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La logique de l'auto-identité absolument contradictoire de Nishida*

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Jacynthe Tremblay
Affiliation:
Université de Montréal

Extract

La notion d'« auto-identité absolument contradictoire » du penseur japonais Nishida constitue le fondement de sa philosophie. Élaborée entre 1925 et 1945, elle permet d'établir une comparaison avec la philosophie occidentale puisqu'elle rejoint un thème privilégié en philosophie comparée, celui de la contradiction.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1994

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References

Notes

1 Les œuvres de Nishida ont été publiées sous le titre Nishida Kitarō zenshū (Œuvres complètes de Nishida Kitarō), 19 vol., Tokyo, Iwanami shoten, 1965Google Scholar. À l'avenir, NKZ.

2 Axtell, Guy S., «Comparative Dialectics : Nishida Kitarō's Logic of Place and Western Dialectical Thought», Philosophy East and West, vol. 41 (1991), p. 163184CrossRefGoogle Scholar; p. 163.

3 Kitarō, Nishida, «Zettai mujun teki jiko dōitsu» («Auto-identité absolument contradictoire»), dans NKZ, vol. 9, p. 160.Google Scholar

4 Voir, par exemple, Bourdieu, Pierre, Le sens pratique, Paris, Éd. de Minuit, 1980Google Scholar; Lloyd, G. E. R., Polarity and Analogy, Londres, Cambridge University Press, 1966Google Scholar.

5 Voir Guy S. Axtell, «Comparative Dialectics…», p. 164.

6 Voir Suzuki Toru, Nishida Kitarō no seikai (Le monde de Nishida Kitarō), Tokyo, Keisō Shobō, 1985.

7 À propos de la logique du prédicat, voir Kitarō, Nishida, «Jutsugo teki ronri shugi» («Logique du prédicat»), dans NKZ, vol. 5, p. 58122.Google Scholar

8 Voir Kitarō, Nishida, «Watashi no ronri ni tsuite» («À propos de ma logique»), dans NKZ, vol. 12, p. 265266.Google Scholar

10 Kitarō, Nishida, «Jikaku ni tsuite» («À propos dejikaku»), dans NKZ, vol. 10, p. 485Google Scholar. Voir également p. 482–483 et 488–489.

11 Nishida Kitarō, «Zettai mujun teki jiko dōitsu» («Auto-identité absolument contradictoire»), dans NKZ, vol. 9, p. 208.

12 Ibid., p. 210. Voir également p. 175, 179, 207, 221.

13 Voir, par exemple, Nishida Kitarō, «Zettai mujun teki jiko dōitsu» («Autoidentité absolument contradictoire»), dans NKZ, vol. 9, p. 174–175, 179, 194.

14 Carter, Robert E., The Nothingness Beyond God. An Introduction to the Philosophy of Nishida Kitarō, New York, Paragon House, 1989, p. 59Google Scholar. Voir également NKZ, vol. 11, p. 398–399.

15 Nishida Kitarō, Zen no kenkyū (Étude du bieri), dans NKZ, vol. 1, p. 9.

16 Voir Yūjirō, Nakamura, «Nishida : le premier philosophe original au Japon», Critique, vol. 39, nO428–429 (1983), p. 3254Google Scholar; p. 52.

17 Dans son essai intitulé «Zettai mujun teki jiko dōitsu» (« Auto-identité absolument contradictoire»), Nishida réinterprète la dialectique hégélienne à partir de sa logique paradoxale; il mentionne ceci: «Si on considère la thèse comme étant le passé et les choses fournies, des négations et des avenirs innombrables se constituent en s'y opposant. Mais le passé est établi à la manière de l'auto-identité contradictoire; ce qui établit le passé à la manière de l'auto-identité contradictoire établit le vrai avenir; autrement dit, l'antithèse se constitue. Le monde est créateur comme auto-identité contradictoire; pareille antithèse doit se constituer dans la mesure où il s'agit d'un monde vivant. Cependant, plus cette opposition contradictoire devient profonde et grande, c'est-à-dire plus elle est vraiment une opposition contradictoire, plus un monde nouveau est créé de manière auto-identique contradictoire; il s'agit là de la synthèse. Plus le passé et l'avenir infinis s'opposent contradictoirement dans le présent, plus on retrouve une grande création. Le fait qu'un nouveau monde est créé n'est pas le fait que le monde du passé est simplement nié ou qu'il disparait; ce dernier est faitaufheben [aufheben serareru] comme dans la dialectique. Dans le monde historique, le passé infini est fait aufgehoben [aufgehoben sareru] dans le présent. […] Il n'y a pas de synthèse sans opposition, mais il n'y a pas non plus d'opposition sans synthèse. La synthèse et l'opposition doivent être complètement une en étant deux. […] La synthèse n'est pas une synthèse qui nie la contradiction. Done, elle se meut aussi de maniere autocontradictoire comme auto-identité contradictoire» (NKZ, vol. 9, p. 163–165).

Pour un exemple d'interprétation hégélienne de Nishida, voir Kim, Ha Tai, «The Logic of the Illogical: Zen and Hegel», Philosophy East and West, vol. 5, nO1 (1955), p. 1929.CrossRefGoogle Scholar

18 Voir Kitarō, Nishida, Fundamental Problems of Philosophy, Tokyo, Sophia University, 1970, p. 189.Google Scholar

19 Outre la logique dialectique et la logique paradoxale, David A. Dilworth met en lumière deux autres opérateurs logiques dans l'histoire de la philosophie : logistique et synoptique. La logique logistique est une méthode d'opération discursive. Dilworth précise que «the logistic method is the form of textual articulation that intuits a variety of affine essences, ideas, or characters, and proceeds to relate them according to a rule of addition and substraction» (Dilworth, David A., «Postscript. Nishida's Logic of the East», dans Nishida Kitarō, Last Writings. Nothingness and the Religious Worldview, Honolulu, University of Hawaii Press, 1987, p. 142Google Scholar). On trouve cette méthode chez Descartes, qui procède par ajout d'idées claires et distinctes, et chez Hume, qui associe des idées simples afin de construire des ensembles complexes d'idées. Cette logique logistique se trouve déjà de manière embryonnaire chez Démocrite. Aujourd'hui, cette méthode est celle des ordinateurs (+1 ou – 1, ou 1 et 0, alternativement). La méthode synoptique, quant à elle, permet de légitimer les trois premiers types de logique et d'en classer les sous-espèces.

20 David A. Dilworth, «Introduction. Nishida's Critique of the Religious Consciousness », dans Nishida Kitarō, Last Writings. Nothingness and the Religious Worldview, p. 26.

21 La logique paradoxale de Nishida n'est pas le monopole de l'Orient. La «logique de l'Est» de Nishida n'exclut done en rien le dialogue interculturel. Selon Dilworth, Nishida n'a pas été suffisamment conscient des potentialités de dialogue interculturel impliquées dans sa structure logique (voir David A. Dilworth, «Postscript…», p. 130). D'ailleurs, l'etude de cette dernière a été centrée, jusqu'à présent, surtout sur la confrontation théologique entre l'Est et l'Ouest (École de Kyoto). Voir par exemple : Kasulis, Thomas P., «The Kyoto School and the West», The Eastern Buddhist, vol. 15, no2 (1982), p. 125144Google Scholar; Waldenfels, Hans, Absolute Nothingness: Foundations of a Buddhist-Christian Dialogue, New York, Paulist Press, 1980.Google Scholar

22 Guy S. Axtell, «Comparative Dialectics…», p. 174.

23 Nishida Kitarō, Tetsugaku no konpon mondai (Problèmes fondamentaux de la philosophie), dans NKZ, vol. 7, p. 29. Voir Kitarō, Nishida, Fundamental Problems of Philosophy, Tokyo, Sophia University, 1970, p. 14.Google Scholar

24 Voir Masao, Abe, «Non-Being and Mu. The Metaphysical Nature of Negativity in the East and the West», Religious Studies, vol. 11, no2 (1975), p. 181192Google Scholar; p. 181.

25 Ibid., p. 183.

26 Nagarjuna a établit l'École Mādhyamika et est considéré, en Chine et au Japon, comme le fondateur du bouddhisme mahayana. À propos de la philosophie de Nagarjuna, voir par exemple : Masao, Abe, «Zen and Western Thought» International Philosophical Quarterly, vol. 10, no4 (1970), p. 501541Google Scholar; Inada, Kenneth K., «Nāgārjuna and Beyond», Journal of Buddhist Philosophy, vol. 2 (1984), p. 6576Google Scholar; Tokuryū, Yamauchi, «Problems of Logic in Philosophy East and West», Japanese Religions, vol. 3, no3 (1963), p. 17.Google Scholar

27 Le terme sunyata renvoie à la non-substantialité de toute chose. Pour une étude exhaustive du sunyata, voir Keiji, Nishitani, Religion and Nothingness, Berkeley et Los Angeles, University of California Press, 1982.Google Scholar

28 Nishida Kitarō, «Rekishi teki sekai ni oite no kobutsu no tachiba» («La situation de l'individuel dans le monde historique»), dans NKZ, vol. 9, p. 77.

29 Nishida Kitarō, «Zettai mujun teki jiko dōitsu» («Auto-identite absolument contradictoire»), dans NKZ, vol. 9, p. 184.

30 Nishida Kitarō, «Jikaku ni tsuite» («À propos dejikaku»), dans NKZ, vol. 10, p. 479. Certains traducteurs de Nishida, notamment David A. Dilworth et Pierre Lavelle, ne tiennent souvent pas compte du mot dokomademo dans leurs traductions, le prenant peut-être pour une élégance de style ou une manie sous la plume de Nishida. Malheureusement, il s'agit là d'une omission qui risque de porter à conséquence pour la compréhension de la philosophie de Nishida.

31 Ibid., p. 482–483.

32 Ibid., p. 493.

33 Nishida Kitarō, «Jikaku ni tsuite» («À propos dejikaku»), dans NKZ, vol. 10, p. 481.

34 Nishida Kitarō, «Rekishi teki sekai ni oite no kobutsu no tachiba» («La situation de l'individuel dans le monde historique»), dans NKZ, vol. 9, p. 78. Voir également p. 76, 77, 84.

35 Nishida Kitarō, «Watashi to nanji» («Je et tu»), dansNKZ, vol. 6, p. 346. Voir égalementp. 351, 354, 355.

36 Nishida Kitarō, «Zettai mujun teki jiko dōitsu» («Auto-identité absolument contradictoire»), dans NKZ, vol. 9, p. 211. Voir égalementp. 148, 150, 154, 160, 164, 174, 217, 222.

37 Suzuki, Daisetz TeitarS, Manuel du bouddhisme zen, Paris, Dervy-livres, 1981, p. 26.

38 David A. Dilworth, «Introduction…», p. 27.

39 Cite par David A. Dilworth, «Introduction…», p. 33.

40 Voir Keiji, Nishitani, «Ku to soku» («Ku et soku»), dans Bukkyō shiso (vol. 5 : La pensée bouddhiste), Tokyo, Risosha, 1982, p. 4Google Scholarsqq. Je m'inspire ici du commentaire qu'en fait Yagi Seiichi dans Seiichi, Yagi et Swidler, Leonard, A Bridge to Buddhist-Christian Dialogue, Mahwah, Paulist Press, 1990, p. 73152.Google Scholar

41 Ibid., p.75.

42 Ibid., p. 77.

43 Nishida met encore en lumière sa notion d'auto-identité contradictoire à l'aide de celle de «polarité inverse» (kyaku tai ō). Cette notion se rapproche du «paradoxe absolu» de la subjectivité religieuse existentielle de Kierkegaard (voir Kierkegaard, Sören, Concluding Unscientific Postscript, Princeton, Princeton University Press, 1941, p. 140219Google Scholar et 313–316. Dans cet ouvrage, Kierkegaard trace la ligne de démarcation entre le «paradoxe absolu» et la dialectique de Hegel). Nishida et Kierkegaard articulent le «paradoxe absolu», la «présence et l'absence», «l'absolu et le relatif» sous un même mode paradoxal.

44 Nishida Kitarō, «Jikaku ni tsuite» («À propos dejikaku»), dans NKZ, vol. 10, p. 480.

45 Ibid., p. 479.

46 Ibid., p. 492.