L’Encyclopédie Grammaticale du Français (EGF), hébergée sur le site encyclogram.fr, est un projet initié par Claire Blanche-Benveniste et administré par un comité éditorial de neuf linguistes francophones. Ce projet est le fruit de réflexions collectives sur la linguistique française.
L’une des originalités de l’EGF réside dans sa structure innovante et sa réflexion critique, visant à rassembler les acquis descriptifs de la grammaire du français actuel. La plateforme permet le libre accès aux synthèses grammaticales, périodiquement actualisées et téléchargeables. L’EGF se démarque des grammaires conventionnelles par son architecture et ses visées empiriques qui consistent à observer les données, présenter une synthèse critique des connaissances grammaticales, faciliter la recherche bibliographique, et proposer l’accès à des ressources linguistiques sous forme de corpus écrits ou oraux et d’outillages variés. La navigation sur l’EGF est intuitive, offrant une liste de notices rédigées par des linguistes reconnus, un index terminologique alphabétique, des options de recherche de séquences, et une table des matières révisée en octobre 2023. Les consignes éditoriales et les liens vers les corpus ou outillages enrichissent l’exploration de la langue française.
Actuellement, l’EFG compte quarante notices sur les soixante-cinq prévues, réparties sur 1625 pages ; dix-sept sont en préparation et huit font l’objet de révision. Organisées alphabétiquement, ces notices respectent les notions d’usage en linguistique, couvrant les catégories traditionnelles ou découpages usuels du donné empirique. Elles se divisent en notices descriptives (lien rouge) et structurantes (lien vert), celles marquées d’un lien orange couvrent des domaines transversaux. La table des matières se déploie en cinq rubriques clés et offre un riche panorama de la grammaire du français. Dans la suite, seules les sections dotées de contenus rédigés sont abordées.
La rubrique initiale « Organisation de l’analyse » contient deux sections : la paradigmatique examine le statut des catégories, et la syntagmatique étudie les structures majeures (les régularités transversales et la rection en syntaxe). La rubrique suivante « Les objets de grammaire » englobe sept sections : le problème des données (actuellement sans contenu) ; la syntaxe et prosodie explorent la notion de période ; la notion de langue étudie les dynamiques entre la langue et la variation, ainsi que l’opposition oral/écrit, notamment la ponctuation ortho-typographique et la notion de paragraphe. Les autres sections abordent les concepts de phrase, construction, et texte. La dernière section relative à la notion d’interaction en grammaire n’est pas rédigée.
La troisième rubrique, la plus volumineuse, intitulée « La syntaxe de rection », propose treize notices descriptives et seize notices transversales. Elle comprend deux sections principales : les structures majeures et les régularités transversales. La première section se penche sur les structures valencielles, incluant les verbes attributifs, les constructions verbales particulières, et les structures prépositionnelles. La sous-section, dédiée aux structures rectionnelles à modifieurs, se concentre sur les marqueurs de temps, aspect et modalité. Elle étudie les temps verbaux, l’aspect verbal, la négation, les constructions concessives à auxiliaire modal, ainsi que les ajouts et modifieurs. La sous-section suivante aborde, d’une part, les modifieurs auprès du nom, certains indéfinis, la place de l’adjectif épithète et les appositions, d’autre part elle s’intéresse aux modifieurs de l’énoncé et aux constructions hypothétiques non marquées. La partie sur les configurations intégratives examine notamment les contractions concessives à auxiliaire modal. La sous-section sur les dispositifs d’énoncé traite des constructions (pseudo)-clivées et disloquées, la postposition du sujet, l’inversion du sujet clitique, l’interrogation directe et les interjections. La rubrique s’achève sur les régularités transversales, essentiellement la récursivité.
L’avant-dernière rubrique, intitulée « La syntaxe d’énonciations », aborde les structures discursives paratactiques. La dernière rubrique, dédiée aux catégories et éléments, se divise en trois sections. La première, consacrée aux généralités, analyse l’opposition grammatical/lexical. L’inventaire des catégories embrasse ensuite un large éventail de concepts, englobant l’étude des noms propres et collectifs, l’opposition massif/comptable, les périphrases aspectuelles, les verbes attributifs et à recteurs faibles. Cette section explore aussi certains déterminants indéfinis et pronoms personnels. La dernière section examine la description d’éléments et monographies, notamment les constructions en « quand » et « si ».
L’Encyclopédie Grammaticale du Français, fruit de deux décennies de recherches, représente un jalon significatif dans le domaine de la linguistique, offrant une synthèse approfondie des nuances de la langue française actuelle. Les notices constituent une ressource précieuse tant pour les linguistes et autres chercheurs que pour l’enseignement du français. L’observation de corpus permet, entre autres, de valider l’existence d’une forme linguistique et de quantifier la fréquence d’une construction en fonction de divers paramètres. Bien que des interrogations restent ouvertes, cette œuvre collective se profile comme un outil évolutif et novateur. Elle reste une référence incontournable, ouvrant la voie pour les recherches futures sur la langue française contemporaine.