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Published online by Cambridge University Press: 09 June 2010
Autour de quelques points de références, indiqués par des sous-titres, nous voulons grouper en ces quelques pages des réflexions d'ordre purement psychologique sur le libre arbitre. On insiste aujourd'hui sur le caractére subjectif du choix libre, comme expression de toute la personne humaine en son unité la plus profonde. Pourtant, 1'acte libre passe par des facultés réellement distinctes. Les éléments intellectuel et volontaire qui le composent vitalement sont conceptuellement divers et irré-ductibles l'un à l'autre. Comment s'exercent à Pintérieur de Pame l'és relations dynamiques qui les relient l'un à l'autre, c'est-à-dire concrètement entre les jugements d'ordre pratique et les mouvements volontaires? La mise en valeur du caractére subjectif du choix libre se fera-t-elle aux dépens de son objectivité? Et comment cet acte subjectif s'insére-t-il librement au sein d'un indéniable dérminisme, celui de I'éducation, de la culture, du milieu social, etc.?
1 Le travail dont ces réflexions sont tirées paraîtra en entier dans un prochain cahier de la collection “Studia”, sous le titre de: Dynamisme volontaire etjugement libre: Enqufête historique sur le sens du libre arbitre chez quelques commen-tateurs de la Renaissance: Bañnes, Bellarmin, Suarez et Jean de Saint-Thomas.
2 L'Etre et le néant. 32e éd., Paris, 1950, p. 527.
3 Nous donnons pleinement raison à M. R. Verneaux, sur Pinexistence du principe de raison suffisante, du moins comme premier, original et universel; l'origine rationaliste de ce principe et les équivoques qu'il recouvre depuis son introduction en philosophie thomiste suffisent à le rendre sujet à caution (Verneaux, cf. R., “Note sur le principe de raison suffisante”, dans La Crise de la raison dans la philosophie contemporaine, col. Recherche de philosophie V. Paris, 1960, 39–60). Cependant nous jugeons qu'il vaut mieux ne pas tabler sur cette position comme sur du definitivement acquis: ce serait peut-être prématuré. Quoi qu'il en soit, cela ne change rien à la vérité que nous voulons exprimer. II demeure vrai qu'une chose finie a une part de son intelligibilité hors d'elle-me'me; elle ne se suffit pas ni par rapport à elle-me'me ni par rapport à mon intelligence qui cherche a la comprendre. Ceci dit, il faut éViter de réduire toute réality au plan de l'objet pour la justifier, et c'est ce point qu'il faut signaler a propos du choix libreGoogle Scholar.
4 “Le principe de raison suffisante est intangible, mais non univoque; son application est diffe'rente dans le monde des objets exterieurs et dans celui de Pinteriorite spirituellle. C'est le propre d'une chose de ne pouvoir un effet different si elle n'est elle-meme modified dans son etre. Et parce que tout esprit est quelque peu chose, ses actes libres s'accompagnent toujours de modifications reelles. Mais dans leur pure essence d'actes spirituels, ils echappent a la loi des choses. Leur raison suffisante reside dans la spontaneite meme d e l'esprit, lequel, en tant qu'esprit — Platon l'avait bien vu de l'ame — est moteur immobile, modifiant non modifie” (Joseph de Finance, Existence et liberte. Paris, 1955, p. 207).
6 A.-D. Sertillanges, “Le libre arbitre chez saint Thomas et chez Bergson”, dans La Vie Intellectuelle, n. 2 (1937), 25 avr. p. 255.
5 Joseph de Finance, Eire et Agir. 2“ed., Rome, i960, p. 300.
7 Jacques Maritain, Court traiti de l'existence et de I'existant. Paris 1947, p. 70.
8 Court traiti de I'existence et de Vexistant. Paris, 1947, p. 116.
9 A.-D. Sertillanges, Le christianisme et les philosophies, t. 2, p. 577.
10 Voir J. de Finance, Etre et agir, se ed., Rome, 1960, p. 66.
11 Saint Thomas, a propos des anges, dit que leurs facultes sont moins distinctes entre elles que chez Phomme: “... in angelo suae potentiae sunt minus distinctae” (In I Sent., d.3, q.3, a.i ad 4 ). On doit ajouter qu'en 1'homme les faculty spirituelles sont moins distinctes que les facultes sensibles.
11a Par facultes inaddquatement distinctes, on pourrait entendre ceci: la volonte” integralement prise, c'est l'ame elle-mtaie plus la faculty volitive operant ensemble, et l'intelligence integralement prise, c'est l'ame plus la faculte intellectuelle intelligeant ensemble. L'intelligence par la peut fitre dite voulante et la volonte, connaissante.
12 A.-D. Sertillanges, “Le libre arbitre chez saint Thomas et chez Bergson”, dans La Vie Intellectuelle, n. 2 (1937) 25 avr., p. 256–257.
13 Ibid., p. 265.
14 A.-D. Sertillanges, La philosophie de saint Thomas d'Aquin. Paris, 1940, t. 2, p. 207.
15 Ibid.
16 Quand M. Blondel parlait de “circumincession” entre intelligence et volonté, on s'e'eriait: vous compromettez la valeur objective de la pure con-naissance rationnelle, en voulant que Pintelligence ne se réealise en pléenitude qu'en éetant “coextensive à tout l'etre, ce qui n'est possible qu'en faisant que Pintelligence soit aussi vie, amour et action, par une sorte de circumincession” (M. Blondel, Le 'vrai et le faux intellectualisme. p.386); vous sapez à la base l'autonomie de I'intelligence vis-à-vis du vrai, en prôant une “comprehension salutaire et néecessaire de deux fonctions qui ne se déeveloppent que l'une par Pautre en vue d'une destinéee unique et inéeluctable …” (Préface à la philosophie de l'action, de H. Duméery, p. 7). Pour un exposée bref et trées éclairant des critiques soulevéees contre la théese de Blondel, M., Lebacqz, voir J., Libre arbitre et jugement. Paris, 1960, p. 68–80Google Scholar.
17 Joseph Lebacqz, op. cit., p. 81.
18 II ne suffit pas de déeclarer, comme Valensin, A.: “Quant à la distinction de I'intelligence et de la volonté, il n'est pas question de la mettre en doute, bien qu'elle soit d'intere't secondaire”. (A travers la Métaphysique, Paris, 1925, p. 179). Mise en doute ou non, secondaire ou non, il faut tout de même IexpliquerGoogle Scholar
19 A.-D. Sertillanges, “Le libre arbitre chez saint Thomas et chez Bergson”, he. cit., p. 259; La philosophie de saint Thomas d'Aquin. t. 2, p. 212Google Scholar
20 Webert, J., Somme theologique de saint Thomas d'Again, Trad. française; I'Ame humaine. Is, q. 75–83, Paris, 1928. Appendice II, p. 391Google Scholar
21 Maritain, J., Court traité de I'existence et de I'existant. Paris, 1947, p. 70Google Scholar
22 Op. cit., p. 305. Adde: “Pas plus que l'ame n'est en puissance à l'agere, la pensée, en tant qu'acte de penser, n'est ordonnée au vouloir. L'intellection est un acte second, ultimum ret, stade terminal. Mais distincte d'elle quoique subsistant en elle, il y a I'idée, la forma intellecta, le verbe. Ce verbe est comme u n germe qui, semé dans le sujet, y va croître, d'un développemen t interne qui constitue le vouloir” (Ibid.),
23 Parmi les theories dernieremen t elabordes, celle du P. Lebacqz nou s semble aussi eclairante qu'ingteieuse. II expose avec force arguments et competence une distinction reelle de nature par degres de progression au sein d e Pactivite spirituelle, permettant ainsi aux actes de connaissance et d'appetit, “bien que s'identifiant tous deux a un meme jugement, portant chaque fois sur le meme objet”, de garder “une distinction de nature. II leur suffit de s'opposer Pun a l'autre selon les difftrents stades de realisation par ou passel e jugement; a savoir selon qu'il est saisi d'abord comme probable par l'acte de connaissance, et affirme ensuite comme certain par Pacte de volonte” (op. cit., p. 150)