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L'urss et son Autre

Published online by Cambridge University Press:  28 July 2009

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L'union soviétique a vécu son immersion dans la vie internationale d'une façon bien particulière. Elle a fait place sans difficulté, dans son idéologie et sa stratégie internationale, au phénomène de mondialisation de la politique depuis la deuxième guerre. Elle en a même tiré les plus grands bénéfices puisqu'elle a créé un camp socialiste de pays alliés-soumis et étendu son influence au-delà de l'Europe. La Russie a réussi à devenir une puissance mondiale, et même l'une des deux plus grandes puissances, plus facilement qu'elle ne s'était imposée comme puissance européenne sous les tsars.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Archives Européenes de Sociology 1988

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References

(1) Le grand sociologue Alexandre Volodine, dramaturge de son métier, avait déjà mis le doigt, il y a vingt ans, sur la polarisation permanente de la politique soviétique, polarisation organisée autour du rapport conflictuel avec le monde extérieur, et en particulier avec l'État-ennemi, le Burundi. Dans sa pièce Les carnets de la Reine (Dnevniki korolevy), mise en scène pour la première fois à Moscou en janvier 1988 au théâtre de l'Ermitage, Volodine montre comment un petit pays de quelque soixante-dix habitants, autrefois un royaume, s'engage dans une perestroika en profondeur (À partir d'aujourd'hui, nous nous disons tous « tu » et non plus « vous », annoncent les trois membres du Parlement, c'est-à-dire le Pouvoir)… et continue la guerre éternelle avec le Burundi!

(2) Cf. notamment les travaux des économistes américains P. Desai, E. Hewett, E. Foelber, A. Becker, H. Levine. Le modèle sovecon du groupe PlanEcon (H. Levine et Bryan Roberts) est l'un des modèles qui établissent une corrélation entre la croissance générale de l'économie soviétique et la réduction des dépenses militaires. Les vives discussions qui continuent d'animer la communauté des experts montrent à quel point cette corrélation est difficile à quantifier et qualifier. Cf. par exemple la discussion du sovecon, National Security Issues of the USSR, sous la direction de Murray Feshbach (Dordrecht, Martinus Nijhoff, 1987) [pour l'otan], pp. 199–239. Ensuite, il reste encore à prouver que tel ou tel accord de désarmement conduit effectivement à une réduction, et non à une réallocation, des dépenses. On peut se référer à Sapir, Jacques, Le système militaire soviétique (Paris, La Découverte, 1988).Google Scholar

(3) Pravda, 19 février 1988.

(4) Pravda, 17 avril 1988.

(5) Cf. Mendras, Marie, Langage et communication dans la politique gorbatchévienne. L'URSS et l'Europe de l'Est 1987, Notes et études documentaires [Paris], no 4844–4845 (1987), 1326Google Scholar. Sur la discussion en URSS autour des concepts de démocratie et de participation, voir notamment les articles de Bourlatski, Fedor, politiste et journaliste influent, en particulier : Apprendre la démocratie, Pravda, 18 juillet 1987Google Scholar, et De quel socialisme avons-nous besoin?, Literaturnaia gazeta, 20 avril 1988.

(6) Cette dernière proposition est inscrite dans les « Thèses » du comité central en vue de la conférence du Parti de juin 1988, thèses publiées dans la Pravda du 27 mai 1988. Elle est reprise dans une résolution finale adoptée à l'issue de la conférence.

(7) Melograni, Piero, Il mito della rivoluzione mondiale. Lenin tra ideologia e Ragion di Stato, 1917–1920, Saggi tascabili Laterza no 106 (Rome et Bari, Laterza, 1985), p. VIII (préface).Google Scholar

(8) Ibid., pp. VIII et IX.

(9) La paix de Brest-Litovsk est l'un des moments de l'histoire soviétique qui font 1'objet d'une apologie en URSS aujourd'hui.

(10) L'Union des Républiques socialistes soviétiques est officiellement créée en 1922.

(11) Cf., par ailleurs, les cartes originales reproduites ou établies par Chaliand, Gérard et Rageau, Jean-Pierre, Atlas stratégique. Géopolitique des rapports de forces dans le monde (Paris, Fayard, 1983).Google Scholar

(12) « Dialektika sovremennosti : prioritety i problemy » (La dialectique de l'époque contemporaine : priorités et problèmes), Voprosy Filosofii, no 1 (1988), p. 4.

(13) Cf. Leonhard, Wolfgang, L'idéologie soviétique contemporaine, tome II : Théories politiques (Paris, Payot, 1965)Google Scholar; Lynch, Allen, The Soviet Study of International Relations (Cambridge (GB)/New York, Cambridge University Press, 1987).CrossRefGoogle Scholar

(14) V.I. Lenin o sovetskoi vnechnei politike (Moscou, Politizdat, 1979)Google Scholar. Par contre, le concept, tout à fait autre, de « mouvement révolutionnaire mondial » fait partie du vocabulaire courant.

(15) Cf. Voprosy Filosofii, 1, 1986. L'éditorial, pp. 3–20, et l'article de V.S. Semenov, pp. 21–36, ont pour objet de présenter et de justifier idéologiquement certaines révisions du dogme apportées dans la nouvelle rédaction du Programme du Parti communiste de l'URSS.

(16) Koyré, Alexandre, La philosophie et le problème national en Russie au début du XIX siècle (Paris, Librairie ancienne Honoré Champion, 1929), en particulier p. 170 et p. 190.Google Scholar

(17) Ibid. p. 178.

(18) Marcel Merle a souligné la tactique courante qui consiste pour un État à mettre en avant ses « contraintes internes » pour justifier son comportement, essentiellement compétitif, dans le jeu international. Cf. notamment Forces et enjeux dans les relations internationales (Paris, Economica, 1985), pp. 161173Google Scholar. Dans le cas de l'URSS, le caractère artificiel d'une telle démonstration a été souligné plus haut, dans la présentation du discours gorbatchévien qui vise à renforcer le modèle « société développée » d'analyse du comportement soviétique.

(19) Morgenthau, H.J., Politics among Nations (New York 1949)Google Scholar. Voir la critique de Aron, Raymond dans Paix et guerre entre les nations (Paris, Calmann-Levy, 1962), pp. 573587Google Scholar, et son article : En quête d'une doctrine de la politique étrangère, Revue française de science politique, III (1953) 1, reproduit dans Études politiques (Paris, Gallimard, NRF, 1972), pp. 460478.Google Scholar

(20) Aron, Paix et guerre, p. 585.

(21) Cité par A. Koyré, op. cit. p. 158.

(22) Ibid. p. 159.

(23) Ibid. p. 180.

(24) Ibid. p. 189.

(25) La courte définition du mot natsiia, nation, dans le Petit dictionnaire politique (Kratkii polititcheskii slovar') (Moscou 1983) révèle les contradictions de l'idéologie soviétique : « Nation. Communauté historique d'individus […] Dans la consolidation de la nation, l'État joue un rôle essentiel […] Une manifestation éclatante du rapprochement et de la cohésion (splotchennost') des nations socialistes dans la société socialiste développée […] a été l'apparition d'une nouvelle communauté historique d'individus, le peuple soviétique ». Pourtant, il n'y a pas de nation soviétique!

(26) Cf. Marcou, Lilly, L'Internationale après Staline (Paris, Grasset, 1979)Google Scholar, et Les pieds d'argile (Paris, Ramsay, 1986).Google Scholar

(27) Elster, Jon, Négation active et négation passive. Essai de sociologie ivanienne. Archives européennes de sociologie, XXI (1980), 329349.CrossRefGoogle Scholar

(28) Ibid. p. 334.

(29) Gefter, , Stalin umer vtchera, Rabotchii klass i sovremennyi mir [Moscou], no 1 (1988), p. 125.Google Scholar

(30) Gorbatchev, Mikhail, Perestroika. Vues neuves sur notre pays et le monde (trad. française : Paris, Flammarion, 1987), p. 213.Google Scholar

(31) Ibid. p. 196.

(32) Un chercheur renommé de l'Institut de l'orientalisme de l'Académie des sciences, rencontré à Moscou en septembre 1987, a résumé ainsi son diagnostic : « Si, dans dix ans, nous pouvons encore nous féliciter de l'existence d'un ou deux pays d'orientation socialiste, comme l'Éthiopie, nous devrons nous estimer heureux. Toute notre idéologie du développement du tiers-monde et de la « voie socialiste » a été construite dans les années 1950 et 1960 sur des données irréalistes et idéalistes ».

(33) Viatcheslav Dachitchev, Vostok-Zapad : poisk novykh otnochenii. O prioritetakh vnechnei politiki sovetskogo gosudarstva (Est-Ouest : recherche de nouvelles relations. Au sujet des priorités de la politique étrangère de l'État soviétique), Literaturnaia gazeta, 18 mai 1988, p. 14.

(34) Cf. Hassner, Pierre, L'effet Gorbatchev, L'autre Europe, no 14 (1987), 811Google Scholar, et Gorbatchev à l'Ouest, Pouvoirs, no 45 (1988), 103–114.

(35) Dobrynine, Anatoli, La politique étrangère soviétique : principes fondamentaux et nouvelle mentalité, La Nouvelle Revue internationale [Prague], III (1988), p. 30.Google Scholar

(36) Se référer aux discours de Gorbatchev et à l'article d'A. Dobrynine, art. cit.

(37) Anatoli Dobrynine, art. cit., p. 31.

(38) Mikhaïl Gorbatchev, op. cit. p. 210.

(39) Rubinstein, Alvin, The Foreign Policy of the Soviet Union (New York, Random House, 1960), p. 11.Google Scholar

(40) Kriegel, Annie, Le système communiste mondial : mythe ou réalité?, Pouvoirs, no 21 (1982), p. 21.Google Scholar