Quelle place l'acteur politique doit-il accorder aux idées pour agir bien en politique? On peut exclure, comme contre nature, deux positions extrêmes. L'absence de principes et de programme peut définir le cynisme en politique. Il mène logiquement à la tyrannie, où ce sont les passions du tyran qui fixent les objectifs de ce qu'il devient impossible de considérer comme une action politique. À l'autre extrême, l'acteur commence par concevoir, dans le silence de son cabinet ou des bibliothèques publiques, le plan d'une cité idéale, avant de chercher à la réaliser par l'exercice du pouvoir politique, soit qu'il s'en soit emparé par une révolution, soit qu'il ait pu devenir conseiller d'un prince. La fin logique de l'utopie est l'idéocratie, qui n'est qu'une forme plus hypocrite de tyrannie, où les passions du tyran semblent s'effacer devant le bonheur futur du peuple.