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Published online by Cambridge University Press: 17 August 2016
Le titre de cette conférence comporte le terme de stratégie. Il a un fort relent militaire. Effectivement, je songe aux américains voulant gagner la deuxième guerre mondiale. Quelle stratégie choisir? Finir d’abord la guerre en Europe puis se tourner vers le Pacifique? ou l’inverse ? ou les deux simultanément? Pour l’Europe, débarquer directement en France? ou neutraliser d’abord la Norvège? ou remonter à partir de l’Afrique du Nord et de l’Italie? L’état-major est perplexe et fort divisé. Aussi charge-t-il une personne de lui préparer un rapport sur les stratégies envisageables, c’est-à-dire sur les termes du choix. Après quoi, l’état-major choisira.
L’état-major, c’est vous, y compris les hautes compétences de cette assemblée. Quant à la personne chargée du rapport, c’est un économiste du travail. Son champ d’incompétence minimal, c’est le circuit qui relie la population au pôle de la production, dans lequel circulent du travail et des francs. C’est une compétence très limitée pour expliquer la crise; au mieux, cette ignorance reconnue invite l’économiste du travail à préciser les questions qu’il adresse aux macroéconomistes. En revanche, le caractère dominé — plus déterminé que déterminant — du circuit du travail incite l’économiste du travail à distinguer et à poursuivre une démarche dans une visée (cible et vision) compréhensive qui s’attache aux significations des phénomènes, aux enjeux sociétaux de la crise et des stratégies envisageables.
(1) Leroy, R. et Cassiers, I., «Chômage et inégalités des revenus» dans : Marchés du travail et revenus comme conditions à l’aspiration à la sécurité d’existence, Programmation de la politique scientifique, Bruxelles, 1978.Google Scholar