Nous voudrions montrer que, contrairement à une opinion que certains groupes de pression font tout pour répandre, le droit à la vie a pour corollaire la peine de mort comme pierre angulaire de la justice pénale. Nous passerons en revue quelques unes des raisons avancées pour l'abolition de cette peine: boucherie sauvage, rituel barbare, assassinat légal, et nous répondrons comme Socrate à Polos: « ce n'est pas un argument que tu nous opposes ici, c'est un épouvantail ». Nous montrerons ensuite que quelque répugnance que doive éprouver tout homme de sens et de coeur à appliquer une telle peine, quelque disposition qu'il ait à la mansuétude et à la miséricorde, et en raison même de ces dispositions, il doit admettre aussi que la justice pénale est condamnée à perdre tout critère objectif lorsqu'on exclut ce principe qu'ôter la vie du prochain, ou la mutiler gravement, expose à perdre la sienne. Or il n'est pire danger pour le respect des droits humains que le subjectivisme moral et juridique: ce qui rend presque vaine la question de savoir si la peine de mort est un « déterrent » efficace ou inefficace. En outre si elle est juste, elle est respect du coupable qui la doit subir, et par conséquent, contrairement à ce qu'une certaine démagogie sen-timentale avance, signe et facteur d'humanité. Il est significatif que Socrate et Jésus, qui l'ont subie injustement, n'aient jamais mur-mure contre elle. Au contraire Robespierre, qui était pour l'abolition en 1789, fit de la guillotine la première institution de l'Etat en 1793. Une humanité abolitionniste peut craindre de connaître en pire le même destin.