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Proust Et Baudelaire
Published online by Cambridge University Press: 02 December 2020
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Ces lignes de Valéry Larbaud proposent à la critique une tâche considérable, utile assurément, mais des plus délicates. Nulle question en effet n'a soulevé plus de controverses que la notion d'influence en littérature. Or, de tous les noms que cite Larbaud, celui de Baudelaire est l'un des plus fréquemment mentionnés par Proust, qui a également consacré un article à l'auteur des Fleurs du Mal. Il est donc légitime de penser qu'une étude de cette nature pourrait jeter un jour supplémentaire, non seulement sur la personnalité et sur l'œuvre de Proust, mais encore sur celles de Baudelaire lui-même. De nombreuses questions se présentent immédiatement à l'esprit: Proust a-t-il fait à Baudelaire des emprunts directs? A-t-il trouvé chez lui des vues sur le monde et sur l'art semblables à ses propres conceptions? Baudelaire est-il à l'origine de l'esthétique proustienne? L'auteur du Temps retrouvé n'a-t-il au contraire tiré de l'œuvre de son prédécesseur qu'un encouragement à la dépasser et à affirmer son originalité propre? S'est-il borné notamment à juger que certaines audaces de Baudelaire justifiaient les siennes? Sans prétendre apporter une solution à tous ces problèmes, l'on peut examiner les analogies existant entre la vie et le caractère des deux hommes et étudier, d'après les textes, ce qui, dans l'œuvre de Baudelaire, semble avoir plus particulièrement attiré l'attention de Proust. Peut-être alors sera-t-on mieux en mesure de préciser la nature de l'influence du poète sur le romancier.
- Type
- Research Article
- Information
- Copyright
- Copyright © Modern Language Association of America, 1950
References
1 Les références sans titre se rapportent à l'édition des oeuvres de Baudelaire en 13 volumes préparée par F.-F. Gautier et Y.-G. Le Dantec, et publiée par la N.R.F. Les abréviations utilisées pour les œuvres de Proust sont les suivantes: TP: A la Recherche du Temps Perdu, 3 vol. (N.R.F., 1947). C: Chroniques (N.R.F., 1927). PJ: Les Plaisirs et les Jours (N.R.F., 1924). PM: Pastiches et Mélanges (N.R.F., 1919). CG: Correspondance Générale (Pion).
2 Ecrits intimes. Fusées. Mon Cœur mis à nu. Carnet. Correspondance. Introduction par J.-P. Sartre (Incidences, éd. du Point du Jour, 1946).
3 Le projet de nouvelle La Maîtresse vierge (vi, 88) est révélateur.
4 Quelle que soit la personne pour qui ils furent écrits, les poèmes A une Madone et 1'Heaulontimoroumenos décrivent des états d'âme de cette nature.
6 Le demi-frère de Baudelaire mourut, comme le poète lui-même, à la suite d'accidents hémiplégiques, ce qui semble mettre en cause l'hérédité paternelle.
6 Notes nouvelles sur Edgar Poe (x), L'Art romantique: Théophile Gautier et Les drames et les romans honnêtes.
7 Paysages et Réflexions—Choses d'Orient: A propos du voyage en Turquie d'Asie, par M. le comte de Cholet, compte rendu publié dans Littérature et Critique (25 mai 1892), recueilli dans Chroniques (pp. 77 ss.).
8 Nouvelle recueillie dans Les Plaisirs et les Jours (pp. 113-134).
9 Le cinquantenaire de la mort de Baudelaire, célébré en pleine guerre, avait passé inaperçu. L'article de Proust, recueilli dans Chroniques, parut dans le numéro de juin de la N.R.F.
10 L'imprévu, dernière strophe.
11 La Chevelure, Le Balcon, Chant d'Automne, Le Voyage, Une nuit que j'étais près d'une affreuse Juive.
12 Se basait-il sur des textes comme: Choix de Maximes consolantes sur l'Amour (vi, 243), Fusées (vi, 253), Projets et Plans de Romans et de Nouvelles (vI, 84), La Fanfarlo (vi, 50), L'Art romantique (rv, 234-235), Lettres (1906, p. 398), Les Bijoux, Sed non satiata, Lesbos?
13 Selon Charles Cousin, Voyage au grenier (1878), Baudelaire fut expulsé de Louis-le-Grand pour une histoire de dortoir. Philippe Berthelot, Revue de Paris, 1er juin 1901, a déclaré que cette note perfide ne répondait à rien de réel: il avait reçu les confidences de Louis Ménard, ancien condisciple de Baudelaire à Louis-le-Grand, et qu'on ne saurait suspecter de partialité en faveur du poète.
14 Selon F. Vandérem, Baudelaire et Sainte-Beuve (1917), pp. 30-32, Baudelaire ne se faisait guère d'illusions sur la “gentillesse” du critique à son égard.
15 Cf. Marie-Anne Cochet, L'Ame proustienne (1924).
16 Rien par exemple n'est plus éloigné des courts poèmes de Baudelaire, à l'architecture stylisée et à la composition rigoureuse, que le roman de Proust, complexe, détaillé, minutieux, à la composition souple et lâche. Leurs conceptions de la réalité invisible, de l'analogie … sont aussi différentes.
17 Les Bijoux, La Fanfarlo (vi, 79), Mademoiselle Bistouri. A la Recherche du Temps perdu (ii, 267, 274).
18 Une Martyre, A celle qui est trop gaie, Le Vin de l'Assassin, Projet de pièce L'Ivrogne (vi, 108-116). S'il faut en croire Maurice Sachs (Le Sabbat, souvenirs d'une jeunesse orageuse [1946-47], pp. 285-286), Proust avait des tendances sadiques de cette nature.
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