Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Nul n'est prophète en son pays : il y a beau temps que des hommes de toutes sortes se sont intéressés à ces documents si humbles et si communs, les registres de baptêmes, mariages et sépultures, ancêtres et modèles de nos modernes registres d'état-civil. Des hommes qui n'étaient pas seulement des généalogistes à gages, ou de simples curieux à la recherche de leurs ancêtres, — mais des hommes d'État, des « philosophes », de vrais historiens. Sans remonter à Graunt, à Petty, à Sussmilch, nul n'ignore qu'on a publié les actes paroissiaux de Paris depuis 1670, et chacun sait qu'après Vauban le libraire Saugrain, Expilly, Messance et Moheau ont travaillé, ou fait travailler, sur les registres paroissiaux. Travaux fameux, maintes fois loués, cités, pillés, — mais jamais étudiés dans leurs sources mêmes, avec un souci critique de vérification.
page 83 note 1. Feillet, Alphonse, La Misère au temps de la Fronde et saint Vincent de Paul, l n édition, Paris, 1868 Google Scholar, in-8”. Extraits de registres d'état-civil, p. 369-373 et 558-561 de la 5e édition, Paris, 1886.
page 83 note 2. Dr. Noirot, Louis, Études statistiques sur la mortalité et la durée de la vie dans la ville et l'arrondissement de Dijon depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours, Paris et Dijon, 1850, in-8°, 88 p.Google Scholar
page 83 note 3. Citons, parmi les plus récents : Abbé J. Canard, Les Mouvements de la population à Saint- Romain d'Urfé de 1612 à 1946, dans Bulletin de la Diana, t. XXIX, n° 4, p. 118-155 ; chanoine L. Clément, Routot, des origines à la Révolution, Fécamp, 1950, in-8°, VIII-306 p. (excellent) ; René Samson, Un village de l'Oise au XVIIe siècle, Cannes, 1952, 48 p., dans Bibliothèque du Travail, n° 187-188 (malheureusement trop condensé).
page 84 note 1. Est-ce une mesure bien.heureuse que le rassemblement aux Archives départementales des anciens registres originaux jusqu'ici conservés dans les mairies? Pour supprimer des risques partiels de perte, ne crée-t-on pas un risque permanent de destruction totale? Qu'on pense à Orléans….
page 84 note 2. Citons, parmi les meilleures préfaces aux inventaires ou répertoires de E, supplément : pour la Loire, l'Introduction de 57 p. au t. I (arr. de Montbrison) de l'Inv. somm. de E, supplément (Saint-Ëtienne, 1899) par Fréminville, avec une bibliographie ; — pour l'Allier, celle de Claudon (Moulins, 1906) ; — pour l'Aube, l'Introduction (p. xn) du Répertoire des documents conservés dans les communes (Troyes, 1911) ; — pour la Somme, la Préface de Estienne, J. à son État sommaire des registres paroissiaux… (Fontenay-le-Comte, 1928, in-8°).Google Scholar
page 84 note 3. Les art. 50 à 53 de l'ordonnance de Villers-Cotterets n'ont jamais prescrit l'inscription des mariages et des décès (sauf ceux des bénéficiers) ; c'est pourtant ce que paraît croire L. Henry, p. 282, lignes 18 à 20 de : Une Richesse démographique en friche, les registres paroissiaux, dans Population, 1953, n° 2, p. 281-290.
page 85 note 1. Tremblevif, aujourd'hui Saint-Viàtre (Loir-et-Cher, arr. Romorantin, canton Salbris) ; registres déposés aux Arch. dép.
page 85 note 2. Bourré (Loir-et-Cher, arr. Blois, canton Montrichard) ; registres déposés aux Arch. dép. ; Bourré dépendait alors de Tours.
page 85 note 3. Études effectuées dans le canton de Taulé (Finistère, arr. Morlaix).
page 85 note 4. Arrêt du Conseil du 12 juillet 1746. Il s'agissait de faciliter le contrôle des décès entraînant droits de mutation.
page 85 note 5. Introduction, p. m, de Oursel, Charles, Ville de Dijon, Inv. somm. des Arch. comm., t. V, Dijon, 1910 Google Scholar, in-4°.
page 85 note 6. Se trouve parfois aux Arch. dép., dans une mairie voisine, voire dans un presbytère.
page 85 note 7. Il nous est arrivé de trouver des copies qui, par rapport à l'original, ne contenaient qu'un acte sur deux 1 Cf. Estienne, ouvr. cité, p. VII à IX.
page 85 note 8. Répertoires alphabétiques qu'on trouve parfois dans les localités importantes (Châteaudun, Provins, Montereau) ; ces répertoires sont rarement complets.
page 86 note 1. Par exemple à Thézée (Loir-et-Cher, arr. Blois, canton Saint-Aignan).
page 86 note 2. Auneuil (Oise, arr. Beauvais) ; sépultures pour 1773 : 8 enfants du pays, 9 nourrissons de Paris ; sépultures pour 1778 : 12 enfants du pays, 16 nourrissons de Paris.
page 86 note 3. Abel Châtelain, Notes sur la population d'un village bugiste, Belmont, XV1Ie-XX” siècles, dans Revue de Géographie de Lyon, 1953, n° 3, p. 113-120. On peut se demander si l'auteur n'a pas inclus les nourrissons de Lyon dans le total des décès de son village, — ce qui changerait quelque peu ses observations. Il écrit en effet : « A Belmont, on signale des décès de nourrissons lyonnais, ce qui contribue à accroître la mortalité, et réduit ainsi l'excédent des naissances. »
page 86 note 4. A partir de 1775, à la fin des registres de Saint-Viâtre (déjà cités) et de Saint-Dyé-sur- Loire (Loir-et Cher, arr. Blois, canton Bracieux).
page 86 note 5. Fausses de quelques unités (et toujours dans le même sens) surtout pour les décès, mais aussi pour les naissances ; le total des mariages est presque toujours exact.
page 86 note 6. Bouchard, Georges, La Camille du conventionnel Basire et quelques Aperçus profitables sur le XVIIIe siècle, Paris, 1952, in-8°, 196 p.Google Scholar ; c'est le titre du chap. vi (p. 63) de ce charmant ouvrage, plein d'une érudition souriante… et profitable.
page 87 note 1. François de Dainville, Un Dénombrement inédit au XVIIIe siècle ; l'enquête du contrôleur généra﹜ Orry, 1745, dans Population, 1952, n° 1, p. 49-68 ; — Georges Bouchard, Dijon au XVIIIe siècle; les dénombrements d'habitants, dans Annales de Bourgogne, t. XXV, fasc. I, 1953, p. 30-65. Le premier émet quelques doutes, trop timides (p. 54), sur la valeur de sa « découverte ». Le second traite assez rudement le premier (p. 41-42) et se livre, dans le cadre dijonnais qui lui est. cher, à une analyse serrée des dénombrements, qu'on pourra retenir comme un modèle, malgré le ton badin de quelques savoureuses parenthèses.
page 87 note 2. Article cité de Population. Nous tenons à remercier Louis Henry pour ses conseils et ses critiques, écrits et oraux.
page 88 note 1. Quelques exceptions : les inventaires de Merlet pour l'Eure-et-Loir (E, supp., 3 tomes, 1871, 1877, 1882) ; ceux de la Loire (t. I, 1899, t. II, 1951, ce dernier, oeuvre de l'abbé Canard, particulièrement précieux).
page 89 note 1. Ce sont les propres termes de A. Sauvy (Population, 1953, n° 2, p. 392).
page 89 note 2. Nous comptons en effet entreprendre des reconstitutions de familles dans plusieurs paroisses.
page 89 note 3. Article cité de Population, p. 285-286.
page 89 note 4. L'expression est d'Ernest Labrousse.
page 90 note 1. Par exemple Saint-Viâtre, déjà cité : âge moyen de la mort de 1771 à 1790 : 20, 59 ans ; nombre d'actes analysés : 1079 ; bien entendu, étrangers et nourrissons ont été écartés.
page 90 note 2. Beaumont-du-Gâtinais (Seine-et-,Mame, arr. Melun, canton Château-Landon) ; âge moyen au décès, période 1771-1791 : 23,02 ans ; nombre d'actes analysés : 77,9.
page 90 note 3. Chiffre que nous avions naguère fourni pour la natalité d'une seule paroisse, à une époque assez sombre (1718).
page 90 note 4. Rappelons seulement Maurice Halbwachs, Réflexions sur un équilibre démographique, dans Annales (E. S. C), 1946, p. 289-305 ; voir p. 292 la citation de Malthus (” C'est des morts que dépendent principalement les naissances et les mariages»), et, p. 295, l'entretien avec Bergson.
page 90 note 5. Entre vingt exemples, cette note du curé sur le registre de Saint-Dyé-sur-Loire, en 1631 : « Lannee précédante et lannee présente… ont este sy misérables et sy calamiteuses que Ion ny peut rien adiouster. Car il y a eu une sy grande cherté et disette que le septier de bled mesure de Beaugency y a vallu… jusques à trente livres. Ensuitte il y a eu une telle peste quy a régné plus dun an de sorte quil est deceddé tant a cause de la disette et cherté que de la peste presque la moittié du peuple… » — La moitié du peuple, certes non. Mais le témoignage du curé de Saint- Dyé sur les origines de la mortalité est à retenir.
page 90 note 6. Sur Metz, terriblement atteinte en 1635-1636, cf. Jean Rigault, La Population de Metz au XVIIe siècle ; quelques problèmes de démographie, dans Annales de VEst, 1951, n° 4, p. 308- 315, — et ses renvois à Zeller, , La Réunion de Metz à la France, Paris, 1926.Google Scholar — Sur la Bourgogne à la même date, vision assez noire dans Roupnel, G., Les Populations de la ville et de la campagne dijonnaise au XVIIe siècle, Paris, 1922, in-8°, p. 38–39.Google Scholar
page 90 note 7. En attendant la publication de nos recherches, on peut se référer aux chiffres de naissances donnés par Rigault pour Metz, par Clément pour Routot ﹛article et ouvrage cités) ; on verra qu'ils n'infirment pas ce que nous disions du Beauvaisis à l'époque Louis XIII.
page 91 note 1. C'est ce qui paraîtrait résulter des hésitations de Châtelain sur l'interprétation des « années noires » (1689-1695) de son village bugiste.
page 91 note 2. Ënumération qu'on pourrait indéfiniment prolonger. Celle-ci repose, en dehors de notre expérience en Beauvaisis, sur : Canard, art. cité, p. 131 (pain de fougère, de coques de noix, herbe) ; — FernandBouRnon, La Misère dans le BUsoisen 2662, Blois, 1882, in-8°, 13 p., pour charognes et trognons de choux ; — Paul-M. Bon Dois, La Disette de 1662, dans Revue d'Hist. Éc. et Sociale, 1924, fasc. I. p. 53-118 (spécialement p. 90, son, eau de morue, trognons de choux…). L'exploitation méthodique des recueils bien connus de Depping, Clément et Boislisle, livrerait bien d'autres exemples, qu'il ne laut pas tous prendre à la lettre. Cependant l'« herbe » et les t racines », au sens moderne de ces deux mots, employés comme nourriture, ne sont pas des légendes. Boisguilbert, entre autres, l'atteste [Traité des grains, p. 346, de Daire, Économistes et Financiers du XVIIIe siècle, 2° édition, Paris, 1851, gr. in-8°).
page 91 note 3. « Les femmes riches … ne sont pas les seules qui regardent la propagation de l'espèce comme une duperie du vieux temps : déjà ces funestes secrets, inconnus à tout animal autre que l'homme, ces secrets ont pénétré dans les campagnes ; on trompe la nature jusques dans les villages » (Moheau, Recherches et Considérations sur la population de la France, 1778, p. 258 de l'édition Paris, Gonnard, 1912, in-8°).
page 91 note 4. Genèse, XXXVIII, 9. Référence due à Landry, Traité de démographie, Paris, 1945, in-8°, 651 p. (p. 388).
page 92 note 1. Moheau, ouv. cité, même édition, p. 257 : « Les personnes livrées à la prostitution ne font point d'enfants. … Les filles ou veuves … ayant renoncé à la chasteté n'ont pas toujours renoncé à la pudeur, elles craignent la fécondité comme une preuve de leur déshonneur, et sur deux mille filles ou veuves qui se permettent des liaisons illicites, il n'y en a pas une qui donne deux enfans ».
page 92 note 2. Louis Henry, art. Cité de Population, p.287.
page 92 note 3. Jean Meuvret, Les Crises de subsistances et la Démographie de la France d'Ancien Régime, dans Population, 1947, n” 4, p 643-650, et J. Canard, art. cité, p. 6 du tiré à part.
page 92 note 4. Son travail sera publié en France.
page 93 note 1. Bourg-Achard : Eure, arr. Bernay, canton Routot.
page 93 note 2. C'est l'expression des quatre rapporteurs de la section médiévale d'Anthropologie et Démographie, dans IXe Congrès international des Sciences historiques, I, Rapports, Paris, A. Colin, 1950, p. 56.