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Remarques sur l'évolution de la pensée stratégique (1945–1968) Ascension et déclin de l'analyse stratégique
Published online by Cambridge University Press: 28 July 2009
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Nul ne saurait prétendre qu'il a pris connaissance de toute la litterature publiée aux États-Unis depuis 1945 sur les problèmes stratégiques, encore moins de la littérature mondiale qui, presque toujours dépendante de la littérature américaine, n'en présente pas moins, dans plusieurs pays, une certaine originalité (1). En lisant la littérature américaine, je me suis toujours préoccupé du contenu, des analyses et des conclusions, jamais de Phistoire proprement dite, c'est-à-dire de l'origine de chaque idée, de l'ordre dans lequel les théories ou doctrines ont été élaborées, de l'influence exercée par tel des analystes sur ses collégues ou sur les hommes d'État.
- Type
- Research Article
- Information
- European Journal of Sociology / Archives Européennes de Sociologie , Volume 9 , Issue 2 , November 1968 , pp. 151 - 179
- Copyright
- Copyright © Archives Européenes de Sociology 1968
References
(1) La littérature des pays socialistes dont je traite dans la dernière partie s'inspire d'une autre philosophie.
(2) Je donnerai au mot « moderne » le sens le plus étroit: je n'envisagerai que la période depuis 1945.
(3) Le terme de pensée englobe à la fois la théorie ou étude abstraite et scientifique, la doctrine, prescriptions relatives à l'action, enfin l'étude historique ou politique des théories et des doctrines.
(4) En français, la tactique est l'enseignement de l'emploi des forces armées dans le combat, la stratégie, l'enseignement de l'emploi des combats en fonction du but de guerre.
(5) On dit couramment — je l'ai fait également — stratégie nucléaire. En fait, il s'agit ou bien d'une doctrine d'emploi d'une arme particulière ou bien de la straitégie globale à l'époque nucléaire.
(6) On pourrait dire aussi: ils exerçaient une dissuasion unilatérale.
(7) Je laisserai de côté le débat éthique que l'on trouve dans les livres bien connus d'A. Rappoport, de P. Green et de R. Tucker.
(8) Bien entendu, chacun des Grands essaye de faire savoir à l'autre ce qu'il tient pour intérêt vital. L'autre n'est pas obligé de se laisser convaincre et une erreur de communication demeure toujours possible.
(9) De la guerre, liv. VI, chap, xxvi et liv. V, chap. II.
(10) Cette notion de « l'impossibilité d'une victoire militaire » ne va pas sans équivoque. Elle peut être impossible avec les moyens que l'État consent à employer ou dans le laps de temps imparti aux gouvernants.
(11) De la guerre, I, 1Google Scholar. Le concept lié de réduction de la violence ou de désescalade apparaît au livre VIII.
(12) Kahn, Hermann, Escalation, pp. 23–25.Google Scholar
(13) “Much of the seeming artificiality and abstractions of this book comes from the fact that I will necessarily tend to ignore or de-emphasize the who-when-why aspects [….]”, ibid. p. 25.
(14) Schilling, , op. cit. p. 180.Google Scholar
(15) Je me réfère à la traduction anglaise de la Rand Corporation (1963).Google Scholar
(16) Les deux notions ne sont pas équivalentes: une guerre locale peut être livrée avec tous les moyens dont disposent les belligérants. Pour les deux Grands, en revanche, une guerre limitée doit être locale.
(17) Soviet Military Strategy, op. cit. p. 288.Google Scholar
(18) “One must emphasize that the present international system and the present state of military technology will cause any armed conflict to develop, inevitably, into a general war if the nuclear powers are strawn into it”, ibid. p. 299.
(19) Pour le lecteur qui aurait lu Paix et Guerre entre les nations, je dirai que les Soviétiques partent d'une sociologie qu'ils tiennent pour scientifique et qu'ils subordonnent ce que j'appelle théorie à une science des lois de la guerre. La méthode est compa rable à celle des marxistes en économie: la sociologie du régime capitaliste constitue le fondement de leur théorie.
(20) T. Schilling a constaté, au cours de la conférence, que les bombardements du Nord-Vietnam avaient fait plus de mal aux États-Unis qu'au Nord-Vietnam — ce que le stratège peut faire dépend de ce que l'opinion accepte moralement.
(21) II est trop tôt encore pour savoir si l'intervention soviétique en Tchécoslovaquie mettra un terme à l'évolution précédente.
* Le présent article reprend, d'une façon plus élaborée, le texte d'une conférence prononcée à Oxford en 1968 devant l'Institute of Strategic Studies.
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- Cited by