Hostname: page-component-cd9895bd7-lnqnp Total loading time: 0 Render date: 2024-12-27T23:25:00.074Z Has data issue: false hasContentIssue false

La question du genre : quand les paradigmes changent

Published online by Cambridge University Press:  17 April 2020

C. Spadone*
Affiliation:
CHU Saint-Louis (AP–HP), Paris, France
*
Adresse e-mail : [email protected]

Abstract

Les questions autour du genre sont des questions piégées. Les données scientifiques, les controverses sociologiques, les positions psychiatriques ne peuvent être exprimées de façon sereine ni dans le grand public ou les média, ni dans la communauté scientifique, ni parmi les “élites” intellectuelles. Le champ est miné, la polémique surgit inévitablement. Des institutions, des individus convoquent leurs convictions, leurs préjugés idéologiques, leur vécu personnel à l’appui de leurs théories explicatives ou de leur propositions d’action. Le contexte contemporain se prête d’ailleurs peu à une réflexion apaisée. Retour de l’ordre moral, crispations contre les avancées sociétales : la surprenante violence des réactions aux récentes propositions législatives témoigne de ces difficultés. Si dénigrer le discours féministe reste politiquement incorrect – quoique d’innombrables forces tentent de le vider autant que possible de sa substance –, l’homosexualité est à nouveau l’objet des attaques et des peurs les plus irrationnelles, et le transgendérisme est en train de reperdre un peu de l’audience et de la légitimité qu’il avait acquis. Peut-on expliquer que l’homosexualité soit encore vécue par certains, contre toute évidence, comme potentiellement destructrice de tout le corps social ? Peut-on ne pas désespérer du combat féministe, 65 ans après « Le Deuxième Sexe », quand, sous couvert de latinité, nous excusons encore les préjugés sexistes, les entorses à la parité ? Et comment s’étonner que la remise en cause radicale de l’identité de genre que constituent toutes les formes revendiquées de « transgenres » se heurte à tant de réticence, lorsque des alternatives aussi bénignes à la « norme » genrée que l’existence de traits présumés féminins chez un homme, ou de traits présumés virils chez une femme, font irrémédiablement conclure à une homosexualité ? Nous tenterons de présenter l’état des lieux de la société française du milieu des années 2010, et la place de la psychologie ou de la psychiatrie, concernant ces trois problématiques liées au genre : orientation sexuelle, identité de genre, et stéréotypes de genre, montrant leurs influences sur les comportements des deux sexes de l’enfance à l’âge adulte, en explicitant cette tension entre avancées sociétales et peurs régressives de la société.

Type
S32
Copyright
Copyright © European Psychiatric Association 2014

Déclaration d’intérêts

L’auteur ne déclare aucun conflit d’intérêt.

References

Pour en savoir plus

Briki, M. Psychiatrie et homosexualité. Presses Universitaire. Franche-Comté, 2009 - 232 pages.Google Scholar
Régner, ISmeding, AGimmig, DThinus-Blanc, CMonteil, J-MHuguet, P.Individual differences in working memory moderate stereotype threat effects. Psychological Science 2010;21:1646–8.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Huguet, P. Stéréotypes de genre. Collège de France, Colloque 2012–2013 : sciences cognitives et de l’éducation, http://www.college-de-france.fr/site/stanislas-dehaene/symposium-2012-11-20-16h15.htm.Google Scholar
Submit a response

Comments

No Comments have been published for this article.