De toutes les guerres qui ont marqué les temps modernes, la grande guerre de 1914–1919 est une de celles où furent violés le plus fréquemment et le plus gravement les principes de la Croix-Rouge. Et ces principes furent méconnus par les belligérants vis-à-vis de tous ceux qui avaient droit á la protection de la Convention de Genève, aussi bien vis-à-vis des prisonniers de guerre que vis-à-vis des militaires blessés ou malades et du personnel sanitaire chargé de les soigner.

On sait que la question de l'intervention de la Croix-Rouge pendant la guerre civile fut étudiée à la Conférence de Washington. Le caprice du destin voulut que ce fût le représentant de la Russie, le général Ermoloff, qui le premier s'opposa à une décision qui pouvait contraindre la Croix-Rouge à aider les insurgés contre le gouvernement légitime. L'histoire ultérieure de son propre pays démontra que son point de vue était absolument contraire aux idées humanitaires qui forment la base du travail de la Croix-Rouge, et que cette dernière trouve toujours le vrai chemin pour porter secours, même dans les conditions les plus difficiles.

Le Comité central des associations allemandes de la Croix-Rouge peut considérer comme terminée la tâche à laquelle les conventions internationales l'avaient appelé pendant la guerre. Il se prépare à entamer une œuvre de paix, conforme aux temps nouveaux. S'il est vrai que l'organisation de la Croix-Rouge est « une armée prête et appropriée à guérir les plaies, à sécher les larmes et à former des hommes joyeux et heureux », elle trouve actuellement dans l'immensité de douleurs et de souffrances dans laquelle une guerre terrible a plongé l'humanité, un champ plus étendu que jamais, où elle pourra travailler à la réalisation de son idéal.

Décrire la misère du peuple autrichien m'entraînerait trop loin. Tant de pays neutres, amis, récemment encore ennemis, sont venus apporter leur concours au relèvement, tant d'actions étrangères sont actuellement à l'œuvre pour tenter de reconstruire ce qui avait été détruit, que cela n'est du reste pas nécessaire. Journellement les personnes dévouées qui s'occupent d'assistance sont à même de constater à quel point le dénuement, le découragement, la dépression physique et par suite la détresse morale sont grands.

La Commission pour l'examen des plaintes au sujet du traitement contraire au droit des gens auquel les prisonniers de guerre auraient été soumis en Allemagne (appelée commission Schücking du nom de son président) vient de publier un rapport officiel sur son activité durant sa première année d'existence. Voici, sans aucun commentaire, l'analyse succincte de cet important document.