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L'impact des interets coloniaux: S.C.O.A. et C.F.A.O. dans L'Ouest Africain, 1910–1965
Published online by Cambridge University Press: 22 January 2009
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Par l'analyse comparée de l'évolution, depuis le début du siècle, des deux plus grandes firmes d'import-export de l'Afrique francophone, l'article teste une méthode d'analyse des bilans visant à préciser l'histoire des investissements privés dans l'Empire colonial français, en privilégiant tour à tour les analyses de conjoncture et le trend à long terme.
Les firmes ont trouvé dès le milieu des années 20 leur extension géographique définitive. La C.F.A.O., représentative du commerce colonial marseillais, a toujours été plus timorée, mais aussi plus rentable dans le cadre restreint de ‘l'économie de traite’ coloniale. La S.C.O.A., plus dynamique et liée aux milieux bancaires, s'est montrée plus sensible à la conjoncture (crise de 1921 et grande Dépression), mais s'est reconvertie plus tôt aux méthodes financières contemporaines.
Dans le long terme, ce qui ressort le plus nettement, c'est une croissance régulière des profits jusqu'au tournant de l'année-charnière 1952, qui marquait l'apogée de la hausse des cours des produits tropicaux. Au-delà, la détérioration accélérée des termes de l'échange et l'accroissement des charges sociales ébranlèrent les profits coloniaux ‘classiques’. C'est surtout depuis l'indépendance que les firmes ont modernisé leurs structures, caractérisées par l'ampleur nouvelle des investissements d'équipement, la diversification des activités et l'internationalisation des investissements.
Néanmoins, l'investissement global reste médiocre, et le renversement tardif de la tendance confirme l'hypothèse d'un impérialisme colonial français archaïque et malthusien.
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- Copyright © Cambridge University Press 1975
References
1 Dans le cas des grandes firmes encore en activité, ces rapports restent généralement consultables au siège social. A défaut, des séries sont conservées dans certaines bibliothèques (Institut des Sciences Politiques par exemple) ou par les services de documentation financière des grandes banques (Crédit Lyonnais). Enfin, pour l'ensemble des sociétés cotées en Bourse, les renseignements donnés par les divers annuaires des Agents de Change constituent généralement des sources suffisamment détaillées.
2 Centre National de la Recherche Scientifique, Paris.
3 Celui-ci suppose la délimitation des éléments constitutifs de l'investissement, de l'autofinancement, et du profit; il faudrait, en particulier, préciser la distinction établie entre le profit net déclaré au bilan et le profit originel (profit distribué+autofinancement), notion proche du cash-flow et davantage révélatrice de la vie réelle de la firme. A défaut, on trouvera des définitions assez proches des nôtres dans l'introduction de Jean Bouvier à l'ouvrage collectif Bouvier-Furet-Gillet, , Le mouvement du profit en France au 19e siècle, Paris, 1965.Google Scholar
4 L'exercice de la C.F.A.O. correspond à l'année civile. Celui de la S.C.O.A. part du Ie avril pour aller jusqu'au 31 mars de l'année suivante. D'où un léger décalage de nos graphiques sur lesquels nous avons indiqué seulement l'année de démarrage de l'exercice (ex:1913 = exercice 1913/14 de la S.C.O.A.). Nous en avons néanmoins tenu compte pour déflater en francs constants (1928–32 = 100) en reconstruisant pour la S.C.O.A. un indice moyen sur deux années pondéré suivant le nombre de mois couverts.
5 Avec un représentant de la Société Marseillaise de Crédit industriel et commercial et de Dépôt.
6 Au Conseil d'Administration siégeaient, à côté des premiers fondateurs de l'affaire (Hans Ryff et Wilhelm Roth) et d'un représentant de la Cie Générale Transatlantique, deux administrateurs de la Banque Privée de Lyon et le Directeur du Bankverein suisse. L'industrie était représentée par le Président, Lucien Fontaine, par Frédéric Ryff, industriel à Berne, et François Jacquier, administrateur de la Société Lyonnaise des Forces Motrices du Rhône (en même temps que de la Banque Privée).
7 Voir, à ce propos, notre étude détaillée des firmes d'A.E.F., et notamment la définition de l'économie de pillage par opposition à l'économie de traite, dans Le Congo au temps des grandes Cies concessionnaires, Paris, 1972, pp. 415–19 et 514–15.Google Scholar
8 Taux de profit = Rapport du bénéfice annuel aux capitaux effectivement versés (ré-évalués en francs constants afin d'éliminer la variable de l'inflation).
9 Les bilans de firmes coloniales avaient alors tendance à accuser les phases de crise avec un retard de plusieurs mois—voire d'une année—dû à l'ampleur des délais nécessaires à la réalisation des produits accentuée par la lenteur des transports et des communications.
10 C'est-à-dire recalculés en francs constants. La base choisie pour cette étude, pour des raisons qu'il serait trop long de développer ici, est 1928–32 = 100. L'indice retenu, comme le moins insatisfaisant pour cette époque ancienne, est la moyenne des indices français des prix de gros et de détail.
11 Bilan 1915/16. Même écho venu de la C.F.A.O. (bilan 1914), reconnaissant que ‘les mesures prises par l'administration ont permis de continuer les affaires’.
12 Prix moyens de l'agence de la S.C.O.A. à Manchester.
13 Voir les cartes ci-jointes.
14 16 comptoirs de plus et 11 de moins.
15 Compte-rendu de l'A.G. des actionnaires, 1931–2.
16 Conseil d'Administration en 1965–6: René Carré, Président-Directeur général, Laurent Carré, Jacques Jolicœur, Ernest de Nattes, Roger Poher, Lercia (S.A.), Henri Sigg, Paul Isnard de France (ces deux derniers, de même que le Président, en place depuis 1931). La plupart de ses membres ont peu de liens avec d'autres groupes, si l'on excepte Isnard de France (Banque Morin-Pons, Lyon) et Jolicœur (Omnium Nord Africain).
17 Consulter, par exemple, McPhee, A., The Economic Revolution in British West Africa, intro. de A. G. Hopkins, New York, 1970, 322 pp.Google Scholar (Iθ éd.: 1926). La S.C.O.A. le savait bien: ‘les colonies britanniques ont atteint un stade de développement plus avancé que les nôtres. La population y est plus dense; elles produisent et consomment davantage; la concurrence y est aussi plus âpre, mais le capital en £ que nous y avons investi donne à nos opérations une grande élasticité au point de vue des échanges’ (Bilan 1924–5).
18 Bilan 1928–9 (28 nov. 1929).
19 L'opération permit d'apurer les dettes (23.2 millions) et de reconstituer les réserves (41.2 millions d'amortissements et 26.7 millions de provisions diverses).
20 Nettement moins auparavant, à une époque où l'envergure de ses affaires n'égalait pas encore celle de la C.F.A.O.
21 S.C.O.A., Bilan 1933–4.
22 La confrontation du chiffre des exportations et du montant de l'impôt peçcu permet de constater que celui-ci reprenait au producteur près de la moitié du produit de ses récoltes. S.C.O.A., Bilan 1929/30.
23 Le Congo …, op. cit.
24 Bilan C.F.A.O., 1932. L'attitude est classique, et se retrouve inchangée de nos jours: cf. la réaction des paysans sénégalais qui culmina en 1971 à la suite du blocage des prix d'achat (production antérieure de 800.000 à 1 million de tonnes, tombée alors à 400.000 t.).
25 C.F.A.O., S.C.O.A., Société Commerciale et Industrielle de la Côte d'Afrique, Société du Haut-Ogooué.
26 Bloch-Laîné, F., La zone franc, Paris, 1956, p. 109.Google Scholar
27 La société faisait état, en 1955/6, d'un total de 600 points de vente.
28 Une partie des dividendes fut acquittée seulement une fois la paix revenue.
29 Comme l'exprime joliment la C.F.A.O. en 1941: ‘L'A.O.F. ayant heureusement été tenue à l'écart du conflit mondial, les résultats ont été à peu près équivalents à ceux de l'an dernier …’.
30 ‘Tout en souhaitant de voir cette évolution ne s'accomplir qu'avec mesure, notre Société a considéré de son devoir d'y apporter sa participation financière en s'intéressant à des affaires industrielles nouvellement installées à la colonie’, S.C.O.A., Bilan 1941/2.
31 S.C.O.A., Bilan 1943/4.
32 Ce sera chose faite à l'exercice suivant.
33 Voir à ce propos C. Coquery-Vidrovitch et Moniot, H., L'Afrique noire de 1800 à nos jours, Paris, 1974, ch.18.Google Scholar
34 ‘En France noire avec R. Cartier’, Paris-Match, 1 09 1956.Google Scholar
35 Delavignette, G. G., cité par X. Yacono, Histoire de la colonisation française, Paris, Que sais-je, p. 103.Google Scholar
36 1 F.C.F.A. = 1,70 F métro, puis 2 F en 1947 à la suite de la dévaluation française.
37 S.C.O.A., Bilan 1950/1.
38 Valeur la plus élevée de cette date à 1962 (592 millions).
39 Chiffre maximum, non retrouvé jusqu'en 1965.
40 Sur les chiffres du financement, cf. Coquery-Vidrovitch et Moniot, op. cit.
41 Commerce extérieur
(en milliards de francs C.F.A.)
Importations Exportations
Togo et Togo et
A.O.F. Cameroun A.O.F. Cameroun
1950 42.2 12.2 40 9.7
1951 61.3 18.9 38.7 14
42 Cf. Bloch-Laîné, , La zone franc, op. cit.Google Scholar
43 Les exemples de ce type abondent. Le plus connu est celui du coût exorbitant des aménagements de l'Office du Niger (44 milliards anciens 1961 pour 48,000 ha, soit près d'un million l'ha contre moins de 100,000 F ailleurs). On peut y ajouter le Plan de modernisation du fleuve Sénégal et les investissements arachidiers de la Cie Générale des Oléagineux Tropicaux à Boulel—Kaffrine ou en Moyenne—Casamance (Séfa). (Coquery-Vidrovitch et Moniot, op cit.).
44 On peut y ajouter la construction des centrales thermiques de Kayes, Abidjan, Niamey, Ouagadougou, Zinder et Fort-Lamy. A noter, dans le même temps, la mise en œuvre du ‘Volta Scheme’ et le projet du port de Tema près d'Accra en Gold Coast.
45 Stationnaires à Dakar, plus anciennement équipé, mais créées en Côte d'Ivoire et au Dahomey.
46 A la différence près que l'effort de la S.C.O.A. fut régulier, tandis que la C.F.A.O. procéda par à-coups plus tardifs: elle rattrapa sa rivale en une fois, grâce aux investissements massifs de 1951/2 (136 millions en un seul exercice, contre une moyenne antérieure de 30 millions seulement).
47 Article inédit, partiellement publié en L'Information Géographique, Paris, 1973.Google Scholar
48 23 centres autonomes. La Société assurait la représentation de Chrysler, Austin, Peugeot et Berliet. En 1952, le département occupait, en Afrique, 175 Européens et plus de 1,500 mécaniciens africains. La plupart des centres pouvaient procéder au montage complet du véhicule (4,000 vendus en 1951/2).
49 Participation de la S.C.O.A. à une série de Sociétés d'entreposage (Dakar, Conakry, Abidjan, Douala et Pointe-Noire).
50 Société Immobilière de Guinée et du Cameroun, Energie de Port-Gentil, de Côte d'Ivoire, outre sa filiale Electrification Africaine.
51 Bamako, Conakry, Douala. Ouverture en 1952: Abidjan, Fort-Lamy, Lomé.
52 Pointe-Noire et Brazzaville.
53 Moyen-Congo, Togo et Dahomey.
54 L'Afrique noire, 111 (1), Paris, 1972, pp. 324–30.Google Scholar
55 Court du cacao 200 francs C.F.A. courant 1954
145 francs C.F.A. nov. 1954
75 francs C.F.A. oct. 1955.
56 Le prix payé au producteur ghanéen de cacao diminua de moitié entre 1959 et 1965. Même le cours du cuivre zambien qui, après une baisse sensible dans les années 50 (tombé de £351 à £137 la tonne entre 1955 et 1958), s'était maintenu de façon remarquable depuis 1963—atteignant en 1969 le cours-record de £621—accusa ensuite une baisse catastrophique pour l'économie du pays.
57 S.C.O.A., Bilan 1955/6.
58 C.F.A.O., Bilan 1957.
59 Résorption progressive du secteur pétrolier.
60 Surfaces de vente de 400 à 2,500 m2; 85 à 90 pour cent du chiffre d'affaires en alimentaire. Les trois premiers groupes régionaux furent constitués en 1960–1. Le programme 1962–3 prévoyait l'ouverture de 19 magasins.
61 Le P.D.G. actuel de la S.C.O.A., G. Nesterenko, qui détient près de 20 pour cent du capital, est par ailleurs vice-président de la CEGEPAR (C° Générale de Participations et d'Entreprises contrôlée par la Banque PARIBAS).
62 II faut noter aussi que, jusqu'à ces toutes dernières années, les comptes-rendus de la C.F.A.O. étaient beaucoup plus succincts, et ne nous en disent guère plus que les chiffres publiés au bilan.
63 Filiale C.F.A.O. (95.40 pour cent) créée en 1962 par rachat du réseau succursaliste Paris-Médoc.
64 Filiale C.F.A.O. créée en 1959 pour assurer le ravitaillement des agences africaines de la Cié. En 1960, elle élargit sa vocation en tentant de promouvoir des articles français à l'étranger (bassin méditerranéen). En 1962 débutaient ses activités de distribution en France (Paris-Médoc et Supermarchés Sodim). Libre-Service Actualité, no. 363, 27 mai 1971, pp 33–7Google Scholar; no 37 15 juillet 1971, pp. 13–14.Google Scholar
65 Elle contrôle en outre, en dehors du secteur alimentaire, les sociétés Allen-Sport et la Société Centrale d'Approvisionnement Omni-Sport-Centra-Sport. Cl. Quin, , Tableau de bord de la distribution française, Paris, Gredimo, déc. 1971 (2° éd.).Google Scholar
66 Autofinancement et capitaux neufs.
67 Moyenne annuelle 1946–52: 48 millions (C.F.A.O.) et 68 millions (S.C.O.A.) de francs constants.
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- Cited by