Selon les stoïciens, il y a en tout être vivant une impulsion vitale, un élan de la nature qui le porte à persévérer dans son être. En la plupart des êtres, cette inclination naturelle (ρμ) est fatale, aveugle et inconsciente. Chez l'homme, au contraire, cette tendance initiale s'élève peu à peu à la conscience et se transforme ainsi en désir. Il semble bien que l'ρμ stoïcienne présente quelque analogie avec le conatus spinoziste. Spinoza, en effet, affirme que chaque chose s'efforce de persévérer dans son être : « Unaquaeque res, quantum in se est, in suo esse perseverare conatur». Cet effort, quand il se rapporte à 1'homme considéré comme formé d'une âme et d'un corps, est appelé appétit. Quant au désir, il n'est autre chose que l'appétit avec conscience de lui-même : «Il n'y a nulle différence entre l'Appétit et le Désir, sinon que le Désir se rapporte généralement aux hommes, en tant qu'ils ont conscience de leurs appétits ». A ce niveau, il existe done une étrange ressemblance entre le désir selon les Stoïciens et le désir selon Spinoza, puisque tous deux ont une racine commune, à savoir la tendance de l'être à persévérer dans son être : le désir est cette tendance elle-même, telle qu'elle se manifeste chez l'être raisonnable, conscient de ses appétits.