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Classes sans conscience ou préfiguration de la société sans classes

Published online by Cambridge University Press:  28 July 2009

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Les discussions sur les rapports entre catégories sociales et sur la stratification ont été longtemps dominées, en Europe au moins, par la problématique marxiste de l'opposition entre deux classes. Le concept de classe pourtant, tel que l'avaient redéfini les marxistes, ne pouvait s'appliquer concrètement qu'à une minorité ou tout au plus une moitié de la population. Mais la croyance à la possibilité d'une société sans classes, ce mouvement mystique moteur du « militantisme » socialiste permettait de rejeter provisoirement de l'analyse les groupes intermédiaires, assez dédaigneusement appelés « petits bourgeois ».

Type
A La Recherche Des Classes Perdues
Copyright
Copyright © Archives Européenes de Sociology 1960

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References

(1) Nous avons nous-méme développé ces thèmes dans deux publications antérieures: Crozier, Michel, L'ambiguïté de la conscience de classe chez les employés et les petits fonctionnaires, Cahiers internationaux de sociologie, XXVIII (1955), p. 78Google Scholar; Id., «Le rô1e des employés et des petits fonctionnaires dans la structure française contemporaine», Actes du troisième congrès mondial de sociologie (Amsterdam, I.S.A., 1956), III, p. 311.Google Scholar

(2) II serait intéressant de pousser plus avant et d'utiliser, en particulier, les observations de Kinsey qui montre que la socialisation anticipée s'exerce même sur le comportement sexuel, puisque les personnes qui se sont élevées dans la hiérarchie sociale ont présenté, dès leur adolescence, c'est-à-dire avant que cette ascension n'ait pris place, un comportement sexuel tout à fait semblable à celui de la catégorie à laquelle ils sont parvenus, et très différent de la catégorie dont ils sont issus. Cela permettrait de tenter une interprétation de certains traits de personnalité généralement rencontrés chez les employés.

(3) C'est ce qu'ont bien montré Harold Wilensky et Hugh Edwards dans une très suggestive étude sur le problème de la descente dans l'échelle: sociale Wilensky, Harold L. et Edwards, Hugh, The Skidder: Ideological Adjustement of downward mobile workers, American Sociological Review, XXIV (1959).Google Scholar

(4) Crozier, Voir Michel, op. cit., p. 89Google Scholar et suiv.

(5) U.S. Statistical Abstracts, 1959, p. 218Google Scholar. Certains de ces chiffres sont approximatifs, il faudra attendre les résultats du recensement déennal de 1960 pour pouvoir faire des comparaisons plus précises.

(6) II va de soi bien sûr que l'évolution réelle de l'emploi est beaucoup plus complexe. Le développement des activités non manuelles a accompagné et rendu possibles les successives révolutions industrielles. Ce qui est particulier à notre époque, c'est l'importance massive de ces transferts qui, jusque-là, n'apparaissaient guère dans les statistiques.

(7) Il semble qu'aux États-Unis, au moins, la courbe de croissance « emplois de bureau » a maintenant elle aussi atteint son point culminant. Après la récession de 1957–58, le nombre des emplois de bureau n'est pas revenu à son maximum antérieur. Il est encore trop tôt pour juger de cette différence encore faible, première conséquence de l'introduction de l'automation, mais elle semble annoncer une stabilisation comparable à celle qui s'est opérée dans les trente dernières années pour le groupe ouvrier. Notons, toutefois, que les pays européens sont encore loin d'avoir connu le développement américain. Nous en sommes à peu près à la répartition américaine de 1940.

(8) Lockwood, Voir David, The Black-coated Worker (Londres, Allen and Unwin, 1958)Google Scholar; Burns, Robert K., The Comparative Economic Position of Manual and White Collar Employers, Journal of Business, XXVII (1954)Google Scholar; Mercillon, Henri, La rémunération des employés (Paris, Colin, 1955).Google Scholar

(9) Ce point a été très bien développé par David Lockwood.

(10) On verra à ce sujet les commentaires nuancés de Lipset et Bendix: Lipset, S. M., et Bendix, Richard, Social Mobility in Industrial Society (Berkeley, 1959).Google Scholar

(11) Ce qui n'est pas toujours le cas puisque les pays sous-développés ont souvent connu des périodes de surabondance de l'offre de travail non manuel.

(12) Le D.G.B. englobe maintenant les employés organisés à l'intérieur des syndicats industriels mais le problème du particularisme employé continue à susciter de nombreuses discussions alors qu'il est rarement abordé en France et en Angleterre. Une des grèves les plus importantes d'après guerre, celle des métallurgistes du Schleswig-Holstein, a d'ailleurs eu pour cause profonde les différences de traitement entre employés et ouvriers.

(13) Le cœur de la C.F.T.C. reste encore la vieille Fédération des Employés tandis que F.O. est le bastion des syndicats de fonctionnaires.

(14) Pas toujours d'ailleurs depuis les années d'après guerre.

(15) En fait il faudrait dire plutôt que c'est une méthode propre aux pays latins, mais la France en a donné l'expression la plus achevée.

(16) On objectera que les fonctionnaires ne sont pas fort bien paysés; mais c'est le cas dans tous les pays occidentaux, et les fonctionnaires français bénéficient, en revanche, d'avantages substantiels d'ordre divers et en particulier d'une independance considérable. Si la volonté de défendre leur statut a primé la revendication pécuniaire, il ne faut pas oublier que les catégories moyennes qui forment une bonne part de la Fonction Publique, surtout chez les homines, reçoivent à partir d'une certaine ancienneté un traitement très favorable. Enfin le poids des organisations de fonctionnaires et d'enseignants dans la vie politique et dans la vie sociale française est inégalé dans le monde.

(17) Bien d'autres facteurs entrent en jeu, et en particulier le système de relations d'autorité, la centralisation, le type des relations de pouvoir, etc. Crozier, Voir Michel, Les relations de pouvoir 'dans un système d'organisation bureaucratique, Sociologie du travail, II (1960), pp. 6175.CrossRefGoogle Scholar