Published online by Cambridge University Press: 27 June 2016
Le moyen français (MF) est une langue à sujet nul qui permet les sujets postverbaux et dont le verbe occupe généralement la seconde position. N’importe quel constituant peut occuper la première position de la phrase, y compris le sujet. Le sujet nul et le sujet postverbal sont habituellement le fait des langues romanes. L’effet du verbe second, “l’effet V2”, est caractéristique des langues germaniques. Une question longuement débattue par la tradition philologique (Foulet 1928; Herman 1954; Hilty 1968; Kuen 1957) est celle de l’influence des langues germaniques sur l’évolution du francais. Fidèles en ce sens à cette tradition, mais dans le cadre de la grammaire générative, Benincà (1984) puis Adams (1987) et Vance (1987) ont appliqué l’analyse proposée par Thiersch (1978) pour l’allemand à l’ancien français (AF) en assumant deux règles de mouvement: antéposition du verbe tensé et topicalisation de n’importe quel adverbe ou NP en position initiale. Le caractère obligatoire de la règle de topicalisation V2 est mis en doute par l’existence de phrases déclaratives à verbe initial en ancien et en moyen français. En effet, on en trouve de la Chanson de Roland (XIIe siècle) jusqu’à Rabelais et Montaigne (XVIe siècle) tant en phrases matrices qu’en phrases subordonnées.