un an et un jour. Dans ces deux cas, à en croire l'auteur du Tract. de praescr., il y aurait prescription de mauvaise foi. Google Scholar

6 Aux termes de ce canon, est nulle toute aliénation d’église faite par des laïcs sans le consentement de l’évêque, à moins que dans la suite, pareil consentement ne soit donné ou que n'intervienne une prescription. Mais dans ce dernier cas, estiment les décrétalistes, la bonne foi ne peut provenir que de l'ignorance de la nécessité du consentement de l’évêque. Or l'ignorance de droit ne peut être invoquée comme fondement de la bonne foi. Aussi les décrétalistes considèrent-ils ce canon comme une dérogation ou comme une exception à la règle générale exigeant la bonne foi dans toute prescription. Glossa Materia auct. ad loc. (fol. 32vb): ‘Sed obiicitur: clericus iste aut bonam habuit fidem aut malam. Si bonam, constat quod tantum ex ignorantia iuris eam habuit, sed ignorantia talis nunquam ad prescriptionem proficit. ff. de usucap. 1. nunquam (Dg.41.3.31), ergo non potest prescribere. Si malam habuit, ergo constat quod nunquam postest prescribere, 34 q.2 si virgo, supra de prescr., vigilanti. Ergo quidam dicunt huic capitulo in parte ista derogandum esse vel hic fuit tempore indulgentia propter negligentiam episcopi puniendam, supra de prescr., controversiam’ (Cpl. 1.2.18.8). Alan. Appar. in Cpl. I ad loc. (fol. 41ra): ‘Sed adhuc obicitur: iste aut habuit bonam fidem aut malam. Si bonam, hoc esse non potuit nisi quod ius ignoravit; que ignorantia ad prescriptionem non proficit, ut ff. de usucap. 1. nunquam. Si malam, nullo tempore prescribit, ut supra de prescr., vigilanti, 34 q.2 si virgo. Resp. Hic dicitur quod hic specialis indulgentia fuit facta, forte quia aliter sine scandalo fieri non potuit.’ Google Scholar

6 Rufin. Summa C.16 q.3 rubr. (p. 359). Io. Favent. Summa C.16 q.3 rubr. (fol. 119vb-120ra) reprend mot à mot le texte du précédent. Google Scholar

7 S. Colon. 10 (fol. 99vb-100ra): ‘Ut autem iura ecclesiarum prescribantur … necesse est ut continua sit bona fides … Credendum sane est religiosius ecclesiasticas quam forenses prescriptiones procedere. Si quidem iudicio Augustini in male quesitis: non remittitur peccatum, si, cum possit, non restituatur ablatum (C.14 q.6 c.1). Evangelica etiam doctrina est: concupiscientiam rei aliene interdicat; aliena possidentibus favorem atque auctoritatem non impertitur. In theologia etiam tamquam maxima proprio habetur: Omne quod non est ex fide, peccatum est (Rom. 14.23). Ideoque si peccatum est cum mala conscientia rem alienam possidere, hoc quanto diutius tanto pernitiosius sit. Item quia in malis mora secum periculum trahit, quanto quis in peccato moratur, tanto reus augetur. Absit ergo ab ecclesia ut cum aliena iactura scienter locupletari queat, ut iustitiam unicuique sua tribuentem, quam verbo docet, exemplo expugnet. Ipsa perfectionis iter agressa, non tantum aliena addere, sed et propria largiri tenetur. Itaque secundum ecclesiastici iuris regulas, parum est ut in initio bonam fidem habuisse, si ante prescriptionem completam mala fides accessit. Unde Augustinus: Si nescia virgovocatur iniustus (C.34 q.1–2 c.5).’ Tract. de praescr. §30 (p. 267)Google Scholar

8 Steph. Tornac. Summa C.16 q.3 rubr. (p. 226–227). Au même endroit, les sommes Cum in tres partes (fol. 41r-42v) et Quoniam status ecclesiarum (39vb-40vb) reprennent en guise d'exposé sur la prescription la C.16 q.3 dict. p.c.15 avec quelques additions tirées de la somme d’Étienne de Tournai. Toujours à la C.16 q.3 rubr., la somme Tractaturus magister s'inspire dans son exposé d’Étienne de Tournai (fol. 61vb-62ra). Sur le plan juridique, la somme Quid sit symonia reste fidèle à la tradition romaniste, bien que sur le plan de la conscience, elle exige la bonne foi; C.16 q.3 rubr. (fol. 142va): ‘Quatuor autem circa prescriptionem consideranda sunt: peccatum, dominium, actio, exceptio. Et item duo alia: iustus titulus et bona fides. Ubi iustus titulus est et bona fides a principio in finem, tollitur peccatum et reliqua tria acquiruntur. Si medio tempore est mala fides, non tollitur peccatum, sed cetera tria acquiruntur. Ubi non est iustus titulus, sed bona fides a principio usque in finem, non acquiritur dominium, sed alia; et ubi mala fides (est) a principio, tantum exceptio acquiritur.’ Google Scholar

9 Sim. Bisin. Summa ad loc. (81vb-82ra): ‘Per singulas … usque maxime etc.: hinc collige quod etiam in male fidei possessore currit prescriptio; si enim tunc maxime est etiam sine violentia, ergo idem est cum per violentiam possessio possidetur … Presulum usque ut si quod absit: et hinc similiter videtur colligi quod ecclesia possit mala fide prescribere. Per hoc enim quod dicitur absit videtur quod de male fidei prescriptione hinc agitur, taliter enim res possesse prescriptione tolluntur.’ Google Scholar

10 Comm. Atreb. C.16 q.3 rubr. (fol. 156vb-157ra): ‘Quibusdam quoque veluti Alberto, Rufino visum fuit, quod in omni ecclesiastica prescriptione iustus titulus, bona fides in initio, in medio, in fine, infra C.34 si virgo et supra C.14 q.6 si res et extra, vigilanti etc … Sed fortassis tutius hec differentia propulsatur ut c. per singulas (c.1), ilio vero diligentius observato an prebende sive beneficii nomine teneatur, an quo alio titulo ad possessorem devenerit. In primo casu, nulla prescriptione tollitur, ut c. clerici (c.11); in secundo, quodlibet ius spirituale occupatur, ut c. placuit (c.8) … Effectus duplex est: in retentione etiam contra dominum, si preceptor (lege: prescriptor) possideat; in vindicatione, si de possessione ceciderit, si tamen bonam fidem et iustum titulum habuerit a principio. Set questio est an ecclesia mala fide prescribere possit. Interrumpitur …’ Texte repris par la somme Permissio quaedam ad loc. (MS cit. fol. 90rb; ed. Schulte p. 71). Au dire de Ruffini, F. (La buona fede 81), l'auteur de cette somme aurait voulu limiter l'exigence de la bonne foi et du titre à la prescription des biens spirituels. Mais c'est là une interprétation toute gratuite. L'auteur estime simplement que l'opinion d'Albert et de Rufin n'est pas suffisamment fondée et que la seule chose qui soit certaine c'est qu'en matière de prescription des droits spirituels, les titres de prébendier et de bénéficier sont insuffisants parce que pour prescrire, il faut posséder en son nom propre. Bien qu'il juge l'opinion d'Albert et de Rufin non suffisamment fondée, l'auteur du Comm. Atreb. demeure hésitant: Set questio est an ecclesia mala fide prescribere possit. Cependant, à la D.8 dict. p.c.1, il justifie la prescription de mauvaise foi (fol. 149vb): ‘in prescriptione in qua bona fides et iustus titulus desiderantur, facilis est responsio; non enim illicita usurpatio sed licita propter bonam fidem et iustum titulum acquisitionis; de illa autem prescriptione in qua hec non exiguntur … posset responderi quod non acquisivit ius aliquod quod prescripsit, sed domino qui neglexit rem repetere odio ipsius preiudicatur, cum iura prodita sint vigilantibus, non desidibus.’Google Scholar

11 S. Bamberg. C.16 q.3 rubr. (fol. 176v): ‘Dicimus etiam quod prescriptionem 30 ann. mala fide nobis comparamus exceptionem. Per 30 autem in foro iudiciali, C. de prescr. 30 ann., omnes, sed non in foro penitentiali, extra. de prescr., vigilanti … Et dicunt quidam quod bona fides secundum canones semper debet esse in omni prescriptione, 34 q.2 si virgo, extra. de prescr. vigilanti. Quod concedimus in foro penitentiali, secus in iudiciali, C. de prescr. 30 ann., omnes.’ De même c.1 v. maxime (fol. 176v); dict. p.c.15 § 1 et 3 v. aliene et exceptione (fol. 178r).Google Scholar

12 Cf. supra II n. 21. 13 Cf. supra II n. 22. Google Scholar

14 S. Paris. C.16 q.3 dict. p.c.7 v. nulla prescriptione (p. 183): ‘In hoc loco aliam (distinctionem) posuit (Gratianus) dicens decretum illud esse exaudiendum: si forte quis ecclesiasticam rem non iudicis, sed sua auctoritate usurpaverit, prescriptio ei non currit. Sed huic distinctioni decretum nullum patrocinatur, sed eam lex impugnat. Prescriptio enim tricennalis competit etiam ei qui rem vel male fidei possidet vel sua auctoritate usurpavit. Illa etenim prescriptio non favore bone fidei possessoris sed odio desidis rem suam persequi negligentis introducta est. Sed Gratianum non recipimus ubi lex obviat, decretum vero legi preiudicat’; et C.34 q.1–2 c.5 (Bamberg, Staatsbibl. MS Can.36, fol. 93rb): ‘Si virgo etc. Quid ergo de prescriptionibus dicendum? Si forte aliquis bona fide ab initio rem alienam possideat, deinde medio tempore aliene rei habeat conscientiam, prescriptione peracta, totus num (lege nunc) dicendum (-us) est male fidei possessor, sed quia prescriptiones [habeat conscientiam] longi temporis (ob) odium tantum desidium sunt introducte, completa prescriptione male fidei possessorem efficiunt bone fidei post canones.’ Dans son édition (p. 256), McLaughlin corrige le totus num en tunc non. Pareille correction n'est nullement justifiée et rend incompréhensible l'opposition introduite par le sed quia. Le totus ne fait pas difficulté, mais seulement le num. Le MS a nū. Ce qui n'est qu'une mauvaise lecture de nc, abbréviation couramment employée dans le MS pour nunc; cf. D.7 c.2 (fol. 7rb), D.55 c.12 (fol. 17rb), C.1 q.7 rubr. (fol. 31va), C.12 q.3 rubr. (fol. 57ra), Cf. 16.3 c.1 (fol. 63va). Si nous adoptons la lecture totus nunc, nous obtenons un texte qui ne fait nullement difficulté. Actuellement, c'est-à-dire en raison du c. Si virgo, la prescription accomplie, celui qui n'a été de bonne foi qu'au début de la prescription doit être dit de façon absolue possesseur de mauvaise foi; mais parce que les prescriptions de long temps n'ont été introduites que pour punir les négligents, dans la suite les canons font du possesseur de mauvaise foi un possesseur de bonne foi. L'auteur de la S. Paris. s'inscrirait donc ici dans la tradition que représente Étienne de Tournai dans son commentaire à la C.14 q.6 c.1 (cf. supra II) et qui n'exige la bonne foi qu'au début de la prescription.Google Scholar

15 Tract. de praescr. §30 (p. 264–268).Google Scholar

16 Ambr. Summa 2.18 (fol. 24ra): ‘Hodie etiam in civili prescriptione non solum ad initium, immo ad medium et ad finem oportet referri bonam fidem, legibus revocatis loquentibus in materia ista, ut in novellis domini Innocentii, e. t. c.1.’ Google Scholar

17 Io. Teut. Appar. in Cpl. IV 2.10.3 v. quam civilis (p. 817a): ‘Si quaeris, quo modo papa possit aliquid statuere de praescriptione laicorum, dico, quod ratione peccati, quia omnis causa ratione peccati ad ecclesiam spectat, ut extra. 3, de iudic., novit.’ Goffr. Trano, Summa 2.26 (p. 233a). Innoc. IV, In V libros 2.26.20 v. civilis (fol. 198ra). Host. Summa 2.26 de praescr. rer. immob. 3 § verum quicquid (fol. 141va). Idem, Lectura 2.26.20 v. tam canonica (fol. 152vb). Io. Andr. In V Decret. 2.26.20 tam civilis (fol. 226ra). Idem, Glossa ord. R.J. 2 v. possessor (fol. 161vb). Google Scholar

18 Raym. Penn. Summa 2.5.32 (p. 291). Monald. Summa v. prescriptio (non fol.): ‘Item cum mala fide prescribere quis non potest etiam tempore longissimo, quia in prescriptione canonica semper requiritur bona fides, 34 q.2 si virgo et extra. e. t. vigilanti et c. si diligenti, ita quod nulla parte temporis prescriptionis possessor conscientiam rei habeat aliene, extra e. t. c. quoniam omne et in hoc derogatur iuri civili expresse sit.’ Io. Frib. Summa 2.5.130 (fol. 72va). Guil. Kayoto, Summa 2.5.130 (fol. 81vb-82ra): ‘Quum in prescriptione bona fides requiratur, nunquid abrogate sunt leges que admittunt prescriptionem 30 ann., etiam cum mala fide? Dic sec. Ray., §32, quod revocantur per canones, quia leges non sacros canones imitari (dedignantur). De hoc habes, extra, e. t., quoniam omne. Innocentius et Hostiensis idem dicunt; idem in glossa.’ Astes. Summa 3.2 (II p. 291a). Barth. Conc, S. Summa Pis. v. prescriptio (non fol.): ‘Sed in prescriptione 30 vel 40 ann. non requiritur (bona fides), 16 q.3 § potest (dict. p.c. 15) et extra, eo. vigilanti, C., de prescr. 30 vel 40 ann., cum notissimi et 1. si quis emptionis (7.39.7 et 8), nisi velis dicere leges ipsas esse correctas, extra. eo. c. ult. (X.2.26.20). Quod potest papa facere propter periculum anime, ut supra papa § penult.’Google Scholar

19 Bern. Bott., Glossa ord. 2.26.20 v. tam canonica quam civilis (fol. 187vb). Google Scholar

20 Accurs. In Authent. 2.4 (Nov. 9) v. sed centum tantummodo annorum (V col. 102). Google Scholar

21 Iac. Rav. Lectura 7.31. (fol. 338rb). Google Scholar

22 Dyn. Muxell. Comm. reg. iur. pont. R.J.2 (p. 41). Google Scholar

23 Bart. Saxof. Super Authent. 2.4 (Nov.9) (fol. 17rb). Google Scholar

24 Parmi les canonistes, ce sont surtout les décrétistes qui ont étudié la question de l'obligation morale et ce, à l'occasion des C.14 q.6 c.1 et C.34 q.1–2 c.5, et parfois de la D.8 dict. p.c.1; encore faut-il noter qu'on n'y trouve guère d’écho dans les sommes d'origine française; quant aux décrétalistes, le seul problème d'ordre moral qui ait retenu leur attention, c'est celui de la survenance de la mauvaise foi après la prescription. Certains s’étonneront peutêtre du petit nombre de théologiens cités dans notre étude. Cela provient uniquement du fait que la prescription est une question qui n'a guère retenu l'attention des milieux théologiques au cours de la période étudiée. Il suffit pour s'en convaincre de parcourir la littérature quodlibétique. Sur les 117 auteurs de quodlibeta qui nous sont rapportés par Mgr Glorieux, 6 seulement ont traité de la prescription. Ce sont Gérard d'Abbeville, St Thomas d'Aquin, Henri de Gand, Jacques de Viterbe, Gérard de Sienne et un auteur anonyme (Cambrai, MS 435). Nous n'avons pas trouvé les quodlibeta de Gérard de Sienne dans l’édition de Viterbe que nous avions à notre disposition, mais la doctrine de ce théologien nous est rapportée par Jean d'André (In tit. de reg. iur. R. J. 2 [fol.58ra-62ra]). Quant à l'anonyme du MS de Cambrai, nous n'avons pu le consulter. Cf. Glorieux, P., La littérature quodlibétique de 1260 à 1320 (Bibliothèque thomiste 5; Kain 1925); Idem, La littérature quodlibétique (Bibl. thom. 21; Paris 1935).Google Scholar

25 Steph. Tornac. Summa C.16 q.3 c.2 v. auctoritatis (p. 227). Google Scholar

26 Io. Favent. Summa C.14 q.6 c.1 (fol. 112ra): ‘Sunt qui dicunt eum teneri ad reddendum prescripta ratione quia nemo debet locupletari cum aliena iactura et quia non dimittitur peccatum etc … Sed melius est, ut dicimus, eum non peccare, quia iure legum et canonum factus est dominus. Iuste ergo possidet, qui pretore auctore possidet.’ Google Scholar

27 Ric. Angl. Summa quaest. (fol. 216b): ‘Et dicunt quidam quod ita prescriptum est debere reddi quod nemo debet locupletari cum aliena iactura, 22 q.2 primum (c.8). Alii et melius eum non peccare quia iure legum et canonum factus est dominus.’ S. Lips. C.14 q.6 c.1 (fol. 84rb) reprend mot à mot le texte du précédent. De iure can. tract. C.14 q.6 c.1 (fol. 137ra): ‘Nos contra credimus quia omnis (res) prescripta non est aliena, unde constringitur sententia huius canonis.’ Hugucc. Summa C.34 q.1–2 c.5 (II fol. 99rb): ‘Ex quo completa est prescriptio cum bona fide continua, tutus est, quia iure divino et humano non tenetur reddere, quia possidet iure, ergo iuste, ut 14 q.4 quid dicam, nec dicitur possidere alienum, sed suum. Unde caute dicitur hoc possidere et non dicitur possedisse. Ergo non loquitur hic, (nisi) de scientia ante completam prescriptionem.’ S. Regin. C.34 q.1–2 c.5 (fol. 44vb): ‘Post completam vero prescriptionem, non dicitur possidere alienum, unde non tenetur reddere, quia possidet iure et ideo iuste; unde caute dicitur in capitulo possidere et non possedisse.’ Google Scholar

28 Tancr. Appar. in Cpl. I 2.18.7 v. postquam noverit (fol. 23ra): ‘Sed pone quod incipiat habere conscientiam rei aliene post completam prescriptionem, nunquid tenetur eam restituere domino? … Quidam dicunt quod si post multos annos habeat conscientiam rei aliene, tenetur eam restituere, alias peccat. Iurisperiti fere omnes dicunt, et cum eis sentio, quod non tenetur eam reddere quondam domino, quoniam iam non est aliena et iuste possidet, 14 q.4 quid dicam.’ Bern. Bott. Glossa ord. 2.26.5 v. noverit (fol. 183v). Goffr. Trano Summa 2.26 (p. 233a). Host. Summa 2.26 de praescr. rer. immob. 3 § verum quicquid (fol. 141vb). Idem, Lectura 2.26.5 v. noverit possidere (fol. 145vab). Google Scholar

29 Hugucc. et S. Regin., cf. supra n. 27. Glossa Pal. C.34 q.1–2 c.5 (fol. 92rb): ‘Possidere, non dicit possedisse, nam post completam prescriptionem, non scit se possidere alienum, sed possedisse, unde secundum B.(?) non tenetur restituere, licet H(uguccio) consulat restituere, ubi conscientia remordeat.’ Texte repris dans la Glossa ord. par Io. Teut. (fol. 131vb) et Barth. Bresc. (fol. 382ra). Google Scholar

30 Io. Andr. In tit. de reg. iur. R.J.2 (fol. 61rb-62ra). Google Scholar

31 Sim. Bisin. Summa C.34 q.1–2 c.5 (fol. 96ra): ‘Dico quod si per continuum 30 ann. spatium rei aliene non habui conscientiam, quo ad utrumque forum tutus ero, nec huius possessionis retentio saluti anime generat impedimentum; quia autem hic dicitur cum vero scierit, ante completum spatium intellige.’ Io. Teut. Appar. in Cpl. IV 2.10.3 v. in nulla temporis parte (p. 817a). Abb. Antiq. Lectura 3.38.11 (fol. 147vb). Google Scholar

32 Host. Lectura 2.26.5 v. noverit possidere (fol. 145vb). Idem, Summa 2.26 de praescr. rer. immob. 3 § verum quicquid (fol. 141 vb). Io. Andr., In tit. de reg. iur. R.J.2 (fol. 61va). Google Scholar

33 Cf. supra n. 29. Google Scholar

34 Sim. Bisin. Summa C.14 q.6 c.1 (fol. 78vb): ‘Si res aliena propter quam peccatum est, hinc collige eum qui in (?) prescriptionis spacio conscientiam rei aliene non habuit et quod ad ius canonicarum et quod ad ius animarum tutum esse, nec cogi ad restitutionem posse licet postea sciverit rem alienam fuisse. Bene tamen sic consulit.’ Hugucc. Summa eod. loc. (II fol. 6vb): ‘Ego tamen consulo cuilibet ut etiam quod prescripsit sic (i. e. cum bona fide continua), restituat et faciat alteri quod sibi vellet fieri ab altero. Et quicquid ego sic pre-scriberem nomine mei, redderem, quandocumque ad meam notitiam perveniret. Si nomine ecclesie, ei consulerem ut redderet. Non tamen adhereo illi opinioni que asserit quod ratione prescriptionis bona fide continua facte, non defenditur quis a peccato, nisi restituat quandoque sciverit rem alienam fuisse.’ Google Scholar

35 Raym. Penn. Summa 2.5.33 (p. 291–292). Monald. Summa v. prescriptio (non fol.): ‘Item dicunt theologi quod quandoque quis habeat conscientiam rei aliene restituere tenetur, alias peccat. Sed hoc tantum consilium est, sed de iure non tenetur, quia iam non est alienum, sed suum, ut in d. c. quid dicam.’ Io. Frib. Summa 2.5.131 (fol. 72vab). Guil. Kayoto, Summa 2.5.131 (fol. 81ra): ‘Quid iuris quando quis prescribit bona fide continua et post completum huius incepit habere malam fidem, nunquid restituere tenetur? Resp. sec. Ray. §33, breviter quod si omnibus concurrentibus res legitime sit prescripta et incipiat post completam prescriptionem habere conscientiam remordentem, conscientiam lesam deponat, quia erronea, cum res talis legittime sit acquisita et iure concedente … Si vero non posset deponere talem conscientiam, non restat eius, secundum glossa, nisi quod restituat.’ Astes. Summa 3.2.6 (I p. 291b-292a). Barth. Conc, S. Summa Pis. v. prescriptio (non fol.).Google Scholar

36 Ger. Abbatisv. Quodlibeta 4.2 (fol. 48vb): ‘Si ante completum restituere tenetur, quia nunquam bone fidei efficitur, quia ex nunc exigitur fides bona … Si autem post prescriptionem completam mutata sit conscientia, tutus est et restituere non tenetur, quia ex parte omni prescriptionis bonam fidem habuit, tunc res efficitur sua de beneficio iuris communis, et tunc non est dicendus quod habeat conscientiam rei aliene, licet post tempus prescriptionis, sciat rem alienam fuisse.’ Thom. Argent. In IV libros 4.15 a.4 p.2 q.7 (II fol. 121va). Petr. Palude, In IV m Sent. 15 q.2 (fol. 64va). Google Scholar

37 Uldar. Argent. De summo bono 6.3.12 (fol. 170rb): ‘Prescriptione quoque et usucapione sepe excusatur rapina et a multis dubitatur an ille qui tali iure rem aliquam teneatur ad restitutionem postquam sciverit rem illam esse alienam vel non … Ego autem dico si concurrunt omnia pertinentia ad legitimam prescriptionem possessor non tenetur ad restitutionem et hanc sententiam tenet ecclesia ubique terrarum, scil. consuetudine et approbat plurimis constitutionibus ut patet 16 q.3 per totum et extra. de prescr. (X.2.26), fere per totum … Nec potest dici quod hoc tenendum sit tantum in foro iudicii et non in foro conscientie, quia, inter statuta de licita prescriptione, Innocentius, in concilio generali, reprobat illa statuta legalia que bona conscientia servari non poterant, scil. que admittunt prescriptiones 30 ann. cum mala fide, dicens quoniam omne … Ratio quoque hoc dictat … Cum ergo auctoritate utriusque potestatis dominium rerum sit translatum in eum qui legitime prescripsit et in hoc sit multiplex utilitas communitatis hominum … Ergo ipse iuste possidet ea que legitime prescripsit.’ Google Scholar

38 Thom, S. Aq. Quodlibeta 12.15.24 (Op. omn. XV 606b-607a). Io. Scot. Questiones in IV libros Sententiarum 4.15 q.2 a.2 nn° 9–10 (Op. omn. XVIII 272). Idem, Reportata parisiensis super IV libros Sententiarum 4.15 a.2 (XXIV 236b-237a).Google Scholar

39 Bern. Pap. Summa 2.18 (p. 56). S. Bruxell. 2.18 (fol. 24r). S. Bamberg. C.14 q.6 rubr. (fol. 164vb): ‘Tametsi tutus sit exceptione, credo quod semper teneatur restituere quicumque scit ipsam esse alienam 34 q.2 si virgo, extra. de prescr. vigilanti.’ Cf. aussi supra n.11. Henr. Merseb. Summa 2.26 (fol. 41ra): ‘Aliud est iudicium fori, aliud est iudicium poli. Iure poli sive iudicio anime debet restituere ex quo sibi dictat conscientia quod male possideat et omne quod est contra conscientiam edificat ad gehennam, extra. de symonia, per tuas (X.5.3.32). Quia dicit Alexander papa nulla antiqua dierum possessio divino iure iuvat aliquem male fidei possessorem, nisi resipuerit, postquam noverit se alienum possidere, extra. vigilanti. Iure autem fori, dicunt legiste quod non tenetur ad restitutionem quia id quod possidet, iuste possidet ex quo prescriptum possidet, ergo suum et non alienum sicut dicit Augustinus. Hoc certe alienum non est quod iure possidetur; quod autem iure et iuste et bene, 14 q.4 quid dicam. Sed prima opinio securior est et melior. Google Scholar

40 Petr. Cant. Summa de sacr. (fol. 251rab): ‘Item esto quod aliquis possederit aliam possessionem a principio bona fide et iusto titulo; post completam prescriptionem perpendit quod res est aliena. Querit a confessore utrum liceat ei retinere an peccet retinendo. Credo quod ius dat ei illam possessionem, quia promulgatum est ius prescriptionis contra desides et negligentes, ita quod si quis iusto titulo et bona fide possederit a principio et tempore continuato, prescriptione 30 ann. licite possideat … Hec ergo solutio quam premisimus, communis est statuta omnium. Tamen, sicut alibi diximus, si pater meus tenuisset per 30 ann. rem furtivam vel raptam et ego postea bona fide possiderem eandem per alios 30 ann., si postea scirem quod esset furtiva, tenerer restituere quantum ad ius poli et de facili dicerem quod peccarem mortaliter, nisi restituerem, quia non dimittitur peccatum, nisi restituatur ablatum, non diximus nisi restituatur a primo raptore, sed intelligitur a quacumque possidente, quando scierit rem esse alienam.’ Rob. Courc. Summa th. mor., de prescr. et iur. patr. (fol. 67va): ‘Queritur utrum completa prescriptione, si quis habuerit conscientiam rei aliene teneatur restituere eam … Respondemus ergo ad illum c. de quarta (X.2.26.4) et ad omnia similia, quod tutus revera est qui 40 ann. possedit in foro seculari, sed non in foro penitentiali. Immo quanto diutius rem alienam penes se detinuit, tanto magis reus est adversus Deum et ecclesiam.’ Google Scholar

41 Henr. Gandav. Quodlibeta 8.22 (II fol. 331v-333r). Google Scholar

42 Ger. Sen.: cf. Io. Andr. In tit. de reg. iur. R.J.2 (fol. 61ravb). Google Scholar

43 Io. Andr. In V Decret. 2.26.5 v. et ibi quidam (fol. 217rb). Google Scholar

44 Iac. Viterbo, Quodlibeta 2.21 (fol. 185ra) expose longuement ces arguments que nous trouvons résumés chez Thom. Argent. In IV libros 4.15 a.4 p.2 q.7 (fol. 121vab). Google Scholar

45 Alan. Appar. in Cpl. I 2.18.7 (fol. 20va); cf. supra II n. 7. Google Scholar

46 lac. Viterbo, Quodlibeta 2.21 (fol. 185rbvb): ‘Sed inter has opiniones que sibi opposite videntur potest esse modus quidam dicendi medius aliquomodo et satis rationabiliter, ut dicatur quod de prescriptione dupliciter loqui possumus, scilicet ut vel absolute et simpliciter vel secundum aliquas conditiones advenientes. Si ergo loquimur de prescriptione et simpliciter et absolute, sic videtur dicendum quod prescribens legitime non tenetur in foro conscientie restituere cum rem prescriptam auctoritate iuris possideat, iuste eam possidere videtur … Sic ergo patet quod prescribens legitime secundum canones non tenetur ad restitutionem, simpliciter et absolute loquendo. Si autem loquimur de prescriptione secundum quas conditiones advenientes, sic tenetur prescribens ad restitutionem. Possunt assignari ad presens quatuor conditiones secundum quas prescribens restituere tenetur. Prima est si eveniat aliquis casus quem lex excepisset si previdisset, ut forte casus qui tangebatur in argumentando, scil. de ilio qui ignorans rem esse suam … Secunda conditio si aliquis prescribens habet scrupulum conscientie. Licet enim debeat sibi facere conscientiam si prescriptio fuit legitima, tamen si conscientia sibi dictat quod rem prescriptam non posset iuste retinere illam debet restituere. Qui enim agit contra conscientiam edificat ad gehennam et conscientia etiam erronea ligat. Tertia conditio est operis perfectio. Licet enim prescribens simpliciter loquendo non teneatur ad restituendum, tamen perfectionis est restituere … huiusmodi restitutio non est precepti vel necessitatis, sed est consilii et surrerogationis. Quarta conditio est securitas propter dubium, nam in prescriptione legitima multa et varia debet attendere. De quibus omnibus raro potest quis esse omnino certus et quia in dubiis est via tutior eligenda, ideo tutius est prescribenti restituere et tenetur quantum adhoc restituere, sicut tenetur in dubiis eligere et sequi quod est securior.’ Google Scholar

1 Cf supra I § 1. Google Scholar

2 Cf. V. g. Steph. Tornac. Summa C.16 q.3 rubi. (p. 224). Google Scholar

3 Hugucc. Summa C.16 q.3 rubr. (II fol. 19rb): ‘Usucapio est igitur acquisitio dominii per continuationem possessionis lege diffiniti, scil. triennii. In usucapione … bona fides exigitur … et hoc dumtaxat in principio secundum leges …, sed secundum canonicam equitatem, credimus quo exigatur continua.’ Glossa Pal. eod. loc. (fol. 58va): ‘Usucapio est acquisitio dominii per continuationem possessionis lege diffiniti, ff. de usucap. 1.3 (Dg. 41.3.3). Exiguntur in ea bona fides ab utraque parte … et quod dixi ab utraque parte, verum est quoad initium contractus, non quoad contractum medii temporis, i. e. § potest (C.16 q.3 dict. p. C.15); secundum canones tamen continua exigitur bona fides.’ Google Scholar

4 Cf. V. g. Steph. Tornac. Summa C.16 q.3 rubr. (p. 226). Google Scholar

6 Cf. supra II n.5. Google Scholar

6 Accurs. In Cod. 7.31. un. v. ab initio (col. 1838). Iac. Rav. Lectura 7.31. un. (fol. 338rb). Bart. Saxof. In secund. Cod. partem 7.31. un. (fol. 73ra). Google Scholar

7 Dyn. Muxell. Comm. reg. iur. pont. R.J.2 et 3 (p. 36 et 49). Google Scholar

8 Io. Teut. Glossa ord. C.16 q.3 rubr. (fol. 94vb) reprend textuellement la Glossa Pal. (cf supra n. 3). Barth. Brix. Glossa ord. eod. loc. (fol. 237ra) add. ‘extra. de prescr., vigilanti et c. ult.’ Google Scholar

9 Henr. Merseb. Summa 2.26 (fol. 41ra): ‘Item notandum quod ista quatuor que superius numerata sunt in prescriptione, requiruntur in usucapione, scil. quod sint ibi bona fides utriusque, titulus iustus, continua possessio et quod non sit res vitiosa.’ Google Scholar

10 Host. Summa 2.26 rubr. et de usucap. 6 (fol. 137vb et 138vb). Google Scholar

11 Uldar. Argent. De summo bono 6.3.12 (fol. 170vb): ‘Que autem de prescriptione diximus, etiam de usucapione intelliguntur. Quia ista duo non differunt, nisi quod prescriptio proprie est tantum in rebus immobilibus, usucapio vero est tantum rerum mobilium.’ Google Scholar

12 Io. Frib. Summa 2.5.123 (fol. 71rb). Barth. Conc, S. Summa Pis. v. prescriptio (non fol.).Google Scholar

13 Cf. supra I § 1. Google Scholar

14 Cf. supra II nn. 16 et 17. Steph. Tornac. Summa C.34 q.1–2 c.5 (fol. 140rb): ‘Si virgo usque tunc male fidei, naturali equitate inspecta, nam de iure civili sufficit bonam fidem habuisse, nec ex posteriori scientia interrumpitur prescriptio bona fide inchoata.’ Google Scholar

15 Rufin. Summa C.16 q.3 rubr. (p. 359). Google Scholar

16 Steph. Tornac. Summa C.16 q.3 rubr. (p. 226). Google Scholar

17 Rufin. Summa C.16 q.3 c.3 v. adimit conventum terrilorii (p. 361): ‘i. e. populum illius loci. Quasi non propterea quia prescripsit corporalia illius ecclesie, prescripsit et spiritualia’; et C.5 (p. 362). Steph. Tornac. Summa eod. loc. v. tricennalis possessio tollit alienam dioecesim (fol. 99ra): ‘dioecesim vocat hic ecclesiam cum omni iure reddituum, sive temporalium, ut prediorum sive spiritualium, ut decimarum, primitiarum, oblationum.’ — Du reste, il ne faut pas oublier ce qu'ont souvent d'arbitraire et d'artificiel les classifications des auteurs du moyen âge. Elles sont souvent commandées par un besoin de parallélisme. Si Étienne de Tournai, par exemple, fait allusion aux dettes et aux loyers, c'est seulement pour faire pendant aux dîmes, aux prémices et aux offrandes dans son opposition droits spirituels-droits temporels. Qui oserait prétendre qu'un Sicard de Crémone ait exigé la bonne foi dans toute prescription parce que dans sa distinction des droits susceptibles de la prescription ecclésiastique, aux droits spirituels que sont les dîmes, les prémices et les prébendes, il oppose les droits séculiers que seraient les actions réelles et personnelles? Sic. Cremon. Summa (fol. 93ra): ‘Item iura ecclesie aut sunt secularia, ut actiones personales et in rem, aut spiritualia, ut ius decimarum, primiciarum et prebendarum.’ Google Scholar

18 Cf. supra I § 2. Google Scholar

19 S. Lips. C.16 q.3 rubr.; on en trouvera le texte dans l'Appendice II. De iure can. tract. eod. loc. (fol. 139vb-140ra) ‘Est autem prescriptio exceptio ex tempore substantiam capiens que obicitur actioni in rem vel personali nomine rei immobilis et quandoque mobilis competenti … Est autem effectus prescriptionis secundum eos qui dicunt exceptionem parere tantum, completa prescriptione, se contra quemlibet tueri, et lapsum a possessione habere utilem vendicationem. Secundum eos qui dicunt etiam dominii acquisitionem, quod verius est, ex prescriptione nasci, lapsus a possessione habet directam vendicationem, ut dominus … Ad cursum prescriptionis exigitur bona fides … Item iustus titulus …’ Hugucc. Summa eod. loc. (II fol. 19rbva): ‘Prescriptio est exceptio ex tempore substantiam capiens que actioni personali vel in rem immobilem opponitur. Exceptio dictum est quia prescriptione non dominium, sed exceptio acquiritur secundum Bulgarum, Placentinum et Ioannem Bassinianum, et isti dant utilem rei vendicationem si quis post prescriptionem cadat a possessione, Martinus dat directam quia dominium prescriptione asserit acquiri … Licet varie sint prescriptiones, tamen quantum ad presentem tractatum sufficit dicere quoad prescriptionem alia est longi temporis, alia longissimi vel longevi. Longum tempus dicitur decennium vel vicennium; longissimum vel longevum dicitur 30 vel 40 vel 100’ ann … In prescriptione decennii vel vicennii eadem exiguntur que in usucapione, eo excepto quod … Prescriptio 30 vel 40 vel 100 ann. secundum leges exigit continuam possessionem, non autem bonam fidem et titulum. Sed sicut diximus de usucapione, secure quantum ad salutem animarum, secundum canonicam equitatem, dicimus quod in qualibet prescriptione exigitur iustus titulus … et bona fides continua.’ Glossa Pal. eod. loc. (fol. 58va) ‘Prescriptio est exceptio ex tempore substantiam capiens que actioni personali vel in rem opponitur. Est autem quedam longi temporis prescriptio … Alia est longissimi temporis, 30 vel 40 vel 100 ann., in qua secundum leges non exigitur bona fides, nec titulus … Sed secundum canones non hec procedit, nisi quis bonam fidem habeat … Est autem effectus eius ut acquiratur tantum exceptio secundum Ioannem et alios, non dominium nisi utile.; secundum B.(?) et alios etiam directum dominium acquiritur.’ Ce texte est repris mot à mot par la Glossa ord. de Io. Teut. (fol. 94vb) et de Barth. Brix. (fol. 237rab).Google Scholar

20 Cf. supra I § 1. Google Scholar

21 Nous n'avons plus trouvé d'allusion aux actions personnelles que dans une des définitions rapportées par Jacques de Viterbe; encore faut-il noter que ce théologien ne la fait pas sienne. lac. Viterbo, Quodlibeta 2.21 (fol. 184rb): ‘Diffinimus sic secundum Huguccionem: prescriptio est acquisitio dominii super rem aliquam aliquo certo spatio temporis possidendo; prescribere est aliquo spatio temporis aliquid possidendo acquirere. Communiter autem a viris peritis sic diffiniri solet quod prescriptio est ius quoddam ex tempore substantiam capiens, i. e. firmitatem vel secundum aliquos, prescriptio est exceptio ex tempore substantiam capiens que vel personali actioni vel actioni in rem opponitur.’ Google Scholar

22 Ambr. Summa 2.18 (fol. 24ra): ‘Prescriptio secundum quoddam est exceptio ex tempore substantiam capiens sive firmitatem, quod satis dici potest. Vel forte melius ita diffinietur prescriptio canonica sicut usucapio, quod prescriptio est acquisitio dominii per continuationem possessionis temporis lege diffiniti, ut ff. de usucap. 1. 3 (Dg.41.3.3), i. e. triennii quoad usucapionem, 40 vel 100 ann. quoad prescriptionem.’ Raym. Penn. Summa 2.5.27 (p. 285): ‘Praescriptio vel usucapio est acquisitio vel adiectio dominii utilis vel directi per continuationem possessionis temporis lege definiti, ff. de usucap. 1. 3. Differunt tamen praescriptio et usucapio quia praescriptio proprie in immobilibus, usucapio in mobilibus locum habet.’ Io. Frib. Summa 2.5.123 (fol. 7Rb). Guil. Kayoto, Summa 2.5.123 (fol. 80va) reprend le texte de Raymond. Astes. Summa 3.2.1 (I p. 286b). Barth. Conc, S. Summa Pis. v. prescriptio (non fol.).Google Scholar

23 Cf. supra n. 11. Google Scholar

24 Host. Summa 2.26 de praescr. rer. immob. 4 (fol. 143v-144r). — A en croire Scavo, M. Lombardo (Il concetto 117–119), Innocent IV aurait été le premier à limiter la portée des nouveaux principes et ce, à l'occasion de son commentaire sur le c. Cum pastorali (X.3.38.11). Cet historien du droit reprend à son compte l'interprétation que Jean d'imola a donné d'un passage du commentaire d'innocent IV (Ioannes ab Imola, Super I m, II m et III m Decretalium 2.26.20, Lyon 1549, fol. 171va). Voici le texte d'innocent IV sur lequel Scavo, M. Lombardo base ses affirmations: ‘Nota quod si finita praescriptione constet de non legitimo titulo et mala fide habitis ante coeptam praescriptionem, tamen salva conscientia possent illa retinere, quia tuti sunt authoritate iuris eius, qui potestatem condendi ius habet super temporalibus, qui hanc poenam amissionis iurium suorum induxit in odium negligentium et favorem solicitorum.’ (Innoc. IV, In V libros 3.38.11 [fol. 286vb]). A la suite de Jean d'imola, Scavo, M. Lombardo déduit de ce texte qu'innocent IV a admis que la bonne foi n’était pas nécessaire dans les cas où la prescription était la conséquence de l'inertie du titulaire du droit et qu'il n'y avait pas lieu alors de tenir compte du fait que le prescrivant savait ou non qu'il s'agissait d'une chose étrangère. Mais le texte et le contexte s'opposent à pareille interprétation. L'hypothèse dans laquelle se place Innocent IV suppose d'une part que l'on ne se rend compte du fait qu'il s'agissait d'une chose étrangère qu'une fois la prescription accomplie, si finita praescriptione constet de …, et de l'autre qu'au début et durant toute la prescription on croyait avoir un titre et qu'on était de bonne foi, siconstet de non legitimo titulo et mala fide habitis ante coeptam praescriptionem. Dans le passage rapporté plus haut, Innocent IV fait allusion au cas de ceux qui succèdent dans la possession d'un bien à quelqu'un qui n'avait aucun titre à la possession et était de mauvaise foi, ainsi qu'il ressort d'un autre passage du même commentaire: ‘si alias res quae sine titulo possidebantur, vel detinebantur ab aliquo, scil. ex causa depositi, vel commodati, vel consimili successor eius pro suo incipit possidere bene usucapit pro suo, ff. pro haer. 1. plerique (Dg. 41.5.3) et sic hic; licet enim illi, qui primo acceperunt, non habuerunt iustum causam possidendi, alii tamen postea fecerunt et habuerunt, qui postea subsecuti sunt et nihil sciverunt.’ (fol. 286vab). Ignorant que son prédécesseur n'avait pas de titre et était de mauvaise foi, on croit avoir un titre et on possède la chose de bonne foi; en pareil cas on peut prescrire, pourvu que l'on reste de bonne foi jusqu’à la fin de la prescription. Si la prescription accomplie, on vient à avoir connaissance de la mauvaise foi de son prédécesseur, cela demeure sans influence sur les effets de la prescription. Tel est le sens du commentaire d'innocent IV sur le c. Cum pastorali. Le pontife n'y fait qu'affirmer, à propos d'un cas particulier, le principe de l'innocuité de la mauvaise foi survenant après la prescription. C'est en vain qu’à la suite de Jean d'imola, Scavo, M. Lombardo a invoqué ce commentaire d'innocent IV pour établir qu'Hostiensis n’était pas le premier à s’être posé le problème de la portée des nouveaux principes.Google Scholar

25 Astes. Summa 3.2.6 (I p. 291b). Google Scholar

26 Bart. Saxof. In Iam Dig. nov. partem comm. ad loc. (fol. 117ra). Google Scholar

27 Cf. supra n. 26. Google Scholar

28 Cf. supra n. 24 (fol. 143va). Google Scholar

29 Les actions mixtes sont les trois actions en partage: l’actio familiae herciscundae, l’actio communi dividendo et l’actio finium regundorum. A proprement parler, ce sont des actions personnelles parce qu'elles sont fondées sur des obligations. Néanmoins, elles sont essentiellement distinctes des actions personnelles en ce sens que la question de la propriété peut y être décidée en même temps. En effet, dans les actions en partage proprement dites (actiones familiae herciscundae et communi dividendo), la demande en partage entraîne la décision de la copropriété litigieuse du demandeur, s'il est en possession de la chose; par 1 ‘actio finium regundorum, le demandeur peut recouvrer, aussi bien que par voie de revendication, la portion d'immeuble que lui enlevait la confusion des limites. D'autre part, cette dénomination d'actiones mixtae s'expliquerait également par la formule des actions dans l'ancienne procédure. Cette formule avait une partie purement personnelle fondée sur les obligations avec le dare facere oportere ex fide bona; et de plus, une autre appelée adiudicatio et ainsi conçue: Quantum adiudicari oportet, iudex Titio adiudicato. La forme de cette partie était impersonnelle et donc in rem. On appelle actio personalis in rem scripta toute action donnée par le droit à celui à qui un acte juridique a été arraché par violence, afin qu'il puisse exiger le rétablissement de l'ancien état de chose. Cf. F. C. von Savigny, System V 25, 36 et 89. — Étant donné l'intervention d'une possession dans la prescription de ces différentes actions, on comprend qu'Hostiensis y ait exigé la bonne foi. Google Scholar

30 Cf. supra n. 24 (fol. 143va). Google Scholar

31 Bart. Saxof. In I am Dig. vet. partem comm. 8.2.5 (fol. 233ra). Google Scholar

32 Host. Summa 1.4 (fol. 19rb). Idem, Lectura 1.4.11 (fol. 27vab). Google Scholar

38 Bart. Saxof. In I am Dig. vet. partem comm. ad loc. (fol. 232va). Sur la doctrine des autres romanistes, cf. v. g. Azo, Summa 3.34 (fol. 50ra); Idem, Ad singulas leges 3.34.1 v. contra veterem formam (p. 350); Dyn. Muxell. Comm. reg. iur. pont. 2 (p. 41–42); Gyn. Pistor. In Codicem 3.34.2 (fol. 176rb). Google Scholar

34 Cf. supra n. 24 (fol. 144rb). Google Scholar

35 Bart. Saxof. In Iam Dig. vet. partem comm. 8.2.5 (fol. 233ra); Idem, In Iam Dig. nov. partem comm. 41.3.4 § 27 (fol. 117ra); Idem In Iam Cod. partem comm. 3.34. 1 (fol. 145va). Google Scholar

36 Ruffini, F., La buona fede 155; Gismondi, P. Saggio 59; Van, A. Hove, De privilegiis 111 n° 111; Scavo, L. Lombardo, Il concetto 186. A l'appui de leur thèse, selon laquelle Dino de Mugello aurait fait rentrer les actions personnelles parmi les biens incorporels, ces auteurs invoquent un texte tiré du commentaire de Dino de Mugello sur la reg. Sine possessione:Google Scholar

‘ Sicut ergo in corporalibus non procedit praescriptio sine vera possessione, ita in incorporalibus non procedit sine quasi possessione: per quod ostenditur hanc regulam in omni genere possessionis veram esse.’ (Comm. reg. iur. pont. p. 50). Mais ainsi que nous venons de le noter, lorsque Dino de Mugello parle de biens incorporels, il s'agit toujours de servitudes.

37 Io. Andr. In V Decret. 2.26.20 v. nulla (fol. 226ra); Idem, In VIm Decret. 2.2.2 v. animarum periculum (fol. 76va). Google Scholar

38 ‘De quarta vero decimae et oblationis defunctorum clericus ab impetitione episcopi quadragenaria prescriptione temporis se posse tueri videtur, nisi forte interim pastoralis sedes caruisset pastore, qui iura ecclesiae suae exigere debuisset. Nam romana ecclesia tricennalem prescriptionem contra ecclesiam non admittit., Google Scholar

39 Glossa Materia auctoris 2.18.6 (fol. 17rb): ‘Male fidei possessor seu detentor qui contra canonem interdicta detinet, ut C. 11. de agric. 1. quemadmodum (11.48.7. §3), non ergo prescribit, ut i. e. vigilanti. Sed certe potest clericus bona fide detinere in multis casibus, puta, causa exempli, remissa fuit quarta eius antecessori ab episcopo. Quod fieri non debuit, (sed) potuit, ut 12 q.3 episcopus (c.4). Iste ignoravit privilegium fuisse tantum persone, non loci; quo casu sufficit sibi quadragenaria prescriptio ex causa quam iustam putavit, ar. ff. pro socio 1. hominem (Dg.41.10.3). Iustam autem causam ignorantie habet, ar. ff. de reg. iur., qui in alterius (Dg.50.17.42), ff. pro socio 1. ult. (Dg.41.10.5.§1).’ S. Bruxell. 2.18.6 (fol. 24rb): ‘Qui contra interdictum legis rem detinet male fidei possessor, ut C. lib. 11 de agrie, et cens. 1. quemadmodum, et iste debet hoc episcopo, ergo dictus male fidei possessor fuit, ergo prescribere non potuit … forte predecessor istius diu tenuit et iste bona fide et in alieno tolerabilior error sociorum, ff. prò suo, 1. ult.’ Tancr. Appar. in Cpl. I 2.18.6 (fol. 23ra): ‘Sed cum de iure communi episcopus debeat habere quartana decimarum, ut 10 q.3 unio (c.3), si clericus iste non solvebat, videtur male fidei possessor; ergo non debet iuvari prescriptione, ut infra proximo, i.e. (vigilanti). Respondes ita esse potuit quia forte fuit remissa predecessori aliqua ex causa ad tempus et ideo successor bonam fidem habere potuit credens se ad hoc non teneri, ar. ff. de reg. iur., qui in alterius.’ Bern. Bott. Glossa ord. 2.26.4 v. se posse tueri (fol. 183va).Google Scholar

40 Host. Lectura 2.26.4 (fol. 145rava). Google Scholar

41 Ruffini, F. (La buona fede 148–157) ne fait que reprendre la thèse déjà défendue par Reich, O. Gismondi, M. P. (Saggio 10) s'efforce de montrer que tous les canonistes n'ont pas ignoré la prescription extinctive; néanmoins il estime que dès le début, la majorité des canonistes ont exigé la bonne foi dans toute prescription. Mgr Van Hove (De privilegiis 111) suit Ruffini et Gismondi. Quant à Scavo, M. L. Lombardo (Il concetto 185–186), il reprend à son compte la thèse de Ruffini.Google Scholar

42 Ruffini, F., op. cit. 149. A l'appui de cette thèse, l'auteur apporte divers arguments dont nous allons faire la critique. Ruffini invoque en premier lieu un texte tiré d'une glose du Cardinal (op. cit. 152). Il s'agit d'une glose sur la C.16 q.1 dict. p.c.45 (ed. Maassen 20–21). En voici un large extrait où nous mettons en italiques le texte allégué par Ruffini en faveur de sa thèse: ‘Actionibus, non rebus praescribitur, praescriptio, i.e. opponitur, non autem actiones, sed res praescribuntur, praescriptione, i.e. acquiruntur vel retinentur. Quod enim quis possidet, praescriptione acquirit vel retinet, actionem enim (autem?) alterius, quum nullus possidet, praescribit nemo, sed contra actionem libertatem, quam sine interpellatione quis possidet, ipsam praescribit. Unde dicitur, spatio 30 vel 40 annorum omnis actio tollitur, nusquam legitur, quod spatio temporis actio acquiritur. Spatium enim temporis non est contractus vel quasi vel maleficium vel quasi nec aliqua figura alicuius acquirendae actionis. Si vero, quod iura tempore hominum memoriam excedentia vel naturalem et continuam causam habentia tempore acquiruntur, nec obloquitur. Hoc enim de iure praedio affixo dicitur, non de iure quo persona obligatur, quamvis propter ius, quod rei principaliter, non personae adhaeret, tempore acquisitum actio postea contra personam non tempore, sed ex iure tempore acquisito nata rationabiliter exerceatur …’ Nous ne voyons pas comment Ruffini peut prétendre que dans cette glose le vieux brocard romain contra actionem libertatem acquirit servirait à exprimer une conception nouvelle suivant laquelle toute prescription serait acquisitive. Les canonistes postérieurs à 1348 auront recours à ce brocard pour justifier leur exigence de la bonne foi dans toute prescription, en affirmant que tout prescrivant est un possesseur en ce sens que pour le moins il possède sa liberté, mais ce n'est nullement le cas ici. Selon un procédé couramment employé par les premiers décrétistes, la glose du Cardinal n'est très vraisemblablement qu'un emprunt à l’œuvre d'un civiliste de l’époque. L'erreur de Ruffini est d'avoir interprété la doctrine canonique primitive en fonction de conceptions beaucoup plus tardives. Ruffini tire ensuite argument d'un passage emprunté à la somme de St Raymond (op. cit. 152). Après avoir défini la prescription et l'usucapion un mode d'acquisition de la propriété, St Raymond ajoute: ‘Res etiam incorporales, ut servitutes, actiones et similia acquiruntur prescriptione, extra. de causa poss. et propr., cum ecclesia (X.2.12.3), 16 q.3 § quas actiones (dict. p.c.15 §6).’ Au dire de Ruffini, cette phrase de St. Raymond serait une preuve évidente de la transformation de la prescription extinctive en prescription acquisitive. C'est conclure un peu rapidement. Cette phrase de St. Raymond signifie simplement que même les actions sont objet de la prescription, ainsi que l'a très bien noté Stintzing, R. (Geschichte der populären Literatur des römischcanonischen Rechts in Deutschland [Leipzig 1867] 498). Elle confirme ce que nous avons dit précédemment du caractère empirique de la doctrine canonique primitive. Les canonistes du xiie et du xiiie siècles n'ont conçu la prescription qu'en fonction des rapports possesseur-propriétaire et en relation avec la possession d'un bien ou d'un droit. La phrase de St Raymond ne fait que traduire la malaise ressenti par certains devant la doctrine romaniste qui traitait non seulement de la prescription acquisitive de biens ou de droits, mais aussi de la prescription des actions et des servitudes. Elle n'est qu'une tentative pour essayer de se conformer davantage à la doctrine romaniste. Mais il n'y a pas lieu d'y voir la preuve d'une transformation de la prescription extinctive en prescription acquisitive. Du reste, un Guillaume de Kayoto a très bien senti l'anomalie de l'expression acquiruntur praescriptione; aussi l'a-t-il remplacée par prescribuntur (Summa 2.5.123, fol. 80va). Enfin Ruffini (op. cit. 155) et Scavo Lombardo (op. cit. 186) font appel à un texte de Dino de Mugello dont nous avons parlé plus haut; cf. supra n. 36.Google Scholar

1 Vetulani, A., ‘Gratien et le droit romain.Reo. hist. dr. fr. et étr. IV 24- 25 (1946) 1148.Google Scholar

2 Vetulani, A., ‘Encore un mot sur le droit romain dans le Décret de Gratien (Deductiones e Codice N. 356 Bibliothecae Jagelloniensis Cracoviensis),’ Apollinaris 21 (1948) 129134; St. Kuttner, ‘New Studies on the Roman Law in Gratian's Decretimi,’ Seminar 11 (1953) 12–50; Idem, ‘Additional Notes on the Roman Law in Gratian,’ Seminar 12 (1954) 68–74.Google Scholar

3 Io. Favent. Summa C.16 q.3 dict. p.c.15 v. longi temporis prescriptio (fol. 121vb): ‘Accipe assumptionem longe inferius in fine huius paragraphi sed sola prescriptio etc.; omnia que in medio ponitur non a magistro sed ab alio posita sunt’. Sim. Bisin. Summa eod. loc. v. Potest etiam (fol. 82rb): ‘Potest etiam usque ecclesiis obici non potest sed sola prescriptio 30 ann. et deinceps descendit (descende?) in finem tercii paragraphi et postea lecto capite quod ibidem sequitur (c.17) redeas ad hunc locum scil. item prescriptionum (dict, p.c.15 §1), et sic litteram ordinabis.’ S. Lips. eod. loc. (fol. 92vb): ‘Huius longi temporis prescriptio auctoritate Gelasii ecclesiis obici non potest. Accipe assumptionem longe inferius in fine § huius sed sola prescriptio etc.; omnia que sunt in medio posita non a magistro sed ab alio iniuncta sunt.’ Hugucc. Summa eod. loc. v. ecclesiis oblici non potest (II fol. 21va): ‘sed sola, usque illuc pendet; ergo sic tibi continua est littera magistri; postea omnia que interponuntur intraserta non a magistro sed ab alio; accipe igitur ibi assumptionem scil: sed sola prescriptio 30 ann. et deinceps.’ Google Scholar

4 Glossa Pal., C.16 q.3 dict. p.c.15 v. non potest (fol. 59ra): ‘post hoc statim lege illum § sed sola cum canone sequenti nemo (c.17). Ad hoc postea reversurus; dicitur enim quod dominus Iacobus interposuit has leges, quod etiam conicitur ex eo quod ille concordantie disponuntur.’ Texte repris dans la Glossa ord. de Io. Teut. (fol. 95vb) et de Barth. Bresc. (fol. 239rb).Google Scholar

5 Ruffinl, F., La buona fede 1839.Google Scholar

6 Cf. supra I § 2. 7 Vetulani, A., Encore un mot 130.Google Scholar

8 Cf. supra n. 3. Notez aussi que plusieurs MSS répètent la clause finale de la pars 7, ‘Huius ergo … non potest,’ après l'auth. Quas actiones (pars 9). Cf. Not. Corr. ad loc. § 4 v. habentibus et les notes de Friedberg. Google Scholar

9 Ruf. Summa p. 364. Google Scholar

10 C.16 q.3 dict. p.c.15 §6. Google Scholar

11 C.16 q.3 dict. p.c.15 §6-p.c.16 §3. Google Scholar

12 Cf. supra I. Google Scholar

18 Cf. supra IV §2 1, Google Scholar

14 S. Lips. C.16 q.3 rubr. fol. 91rbva; Io. Favent. Summa eod. loc. fol. 119va-120ra; voici en outre les références aux sources de Jean de Faenza: Ruf. Summa eod. loc. p. 359–360; Steph. Tornac. Summa eod. loc. p. 224–226. Les sections du texte de Jean de Faenza (col. 1 et 3) seront numérotées ici selon leur provenance : S (= Steph.) 1–3; R (= Ruf.) 1–3; Add. Io Fav.; S 4–6; R 4; et les sections correspondantes de la Sum. Lips. (col. 2), L 1–8.Google Scholar

16 St. Kuttner, Repertorium der Kanonistik (1140–1234) (Studi e Testi 71; Cité du Vatican 1937) I 392. Google Scholar

16 Ambr. Summa 2.18, fol. 24ra. Google Scholar