A l'occasion d'une arétalogie de Karpokrate, qu'il publie, M. R. Harder a été induit à reprendre le problème des arétalogies isiaques, connues, comme on sait, par cinq documents du même type. M. Harder pense que tous ces textes remontent à un original égyptien (H) traduit en grec. Un exemplaire de cette traduction, gravé à Memphis dans le temple de Ptah (M), est la source de Kymé (K), Ios (J), Salonique (S) et du texte en prose qui a servi de modèle au poème d'Andros (Ap). Un exemplaire du texte égyptien, gravé dans la fabuleuse Nysa d'Arabie, c'est dire en une ville inconnue, serait, une fois traduit, la source de Diodore (D). D'après l'inscription de Kymé, la plus complète, M. Harder reconstitue cette source commune de MD. On aurait là, pense-t-il, un écrit qui se révèle égyptien, non seulement par les idées, étrangères à l'esprit grec, mais aussi par le désordre de la composition, trait proprement égyptien. D'un mot ce document aurait été forgé par les prêtres d'Egypte pour exalter auprès des Grecs le culte d'Isis, que l'on présente surtout comme une bienfaitrice de l'humanité. La tendance serait “pro-égyptienne,” et il y aurait lieu de comparer l'ouvrage d'Hécatée d'Abdère, sorte de programme de gouvernement rédigé du point de vue de l'Egypte et adressé à Ptolémée Soter pour lui recommander d'être un Bienfaiteur, à l'exemple des dieux égyptiens (Isis et Osiris) et des pharaons.