La neuromodulation est-elle une technique d’avenir dans la prise en charge des troubles des conduites alimentaires (TCA) ?

Abstract

Les techniques de neuromodulation sont de plus en plus utilisées en psychiatrie. Dans le contexte des troubles des conduites alimentaires (TCA) où peu de prises en charge efficaces sont disponibles, plusieurs de ces techniques pourraient avoir un intérêt pour mieux appréhender la physiopathologie et/ou comme thérapie innovante. Trois techniques émergent. Deux sont des techniques de neuromodulation non invasives : la repetitive Transcranial Magnetic Stimulation (rTMS) et la transcranial Direct-Current Stimulation (tDCS) et une nécessite une intervention chirurgicale : la stimulation cérébrale profonde. Dans la boulimie, plusieurs études versus placebo utilisant la rTMS ont montré une diminution des pulsions alimentaires sur du court terme. Nos résultats préliminaires dans une étude multicentrique suggèrent une diminution du nombre de crises dans les 15 jours post-rTMS. La rTMS dans cette population est bien tolérée. Une série d’études pilote suggère également que la tDCS diminue les pulsions et les prises alimentaires et améliore des fonctions cognitives perturbées dans les TCA. Dans l’anorexie, la tolérance de la rTMS a été montrée comme bonne, même chez des patientes à poids très bas. Plusieurs études sont actuellement en cours pour évaluer l’effet sur des fonctions-clés de l’anorexie comme la perception corporelle ou la conscience intéroceptive avec pour objectif essentiel de mieux cerner la physiopathologie. Mais la technique de neuromodulation qui offre le plus d’espoir est la stimulation cérébrale profonde. Deux études pilotes récentes chez des patientes anorexiques très sévères suggèrent non seulement une bonne tolérance mais aussi une amélioration très nette de la symptomatologie alimentaire dans les mois ayant suivi l’intervention. Néanmoins, ces études restent à répliquer et les meilleurs sites et protocoles de stimulation restent à définir. Ainsi, ces techniques suscitent beaucoup d’espoir dans des pathologies résistantes mais leurs efficacités potentielles et utilisation clinique restent encore à définir.