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Pour une Wirkungsgeschichte des lieux: l'exemple d'Haceldama

Published online by Cambridge University Press:  14 December 2012

Régis Burnet*
Affiliation:
Institut de recherches RSCS, Université Catholique de Louvain, Grand Place 45, 1348 Louvain-la-Neuve. email: [email protected].

Abstract

With the example of Aceldama, this paper shows that reception history must not be confined to ideas or stories, but may take an interest in places. It should not simply explore art or literature, but also envisage geography. The site purchased by Judas with the blood of Jesus in Acts 1.19–20 has suffered, once identified (or at least defined), from this terrible acquisition. At the same time, a legend has grown around the land, which is supposed to devour corpses while a sinister reputation was established making ‘Aceldama’ the paradigm of a scary place. This Wirkungsgeschichte should lead us to revise an initial preconception according to which historical work should stop at the writing of the text, and a second mistaken notion according to which the work of the exegete ends with ‘defining’ the ‘meaning’ of the text. There are potentialities in texts that only the study of their effects can perceive.

French abstract: En prenant l'exemple d'Haceldama, cet article montre que l'histoire de la réception ne doit pas se cantonner aux idées ou aux récits, mais qu'elle peut s'intéresser aux lieux. Elle ne doit pas se contenter d'explorer l'art ou la littérature, mais envisager aussi la géographie. En effet, le lieu acheté par Judas au prix du sang de Jésus d'Actes 1.19–20 a souffert, une fois identifié (ou du moins défini), de cette terrible acquisition. En même temps, une légende s'est développée autour de sa terre, supposée dévorer les cadavres tandis qu'une sinistre réputation a vu le jour faisant d'‘Haceldama’ le paradigme de tous les lieux angoissants. Cette Wirkungsgeschichte doit nous conduire à réviser un premier préjugé selon lequel le travail historique devrait s'arrêter à la rédaction des textes et un second préjugé selon lequel le travail de l'exégète prend fin lorsqu'il a développé le ‘sens’ du texte. Il y a dans les textes des potentialités que seule l'étude de leurs effets permet de saisir.

Type
Articles
Copyright
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References

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15 Itaque exeuntes ex Siloa fonte, venimus in agrum qui comparatus est pretio sanguinis Domini, qui vocatur Haceldama, id est Ager sanguinis, in quo sepeliuntur omnes peregini. Et intra ipsa sepulcra sunt cellula servorum Dei, ubi fiunt multæ virtutes: et per loca infra ipsa sepulcra sunt vinea et poma. Antoninus Placentinus, Itinerarium, PL 72, 908. ‘Ensuite, sortant par la fontaine de Siloé, nous sommes venu dans le champ qui fut acheté au prix du sang du Seigneur, qui est nommé Haceldama, c'est-à-dire champ du sang, et dans lequel sont ensevelis tous les étrangers. Et entre ces mêmes tombeaux se trouvent les cellules des serviteurs de Dieu où se déroulent de nombreux miracles. En contre-bas de ces sépulcres se trouvent des vignes et des pommiers.’

16 Hunc parvum agellulum ad australem montis Sion partem situm noster Arculfus sæpe frequentans visitabat, lapidum maceriam habentem, in quo diligentius plurimi humantur peregrini: alii vero ex ipsis aut pannis aut pelliculis tecti, negligentius relinquuntur inhumati, super terræ faciem putrefacti jacentes. Adamanus Hiiensis, De locis sanctis ex relatione Arculfi Galli Episcopi xix, PL 88, 788.

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19 L'auteur est plutôt mal connu. Une synthèse de ce que l'on sait se trouve dans l'article déjà ancien de Laistner: Laistner, M. L. W., ‘A Ninth-Century Commentator on the Gospel According to Matthew’, HTR 20 (1927) 129–49CrossRefGoogle Scholar.

20 Tunc fuit in sepulturam peregrinorum, et modo idem ipse locus hospitale dicitur Francorum, ubi tempore Caroli villas habuit, concedente illo rege pro amore Caroli. Modo solummodo de elemosyna Christanorum vivunt, et ipsi monachi et advenientes. Non solum Christianorum scripta, verum paganorum ac locorum nomina sacrilegium Judæorum testantur usque hodie quamvis basilica ibi in una parte habeatur. Et videtur quasi a Latino quod est ager et Græco quod est emath, id est sanguis compositum nomen. Christianus Druthmarus, Expositio in Matthæum Evangelistam, PL 106, 1466.

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28 Nous sommes en effet à l'époque où l'article scientifique ne s'est pas totalement dépris de la gangue du récit de voyage et où les savants expliquent avec autant de sérieux les mesures qu'ils ont pris des cavités d'Haceldama que les moyens rudimentaires employés pour y descendre. On sait ainsi qu'en 1843 Wilhelm Ludwig Krafft n'a écouté que son courage pour se laisser glisser le long d'une simple corde (Krafft, W. L., Die Topographie Jerusalem's [Bonn: König, 1846] 194Google Scholar) et ne trouver aucune inscription, en 1850 T. Tobler utilise une échelle de corde plus confortable (Tobler, T., Topographie von Jerusalem und seinen Umbebungen [vol. 2; Berlin: Reimer, 1853] 1617Google Scholar) tandis qu'en 1844 Ernst Gustav Schultz (Schultz, E. G., Jerusalem, eine Vorlesung [Berlin: Schropp, 1845] 39Google Scholar) et en 1893 Baurath Schick (Schick, B. C., [Letters from Herr Schick', Palestine Exploration Fund Quarterly Statement 24 [1893] 283–9Google Scholar) prennent une option nettement moins sportive en descendant par des échelles.

29 Ibi est spelunca profunda testudinata, ubi desuper per foramina proiciuntur cadavera, que mox in triduo sunt consumpta Neumann, G. A., ‘Ludolphe de Sudheim, De itinere Terre Sancte’, Archives de l'Orient Latin 2/2 (1884) 305–78 (355)Google Scholar.

30 Ibi sunt multa corpora et sunt volte magne et foramina desuper, unde proiciuntur, et tamen nunquam est ibi fetor, et posui caput et vidi multa corpora de novo reposita, tamen nullus fetor erat ibi. Röhricht, R., ‘Le pèlerinage du moine augustin Jacques de Vérone’, Revue de l'Orient latin 3 (1895) 155302 (201)Google Scholar.

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35 Looking down through these holes we could see many bodies under several degrees of decay; from which it may be conjectured, that this grave does not make that quick despatch with the corpses committed to it, which is commonly reported. H. Maundrell, A Journey from Aleppo to Jerusalem…, 172.

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40 Interea lamentabantur omnes patriæ calamitates et mala. Cives vero qui tamdiu restiterant, ne minui suas libertates, suaque privilegia paterentur et tributis clamabant : imprimis vero arcem et prasidium aversabantur, appelabanteque locum Haceldama id est agrum sanguinis. Foullon, J.-E., Historia Leodiensis, per episcoporum et principum seriem digesta, ab origine populi usque ad Ferdinandi Bavari tempora, studio et accurato labore R.P. Foullon (vol. 3; Leodii [Liège]: typi Everardi Kints, 1737) 302Google Scholar.

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