Invitée à «commenter les commentaires» de Constance Backhouse et de Roderick A. Macdonald sur le Rapport Arthurs, j'avais bien sûr prévu de leur part une évaluation critique de son influence sur l'enseignement et la recherche en droit, mais je ne m'attendais pas vraiment à des commentaires convergents aussi nettement négatifs … J'essayerai de voir si le tableau est aussi noir partout au Canada, pour tenter ensuite à mon tour une analyse des causes et des remèdes de ce mal-être que vivent les descendants d'Harry Arthurs.
Des diagnostiques négatifs convergents: Sur l'enseignement, surtout au niveau du baccalauréat, Constance Backhouse estime que rien n'a vraiment changé dans les curricula ou, si peu, dans certaines Facultés où l'offre de cours s'est diversifiée pour accueillir les perspectives sociales recommandées par le Rapport, mais où les étudiants boudent ces cours en faveur de ceux qui se rapprochent davantage de la formation professionnelle. Roderick A. Macdonald va dans le même sens en insistant sur le maintien du même découpage traditionnel des sous-disciplines juridiques inspirées de la pratique du droit, des mêmes formules pédagogiques, même au niveau des études supérieures, où il estime que peu de Facultés offrent en fait des cours spécifiques à l'enseignement supérieur, notamment au niveau doctoral. Il ajoute que le peu de théorie qui s'y enseigne est souvent superficiel, et que cette carence se reflète dans l'absence presque totale de stagiaires post-doctoraux dans les Facultés de droit. Sur le plan de l'accessibilité aux études, la communauté juridique a également régressé depuis le Rapport, compte tenu de l'augmentation phénoménale des frais de scolarité dans certaines Facultés, notamment à l'Université de Toronto.