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Peut-on lire en français L'Éthique protestante et L'esprit du capitalisme?

Published online by Cambridge University Press:  28 July 2009

Jean-Pierre Grossein
Affiliation:
EHESS-CNRS, (Marseille).
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Abstract

A scrupulous analysis of the French translation of The Protestant Ethic and the Spirit of Capitalism reveals an acculumation of errors which seriously alter Weber's analysis in its nodal articulations (articulation of relations of causality and affinity, intrication of ideas and interests, schemes of mediation between beliefs and behaviour). The same problem arises in relation to its central conceptual mechanism (concepts of profession-vocation, of life style, of confirmation) and in relation to its theological lexicon. The analysis concludes with the urgent necessity for a new translation.

Une analyse scruputeuse de la traduction franÇcaise de L'Étbique protestante et l'esprit du capitalisme fait apparaitre une accumulation d'erreurs qui alterent gravement l'analyse weberienne en ses articulations nodales (articulations des relations de causalité et d'affinité, intrication des idees et des intéréts, schémes de mediation entre croyances et comportements), comme en son dispositif conceptuel central (notions de profession-vacation, de conduite de vie, de confirmation) et jusqu'à son lexique théologique. L'analyse conclut à la nécessité impérieuse d'une nouvelle traduction.

Eine gewissenhafte Untersuchung der französischen Ubersetzung von »Die protestantische Ethik und der Geist des Kapitalismusw zeigt eine Unzahl von Fehlern auf, die die Webersche Analyse schwerwiegend in ihren Knotenpunkten (Verknüpfungder Beziehungen zwischen Kausalitat und Ähnlichkeit, Verstrickung von Ideen und Interessen, Vermitdungs schemata zwischen Glauben und Verhaltensweisen), sowie in ihrem Hauptgedankenbau (Bedeutung von Beruf Berufung, Lebensweise, Bestatigung) bis hin zu ihrem theologischen Wortschatz verandern. In der SchluBfolgerung wird auf die dringende Notwendigkeit einer Neuübersetzung verwiesen.

Type
Notes Critiques
Copyright
Copyright © Archives Européenes de Sociology 1999

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References

(1) Nous ferons référence ici à la «deuxième édition corrigée» de cette traduction, parue en 1967 (Plon, Paris) et citée par la suite : EP ou L'Éthique protestanteGoogle Scholar. Afin de permettre la confrontation avec le texte original, nous ren-verrons systématiquement à Gesammelte Aufsätze sur Religionssoziologie, Band I, Mohr, J.C.B. (Paul Siebeck), 1920Google Scholar, cité par la suite : GARS I.II est désormais aisé de comparer les textes de la Ière et de la 2e édition in Max Weber, Die protestantische Ethik und der »Geist des Kapitalismus«, herausgegeben und eingeleitet von Klaus Lichtblau und Johannes Weiss, Neue Wissenschaftliche Bibliothek (Bodenheim : Athenäum Hain Hanstein, 1993)Google Scholar (cité par la suite : PE).Nous ferons également référence aux textes de la controverse autour de cette étude, publiés par Winckelmann, J. sous le titre : Max Weber, Die protestantische Ethik II, Kritiken und Antikritiken, 3e édition, 1978, GüterslohGoogle Scholar (cité par la suite : PE II), Certains de ces textes ont été traduits : Max Weber, Sociologie des religions, textes réunis, traduits et présentés par Grossein, Jean-Pierre, intr. J. C. Passeron (Paris, Gallimard, 1996), 133163Google Scholar (cité par la suite : Soc. rel.), ainsi que Enquête. Anthropologie. Histoire. Sociologie, no 5, 1997, 163–190.

(2) II ne peut être question ici de proposer une histoire de la réception de ce texte : celle-ci devrait faire l'objet d'une étude en soi.

(3) Cf. Enquête. Anthropologie. Histoire. Sociologie, no 5, 177, note 11.

(4) Sur la querelle des adiaphora dans le luthéranisme, cf. Soc. rel., 232, note 1.

(5) Concernant les omissions, signalons, en particulier, celles qui touchent à l'attention portée par Weber au versant interne et/ou externe de l'action sociale : un thème central de la sociologie wébérienne, qui souligne que ces deux versants ne se recouvrent pas systématiquement. Quelques exemples d'omissions : « l'attitude intérieure (omis) envers le monde » (EP, 225, note 58) ; « les obstacles internes (omis) [à l'adaptation à l'économie capitaliste] » (p. 60) ; l' « esprit capitaliste » est analysé comme « le moteur mental (geistig) (omis) le plus adéquat » de l'entreprise capitaliste (p. 67); « les biens extérieurs (omis) de ce monde » (p. 250). Nous aurons l'occasion, au cours de nos développements, de signaler d'autres exemples particulièrement flagrants.

(6) PE II, 173, 285.

(7) GARS I, 30 ; EP, 44, trad. mod. Afin d'éviter toute ambiguïté, nous proposons d'adopter une ligne claire en matière de citation des traductions, en distinguant les cas où la traduction a dû être modifiée sur des points relativement mineurs (signalés par : « trad, mod. ») des cas où la traduction fait contresens (signalés par: « comparer avec »).

(8) EP, 107.

(9) GARS I, 83.

(10) GARS I, 82 ;EP, 105, trad. mod.

(11) L' « objectivité de la connaissance dans les sciences sociales et la politique sociale», Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, XIX, 1, 1906Google Scholar (par la suite, l'article sera cité : « L'objectivité de la connaissance ». La revue sera citée : Archiv); texte traduit dans Max Weber, Essais sur la théorie de la science, Paris, 1965Google Scholar (cité par la suite : ETS); cf. en particulier, p. 159–172. Le texte allemand attisera cité dans l'édition Gesammelte Aufsätze zur Wissenschaftslehre, Tübingen, 1922Google Scholar (cité par la suite : WL).Quand seul sera cité WL, c'est qu'il s'agit d'un texte non traduit en français.

(12) WL, 194 ; ETS, 186, trad. mod.

(13) WL, 184 ; ETS, 171.

(14) Nous ne pouvons ici qu'effleurer ce thème.

(15) Cf. PE II, 173.

(16) Gesinnung est traduit indifféremment dans EP par « etat d'esprit » (p. 54, 63) ; « attitude » (p. 54, 66, 248); « point de vue » (p. 95) ; « façon de penser » (p. 94). Sur ce concept, cf. mes développements dans le Glossaire raisonné, Soc. rel., 120–121.

(17) PE II, 167, 186; répété in Avant-Propos, EP, 24.

(18) Pour la traduction de Beruf et de Berufsmenschentum, cf. ma Présentation, Soc.rel., 62–63 et 123.

(19) La centralité de ce concept est totalement oblitérée par la traduction qui le rend indifféremment par « comportement » (p. 43), « vie » (p. 73 et 240), « façon de vivre » (p. 74), « manièrede vivre » (p. 81), « type de conduite » (p. 111), « vie quotidienne » (ibid.), etc.

(20) GARS I, 83. C'est nous qui soulignons. Le traducteur reprend ici — ce n'est pas l'unique fois — la traduction de Parsons (citée ici dans l'édition : Weber, Max, The Protestant Ethic and the Spirit of Capitalism, New York, 1958)Google Scholar, qui par corrélations (op. cit. p. 91). Pour une analyse critique de cette traduction, cf. Ghosh, Peter, Some Problems with Talcott Parsons version of ‘The Protestant Ethic’, Archives européennes de sociologie, XXXV (1994), 104123.CrossRefGoogle Scholar

(21) Sur l'articulation des rapports d'affinité et des rapports de causalité, cf. Présentation, Soc. rel., 59–60. Ces développements font justice des affirmations concernant l'absence dans L'Éthique protestante d'une recherche de relations causales. Admettons que le passage cité ci-dessus ait pu égarer le lecteur par son manque de clarté. Mais que penser de la cécité des lecteurs qui « scotomisent » par exemple le passage dépourvu de toute ambiguïté où Weber affirme que, dans L'Éthique protestante, il ne s'est occupé « que d'un versant de la relation causale » concernant les rapports entre croyances religieuses et mentalité économique, à savoir : « comment certains contenus de croyances religieuses ont conditionné (bedingt) l'apparition d'une ‘mentalité économique’, autrement dit l'ethos d'une forme d'économie… » (Soc. rel., 503–504). Au regard de ces seuls éléments, il n'est pas possible de souscrire à l'affirmation suivante : « II [Weber] a toujours protesté contre l'idée que son interprétation soit de nature causale et insisté sur le fait qu'il s'était surtout attaché à souligner les ‘affinités électives’ entre l'éthique du protestantisme (de tradition calviniste) et l'esprit du capitalisme », Boudon, Raymond, Études sur les sociologues classiques (PUF, Paris, 1998), 5960.Google Scholar

(22) On a coutume de traduire ainsi le terme allemand Wahlverwandschaft (littéralement : « parenté élective »); la traduction par « affinité » serait aussi valable et permettrait de couper court à des gloses inutiles. Sur l'équivalence « affinité élective » = « parenté intérieure » = « adéquation », cf. Soc.rel., 135.

(23) « Dans la vie historique, tout est mutuellement adapté ou rien ne l'est, si ce concept n'est pas suffisamment précisé » (Enquête. Anthropologie. Histoire. Sociologie, no5, p. 184, note 18) ;cf. aussi ET5, 440–441.

(24) « …die Art, in der überhaupt die » Ideen « in der Geschichte wirksam werden » (GARS I, 82).

(25) Op. cit., 90: effective forces.

(26) WL, 195 ; ETS, 187. Dans ces pages, Weber utilise la même formule : « historisch wirksamen Ideen » (op. cit., p. 198).

(27) WL, 135 ; pour la citation complète, cf. « Présentation » (Soc. rel. 56).

(28) Cf. Weber qualifiant les « (forces » dans l'histoire de « fantômes » in Enquête. Anthropologie. Histoire. Sociologie, no 5, 184.

(29) WL, 205.

(30) WL, 198 ; ETS, 190, trad. mod.

(31) GARS I, 111–112.

(32) GARS I, 112. Comparer avec la traduction (EP, 142).

(33) Ce registre du « contenu de pensée » est largement brouillé par la traduction. Soit il disparaît — ex : quand Weber parle d'entrée de jeu de la nécessité de scruter les « grands univers de pensées religieux » qui se sont constitués historiquement au sein du christianisme (GARS I, 30), la traduction parle simplement de « ces univers religieux » (EP, 44) —, soil il se transforme en « idéologic » (EP, 141–142, note 67).

(34) GARS I, 86. Contresens dans la traduction (EP, 112), oú ce ne sont pas les incitations qui orientent la conduite de vie, mais les croyances et les pratiques. Autrement dit, tout l'effort d'analyse de Weber qui porte sur la découverte des médiations entre les croyances religieuses et la conduite de vie est de la sorte annulé

(35) La comparaison de la Iére et de la 2C éditions fait apparaître un certain flottement. Dans la Iére édition, Weber écrit ceci : « Or ces incitations émanaient précisément pour la plus grande part des représentations de croyance (Glaubensvorstellungen) purement religieuses » (PE, 55). Dans la 2e édition : « Or ces incitations émanaient effectivement aussi[souligné par nous ; J.P.G.], pour une grande part, des représentations de croyance religieuses dans leur spécificité « (GARS I, 86).

(36) « en apparence » disparaît de la traduction ainsi que « pratiques » (EP, 112).

(37) Ep 111, 141–142, note 67; cf. aussi Enquête, no5, p.179.

(38) GARS I 102–103; cf. aussi GARS I, 86. Affirmation reprise en 1920 dans l' « Avant-Propos » : « Parmi les éléments les plus importants qui ont façonné la conduite de vie, on trouve toujours, dans le Passé, les Puissances magiques et religieuses ainsi que les idées de devoir qui sont ancrées dans la croyance à ces puissances » (Soc. rel., 503).

(39) Cf. GARS I, 98–101, ainsi que la note très importante de la page 98 ; EP, 126–130 et note 31.

(40) GARS I, 98 ; c'est cette idée qui est attributée à Calvin par Weber et non l' « exigence d'une incorporation dans le Corps du Christ », comme le fait la traduction (EP, 126, note 31).

(41) GARS I, 104, EP, 133 ; cf. aussi Soc. rel., 180.

(42) Soc. rel., p. 145 ; cf. aussi « Sekten und Kirchen in Nordamerika » 1906, in Weber, Max, Soziologie, Weltgeschichtliche Analysen, Politik (Stuttgart, 1964), 389391Google Scholar (cité par la suite: Sectes 1906).

(43) Cf. Soc. rel., 144–145, et sur la distinction entre « communauté » et « groupement communautaire », op. cit., 92–93, 172–173. Sur le sens de cette notion et sur mon choix de traduction, cf. Soc. rel., 92–93.

(44) Cette idée de « combinaison » (Kombination) singulière entre deux doctrines (GARS I, 97) disparaît complètement dans la note 28 (EP, 125) qui parle de : « ce point ».

(45) GARS I, 98, note 1 ; EP, 127.

(46) Et non pas « sociétaire » (EP, 126, note 32). Weber entend ici par « social » le fait d'être engagé dans les différentes activités sociales.

(47) EP, 125, note 28.

(48) GARS I, 108, note 2 ; EP, 138, note 52, trad. mod.

(49) GARS I, 112 ; EP, 142.

(50) Weber insiste sur ce point dans des ajouts de 1920 : « La question de la certitudo salutis elle-même a été absolument centrale pour toute religion de salut non-sacramentelle — qu'il s'agisse du bouddhisme, du jaïnisme ou de toute autre — ; comment pourrait-on le méconnaître ? C'est là la source de toutes les incitations de nature purement religieuse » (GARS I, 103, note 2 ; EP, 132, note 39, trad. mod.) ; cf. aussi GARS I, 106, fin de la note 1 ; EP, 136, note 49.

(51) La notion d' « entrecroisement » — on pourrait parler aussi d'intrication — disparaît dans la traduction (EP, 141, note 67).

(52) À deux reprises, Weber parle de cette problématique comme de la « pointe » de son étude, qui s'émousse dans la traduction française en simple « point » (EP, 57, note 11, ajout de 1920) ou même disparaît complètement : GARS I, 165, note 3 ; EP, 205, note 4 ; toute cette note est un ajout de 1920 : « c'est uniquement cela qui importe et c'est là précisément la pointe de ce qui est exposé ici ».

(53) En parlant de psychologische Prämien — littéralement « primes psychologiques » —, il nous semble que Weber s'approche très exactement de la notion freudienne de « bénéfice psychique », d'où notre accord, ici, avec le choix du traducteur. (Dans certains contextes, la traduction par « récompense » peut convenir davantage). Weber a forgé, apparemment, ce concept à partir de la métaphore de la « prime d'assurance » (Versicherungsprämie), qu'il utilise dans la Iére édition pour parler de la signification des « bonnes œuvres » chez les catholiques (GARS I, 113 ; EP, 143). Chaque fois, Weber ponctue ses développements par des : « ce qui est décisif pour nous » (GARS I, 58 ; EP, 76, trad, mod.); « le probléme décisif pour nous » (GARS I, 102 ; EP, 130) ; « c'est là l'élément décisif » (GARS I, 176, note 3 ; EP, 218, note 42, trad. mod).

(54) Soc.rel., 140–142.

(55) GARS I, 40 ; comparer avec EP, 57.

(56) GARS I, 234–235. La traduction fait contresens (EP, 290–291).

(57) Cf. l'analyse phénoménologique de ces différents « états » dans « Les voies du salut-délivrance » in Soc. rel., en particulier 189–190.

(58) Op. cit., 246.

(59) EP, 156 ; Soc. rel., 106.

(60) EP, 157.

(61) La centralité de ce schème, comme instance de médiation entre croyance religieuse et moralité, se perd dans la traduction qui propose indifféremment : « confirmation », « vérification », « probation », « preuve », « épreuve ».

(62) GARS I, 124 ; EP, 156, trad. mod. ; cf. mes développements sur ce point in Soc. rel., 106–107.

(63) GARS I, 128 ; EP, 160–161.

(64) Weber parle de « bouillon de culture » (Reinkultur ; GARS I, 125), métaphore qui disparaît dans la traduction (EP, i57).Tout le passage, du reste, en chamboulant la phrase wébérienne, introduit une grande confusion.

(65) GARS I, 96 ; EP, 123–124, trad. mod.

(66) L'absence, chez un grand nombre de ces commentateurs, de référence aux autres dénominations que le calvinisme, est bien l'indice de la méconnaissance de la prééminence, dans l'analyse wébérienne, de l'idée de confirmation, l'idée de confirmation n'occupant une place centrale que pour des raisons méthodologiques.

(67) GARS I, 128–145 ; EP, 161–181.

(68) GARS I, 133; EP, 167, trad. mod.

(69) Signalons au passage un lourd contresens à propos de ce « basculement » in EP, 162.

(70) Et non, comme le dit la traduction, « la négation calviniste de la créature » (EP, 167).

(71) GARS I, 134; EP, 168, trad. mod.

(72) Ibid.

(73) GARS I, 136; EP, 170–171.

(74) GARS I, 144; EP, 180, trad. mod.

(75) GARS I, 134; comparer avec EP, 168.

(76) GARS I, 144. Ici encore, il faut impérativement oublier la traduction française (EP, 179–180).

(77) GARS I, 158–160; EP, 195–198.

(78) Omis in EP, 185.

(79) GARS I, 145–150; EP, 181–186.

(80) La notion même de « religiosité », à laquelle Weber a recours systématiquement, pointe précisément ce registre d'actualité psychique de l'action religieuse.

(81) Cf. « Introduction », Soc. rel., 345–347.

(82) Op.cit., p.347.

(83) J'emploie ce concept dans son acception freudienne ; cf. Laplanche, J. et Pontalis, J.B., Vocabulaire de la psychanalyse (Paris, 1967), 221223.Google Scholar

(84) WL, 432 ; ETS, 333. Weber reprend l'exemple de l'idée de la prédestination pour analyser les rapports entre la compréhension rationnelle et la compréhension psychologique (ETS, 340–341).

(85) « L'opinion aujourd'hui si populaire selon laquelle il suffirait de mettre au jour la ‘signification’ (Bedeutung) de certains ‘facteurs’ reels dans l'agencement causal de la vie culturelle pour fonder sans plus attendre une science spéciale de ces ‘facteurs’ oublie que la question première est toujours de savoir si ces ‘facteurs’ recèlent d'une manière générate des données problématiques, qui ne peuvent être élucidées que par une méthode spécifique » (WL, 82–83).

(86) WL, 119.

(87). Op.cit., 100.

(88) GARS I, 133, note 1 ; trad. mod.

(89) Cet argument est développé également dans une réponse à H.K Fischer ; cf. Enquête no5, 177–178.

(90) GARS I, 133 ; comparer avec EP, 167.

(91) Cf. l'étude bien documentée de Sabine Frommer, Bezüge zu experimenteller Psychologie, Psychiatrie und Psychopathologie in Max Webers methodologischen Schriften, in Wagner, G. und Zipprian, H., Max Webers Wissenschaftslehre (1994), 239258Google Scholar, ainsi que Schluchter, W., Physis und Kultur. Max Weber über Psychophysik, Unversöhnte Moderne (1996), 71143.Google Scholar

(92) « das Mittel zum periodischen ‘Abreagieren’ des affektbetonten Schuldbewusstseins » (GARS I, 97); la traduction française (EP, 125) ne s'est pas embarassée de vocabulaire technique : « le moyen de soulager peériodiquement la conscience du pécheur de sa culpabilité ». On remarquera également la note se rapportant à cette formulation, où Weber souligne que la confession représente un « problème psychologique d'une extrême complexité » (GARS I, 97, note 1 ; EP, 125, note 27).

(93) « das geeignete Mittel zum Abreagieren der religiösen Angstaffekten » (GARS I, 106) ; comparer avec EP, 135 : « le moyen approprié pour réagir contre les sentiments d'angoisse religieuse ».

(94) Cf. sa définition in Laplanche, J. et Pontalis, J.B, Vocabulaire de la psychanalyse Paris, 1967), 12.Google Scholar

(95) Le centre de rédaction de la Max Weber Gesamtausgabe de Münich détient un exemplaire, annoté par Weber, de l'ouvrage de Hellpach, W., Grundlinien einer Psychologie der Hysterie (Leipzig, 1904).Google Scholar

(96) GARS I, 117 et 133 pour la première notion ; la notion de « refoulement » ne figure que dans la Iére édition, mais on la retrouve dans les premières pages d'Économie et société (cité par la suite : ES), à propos de la compréhension et de l'interprétation (ES, 9).

(97) Pour le « refoulement » et les « motifs allégués » (vorgeschobene Motive), cf. ES, 9; pour les « satisfactions substitutives (stellvertretenden Befriedigungen) d'orientations pulsionnelles », cf. WL, 435 ; la traduction (ETS, 338–339) fait contresens. Sur l'affinité des analyses wébérienne et freudienne de la culture, cf. l'article très stimulant de Kaye, Howard L., Rationalization as sublimation: on the cultural analyses of Weber and Freud, Theory, Culture & Society, vol. 9 (1992), 4574.CrossRefGoogle Scholar

(98) « Sans aucun doute, les pensées de Freud sur toute une série de phénomènes historiques, concernant la culture et particulièrement la religion (souligné par Weber), ainsi que l'histoire des mœurs peuvent se révéler une source d'interprétation d'une très grande importance, même si, à coup sûr, pour le regard vigilant de l'historien de la culture, elles sont loin de posséder l'universalité que, dans son enthousiasme bien compréhensible et dans sa joie de découvreur, Freud et leurs disciples leur prêtent » (Max Weber-Gesamtausgabe, II/5, 393–403). Rappelons que les seuls grands textes parus à cette date sont: L'interprétation des rêves (1900), Psychopathologie de la vie quo-tidienne (1901), ainsi que les Trois Essais sur la théorie de la sexualité (1905).

(99) Cf., par exemple, les propos assez sidérants de J. Favret-Saada (Weber, les émotions et la religion, Terrain, 22, mars 1994, 93–108), pour qui Weber, en traditionnel homme des Lumières, « fait tomber l'affect du côté de l'impensable ». D'où une conclusion qui ne s'embarrasse pas de nuances : « La lecture de Weber reste d'un immense intérêt pour l'histoire des sciences humaines et pour la formation de l'esprit : mais elle ne vaut pas un clou s'il s'agit, en 1990, d'édifier quoi que ce soit qu'on puisse désigner par l'expression de ‘sciences humaines’ ». Autre exemple récent de ces « déboulonnages » à bon compte : les propos de J. Bazin (Questions de sens, Enquête. Anthropologie. Histoire. Sociologie, no 6, 1998, p. 15), qui fait dire à Weber que « les psychopathes, les petits enfants et les animaux ne sont pas accessibles à notre compréhension ». Vérification faite (ETS, 328; WL, 428), notre docte commentateur a tout simplement tronqué la phrase citée, qui continue ainsi: « dans la même mesure que d'autres processus » (souligné par nous, J.P.G.). Cette omission modifie totalement l'analyse wébérienne; mais qu'à cela ne tienne, quand on a une idée en tête !

(100) « Le développement des idées ne s'accomplit pas comme celui des fleurs », GARS I, 38 ;EP, 54, trad. mod.

(101) Il faudrait citer l'immense littérature, essentiellement anglo-saxonne, des années 60. Je ne citerai ici que : Bellah, Robert N., Reflections on the Protestant Ethic Analogy in Asia, Journal of Social Issues 19 (1963), 5260CrossRefGoogle Scholar, repris et traduit in Seminar : Religion und gesellschaftliche Entwicklung, herausgegeben von C. Seyfahrt und W. Sprondel (1973) ; ainsi que Eisenstadt, S.N., The Protestant Ethic and Modernization. A Comparative View (New York, Londres, 1968).Google Scholar

(102) Sur le rôle de Parsons dans cette opelération, cf. Cohen, J., Hazelrigg, L.E., Pope, W., De-Parsonizing Weber: A Critique of Parsons' Interpretation of Weber's Sociology, American Sociological Review, 40, 1975, 229241CrossRefGoogle Scholar; Zaret, D., From Weber to Parsons and Schütz: The Eclipse of History in Modern Social Theory, American Journal of Sociology, vol. 85, 1980, no 5, 11801201.CrossRefGoogle Scholar

(103) Soc. rel., 138.

(104) Op. cit., 155. À une exception près cf. EP, 246, note 104 ; GARS I, 200, note 3.

(105) PEII, 31 ; Enquête no 5, 177.

(106) GARSI, 163 ; EP, 201, trad. mod.

(107) GARS I, 60; EP, 78–79. Le texte français traduit aussersittlich dans la meme page (EP, 79), une premiére fois — à juste titre — par « caractère extérieur à la morale », mais la seconde fois (note 29), a propos du profit du capital, par « n'est pas encore chose entrée dans les mœurs », alors qu'il fallait comprendre que dans le cadre du christianisme médiéval le profit du capital était « en dehors du champ de la moralité ».

(108) Soc. ret., 155.

(109) GARS I, 195; comparer avec EP, 240 ; cf. aussi « Présentation », Soc. re., 66.

(110) Il ne s'agit plus de L'Éthique protestante, mais de la 2e version de l'étude sur les sectes : « Les sectes protestantes et l'esprit du capitalisme », GARSI, 235 ; EP, 291.

(111) Enquête. Anthropologie. Histoire. Sociologie, no 5, p. 176, note 9.

(112) GARS I, 26 ; EP, 40, note 15 (trad. mod.). Même s'il centre son analyse sur les « connexions de motivations » qui conditionnent 1'appropriation subjective des idées religieuses, Weber pointe régulièrement l'ancrage sociologique à la fois de l'esprit capitaliste et de l'èthique protestante. Cf., par exemple, EP, 67 ; GARS I, 49–50 (la note 21 de la traduction, particulièrement importante, dit exactement le contraire du texte allemand).

(113) Weber parle de « transfiguration éthique » du travail et du gain.

(114) Sur le « désenchantement du monde », cf. «Présentation », in Soc. rel., 108–109, 120.

(115) GARS I, 182; traduit par « mentalité »in EP, 225.

(116) Soc. rel., 144. Sur la notion de « conduite de vie », cf. infra.

(117) GARS I, 183 ; ici encore, Weber a recours au verbe müssen pour marquer la puissance de cette influence qui devait, en toute probabilité, s'exercer ; ce « devait » se transorme, dans la traduction française, en « a pu » (EP, 226).

(118) Soc. rel., 148 ; cf. aussi : « style de vie éthique adéquat au capitalisme naissant de l'époque moderne » (op. cit., 136).

(119) Op. cit., 312.

(120) Cf. « Presentation », Soc. rel., 69–71.

(121) Op. cit., 312.

(122) À la demande de la Rédaction, j'ai dûréduire sensiblement mon texte et réserver pour une autre étude la reconstruction de l'argumentation wébérienne dans sa globalité. Pour de plus amples développements, cf. Grossein, Jean-Pierre, Peut-on lire en français L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme (Marseille, SHADYC [CNRS-EHESS], 1998), multigraphié, 51 p.Google Scholar

(123) Cf. Mandrou, Robert, Capitalisme et protestantisme : la science et le mythe, Revue Historique, 235, 1966, 101106.Google Scholar

(124) Est-il outrancièrement polémique, au vu de ce bilan, de se demander en quoi a bien pu constituer le travail de relecture et de révision imputé en fin d'ouvrage (EP, 318) à Louis Dumont, Éric de Dampierre, Henri Dussat Jean Séguy ? À la différence de la traduction anglaise de L'Éthique protestante, dont on a pu montrer que les défauts tenaient, pour une part du moins, à une lecture biaisée qu'en avait faite Parsons à travers ses propres théorisations naissantes (cf. supra, note 21), les errements de la traduction française n'obéissent à aucun principe, hormis à celui de l'incompétence. Certains lecteurs prennent prétexte du ton souvent acerbe de mes critiques pour refuser de débattre sur le fond. Cf. récemment Noiriel, G. (Max Weber et le sens des limites, Geneses, 32, 1998, 140155)CrossRefGoogle Scholar qui, rendant compte de mon travail dans Max Weber, Sociologie des religions (Gallimard, Paris, 1996)Google Scholar, déploie toute sa sagacité sociologique en lisant, dans ma critique des traductions existantes, l'expression toute crue de l'intérêt d'un traducteur pour une extension de son marchée de travail. Cet argument me paraît ausi subtil que si j'expliquais à mon tour la réticence de G. Noiriel devant de nouvelles traductions en suggérant qu'il renâcle à l'idée de devoir changer ses références bibliographiques ! Notre critique semble ignorer que, dans le cursus d'un chercheur en sciences sociales, le travail de traduction cst moins « payant » que la glose, quelle qu'en soit la qualité. Pas un mot, en revanche, sur le fond du problème : le travail de traduction, appuyé sur une reconstruction des dispositifs conceptuels mobilisés par l'auteur — d'où un choix de textes et de traductions, dont j'assume seul la responsabilité —, redresse-t-il ou non la compréhension de l'œuvre wébérienne et des problémes posés par les traductions françaises, cf. Isambert, F.A., c. r. de Soc. rel., Revue française de sociologie, XXXIX2, 1998, 438444.Google Scholar

(125) À paraître aux Éditions Gallimard : L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, édition critique présentée, annotée et traduite par J.P. Grossein, avec la collaboration de Fernand Cambon.