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Fisher, Macaulay et Allais face au “paradoxe de Gibson”

Published online by Cambridge University Press:  09 January 2015

Jean-Jacques Durand
Affiliation:
Professeur à l'Université de Rennes 1, CREM (UMR C6211), Faculté des Sciences Economiques, 7 Place Hoche, 35065, Rennes, France, Tél.: +33 2 99 25 35 27, email: [email protected]
Georges Prat
Affiliation:
Directeur de recherche au CNRS, EconomiX (FRE 3257), Université de Paris Ouest Nanterre La Défense. 200 av. de la République 92001 Nanterre, France, Tél.: +331 40 97 59 68, email: [email protected]
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Résumé

D'après la théorie quantitative de la monnaie, une expansion de la masse monétaire devrait avoir pour effets à la fois une baisse des taux d'intérêt et une augmentation du prix des biens et services. La corrélation négative attendue entre ces deux dernières variables étant contredite par la corrélation positive observée initialement par Gibson - et confirmée par les travaux ultérieurs - Keynes évoque le « paradoxe de Gibson ». I. Fisher a proposé une explication de ce « paradoxe » fondée sur la lenteur des ajustements des taux d'intérêt au taux d'inflation. Cependant, F.R.Macaulay a montré que, lorsque l'influence de l'inflation sur les taux d'intérêt remonte loin dans le passé, il existe une relation nécessaire entre le niveau des prix et la moyenne pondérée des taux d'inflation passés calculée par Fisher. Dès lors, on peut se demander si la corrélation positive entre le niveau des prix et le taux d'intérêt est le résultat d'un comportement fishérien des agents, ou au contraire, si les résultats de Fisher ne sont qu'une conséquence triviale de la corrélation constatée entre le niveau des prix et le taux d'intérêt. Toute¬fois, la critique de Macaulay perd sa pertinence lorsque les ajustements sont rapides (i.e. la mémoire du passé est courte), comme pendant les hyperin¬flations ou encore la période d'après la seconde guerre mondiale. Par rap¬port à ce débat, le mérite de la théorie Héréditaire et Relativiste (HR) d'Allais est de tenter une réconciliation, avec l'hypothèse du « taux d'inté¬rêt psychologique » i. Dépendant des variations passées des prix et de la production, ce taux s'égalise au « taux d'oubli » et représente la tendance générale des taux d'intérêt du marché. Lorsque la mémoire est longue (i.e. taux d'oubli faible), le taux i est nécessairement lié au niveau des prix, et rend donc compte de la corrélation positive - pouvant être plus ou moins stable en raison de l'influence de la production - entre le taux d'intérêt du marché et le niveau des prix. Cependant, lorsque la mémoire est courte (i.e. taux d'oubli élevé), la théorie HR implique à la fois la disparition de la corrélation entre le taux d'intérêt et le niveau des prix et l'émergence d'une corrélation positive entre le taux d'intérêt et le taux de variation courant des prix, comme cela est aussi souvent observé.

Summary

Summary

According to the quantitative theory of money, an expansion of the money supply leads both to a decrease of interest rates and an increase of the general level of good prices. This negative correlation expected between these two variables being contradicted by the positive correlation observed -pointed out by Gibson and confirmed by further studies - Keynes refers to the so-called “Gibson's paradox”. I. Fisher proposed an explanation of this “paradox” with the slowness of the adjustments of interest rates to the rate of inflation. However, F.R. Macaulay showed that, since the delays of influence found by Fisher go up far in the past, this implies a necessary correlation between the price level and the weighted average of past rates of change in the price level calculated by Fisher. This arises the following question: does the correlation between interest rates and the price level result from a fisherian behaviour of agents or, on the contrary, do Fisher's results spurious since due to the correlation between price level and interest rates? However, Macaulay's criticism loses its relevance when the speed of adjustment is high (i.e. delays of influence are short), as observed during periods of hyperinflation and after the world war II. With respect to this debate, the merit of the Allais' Hereditary and Relativist (HR) theory is to suggest a synthesis with the “psychological rate of interest i” hypothesis. Depending on past values of the rate of change in price level and production, the rate i, which equals the “rate of forgetfulness”, represents the general trend of market interest rates. When the memory is long (i.e. the “rate of forgetfulness” is weak), the psychological rate of interest is necessarily correlated with the price level and then explains the positive correlation - which may be more or less stable due to the production effects - between market interest rates and the price level. But when the memory is short (i.e. the rate of forgetfulness high), the HR theory implies both the disappearance of the correlation between interest rate and the price level and the existence of a positive correlation between interest rate and the rate of change in the price level, which is often observed.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Université catholique de Louvain, Institut de recherches économiques et sociales 2012 

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