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Teilhard et la Philosophie

Published online by Cambridge University Press:  09 June 2010

Jean Langlois
Affiliation:
Collège de l'Immaculée-Conception, Montréal

Extract

Nous abordons en ce moment un aspect de l'ceuvre teilhardienne qui a suscité et suscite encore de nombreuses discussions. D'une part, Teilhard déclare à plusieurs reprises vouloir s'en tenir à un point de vue strictement scientifique:

Pour être correctement compris, le livre que je présente ici demande à ^tre lu, non pas comme un ouvrage métaphysique, encore moins comme une sorte d'essai théologique, mais uniquement et exclusivement comme un mémoire scientifique (P.H., p. 21).

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1965

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References

1 de Chardin, Pierre Teilhard, Œuvres, Éditions du Seuil, Paris, 1955–1963Google Scholar: 7 volumes parus. Nous étudions principalement le tome I: Le Phénomène Humain (désigné par le sigle: P.H.). Pour une bibliographie complète sur Teilhard, voir: Essais sur Teilhard de Chardin, “Recherches et Débats” no 40, A. Fayard, Paris, octobre 1962, pp. 101–148 (la liste s'est allongée depuis…). Sur le problème traité ici, voir en particulier: Claude Soucy, “Teilhard de Chardin est-il un philosophe?” dans Essais sur…, op. cit., pp. 23–44; également le numéro d'octobre 1963 de la revue Esprit (Paris).

2 “L'Humanité, sans le goût de vivre, cesserait bientôt d'inventer et de créer pour une œuvre qu'elle saurait d'avance condamnée. Et, atteinte à la source même de J'élan qui la soutient, de nausée ou par révoke, elle se désagrégerait et tomberait en poussière” (P.H., p. 257). Sur cette préoccupation de Teilhard, voir: ses Lettres de voyage, Éditions Grasset, Paris.

3 Œuvres, t. 7: L'Activation de l'énergie, “Du cosmos à la cosmogénèse", pp. 259–278.

4 “L'espéce humaine passera, comme ont passé les Dinosaures et les Stégocéphales… Peu à peu, la petite étoile qui nous sert de soleil abandonnera sa force éclairante et chauffante… Toute vie alors aura cessé sur la terre, qui, astre périmé, continuera de tourner sans fin dans les espaces sans bornes…” Rostand, Jean, La vie et ses problèmes, Flammarion, Paris, 1939, p. 203Google Scholar.

5 Cf. Hoyle, Fred, The Nature of the Universe, Blackwell, Oxford, 1960, p. 97Google Scholar: “No literary genius could have invented a story one-hundredth part as fantastic as the sober facts that have been unearthed by astronomical science.”

6 “Ainsi, à partir des grains de Pensée formant les véritables et indestructibles atonies de son Étoffe, l'Univers… va se construisant sur nos têtes, en sens inverse d'une Matière qui s'évanouit:… la Noosphère atteindra collectivement son point de convergence, à la ‘Fin du Monde’ ” (P.H., p. 302–303).

7 Cuénot, Lucien, L'Évolution biologique. Masson et Cie, Paris, 1951, p. 17Google Scholar; le tableau est reproduit dans le P.H. à la p. 146.

8 En 1937, dans le tome V de l'Encyclopédie française, M. Paul Lemoine, professeur au Museum des Sciences naturelles de Paris, écrivait des pages très fortes contre “la théorie de l'Évolution”: “le tome IV de l'Éncyclopédie française marquera certainement une date dans l'histoire de nos idées sur l'Évolution: il ressort de sa lecture que cette théorie semble à la veille d'être abandonnée”. Tome V: Les êtres vivants. Plantes et Animaux. pp. 5–82–3. Nous ne prenons évidemment pas à notre compte cette affirmation: e'est aux hommes de science d'en juger. Nous signalons simplement que le tome V est une œuvre de collaboration rédigée par les grands noms de la science françise: Lucien Cuénot, Pierre-P. Grassé, Camille Arambourg, Paul Lemoine et al. Les lignes citées ci-dessus sont empruntées à la longue conclusion écrite par M. Lemoine. Selon lui, les faits accumulés dans les tomes IV et V de l'Encyclopédie montrent 1) qu'il faudrait reculer l'évolution dans un passé fabuleux et inaccessible; 2) que dès le Cambrien presque tous les types d'animaux et de végétaux existaient; 3) que pour certaines lignées il n'y a pas d'évolution [pp. 5–82–7]; 4) que d'après les principes de l'Évolution, les êtres les moins perfectionnés devraient être les plus anciens, mais qu'il y a trop d'exceptions à cette loi pour la rendre admissible [pp. 5–82–6]. Ce tome V de l'E.F. n'a pas encore été modifié dans la ré-édition actuellement en cours, alors que le tome IV [La Vie] a été entièrement refondu [1960]. A notre avis, on trouve un exposé plus nuancé et plus juste de la question dans le petit livre de Rémy Collin, L'Évolution, hypothèses et problèmes, Fayard, Paris, 1958.

9 Einstein, A., Comment je vois le monde, Flammarion, Paris, 1939Google Scholar; Sir James Jeans, The Universe around us, Cambridge University Press; Fred Hoyle, The Nature of the Universe, op. cit.

10 A. Einstein, Comment je vois…, op. cit., pp. 8 et 37.

11 Cf. Garaudy, Roger, Perspectives de l'homme, P.U.F., Paris, 1959, pp. 170223, surtout pp. 196–203Google Scholar.

12 P.H., p. 21; à comparer avec le texte suivant de Staline: “Par son essence la dialectique est tout l'opposé de la métaphysique. (…) Contrairement à la métaphysique, la dialectique considère le processus du développement, non comme un simple processus de croissance, où les changements quantitatifs n'aboutissent pas à des changements qualitatifs, mais comme un développement qui passe des changements quantitatifs insignifiants et latents à des changements apparents et radicaux, à des changements qualitatifs” dans Histoire du Parti Communiste Bolchévik de l'U.R.S.S., (4e éd.), Moscou, 1939, pp. 100–101.

13 P.H., p. 69. Sur ce point l'ouvrage fondamental est la thèse de Madeleine Barthélemy-Madaule, Bergson et Teilhard de Chardin, Éd. du Seuil, Paris, 1963. Pour elle l'œuvre de Teilhard apporte une façon nouvelle de comprendre l'univers par son idée de synthèse évolutive. En cela elle est philosophique. La synthèse du devenir est elle-même en devenir, selon Teilhard, alors que Bergson semble douter de la possibilité d'une telle synthèse. Cf. Cahiers Pierre Teilhard de Chardin, no 4, La Parole attendue, Éd. du Seuil, Paris, 1963, pp. 116–131; 153–159; R. Garaudy, Perspectives…, op. cit., p. 176; P. Grenet, Pierre Teilhard de Chardin ou le Philosophe malgré lui, Beauchesne, Paris, 1960, p. 146.

14 D. Dubarle, “A propos du ‘Phenomene Humain’” dans La Vie intellectuelle, mars 1956, p. 12, n. 3. C'est aussi de Hegel que Claude Soucy rapproche Teilhard dans “Teilhard est-il un philosophe?” art. cit., pp. 36–42.

15 Hegel, , Phénoménologie de l'Esprit, trad. Hyppolite, J., Aubier, Paris, 1939, t. I, p. 247Google Scholar.

16 Cf. P. Grenet, Pierre Teilhard de Chardin…, op. cit.; nous nous sommes expliqué plus longuement sur ce point dans un article de la revue Sciences Ecclésiastiques (Montréal), mai 1964, pp. 321–349.

17 C. D'Armagnac, “Philosophic de la Nature et Méthode chez le Père Teilhard de Chardin” dans Archives de Philosophie, t. 20 (1957), pp. 5–41.

18 L. Cuénot, L'Évolution…, op. cit.; Louis Bounoure, Déterminisme et Finalité, Flammarion, Paris.

19 Jacques Natanson, “Philosophic ou mystique” dans Esprit, oct. 1963, pp. 369–374.

20 “Je ne vois pas ce qui, en dehors de l'acte de foi dont parle Crespy, peut donner sa cohérence à la synthèse teilhardienne”. J.-M. Domenach, “Le personnalisme de Teilhard de Chardin” dans Esprit, oct. 1963, p. 349.