Les études épidémiologiques concernant des personnes exposées aux rayonnementsionisants restent à la base des estimations de risque de cancer radioinduitchez l'homme. La principale étude ayant servi à l'élaboration des normesde radioprotection est celle des survivants d'Hiroshima et Nagasaki. Lesmalades traités par radiothérapie ou ayant subi des radiographies dans un butdiagnostique, ainsi que des groupes de travailleurs exposés professionnellementfournissent également nombre d'informations sur le risque de radiocarcinogenèse.Ces études épidémiologiques permettent d'affirmer avec certitude l'existenced'un risque pour certains cancers après irradiation à fortes doses, souvent délivréesà fort débit de dose. Par contre, aucune conclusion n'est possible pour lesfaibles doses et faibles débits de dose. On est donc obligé d'extrapoler auxfaibles doses et faibles débits les risques connus pour les fortes doses enutilisant divers modèles mathématiques pour la relation entre la dose et l'effetobservé. Une autre difficulté vient de la grande période de latence des cancersradio-induits, ce qui explique que tous les cancers en excès n'aient pas encoreété observés dans les populations irradiées étudiées. Là encore, on a recours àdes modèles mathématiques pour projeter sur la vie entière le risque de cancersexcédentaires. Les estimations de risque de radiocancers sont, par conséquent,entachées de nombreuses incertitudes, puisqu'elles varient en fonction dumodèle utilisé. D'autres incertitudes proviennent des données de base, en particulierde la dosimetrie, et se majorent lorsqu'il s'agit de transposer les risquesd'une population à une autre.L'UNSCEAR, en 1988, a proposé de nouvelles estimations pour le risque dedécès excédentaires par cancers sur la vie entière qui serait compris entre 4 et11 % par gray ; ces valeurs représentent une réévaluation des précédentesestimations d'un facteur 1,6 à 4,4, et sont en grande partie la conséquence del'utilisation de modèles de projection différents. D'autre part, elles s'appuientuniquement sur les observations des survivants d'Hiroshima et Nagasaki, alorsque les études de malades fournissent un risque moindre. Enfin, l'UNSCEAR nedéfinit pas précisément le facteur de réduction utilisable pour passer des fortesdoses et forts débits de dose aux faibles doses et faibles débits qui restecompris entre 2 et 10. En raison des nombreuses incertitudes persistantes, il nesemble pas justifié de modifier actuellement les normes de radioprotection.