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L'Evangile Des Ebionites: Une Harmonie Evangelique Anterieure Au Diatessaron*

Published online by Cambridge University Press:  05 February 2009

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Bien avant de poser un problème littéraire aux exégètes modernes, la pluralité et la diversité des évangiles ont préoccupé les anciens chrétiens: il y a en effet des difficultés théologiques évidentes à reconnaître comme normatifs plusieurs témoignages divergents sur une révélation unique.1

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Copyright © Cambridge University Press 1980

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References

1 Cf. Cullmann, O., Vorträge und Aufsätze 1925–1962 (Tübingen, 1966), 548–65Google Scholar (‘Die Pluralität der Evangelien als theologisches Problem im Altertum…’ [1945]); Merkel, H., Die Widersprüche zwischen den Evangelien… (Tübingen, 1971).Google Scholar

2 De consensu euangelistarum (CSEL 43).

3 Terminologie commune, employée par un grand nombre d'auteurs, par exemple Origène, à propos des montées du Christ à Jérusalem: Comm. sur Jean 10. 129–30 (SC 157, 464); Eusèbe, à propos des deux généalogies de Jésus: Hist. eccl. 1. 7. 1: 6. 31. 3 (SC 31, 25; SC 41, 134); Jérôme, sur le même sujet: Sur Math., ad 1. 16 (SC 242, 74–6).

4 Origène, Comm. sur Jean 10. 27; cf. 10. 10–20 (SC 157, 400; cf. 386–94).

5 Cf. von Campenhausen, H. F., Die Entstehung der christlichen Bibel (Tübingen, 1968), 200–1Google Scholar; trad. franç. La formation de la Bible chrétienne (Neuchâtel, 1971), 155–6.Google Scholar

6 Tertullien, , Adu. Marc. 4. 2. 3, 4 (CCL 1, 547–8).Google Scholar

7 Irénée, Adu. haer. 3. 11. 8 (SC 211, 160–2).

8 Eusèbe, Hist. eccl. 4. 29. 6 (SC 31, 214). – Une quatrième option, l'élaboration d'un évangile nouveau, n'est concevable qu'en dehors des cadres chronologique ou doctrinal considérés: avant la période de diffusion des évangiles, ou dans des milieux franchement hétérodoxes; dans ceux-là même l'existence d'évangiles comme ceux de Valentin ou de Basilide est loin d'être démontrée.

9 Jérôme, Lettre 121. 6. 15 (CSEL 56, 24).

10 Eusèbe, Hist. eccl. 4. 24 (SC 31, 206–7).

11 Lc 16. 1–8; Jérôme, ibid. 121. 6. 15–21(op. cit. 24–6).

12 Jérôme, De uir. inl. 25 (TU 14, 1a, 22).

13 Jérôme, Sur Matth., préf. (SC 242, 68).

14 On doit rejeter sans hésitation le témoignage très douteux et très tardif allégué par B. de Gaiffier, ‘Une citation de l'harmonie évangélique de Théophile d'Antioche dans le Liber sancti Iacobi’, dans Mélanges en l'honneur de Mgr M. Andrieu (Strasbourg, 1956), 173–9.Google Scholar

15 Ambroise, Sur Luc 1. 2 (CCL 14, 7).

16 Lc 1. 1–4; cf. Origène, Hom. sur Luc 1 (GCS 49, 35).Google Scholar

17 Quant au travail composé sur les évangiles par un certain Ammonius d'Alexandrie, ce n'est pas une harmonie, mais une synopse: cf. Eusèbe, A Carp. (Nestle-Aland25, 32*).

18 Voir par exemple, pour ne citer que deux études parmi les plus récentes, Osborn, E. F., Justin Martyr (Tübingen, 1973), 125–31Google Scholar; Kline, L. L., The sayings of Jesus in the Pseudo-Clementine Homilies (Missoula [Montana], 1975), 173–5.Google Scholar

19 Voir, sur les évangiles judéo-chrétiens en général, Hennecke, E. et Schneemelcher, W., Neutestamentliche Apokryphen…, 1. Band, Evangelien (Tübingen, 1968 4), 7590Google Scholar; sur l'EE en particulier, ibid. 100–4.

20 Cf. Bertrand, D. A., Le baptême de Jésus, Histoire de l'exégèse… (Tübingen, 1973), 42–3, 44–6, 49–50.Google Scholar

21 Epiphane, Pan. 30 (GCS 25, 333–82); voir le détail des fragments dans le tableau qui suit.

22 On verra plus loin qu'une comparaison sommaire avec le Diatessaron appuie cette conjecture.

23 Holl, K., Epiphanius…, 1. Band… (Leipzig, 1915, GCS 25).Google Scholar

24 Op. cit. 102–4.

25 de Santos Otero, A., Los evangelios apócrifos… (Madrid, 1963 2), 4953Google Scholar; le no. 1 de cet éditeur n'est pas un fragment de l'apocryphe, mais une opinion d'Epiphane, les nos. 8, 9 et 10 proviennent des écrits pseudo-clémentins et le no. 11 est un ‘proverbe araméen’.

26 A titre de comparaison, on rapprochera un autre classement judéo-chrétien, celui qu'étien, celui qu'éblit le Pseudo-Clément, chez qui Matthieu est devenu le premier des apôtres, à part cependant Pierre dont le rôle reste absolument prééminent: Rec. 1. 55–61 (GCS 51, 39–43).

27 Origéne, , Hom. sur Luc 1 (GCS 49, 45).Google Scholar

28 Cf. E. Hennecke et W. Schneemelcher, op. cit. 186–7; cette identification n'infirmerait pas, bien au contraire, la datation proposée.

29 Ce dernier trait n'empêche pas l'EE de conserver partout un style synoptique, où récits et dits alternent normalement.

30 Le nom de Thaddée ne vient pas nécessairement de Marc, mais aussi bien de Matthieu, dont seuls certains manuscrits ont Lebbée.

31 L'appellation de Tibériade est propre à Jean, mais insuffisante à fonder seule une dépendance à l'égard de cet évangile.

32 καἱ ἀνοιξας etc.: c'est une locution toute faite tirée d'un autre contexte.

33 Ce renseignement a été détaché de la généalogie du Christ, que l'apocryphe omettait comme cela sera précisé plus bas; on l'attendrait plutôt avec la péricope du baptême, à laquelle il est souvent lié.

34 Voir par exemple ce que dans cette notice sur les ébionites Epiphane indique à propos des Itinéraires de Pierre: Pan. 30. 15. 3 (GCS 25, 352–3), ou encore Pseudo-Clément, Hom. 12. 6. 4 (GCS 422, 176); Rec. 7. 6. 4 (GCS 51, 199).

35 Nb. 11. 8; cf. Ex. 16. 31.

36 On lit Lc 3. 22 dans sa lectio difficilior, souvent préférée maintenant, qu'on trouve en particulier dans le Codex Bezae et dans la Vetus Itala et qui cite Ps. 2. 7.

37 Pour plus de détails, voir D. A. Bertrand, op. cit. 45–6, 129, 131–2.

38 Voir par exemple ce que dans le contexte immédiat Epiphane attribue aux Degrés de Jacques: Pan. 30. 16. 7 (GCS 25, 354–5)Google Scholar, ou encore Pseudo-Clément, Hom. 3. 52. 1 (GCS 422, 76)Google Scholar; Rec. 1. 39. 1–2 (GCS 51, 31).Google Scholar

39 Epiphane, , Pan. 30. 22. 4–5 (GCS 25, 363).Google Scholar

40 Cf. supra, à propos des fragments 2 et 6.

41 Voir surtout Apollinaire d'Hiérapolis, Sur la Pâque (SC 123, 244); Clément d'Alexandrie, Sur la Pâque (GCS 172, 216–7).Google Scholar

42 Epiphane, , Pan. 30. 13. 6; 30. 14. 3 (GCS 25, 350, 351).Google Scholar

43 ibid. 30. 14. 3 (op. cit. 351).

44 Il est impossible de placer, comme on l'a proposé pour rétablir la chronologie traditionnelle, le baptême de Jésus avant l'appel des Douze, ce dernier épisode contenant de toute évidence l'apparition initiale du Sauveur dans l'apocryphe.

45 ibid. 30. 13. 7 (op. cit. 350).

46 Pour donner une nouvelle preuve de ce fait notoire, il est l'objet d'environ 45% des citations ou allusions bibliques les concernant dans le tome i (deuxième siècle) de la Biblia patristica… (Paris, 1975).Google Scholar

47 Irénée, Adu. haer. 3. 11. 7 (SC 211, 158); de même Epiphane, mais il s'agit alors pour celui-ci d'un Matthieu ‘incomplet, falsifié, mutilé’ qui n'est autre que l'EE lui-même: Pan. 30. 3. 7; 30. 13. 2 (GCS 25, 337–8, 349).Google Scholar

48 Cf. supra, à propos du fragment i.

49 Que la langue originale de l'écrit soit celle de ses modèles canoniques ne constitue pas une raison valable, puisque le Diatessaron lui-même peut avoir été composé directement en syriaque.

50 On ne trouvera pour justifier chaque point (ou cas typique) de ces trois arguments qu'un seul exemple, suivi du numéro de son fragment d'origine, ce qui permettra de retrouver l'explication correspondante; en revanche les exemples choisis sont tous différents. Il va de soi que la plupart des points pourraient être illustrés par plusieurs exemples, et qu'inversement un même exemple relève souvent de divers points.

51 Pour tout ce qui est de Tatien, voir Leloir, L., Le témoignage d'Ephrem sur le Diatessaron (Louvain, 1962, CSCO 227), 232–5.Google Scholar

52 Il est couramment admis que Tatien a disposé d'une ‘cinquième source’: cf. L. Leloir, op. cit. 106–7; on se représente toujours celle-ci comme un simple apocryphe, mais ce pourrait être en outre déjà une harmonie évangélique, dont la préexistence du genre littéraire est donc probable.