Différentes heuristiques ont été avancées par les psychologues et les
économistes afin de rendre compte des comportements sur les marchés
financiers. Elles soulignent les biais cognitifs qui affectent les croyances
individuelles, et s'efforcent d'expliquer dans une certaine mesure les
anomalies constatées sur les marchés financiers. L'expérimentation menée
vise à tester les heuristiques de conservatisme, de représentativité et
d'ancrage-ajustement dans un contexte dynamique de quinze périodes : les
sujets reçoivent, à chaque période, une information financière et révisent
individuellement leurs croyances quant à la qualité d'une entreprise. Les
croyances observées s'avèrent incompatibles avec l'hypothèse de révision
bayésienne: les sujets ont tendance à surévaluer les petites probabilités et
à sous-évaluer les fortes probabilités. L'heuristique de représentativité
est, de la même manière, invalidée : le traitement économétrique montre que
les sujets sous-pondèrent les signaux les plus intenses, preuve qu'ils ne
tirent pas parti de leurs intensités informationnelles. Les hypothèses de
conservatisme et d'ancrage-ajustement sont au contraire conjointement
validées : les sujets sous-pondèrent l'information nouvelle quand ils
révisent leurs croyances mais ce comportement de révision est pleinement
conditionné au fait que les sujets s'écartent ou se rapprochent d'une valeur
d'ancrage.