The present study investigates the functions and forms of conversational self-reformulation in spoken French. (Self-)Reformulations in general are a typical feature of unplanned and spontaneous conceptional orality (as opposed to conceptional distance; Koch and Oesterreicher, 1985). They exhibit retrospective modification of a reference expression, which is semantically equivalent in paraphrases and semantically different in corrections. The latter are therefore communicatively more problematic with regard to discourse intervention and turn-taking. As for the linguistic marking of self-reformulation, paraphrases are preferably introduced by lexically polyfunctional markers and prosodic deaccentuation, while corrections are marked by lexically monofunctional and prosodically overaccented structures. Since the accessibility to context-dependent forms is specifically related to conceptional orality, a more important linguistic marking of self-reformulation is hypothesized to occur in conceptional orality when compared to conceptional distance. The results of an empirical study contrasting two conceptionally different corpora suggest a generalization of paraphrastic markers in conceptional orality. This tendency is attributed to speaker-strategic routinization in which corrections are re-marked as paraphrases in order to avoid conversational intervention and, as a consequence, turn-taking. When taken over by other speakers, this routine may cause variation and, eventually, linguistic change.

This article, based on a French oral corpus, discusses the standing and the interpretation of some vocalic false starts. It recaps the characteristics of false starts and presents the spoken data on which this study is grounded. It details the false starts in the corpus that begin with a vowel in order to draw some conclusions about their form, focusing on the differences between what would be expected and a few discrepancies. The analysis starts from the auditors' perception and proposes an interpretation of the effects of morphophonological constraints.

Nous décrivons dans cet article l’évolution des formes adverbiales ailleurs, d'ailleurs et par ailleurs de l'ancien français au français moderne. A l'aide d'une étude sur un large corpus diachronique, portant sur des occurrences tirées des bases de données BFM, DMF et Frantext, et combinant une approche qualitative et une approche quantitative, nous montrons l’évolution sémantique de l'adverbe ailleurs du concret à l'abstrait, et l’émergence successive de deux locutions adverbiales, d'ailleurs en français classique et par ailleurs en français moderne. Plus précisément, nous montrons que d'ailleurs puis par ailleurs, une fois lexicalisés, se grammaticalisent en marqueurs de discours, signalant un changement de topique de discours, avec des emplois proches mais distincts.

Cet article vise à examiner la mise en scène de l'accent marseillais dans le film le plus emblématique de Marseille, Marius (1931) et son remake de 2013 par une une analyse du comportement du schwa. La réalisation fréquente des e graphiques fait en effet partie des particularités phonético-phonologiques de l'accent prototypique de Marseille. Pourtant, aujourd'hui, le nombre de réalisations des schwas semble diminuer continuellement. Notre étude a pour but de découvrir à quel degré l'accent mis en scène diffère de l'accent des locuteurs marseillais actuels et si les deux films, qui ont été tournés avec 80 ans d’écart, soulignent le changement linguistique en cours dans le Midi. Les deux films ont été transcrits et codés selon le protocole du programme phonologie du Français contemporain (PFC). Par la suite, les données ont été comparées à celles des enquêtes PFC. Les résultats montrent que l'accent mis en scène se distingue nettement de l'accent authentique d'aujourd'hui. Le schwa ne se comporte cependant pas différemment dans les deux films.

This study examines contact-induced change in Jèrriais, the severely endangered Norman variety currently spoken by some 1% of the population of Jersey, one of the British Channel Islands. Today, English dominates all linguistic domains of island life, and all speakers of Jèrriais are bilingual. The analysis uses original data to test empirically whether Myers-Scotton's (2002) five theoretical assumptions about the structural path of language attrition (broadly defined as language loss at the level of the individual) also have relevance for the process of language obsolescence (broadly defined as language loss at the level of the community). It explores i) whether Jèrriais is undergoing contact influenced language change owing to its abstract grammatical structure being split and recombined with English, a hypothesis related to Myers-Scotton's Abstract Level model; and ii) whether different morpheme types of Jèrriais are related to the production process in different ways and are, accordingly, more or less susceptible to change during the process of language obsolescence, a hypothesis related to Myers-Scotton's 4-M model. In addition to its contribution to linguistic theory, this study increases existing knowledge about Jèrriais and makes data from this language available for systematic comparison with other languages.

Dans cette contribution, nous nous intéressons à l'origine et au développement de la construction [adverbe de degré + nom]: C'est très théâtre, c'est-à-dire très faux. De nos jours, cette construction se présente comme un puissant outil de recatégorisation contextuelle pour exprimer un rapport de ressemblance basé sur une analogie avec un concept nominal. Sur la base d'une recherche de corpus outillée, nous montrons que la construction-hôte [ADVdegré + ADJ] a pu s'ouvrir à la catégorie nominale à partir d'un petit noyau dur de noms humains, en partie qualitatifs, tirant profit de certaines propriétés structurelles du français de l’époque. Par la suite, la construction s'est diversifiée vers d'autres classes sémantiques (noms inanimés, noms propres, etc.) et a progressivement attiré une gamme plus diversifiée de types lexicaux dans son orbite. Elle n'a cessé de gagner en productivité, tout en réduisant son fonds lexical d'origine à la portion congrue.