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Le Genre Grammatical des Substantifs en Franco-Canadien Empruntés a L'anglais

Published online by Cambridge University Press:  02 December 2020

Ernest F. Haden
Affiliation:
McMaster University
Eugène A. Joliat
Affiliation:
State University of Iowa

Extract

Depuis plusieurs années on s'intéresse beaucoup à la question de l'influence de l'entourage anglo-saxon sur le français tel qu'on le parle au Canada. Les Canadiens-Français eux-mêmes ont senti toute la gravité de cette influence menaçante et, soucieux de garder leur langue française aussi pure que possible, ils ont fait de l'anglicisme le plus grand des péchés linguistiques. On voit paraître dans les journaux et les revues de longues listes d'anglicismes que le Canadien-Français ne doit pas employer. Tout cela, à notre avis, est peine perdue: le peuple continuera à trouver plus commode de dire la shed que la remise, le wrench que la clé anglaise, le spare que le pneu de rechange, et ainsi de suite.

Type
Research Article
Information
PMLA , Volume 55 , Issue 3 , September 1940 , pp. 839 - 854
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1940

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References

1 Nous employons ce terme pour désigner le langage des Canadiens-Français. Il nous a été suggéré par M. Adjutor Rivard dans ses Etudes sur les parlers de France au Canada (1914).

2 On a souvent fait remarquer que l'anglais, ayant perdu au cours de son développement les désinences nominales des genres, conservait néanmoins l'idée de genre dans les pronoms. Il faut remarquer ici que le substantif lui-même en anglais ne comporte, dans l'esprit de celui qui l'emploie, aucune “sexuisemblance.” Cf. Damourette et Pichon, Des mots à la pensée (Paris, 1930), i, 365 f.

3 Le Canada français, (Québec: Université Laval, 1930.)

4 Notons, une fois pour toutes, que la prononciation des anglicismes, comporte toujours une adaptation au moins suffisante pour que l'accent tombe sur la syllabe finale.

5 Le GPFC donne les deux graphies sirloin (sœrn) et sarlagne (sarlan).

6 Il ne semble guère probable que nous ayons affaire ici à une survivance de la forme courante en ancien français loigne (bn, bjn(?)) précédée d'un prefix sur-. L'emprunt de l'anglais semble indubitable. De même que l'anglais a traduit la consonne française n par in dans Bourgogne prononcé en anglais (bergcin), le franco-canadien établit le même parallèle, et parcourt le même chemin d'interprétation, mais en sens inverse, traduisant (in) par(n).

7 En franco-canadien (pœrt).

8 Dans une étude plus détaillée de la phonétique du franco-canadien, en voie de préparation, nombre de faits intéressants, relevés au cours de cette enquête, seront traités plus à fond.

9 C'est sans doute une combinaison de l'anglais surgeon et du français “chirurgien” qui donne lieu à cette forme. Le GPFC ne donne pas l'étymologie que nous suggérons ici.

10 La forme anglaise n'est notée ici que si la forme franco-canadienne en diffère, m équivaut à masculin; f à féminin.

11 La seconde prononciation s'emploie au féminin.

12 Les deux formes s'emploient au m. comme au féminin.

13 Ce mot s'emploie surtout à Verdun, Québec.

14 Bonhomme est souvent réduit à la même prononciation, mais sans prendre de signification qui ne lui appartienne pas en français. (Ex:- Le bomme Durand …)

15 La terminaison anglaise -y correspond à -é; cf. bébé.

16 On entend aussi très souvent la traduction littérale du terme anglais: homme de police.

17 Cf. Damourette et Pichon, ouvr. cit.

18 Il est évident qu'il existe un petit nombre de substantifs français se terminant en -age qui sont féminins: image, cage, nage, plage, rage, etc. Mais la terminaison n'est un suffixe dans aucun de ces mots.

19 On dira très bien: “Tombe pas de la swing” … de la balançoire.“ Dans ce cas la prononciation sera: (swn).

20 Voir à ce sujet L. Bloomfield, Language (New York, 1933), p. 148.

21 Ces deux dernières graphies sont celles du GPFC. Il semble que, puisque la voyelle est toujours courte dans ces cas, il vaudrait mieux employer -enne, comme dans cenne (sen) angl. cent.

22 Ce sont ici les acceptions dans lesquelles le mot est d'origine anglaise. Il en existe d'autres qui sont bien françaises.

23 Le GPFC donne grosserie, orthographe inadmissible, étant donné groceur “épicier” de grocer.

24 Laundry se prononce d'ordinaire (lādri), rarement (landre). Pantry, an contraire, se prononce (pantre), peu fréquement (pantri). Dans le cas de laundry la première prononciation s'entend plus souvent que la seconde. Dans le cas de laundry, le mot écrit paraissant plus souvent sous les yeux, l'influence de l'orthographe se fait sentir, tandis que pantry est un mot de ménage, qui échappe plus ou moins à cette influence.

25 Variante: molson molson (f) analogie des mots en -onne; (m) c'est une forme inspirée par la réclame d'une bière montréalaise, qui est censée “donner de la force.”

26 Quoique la francisation soit complète, ou à peu près, quant à la prononciation, il est à remarquer pourtant que l'on ne dira jamais “l'ale” mais toujours “la ale.”

27 L'adoption de ce mot anglais en France a suivi un cours différent: l'emprunt en est savant, c'est-à-dire qu'on a pris la forme écrite en la prononçant à la française comme bétail, travail, etc., qui sont du masculin.

28 Ce même mot, lorsqu'il est du féminin, s'emploie dans l'acception de foret(m). Remarque: la différence des genres ne provient pas des étyma anglais différents, mais plutôt du besoin de différenciation sémantique en franco-canadien.

29 Les variantes de prononciation de ce mot: (migzil, megzil).

30 Outre le verbe to poke, i ly a deux autres termes dont dérive ce mot dans ses acceptions diverses: poke-bag “sac de marchandises comme en portent les colporteurs,” et puck “rondelle qui s'emploie au jeu de hockey.”

31 Il est évident que, ici comme ailleurs dans cette liste, le substantif anglais, bien plus que le verbe, est à l'origine du mot franco-canadien; l'influence de magasin se fait sentir aussi, sans doute.

32 Malgré que le GPFC donne comme étymologie scrap, la vraie origine du mot est plus probablement scrape. Les acceptions en franco-canadien supportent cette étymologie.

33 ‘travail à la j. (job-work’: “travail à la pièce, à forfait” ‘fait à la job: “fait à la diable, de façon peu soignée.‘ Dans ce dernier cas c'est sans doute le mot diable (deaib) confondu avec job, qui est l'etymologie correcte.

34 Le GPFC donne seulement m. mais notre expérience est que le mot s'emploie au féminin, et il n'y a aucun doute que l'analogie de shop (f) doit exercer une forte influence ici.

35 Le masculin est dans doute dû à ce que la prononciation imitée de l'anglais fait penser à “timbre” qui est masculin. La forme précédente, d'autre part, prononcée d'après l'orthographe anglaise est du féminin par “analogie rimée” avec toutes sortes de mots féminins en -ampe.

36 Variantes: tune, toune, quioune (tjun, tun, kjun). Le mot se prononce d'une façon étrangère, donc est m.; mais l'idée le rapproche de chanson, mélodie, musique, par suite f.

37 Il est à remarquer que les substantifs empruntés se rapportant à l'automobilisme sont de provenance américaine. En Angleterre ceci s'appelle bonnet.

38 Faut-il voir ici un effet de la tendance très forte en anglais vers l'ironie déprédatrice? On serait tenté de le croire.

39 Nous empruntons ce terme de l'étude très intéressante qu'a faite M. A. W. Aron: The Gender of English Loan-Words in Colloquial American German. Langugae Monograph No. 7 (Philadelphia, 1930).

40 Cf. Tartuffe II, 3 … le bal et la grand' bande, …

41 A Verdun, Québec, on entend couramment “des fish'n'chips” “poisson avec pommes frites.”

42 Une chanson populaire franco-canadienne, enregistrée sur disque Starr débute par ces mots:

Pendant qu' tout's les femmes s' font maigrir
La mienne fait tout pour s'arrondir
Ell' mange un tas de cochonn'ries
D'la isse, du lard, du ouistiti…
“La Mode est aux lignes arrondies.”

43 S'emploie aussi au masculin.

44 Variante: squâre. La voyelle longue semble demander un -r final, puisque cette consonne est normale après une voyelle longue accentuée.