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Published online by Cambridge University Press: 05 May 2010
Le problème que nous allons tenter de résoudre dans cet article pourrait être énoncé succinctement de la façon suivante: comment convient-il d'interpréter ce titre de Méditations sur la philosophie première que Descartes a donné au petit livre dans lequel il expose sa métaphysique. Ce titre peut en effet être interprété de trois façons, dont deux, à tout le moins, diffèrent sensiblement. Ce titre peut désigner, d'une première manière, les résultats de la recherche à laquelle s'est effectivement livré le penseur, ces résultats s'énonçant alors sous la forme d'un ensemble de thèses ou de propositions philosophiques dont le contenu renvoie à autre chose qu'à l'activité de pensée qui les a produites. D'une seconde façon, cependant, le terme de méditations peut désigner cette activité elle-même et, dans ce cas, les Méditations constitueraient moins un ensemble d'énoncés théoriques à caractère véritatif que la description d'un processus de recherche et de découverte plus ou moins réussi.
1 Ce titre n'est pas complet. Nous reviendrons sur ce probléme tout de suite après cette introduction. Pour I'instant, c'est avant tout à ce terme de méditations que nous voulons nous attacher.
2 Nous allons intégrer dans le corps de notre texte nos renvois. assez nombreux. aux œuvres de Descartes. Les Méditations seront désignées par la letter «M», les Réponses mix objections par la lettre «R» precedee d'un chiffre (2R = Secondes Réponses, par ex.). les Principes de la philosophie par la letter «P» et la correspondance par la lettre «C». Le premier chiffre qui suivra Tune de ces lettres renvoie a la page qui y correspond dans l'édition française des œuvres de Descartes qu'a publiée André Bridoux dans la Bibliotheque de la Pléiade (Paris, Gallimard, 1953). Le second chiffre renvoie au texte original de l'œuvre citée, tel qu'on peut le trouver dans l'édition des œuvres de Descartes par Ch. Adam et P. Tannery (Paris, Vrin, rééd. 1964 et 1969). four les Méditations et les Réponses mix objections, notre pagination renvoie, à une exception près, au texte latin reproduit dans le tome 7 de l'édition Adam et Tannery. Pour les Principes, c'est au tome 8, partie I, qu'il faut se reporter. Dans le seul cas de la correspondance, qui est contenue dans plusieurs tomes de l'édition Adam et Tannery, nous ferons suivre le numéro de la page de l'indication du tome auquel cette pagination renvoie. La parenthèse qui suit notre première citation doit done, selon ce code, se lire: Correspondance, Bridoux, p. 988 et Adam et Tannery p. 502, tome l.
3 Voir 2R 390/160 et C 1124/393 t. 3. Pour les Cartésiens, voir le chapitre I de la première partie de la Logique de Port-Royal. Voir aussi, Louis de la Forge, Traité de l'esprit de l'homme Chap. X et Spinoza, Principia Philosophiae Cartesianae, Pars I, déf. II.
4 Meditationes de Prima Philosophia in qua Dei Existentia et Animae Immortalitas Demonstrantur.
5 Méditationes de Prima Philosophia, in quibus Dei Existentia, et Animae Humanae a corpore Distinctio Demonstrantur.
6 Voir à ce sujet, 2R 368/131 et C 991/560 t. 1.
7 « Mais je vois bien ce que vous voulez dire, c'est à savoir que, n'ayant écrit que six Méditations touchant la première philosophic, les lecteurs s'étonneront que, dans les deux premiéres, je ne conclue rien autre chose que ce que je viens de dire tout maintenant, et que pour cela ils les trouveront trop stériles, et indignes d'avoir été mises en lumière» (2R 367/130).
8 Par exemple. dans la Lettrc à Clersclier cn réponse aux cinquièmes objections, partie 10. (512/206 t. 9). Voir aussi, 2R 375/140 et P 576/9.
9 Je fermerai maintenant les yeux, je boucherai mes oreilles…» (M 284/34).
10 Le texte latin ne parle que de «choses métaphysiques». L'adjonction du terme « immatérielles» dans la traduction française, revue et corrigée par Descartes lui-même, on le sait, est significative.
11 En exceptant les anges dont s'occupe en propre la théologie. La théologie diffère par ailleurs elle-même de la métaphysique en ce que les études poursuivies dans cette dernière discipline ne sont soumises qu'à l'autorité de la raison (C 932/143 t. 1).
12 «Car quoique je remarque cette faiblesse en ma nature que je ne puis continuellement attacher mon esprit à une même pensée, je puis toutefois par une meditation attentive et souvent réit–rée (nous soulignons) me l'imprimer si fortement en la mémoire que je ne manque pas de m'en ressouvenir toutes les fois que j'en aurai besoin, et acquérir de cette façon l'habitude de ne point faillir». (M 309/62).
13 Ces deux démonstrations s'accompagnent d'une description sommaire des attributs divins.