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L'Autoposition du moi par la conscience morale1
Published online by Cambridge University Press: 09 June 2010
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Le thème le plus fréquemment modulé par la philosophie actuelle, celui de l'intentionnalité de la conscience, s'inscrit à vrai dire dans le courant le plus constant de la philosophia perennis. Il s'agit du souci de rechercher le statut de l'esprit aux prises avec les objets qui ne sont tels que par rapport à sa présence. Un représentant accrédité de la philosophie contemporaine écrit que « le problème de l'existence du monde extérieur ne présente à la rigueur aucun sens quelconque ». En effet, le monde extérieur est affirmé par la conscience immédiate et la tâche dévolue a la conscience réfléchissante, c'est de revenir sur ces données pour les thématiser et établir les rapports essentiels qui les constituent dans l'existence. Une conscience pure qui existerait avant tout contact avec ce qui n'est pas elle semble bien un rêve à jamais évanoui. Avant la mise entre parenthèses prônée par Husserl, la philosophie cartésienne nous assurait que « tout état de conscience en général est en lui-même conscience de quelque chose, quoi qu'il en soit de l'existence réelle de cet objet et quelque abstention que je fasse de la position de cette existence ». Les termes d'intentionnalité et de visée intentionnelle caractérisent cette particularité de la conscience d'être toujours au moins conscience de quelque chose.
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- Articles
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- Dialogue: Canadian Philosophical Review / Revue canadienne de philosophie , Volume 3 , Issue 1 , June 1964 , pp. 1 - 24
- Copyright
- Copyright © Canadian Philosophical Association 1964
References
2 G. Marcel, Journal métaphysique, p. 26.
3 Descartes, Meditationes, III, A.T., VII, 40.
4 Journal intime, éd. Naville, p. 233.
6 Gabriel Madinier, philosophe lyonnais (1895–1958).
Sa pensée s'inscrit dans le courant de la philosophie spiritualiste française tout en étant largement ouverte aux autres orientations de la philosophie contemporaine.
6 « L'enseignement de la philosophic », art. de Pierre Joulia, Recherches et Débats, A. Fayard, Cahier no 36, 1961, p. 174.
7 G. Madinier, Conscience et Amour, p. 4.
8 G. Madinier, Conscience et Amour, p. 16.
9 L. Brunschvicg, De la connaissance de soi, P.U.F., 2e éd., 1956, p. 2.
10 L. Lavelle, De l'intimité spirituelle, Aubier, 1955, p. 92.
11 L. Lavelle, De l'intimité spirituelle, p. 83.
12 Ibid., p. 84.
13 P. Ricœur, Philosophie de la volonté, p. 298.
14 Tenu à Montpellier en 1961.
15 Simone de Beauvoir, Pour une morale de l'ambiguïté, N.R.F., p. 114.
16 G. Madinier, Conscience et Amour, p. 16.
17 Francis Jeanson, Sartre par lui-même, Éd. du Seuil, p. 188.
Jeanson rapporte que Sartre a toujours eu le sentiment « d'une sorte d'absolu en lui-même, d'une certaine évidence personnelle contre laquelle personne ne peut rien: sentiment qui n'implique aucune idée de supériorité sur les autres mais au contraire leur reconnaissance, l'assurance qu'il en va de même pour eux ». Ibid., p. 187.
18 G. Madinier, Conscience et Amour, p. 16.
19 Ibid., p. 107. Cf. Maurice Nédoncelle, La réciprocité des consciences, Aubier, 1942.
20 Emerson, « Le poète ». Essais, p. 134.
21 Jean Nabert, Éléments pour une éthique, p. 72.
22 Ibid., p. 72.
23 J. P. Sartre, L'Être et le Néant, p. 116.
24 Ibid., p. 120.
25 Ibid.
26 Par cette analogie, nous ne voulons pas laisser entendre que la conscience serait une pure puissance; une puissance de négation renvoie à la liberté, comme ce qui est au-dessus des déterminations. Nous nous référons volontiers à l'analyse que Paul Ricœur fait du projet (pouvoir-faire). « La puissance instituée en moi par le projet est donc toujours en avant de moi comme pouvoir corporel de réaliser et pouvoir ultérieur de décider. Telle est la possibilité de moi-même, non explicitement réfléchie, qui est mise en jeu chaque fois que je forme un projet. Elle signifie: ce que je serai n'est pas déjà donné, mais dépend de ce que je ferai. Mon pouvoir-être est suspendu à mon pouvoir-faire. II apparaît alors que la puissance dont il est ici question n'est pas la puissance nue des métaphysiciens, qui, au moins logiquement, précède l'acte, bref, la « hylé » indéterminée; la première puissance que nous rencontrons, c'est celle qui inaugure l'acte en avant de soi. Au regard de cette puissance, l'indétermination comprise comme indécision est impuissance ». P. Ricœur, Philosophie de la volonté, Aubier, p. 62.
27 J.-P. Sartre, L'Être et le Néant, p. 121.
28 Ibid., p. 126.
29 G. Madinier, La conscience morale, p. 36.
A propos de l'en-soi, Nédoncelle écrit: « Le concept vénérable de l'en-soi par lequel on veut définir la substance a-t-il droit à une place quelconque en philosophie ? Il n'y a pas d'en-soi mais des « en-moi », « en-toi » et « en-nous ». La Réciprocité des consciences, p. 151.
30 G. Madinier, Conscience et Signification, p. 63.
31 J.-P. Sartre, L'Être et le Néant, p. 125.
« Si le critique veut s'attaquer à Sartre, c'est plutôt aux fondements du système qu'il convient qu'il s'attaque, c'est-à-dire à ces mythes de l'en-soi, du pour-soi, du néant, de l'être ». Jean Wahl, Tableau de la philosophie française, N.R.F., 1962, p. 165.
32 G. Madinier, Conscience et Signification, p. 63.
33 A. Camus, Le Mythe de Sisyphe, N. R. F., p. 17.
34 J. Nabert, Éléments pour une éthique, p. 28.
35 Ibid., p. 70.
36 Ibid., p. 102.
37 G. Madinier, La conscience morale, p. 29.
38 G. Madinier, Conscience et Mouvement, pp. 441–443.
A propos de la Phénoménologie de la Perception, Madinier considère que les analyses phénoménologiques sont relatives à un premier degré de conscience motrice. Le deuxième degré de conscience est celui où le sujet se pose distinct du monde. « L'existence-au-monde ne serait qu'un envoûtement, qu'un rêve éteint en même temps que vécu, si la conscience ne se détachait de ce monde, si peu qu'on voudra, mais ne s'en détachait assez pour se posséder en ellemême, comme à la fois présente au monde et distincte de lui ». G. Madinier, Conscience et Signification, p. 46.
39 Cf. M. Blondel, L'Action (1893), p. 122: « C'est par une illusion, aussi contraire que possible à l'esprit de la science, qu'en affirmant la vérité du déterminisme, on se persuade nier la liberté, comme si diverses formes de phénomènes n'étaient pas compatibles; ou comme si, par exemple, les lois de la pesanteur pouvaient exclure la spontanéité des fonctions vitales ».
40 Cf. J. -P. Sartre, L'existentialisme est un humanisme, Nagel, 1962, p. 17.
41 G. Madinier, Conscience et Signification, pp. 49–50.
42 M. Blondel, L'Action (1893), p. 125.
43 M. Blondel, L'Action (1893), p. 139.