Hostname: page-component-cd9895bd7-gvvz8 Total loading time: 0 Render date: 2024-12-26T05:45:10.504Z Has data issue: false hasContentIssue false

Faiblesse de la raison ou faiblesse de volonté: peut-on choisir?1

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Fabienne Pironet
Affiliation:
Université de Montréal
Christine Tappolet
Affiliation:
Université de Montréal

Extract

Si l'homme est un être doté de raison et se distingue des autres animaux par sa capacité à réfléchir sur ses actes tant avant de les poser qu'après, il lui arrive cependant d'être irrationnel. Tandis que certains s'en désolent, considérant les différentes formes d'irrationalité comme autant d'expressions de notre inaptitude à atteindre la sagesse, d'autres semblent plutôt s'en réjouir, estimant que la possibilité de ne pas se conformer à ce que dicte ou suggère la raison est une preuve de notre radicale liberté. Mais quel que soit le jugement moral, explicite ou implicite, porté sur ces phénomènes, la plupart des philosophes ne se contentent pas de les constater. Ils tentent de les cerner, d'en comprendre les mécanismes, parfois de les justifier. Comment et pourquoi? Telles sont les questions auxquelles voudrait répondre ce numéro portant sur la délibération et l'irrationalité dans l'histoire.

Type
Introduction
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 2003

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

Notes

2 Cette section reprend en partie la présentation du débat dans Stroud, Sarah et Tappolet, Christine, «Introduction», dans S. Stroud et Ch. Tappolet, dir., Weakness of Will and Practical Irrationality, Oxford, Oxford University Press, 2003, p. 116.CrossRefGoogle Scholar

3 Trad, franç, de Engel, Pascal, dans Actions et Événements, Paris, PUF, 1993Google Scholar («How Is Weakness of the Will Possible?», Essays on Actions and Events, Oxford, etc., Oxford University Press, 2000)Google Scholar. En fait, l'article de Davidson est en grande partie une réponse à Hare, pour qui l'akrasie n'est pas possible, à strictement parler (Hare, R. M., The Language of Morals, Oxford, Clarendon Press, 1952, chap. II).Google Scholar

4 Ce principe decoule des deux principes avancés par Davidson : «Pl. Si un agent veut faire x plus qu'il ne veut faire y, et il se croit libre de faire x ou y, alors il fera intentionnellement x s'il fait soit x soit y intentionnellement. P2. Si un agent juge qu'il serait meilleur de faire x que de faire y, alors il veut faire x plus qu'il ne veut fairey.» (Davidson, op. cit., p. 39.)

5 Audi, Robert, «Weakness of Will and Practical Judgement» Noûs, 1979, vol. 13, p. 173196CrossRefGoogle Scholar; Bratman, Michael, «Practical Reasoning and Weakness of Will», Noûs, vol. 13, 1979, p. 153171.CrossRefGoogle Scholar

6 Mele, Alfred R.Irrationality. An Essay on Akrasia, Self-Deception and Self-Control, Oxford, Oxford University Press, 1987.Google Scholar

7 Si cette définition précise que l'action et le jugement auquel elle s'oppose sont contemporains, c'est pour exclure les cas dans lesquels un agent change d'avis au sujet de l'option considérée la meilleure. De tels cas peuvent comporter de l'irrationalité, mais ils se distinguent de l'akrasie stricte telle que définie ici.

8 Watson, Gary, 1977, «Skepticism about Weakness of Will», Philosophical Review, vol. 86, p. 316339CrossRefGoogle Scholar. Cf. entre autres Alfred R. Mele, op. cit.; Michael Smith, 2003, «Rational Capacities, or: How to Distinguish Recklessness, Weakness, and Compulsions dans Stroud et Tappolet, dir., op. cit.

9 Cf. Scanlon, Thomas, What We Owe to Each Other, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 1998Google Scholar, et, pour les jugements moraux, Smith, Michael, The Moral Problem, Oxford, Basil Blackwell, 1994.Google Scholar

10 Cf. Audi, Robert, 1990, «Weakness of Will and Rational Action», Australasian Journal of Philosophy, vol. 68, p. 270281CrossRefGoogle Scholar; McIntyre, Alison, «Is Akratic Action Always Irrational», dans O. Flanagan et A. Rorty, dir., Identity, Character and Morality, Cambridge, Mass., MIT Press, 1993Google Scholar; Ogien, Ruwen, «La faiblesse de la volonté est-elle toujours irrationnelle?», dans Philippe Saltel, dir., La Volonte, Paris, Ellipses, 2002.Google Scholar

11 Cf. Mele, op. cit., chap. 1.

12 Davidson, Donald, «Paradoxes of Irrationality», dans Richard Wollheim et James Hopkins, dir., Philosophical Essays on Freud, Cambridge, Cambridge University Press, 1982.Google Scholar

13 Cf. de Sousa, Ronald, The Rationality of Emotions, Cambridge, Mass., etc., MIT Press, 1987Google Scholar; Tappolet, Christine, «Emotions and the Intelligibility of Akratic Action», dans Stroud et Tappolet, dir., 2003.Google Scholar

14 Cf. Watson, Gary, «The Work of the Will», dans Stroud et Tappolet, dir., 2003Google Scholar; Richard Holton, «How Is Strength of Will Possible», ibid.

15 Contrairement à un préjugé courant, et comme le montre l'exemple du voyageur ayant à choisir le meilleur chemin pour aller de Paris à Avignon (Buridan, Questions sur l'Éthique à Nicomaque, III, qu. 1), il est faux de penser que les seuls cas discutés impliquent une action contraire à un jugement moral.

16 Pour plus de détails sur les divers aspects de ces questions dans la philosophie médiévale, cf. Saarinen, Risto, Weakness of the Will in Medieval Thought. From Augustine to Buridan, Leyde, New York et Cologne, E. J. Brill, 1994Google Scholar; Kent, Bonnie, Virtues of the Will. The Transformation of Ethics in the Late Thirteenth Century, Washington, D.C., Catholic University of America Press, 1995Google Scholar; François-Xavier Putallaz, Insolente Liberté. Controverses et condamnations au XIIIe siècle, Fribourg et Paris, Éditions universitaires et Cerf; Fabienne Pironet, «The Notion of non velle in Buridan's Ethics», dans Thijssen, J. M. M. H. et Zupko, Jack, dir., The Metaphysics and Natural Philosophy of John Buridan, Leyde, Boston et Cologne, E. J. Brill, 2001, p. 199219.Google Scholar

17 Holton, Richard, «Intention and Weakness of Will», Journal of Philosophy, vol. XCVI, 1999, p. 241262.CrossRefGoogle Scholar

18 Holton, Richard, «How Is Strength of Will Possible», dans Sarah Stroud et Christine Tappolet, dir., op. cit.Google Scholar

19 Ogien, Ruwen, La Faiblesse de la volonté, Paris, Presses Universitaires de France, 1993.CrossRefGoogle Scholar