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Philosopher, c'est apprendre à mourir
Published online by Cambridge University Press: 09 June 2010
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Il nous paraît assez significatif qu'au long de l'histoire de la philosophic, la quête du sens de l'existence se soit développée, quoique sous des modes différents, dans une étroite relation avec le dévoilement de la mort. Dans son effort de se donner la réalité, l'activité rationnelle effectue une séparation avec cette réalité, reproduisant ainsi la coupure originelle des êtres vécue dans l'expérience du changement; cependant, nous croyons déceler dans cette activité même une action sur cette séparation, une conquête, une maîtrise, qu'elle prenne la forme du défi ou de l'assomption. L'exercice de mort caractéristique de la philosophic serait-il done le prélude d'une création?
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- Dialogue: Canadian Philosophical Review / Revue canadienne de philosophie , Volume 11 , Issue 3 , September 1972 , pp. 337 - 347
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- Copyright © Canadian Philosophical Association 1972
References
1 Il ne peut, en définitive, comprendre son existence, c'est-à-dire sa vie et sa mort, parce qu'il ne peut pas la saisir et la dominer, “Il lui faudrait être hors de sa propre existence. La mort lui rappelle que le projet qu'il a souvent caressé, ce projet d'être une liberté si totale qu'il puisse assigner un sens dernier à sa vie et à sa mort, est chim´rique. Il y a une limite au dédoublement réflexif par lequel je me situe hors de moi-même. La mort marque précisément cette limite absolue. Elle survient, elle entre dans mon existence sans que je puisse rien réserver qui lui échappe. Elle m'avertit done de ma coincidence absolue avec moi-même.” (Mehl, Roger; Le Vieillissement et la mort, Paris, 1962, p. 136)Google Scholar.
2 Jankélévitch, Vladimir, La Mort, Paris, 1966, p. 7Google Scholar.
3 Les théories sur la perception de la mort varient. La mort serait déduite à partir de la mort de l'« autre » (Landsberg), elle constituerait un « phénomene » absolu (Scheler). On peut également lier la croyance en l'immortalité à une incapacité de comprendre la nature de la mort.
4 On pourrait considérer cette dialectique vie-mort comme un a priori. Il s'enracine pourtant dans une expérience, celle-là même qui provoque l' étonnement, dès les premiers balbutiements de la pensée philosophique.
5 Homère, Odyssée, chant II.
6 Théognis, V. 244, 702–708; Anacréon, Anacreonta, 36.
7 «A l'pintérieur de la terre, je reposerai comme une pierre sans voix»(Theognis, V. 568–569).
8 « La mort, c'est le néant » (Euripide, Alceste, V. 381, 387).
9 Eschyle, Agamemnon, V. 1451.
10 Les âmes se purifient au cours du cycle des naissances pour se retrouver dans le divin.
11 Nous pensons au monisme de Thalès. L'eau étant immortelle, les êtres retournent à l'immortalité après leur existence individuelle. Pour sa part, Anaximandre met en question l'existence passageère. Des ètres pÉrissent pour que d'autres naissent; le Tout demeure. Il y a aussi Parménide et Empédocle pour qui le flux constant de la vie se dégage sur un fond de permanence.
12 Diels, Fr. 77, 62.
13 Leucippe, Démocrite.
14 Cornford, F.M., From Religion to Philosophy, New York, 1957, p. 199. Nous traduisonsGoogle Scholar.
15 Laërce, Diogène, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, VIII, 278Google Scholar.
16 Platon attribue à Pythagore le « plan de vie homérique » (République, X, 600 b 1).
17 Platon, Phédon, 64 a. Tr. Robin.
18 Platon, Phédon, 80 b.
19 Ibid., 64 c, 67 d.
20 Ibid., 67 c.
21 Phédon, 67 b, 68 b.
22 Platon, Gorgias, 49a e, Euripide, Polyidos, Jr., 639, N.
23 La formation de soi implique un affranchissement. Sur ce point, l'étude psychanalytique et philosophique de Yvan Brès est significative; il avance que la mort platonicienne tient de l'exercice psychosomatique pythagoricien et de la « mort aux passions » de la morale, tout en les dépassant dans sa « spiritualité » (La Psychologie de Platon, Paris, 1968, pp. 191–192)Google Scholar.
24 Brun, Jean, Le Stoïcism, Paris, 1958, p. 81Google Scholar.
25 Stobée, Eclogae, I, p. 106, 5 W; Arius Didyme, Diels, fr.26 (Arnim, SUF, II, 509).
26 Cicéron, , De Senectute, XIX, 70Google Scholar.
27 « Epicure dit que le temps est l'accident des accidents, c'est-à-dire l'accompagnement des mouvements » (Usener, Epicurea, 294).
28 Cicéron, Tusculanae Disputationes, V, 2.
29 Cicéron, Tusculanae Disputationes, I, 31.
30 Ibid., I, 30; à comparer avec le texte de Platon, Phédon, 67 d.
31 Sénèque, Lettre XXVI, tr. Charpentier.
32 Ambroise, Saint, De Bono Mortis, I, 2, Corpus Ecclesiasticorum Latinorum, XXXII, 1, p. 703Google Scholar.
33 Ambroise, Saint, De Bono Mortis, IV, 13, Corpus Ecclesiasticorum Latinorum, XXXII, 1, p. 714Google Scholar.
34 Cicéron, Tusculanae Disputationes, I, 25.
35 A ce sujet, voir Testard, Maurice, Saint Augustin et Cicéron, Paris, 1958, pp. 123–125Google Scholar.
36 XIII, 9; XIX, 4.
37 De Civitate Dei, XIX, 4.
38 Saint Augustin, De Trinitate, IV, I (2), Corpus Christianorum, series latina, L, pp. 160–161.
39 Le christianisme adopta cette sagesse. Par exemple, saint Benoît demande au moine d'avoir « La mort chaque jour présente devant les yeux » (Règle, chap. IV, précepte 47), de faire de sa vie une mort recommencée. Dans une lettre, saint Jérôme fait sienne la maxime du Phédon (Lettre LX).
40 Ecclésiastique, VII, 36: « Dans tout ce que tu fais, souviens-toi de ta fin et tu ne pécheras jamais ».
41 Clichtove, Josse, De Doctrina Moriendi, Paris, 1520, fol. 26Google Scholar. Clichtove emprunte la maxime aux Tusculanes de Cicéron, mais l'attribue à Platon.
42 Montaigne, Essais, I, 20. La première partie de la citation est tirée de Cicéron. Dans la seconde, nous reconnaissons Sénèque.
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- Cited by