Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Il n'est pas question de présenter ici en quelques pages un raccourci de l'histoire économique de la Grèce archaïque et classique ; encore moins d'ébaucher à grands traits, dogmatiquement, une théorie susceptible d'en expliquer les caractères originaux. Le temps ne semble pas venu d'écrire une histoire économique de la Grèce : les documents sont trop rares et, sur le plan littéraire, trop limités au IVe siècle, ce siècle des orateurs et des plaidoiries. Mais c'est là justement le terme inférieur de la période que nous voudrions envisager ici, et que précèdent quatre ou cinq siècles qu'on aimerait à voir sortir de leur obscurité.
page 7 note 1. La maigreur de notre documentation justifierait à elle seule notre scepticisme. Mais celui-ci est confirmé par le caractère décevant des quelques ouvrages consacrés, ces dernières années, à l'économie grecque, et plus généralement à l'économie antique. Qu'il nous suffise de mentionner celui qui, de loin, est le plus important : Heichelheim, Fr., Wirtschaftegeschichte des Altertums, Leyde, 1938, 2 vol.Google Scholar Malgré tout le respect que commande cette oeuvre monumentale, on en retire (tout au moins en ce qui concerne l'économie hellénique, seule envisagée ici) l'impression d'un échec, — si bien qu'on se reporte, avec un sentiment de sécurité retrouvée, aux travaux de détail publiés antérieurement par l'auteur. Si cette impression négative tient dans une large mesure aux conditions formelles d'un ouvrage très difficile à manier, elle tient également au fait que l'auteur n'a pas évité les écueils qui nécessairement le menaçaient : carcomment écrire une histoire continue à partir d'une documentation discontinue? Comment faire la synthèse alors que l'analyse, sur bien des points, n'a pas encore conclu? Heichelheim a donné dans son second volume une bibliographie exhaustive, mais peu pratique. — Moins complète, plus pratique, celle que donnait, quelques années plus tôt, Cicotti, E., La Civiltà del mondo antico, I, 1935, p. 385 Google Scholar et suiv. Cf. aussi Michell, The Economies of Ancient Greeks, 1939.
page 8 note 1. On évoquera par exemple les quelques données contenues dans les discours de Lysias contre Eratosthène ou de Démosthène contre Aphobos.
page 8 note 2. Une allusion dans Francotte, , L'Industrie dans la Grèce ancienne, Bruxelles, 1900, p. 3 Google Scholar et suiv., mais c'est depuis 1900 que les pièces importantes ont été versées au dossier. — Glotz, G. , Le Travail dans la Grèce ancienne, Paris, 1920 Google Scholar, s'interdisait toute polémique, toute discussion. Il n'y en a pas plus dans son Histoire grecque. — Même attitude chez P. Waltz, Les Artisans et leur vie en Grèce, des temps homériques à l'époque classique, dans Rev. Hist., CXVII, 1914, p. 5-41 ; CXLI, 1922, p. 161-193 ; CXLII, 1923, p. 14-46 ; CXLVI, 1924, p. 1-44. — Chez J. Toutain, L'Économie antique (L'Évolution de l'Humanité, t. XX), les immenses lacunes de l'information sont aggravées par le parti pris de synthèse de la collection. — Cohen, La Grèce el l'Hellénisation du monde antique (Coll. « Clio », t. III) connaît le débat au moins par le rebondissement que provoquèrent les ouvrages de Hasebroek, mais, au lieu d'un exposé objectif du problème, on ne trouve qu'une diatribe hargneuse et injuste à l'égard du savant allemand. — Cette lacune regrettable est comblée en partie par Gernet, L., Comment caractériser l'économie de la Grèce antique? dans Ann. Hist. Écon. Soc, V, 1933, p. 561–566 Google Scholar, à propos des travaux du même Hasebroek et de son adversaire Ziebarth. — Toujours très personnel, Cavaignac, E., Véconomie grecque, Paris, 1951 Google Scholar, envisage cette économie du seul point de vue du monnayage et va son chemin propre en se tenant au-dessus (ou à côté) du débat. Il réussit à dresser une bibliographie en ignorant délibérément les deux spécialistes les plus éminents de ces questions, Hasebroek et Heichelheim.
page 9 note 1. Nous pouvons nous limiter à eux, puisque cette querelle est essentiellement allemande.
page 9 note 2. K. Bûcher, Die Erslehung der Volkswirtschaft, dans le recueil du même titre, t. I, p. 83 et suiv. de la 12e-13e édition, 1919. La première édition est de 1893. — Ce livre a été traduit en français sur l'Initiative d'Henri Pirenne.
page 9 note 3. Rodbertus, Zur Geschichte der rômischen Tributsteuern, dans Jhbb. f. Nationalôkon. u. Statisl., IV, 1865, p. 339 et suiv.
page 9 note 4. Et non au sens aristotélicien, Aristote (Pol., 1256 a-b) désignant par ce terme les méthodes d'acquisition « naturelle » aussi bien pour les cités que pour les particuliers.
page 9 note 5. Le schéma primitif de Bûcher, un peu plus compliqué, comprenait un terme de plus : l'économie villageoise, entre l'économie domestique et l'économie urbaine. Mais nous ne connaissons ce schéma premier qu'à travers une allusion de below, G. Von, Problème der Wirtschaftsgeschichte, Tubingen, 1920, p. 153 et n. 2.Google Scholar
page 9 note 6. Voir les très raisonnables remarques de N. S. B. Gras, Stages in Economie History, dans. Journ. of Econ. and Busin. Hist., II, 1929-1930, p. 395 et suiv., au sujet des théories de cet ordre ; l'auteur n'a cependant pas renoncé à dresser lui-même son propre schéma (p. 408-409).
page 10 note 1. Ed. Meyer, Die ivirtschaftiische Entwicklung des Altertums, dans Jhbb. f. Nationalôkon. u. Slatist., IX, 1895, repris dans Kleine Schiften, I, p. 79 et suiv. Cf. aussi, pour l'archaïsme, G. d. A., lre édition, t. II, 1893, p. 547 et suiv. ; 2e édition, t. III, 1937, p. 504 et suiv.
page 10 note 2. Non seulement par Meyer, mais encore par K. J. Beloch, qui défendit les positions modernistes dans tous ses travaux : cf. Die Grossindustrie im Altertum, dans Zeitschr. f. Sozialwissensch., 11,1899, p. 18 et suiv.; Gr. Gesch., 1,1, 2e édition, 1912, p. 264 et suiv. (pour l'époque archaïque) ; II, 1, 2e édition, 1914, p. 14 et suiv. (pour le ve siècle) ; III, 1, 2e édition, 1922, p. 313 et suiv. (pour le ive siècle) ; et surtout III, 2, 2e édition, 1923, p. 419 et suiv., où se trouve reprise toute la polémique contre Bûcher. Professant les mêmes idées que Meyer, Beloch chercha à les étayer par ses grandes enquêtes de statistique démographique (Die BevSlkerung der gr.-rôm. Welt., 1886), ou financière (Dos Volksvermôgen von Attika, Hermès, XX, 1885, p. 237 et suiv.) dont les conclusions sont bien sujettes à caution, puisquetaussi bien l'antiquité ne nous fournit aucune des conditions requises pour l'établissement de statistiques valables.
page 10 note 3. Bûcher, K., Zur griech. Wirtschaftsgesch., dans Feslgaben f. A. Schâffle, Tubingen, 1901, p. 193–254 Google Scholar ; repris dans Beitràge zur Wirstchaftsgesch., 1922, p. 1 et suiv.
page 11 note 1. Faut-il ajouter que cela dure toujours?
page 11 note 2. Il convient de souligner fortement qu'à la base de la conception moderniste il y a un abus, ou tout au moins un usage imprudent des sources. Une bonne part de responsabilité en incombe à deux ouvrages — aussi détestables l'un que l'autre — publiés simultanément dans les Preisschriften der Jablonoivskischen Gesellschaft zu Leipzig, XIV, 1869 : Blûmner, Die geiverbliche ThStigkeit der Vôlker des klassischen Altertums, et Bûchsenschûtz, Die Hauptstàtten des Gewerbfleisses im klassischen Ahertume (qui n'est que le fichier préparatoire de l'ouvrage publié la même année par le même auteur : Besitz und Èrwerb im Altertum). L'un et l'autre contiennent la même chose, mais tandis que le premier adoptait un classement par sites, le second adoptait un classement par matières. Chez l'un comme chez l'autre, même compilation de sources de toutes époques, et surtout de basse époque, et mêmes généralisations acritiques. Ces deux mémoires, qui n'ont aucune valeur historique, ont eu une fortune surprenante et sont encore fréquemment cités de nos jours — comme si d'avoir été citée par Blûmner côte à côte avec un fragment d'Hésiode ou de lyrique donnait par exemple à une glose byzantine une valeur de témoignage pour l'archaïsme. Combien de pseudo-industries antiques ont de la sorte été fondées par les modernes sur la foi d'une allusion tardive, voire sans allusion du tout? — Un exemple : chacun sait que l'industrie de la pourpre florissait à Corinthe. Mais qui l'a dit? Blûmner : « Dass auch die Purpurfarberei in Korinth in ausgedehnten Masse (I) betrieben wurde ist sicher, obgleich sir merkwiirdigerweise fast gar nicht erwahnt wird. » Le plus admirable est que fast est de trop : il n'y a pas de référence… Et le cas n'est pas isolé. Toutes les sources de première main relatives à l'économie grecque devraient être reprises une à une et passées au crible d'une saine critique. Dans la suite de l'article cité ci-dessus, Bûcher (p. 240 et suiv.) a procédé à une analyse excellente des données relatives à l'économie milésienne ; il montre que les descriptions emphatiques qu'on en donne ne sont que châteaux de cartes : le travail devrait être fait pour chaque site.
page 11 note 3. Dans la controverse Bûcher-Meyer, ne pas confondre la thèse de Bûcher, caduque — et les critiques apportées à la thèse de Meyer, pour la plupart, valables. Si des historiens ultérieurs, tel Hasebroek, ont pu se réclamer de Bûcher, c'est en se référant à ces critiques plutôt qu'à son système, que personne n'a repris.
page 11 note 4. R. Von Pôhlmann, Geschichte der sozialen Frage und des Sozialismus in der antiken Welt. Consulter de préférence la 3e édition (1925), moins pour son texte, inchangé, que pour l'important appendice d'Oertel.
page 12 note 1. A. E. Zimmerm, The Greek Commomvealth, 2e édition, 1915.
page 12 note 2. Sur ce point, voir à présent Gille, Revue de Synthèse, XXXII, 1953, p. 70 et suiv. L'auteur parle d'un grand progrès de la technique entre le VIe et le ive siècle, dû à la poussée démographique athénienne et à l'expansion monétaire ; en fait, il ne fait état que de progrès dans la technique des constructions navales, des engins de levage et des machines de guerre. Il ne s'agit là que d'un domaine assez limité, du point de vue de la VIe économique considérée dans son ensemble. Il importerait de savoir si des progrès analogues ont été accomplis dans le domaine des industries de consommation : il semble bien qu'il n'en soit rien. Sans compter que « les applications sommaires et isolées ne sont pas identifiables aux vrais développements techniques » (Francastel, Ibid., p. 104) et qu'il faut peut-être aussi tenir compte d'un certain « mépris des anciens, des Grecs en particulier, pour la technique, pour ce qui était amélioration de la VIe matérielle » (Berr, Ibid., p. 105).
page 12 note 3. Max Weber, Wirtschaftsgeschichte, 1923, p. 123-127.
page 13 note 1. Riezler, K., Uber Finanzen und Monopole im alun Griechenland. Zur Théorie und Geschichte der antiken Stadttvirtschaft, Berlin, 1907 Google Scholar : très suggestif lorsqu'il s'attache à caractériser, d'après les paradigmes du second livre de L'Économique pseudo-aristotélicienne, l'activité financière tant des particuliers que des gouvernements — encore qu'il ait eu le tort de considérer comme la normale des exemples dont groningen, Van (Aristote, le deuxième livre de L'Économique, Leyde, 1933, p. 58)Google Scholar a souligné le caractère exceptionnel. Suggestif encore quand il montre (p. 55) qu'on peut à la rigueur parler d'un commerce mondial grec, du fait de son extension géographique, mais qu'il ne saurait être question d'un marché mondial, ce qui ruine toute hypothèse moderniste. Bien plus superficiel et contestable lorsqu'il s'élève au plan plus général de l'essence de la cité.
page 13 note 2. Oertel, Anhang à Pôhlmann, ouvr. cité, 3” édition, 1925, II, p. 511-585.
page 13 note 3. R. Laqueur, Hellenismus (Akademische Rede Giessen, 1925), note 8, p. 29-34.
page 13 note 4. Dès 1916, Trever, A. A., A History of Greek Economie Thougth (Diss. Chicago, 1916)Google Scholar, recherchant les raisons qui avaient empêché en Grèce la constitution d'une véritable science des problèmes économiques, notait un certain nombre de faits qui eussent pu servir d'amorce à une juste appréciation de l'économie grecque. Mais, par une singulière inconséquence, il n'en admettait pas moins la thèse du capitalisme à la façon de Meyer.
page 13 note 5. Hasebroek, J., Staat und Handel im alten Griechenland, Tiibingen, 1928 Google Scholar ; Griechische Wirtschafts- und Gesellschajtsgeschichte, Tûbingen, 1931. Cf. encore Der imperialistische Gedanke im Altertum, Stuttgart, 1926.
page 13 note 6. Le manque de sources-empêche d'adopter des positions trop nettement définies : c'est un des principaux défauts de Hasebroex. que d'avoir donné à telles de ses affirmations un caractère trop dogmatique ; il faudrait ne s'avancer qu'avec la plus extrême prudence et nuancer toute interprétation avec subtilité.
page 14 note 1. Qui n'ont jamais été des droits de douane au sens moderne du mot, c'est-à-dire des tarife protecteurs, puisqu'ils frappaient aussi bien les produits « nationaux » à la sortie. Cf. A. Andréadés, Athènes, 1928, p. 175 et suiv., 371 et suiv. [ = 141 et suiv. et 294 et suiv. de l'édition anglaise publiée sous le titre : A History of Greek Public Finance, Hary. Univ. Press, 1933]. Sur les revenus réguliers de la cité, cf. Ahistote, L'Économique, II, 1,5, sur quoi Van Groningen, comment, ad loc, p. 41 et suiv. Sur l'importance de l'exploitation fiscale du commerce extérieur, cf. [Xenophon] Revenus, III : stimuler le commerce .n'a pas pour lui d'autre propos.
page 14 note 2. On fera bien toutefois de ne pas négliger, au moins pour le iv« siècle, ce passage peu cité de Politique de Platon (289e-290e) : « L'Étranger : Hé quoi? Les hommes libres qui se mettent volontairement au service de ceux dont nous avons parlé, jouant entre l'agriculture et les autres arts le rôle de transmetteurs et de compensateurs, tantôt surles marchés, tantôt d'une ville àl'autre par terre ou par mer, changeant monnaie contre monnaie ou monnaie contre denrée, qu'ils s'appellent changeurs d'argent, commerçants, armateurs, revendeurs, ont-ils quelque prétention à la politique? — Socrate le Jeune : Peut-être bien, à la politique commerciale tout au moins. —- L'Étranger : En tous cas, pour ces salariés et gagés que nous voyons offrir leurs services à tout venant, il n'y a pas de danger que nous les trouvions jamais tenant une part de la fonction royale. » (Trad. G. Diès, éd. Budé.) Le passage n'est pas d'une interprétation certaine. La réplique du jeune Socrate signifie-t-elle qu'une intervention des hommes d'affaires dans la « politique des questions commerciales » était réelle — ou simplement concevable? L'affirmation de l'Étranger écartant les hommes d'affaires de la fonction royale exprime-t-elle un état de fait ou une vue idéale? Reste le fait, important en soi, que Platon a pu parler d'une politikè ton emporeutikon. Le terme d'emporikè politikè a été employé (mais en grec moderne 1) par Andréadès, o. c, p. 177 [ = p. 143] : il ne doit cependant pas faire illusion, car il s'agit strictement de la politique destinée à assurer les moyens de subsistance, le trophè, donc des nécessités de la consommation dans la mesure où l'autarcie n'y pouvait subvenir. C'est ce que prouve le texte d'Aristote, Rhét., 1,4,11, invoqué à ce propos : « En ce qui concerne les subsistances, il faut considérer quelles dépenses conviennent à la cité, quels produits sont fournis par le pays et quels autres doivent être importés… afin que des traités et des accords soient conclus de ce point de vue. » La « politique commerciale » apparaît ici encore comme une politique dans l'intérêt du citoyen-consommateur, et non comme une politique dominée et déterminée par les intérêts des producteurs et intermédiaires. Que ceux-ci en tirassent profit est une autre affaire.
page 15 note 1. Ce point n'est pas tout à fait clair dans l'ouvrage Ci'andéeadès qui, tout en prenant position contre l'hypothèse d'une politique mercantiliste (emporocratique, cf. p. 177-178 [ = p. 143], p. 384-385 [ = 303 305]) semblait cependant y revenir çà et là. Ainsi p. 177 : « La politique’ économique impérialiste d'Athènes caressait le rêve mercantiliste d'une monopolisation du commerce international par l'établissement d'une série de mesures tendant à concentrer ce commerce au Pirée ; ces mesures, accroissant les importations et les exportations dans le port athénien, déterminaient forcément un accroissement des revenus provenant de ces deux sources. » La conjonction du mobile impérialiste et du mobile fiscal nous semble certaine ; que le propos puisse être qualifié de mercantiliste, bien moins. La phrase citée gagnerait en exactitude par la suppression des deux adjectifs « économique » et « mercantiliste » (oovo[jux»i e wopoxpaTix01 dans le texte original). Ces incertitudes (cf. encore p. 381-385 [ = 302-303]) nous paraissent témoigner une fois de plus de la difficulté qu'on éprouve à passer de la pensée, des réalités, des langues modernes à la pensée, aux réalités, à la langue grecques : on ne sera jamais assez précautionneux et précis dans l'usage et la définition des termes employés. Cf. aussi la note précédente.
page 15 note 2. Ziebarth, E., Beitràge zur Geschichte des Seeraubs und Seehandels im alten Griechenland, Hambourg, 1929.Google Scholar
page 15 note 3. Schwahn, W., Demosthenes gegen Aphobos. Ein Beitrag zur Geschichte der griechischen Wirtschaft, Berlin, 1929 Google Scholar; — IDEM. Diexenophontische «opoi und die attische Industrie im 4. Jht., dans Rhein. Mus., LXXX, 1931, p. 253 etsuiv. ;— IDEM, Die attische Eisphora, Ibid., LXXXII, 1933, p. 247 et suiv., part. p. 260 et suiv.
page 15 note 4. Voir, sur la prétendue grande industrie capitaliste, l'Appendice I.
page 15 note 5. Schwahn a fait plus de tort que de bien à son hypothèse en raisonnant exclusivement à l'aide de concepts modernes et dé données statistiques des plus hypothétiques : cf. ses spéculations sur le niveau de la production de l'atelier de Démosthene l'aîné, où l'on fabriquait des lits, d'après une statistique supposée du nombre des mariages à Athènes, dépendant elle-même d'une très incertaine statistique de la population, — ee n'est même pas plus sérieux.
page 16 note 1. Ajoutons que, de part et d'autre, on avait des élèves, donc des disciples ; c'est ainsi que l'enseignement hambourgeois de Ziebarth suscita Rôhlig, J., Der Handel von Milet (Diss., Hambourg, 1933)Google Scholar et l'enseignement colonais de Hasebroek ; Winterscheidt, , Aigina, eine Untersuchung Uber seine Gesellschaft und Wirtschajt (Diss., Cologne, 1938)Google Scholar, et lieck, K. Von Der, Die xenophontische Schrijt von den EinkUnften (Diss., Cologne, 1933)Google Scholar : reflets fidèles des thèses professées par les maîtres, est-il besoin de le dire ? Autant des monographies objectives et pénétrantes sur des sujets de cet ordre seraient souhaitables, autant, il faut bien le reconnaître, le niveau moyen des dissertations inaugurales allemandes est au-dessous de celui que requerraient de tels travaux. La dissertation de Rohlig est particulièrement médiccre.
page 16 note 2. Cf. Oertel, , Ztschr. d. Savigny-Stftg., Rom. Abt., LXIII, 1930, p. 565 Google Scholar et suiv. — Voir encore IDEM, Zur Frage der Qltische Grossindustrie, dans Rhein. Mus., LXXIX, 1930, p. 230 et suiv., critique de Schwahn, Demosthenes gegen Aphobos ; — encore Kornemann, Ztschr. d. Savigny-Stftg., Ibid., p. 550.
page 16 note 3. Voir l'Appendice II.
page 16 note 4. Impossible, et hors de propos, de tout citer ici. On évoquera cependant à titre d'exemple Prinz, H., Funde aus Naukratis, Klio, Bhft. VII, 1908, p. 119 Google Scholar et suiv. (Ergebnisse fur die Handelsgeschichte), et Excurs., II (p. 135 et suiv.) : Die ôkonomische Basis im VII. und VI, Jht., qui pensait pouvoir utiliser le matériel naucratite (dont l'interprétation n'avait à cette date rien de définitif) pour confirmer la théorie moderniste-capitaliste de Meyer. Naucratis, sa fondation, son organisation, son rôle, ont fait l'objet d'études récentes : R. M. Cook, Amasis and the Greeks in Egypt, dans Journ. Heïl. Stud., LVII (1937), p. 227 et suiv. ; — Milne, J. G., Trade between Greece and Egypt before Alexander the Great, dans Journ. Egypt. Arch., XXV (1939), p. 177 Google Scholar et suiv. (non vid.) ; — C. Roebuck, The Grain Trade beUveen Greece and Egypt, Class. Phil., XLV (1950), p. 236 et suiv. ; IDEM, The Organisation of Naucratis, Ibid., XLVI (1951), p. 212 et suiv. — Les conclusions de Prinz sont aujourd'hui périmées. Sur les échanges bléargent, cf. ci-dessous, p. 21 (Appendice III). — Une des conclusions les plus originales de Roebuck est que, contrairement à l'idée reçue, Milet n'aurait pas été la cité la plus intéressée dans le commerce naucratite : elle ne viendrait qu'après Chios et Téos.
page 16 note 5. Heichelheim, Fr., Die Ausbreitung der Mttnzgeldtvirtschaft und der Wirtschajtsstil im archaischen Griechenland, dans Schmollers Jhb., IN, 2, 1931, p. 37–62 Google Scholar ; — IDEM, Welthistorische Gesichtspunkte zu den vormittelalterlichen Wirtschaftsepochen, Ibid., INI, 1932, p. 995 et suiv., travaux dont la substance a été reprise dans la Wirtschaftsgeschichte des Altertums (1936).
page 16 note 6. Il faudrait tenir compte également de l'apport des sociologues — mais l'utilisation de leurs conclusions est plus délicate, car le sociologue des époques révolues est obligé de recourir à l'historien, et son information historique peut n'être point absolument satisfaisante. Ainsi Fr. Oppenheimer, System der Sociologie (II, 1926, p. 367 et suiv.), dans le long développement qu'il consacre au Seestaat, ne connaît d'autre autorité historique que celle de Beloch, particulièrement contestable dans le domaine de l'histoire économique et sociale. — En revanche, si le sociologue se double d'un historien rompu aux techniques particulières de l'histoire antique, sa contribution peut être infiniment précieuse : tel nous paraît être le cas des ouvrages de B. Laum, dont nous citerons ici l'importante Geschlossene Wirtschajt ; soziologische Grundlegung des Autarkieproblems (Tiibingen, 1933), qui déborde largement le cadre de l'antiquité grecque, mais s'y réfère constamment et avec compétence, plaçant ce problème de l'économie autarcique sous des éclairages variés et originaux (recherche des mobiles psychologiques, pédagogiques, etc., à côté des mobiles matériels et pratiques). Contestable sur certains points, mais, comme tous les ouvrages du même auteur, suggestif et donnant fort à penser.
page 17 note 1. Erb, O., Wirtschaft und Gesellschaft im Denken der hellenischen Antike. Studien zur Wirtechafts- und Gesellschaftsgeschichte, Bâle, 1938, et Berlin, 1939 Google Scholar, qui, s'il critique vivement Hasebroek sur certains points, lui doit davantage encore.
page 17 note 2. Dont nous allons essayer de ne pas trahir la pensée : ni sa dialectique, ni son expression ne sont toujours d'une absolue limpidité — tout au moins pour un lecteur non germanique.
page 17 note 3. Feudalismus n'est évidemment pas à prendre au sens médiéval du mot, et son choix est peu heureux. Quant au second terme, dans quelle mesure la chrématistique aristotélicienne peut-elle être assimilée à une forme de capitalisme commercial? Nous y reviendrons.
page 17 note 4. Proposer une explication de l'économie de la cité en partant des réflexions philosophiques d'Aristote pose un problème : quelle est la distance entre les propositions d'Aristote et la réalité — surtout la réalité des siècles antérieurs? On ne saurait aborder ici cet immense problème, qui est loin d'être vierge. On rappellera cependant la remarque finale de Hasebroek, Staat und Handel, p. 189 : si l'on renonce à attribuer à l'économie grecque classique un caractère évolué et moderniste, la distance entre réalité et théorie (Platon, Aristote) s'amenuise singulièrement ; on ne saurait plus parler, comme Pôhlmann, de « réaction contre les conséquences d'une civilisation économique hautement évoluée », semblable aux réactions qu'a suscitées le capitalisme moderne. — Cette remarque doit être acceptée dans la mesure oiil'oa suit Hasebroek, nuancée dans la mesure où son primitivisme peut paraître excessif (notamment dans le domaine du commerce) : elle reste valable jusqu'à un certain point pour quiconque refuse les excès modernistes.
page 18 note 1. Comme l'a noté ERB (p. 12-13), ce qui importe, c'est la nécessité du commerce, plutôt que son degré apparent d'évolution technique : on peut minimiser la technique commerciale des Grecs en regard de celle qu'atteignirent d'autres époques, il n'en reste pas moins que le niveau atteint du fait de la nécessité d'un commerce lointain conserve toute son importance pour l'époque de Kleinstaaterei qu'était celle de la polis. Cette nécessité du commerce lointain pose la question de sa nature. On a beau jeu d'enregistrer des échanges à longue distance depuis le néolithique, ce qui importe (cf. Roebuck, The Economie Development of Ionia, Class. Phil., XLVIII, 1953, p. 12), c'est moins la date à laquelle ces échanges commencent que la date à laquelle ils prennent un caractère de commerce alimentaire de gros, car le commerce de quelques produits de luxe, qui inaugure les échanges, n'a guère d'importance, du point de vue économique et social, sinon comme témoignage des besoins somptuaires d'une classe privilégiée. Ce ne sont malheureusement guère que ces produits qui ont laissé des traces archéologiques.
page 18 note 2. Expression qui nous semble plus heureuse que l'expression allemande de Massenproduktion.
page 18 note 3. Heichelheim, Wirtschaftsgesch., p. 243-244. Reste à savoir dans quelle proportion ces produits « de série » viennent prendre place dans le commerce nécessaire des produits alimentaires. Le premier exemple de production « de série » (celui auquel se réfère Heichelheim) est celui de la céramique corinthienne de la fin du vu0 siècle : il s'agit néanmoins de produits de luxe, notamment de ces aryballes à parfum dont Corinthe inonda le monde méditerranéen. On aimerait savoir ce que ces vases (et leur contenu) représentaient en valeur par rapport aux importations corinthiennes — et en quoi consistaient ces importations (blé? bois?). D'ailleurs, la multiplication de ces objets procède-t-elle d'une nécessité accrue de vendre (pour importer) du côté de la cité productrice, ou d'un accroissement de la demande? La production «desérie » corinthienne trouve son principal exutoire dans le monde colonial occidental : on pourrait penser à une élévation du niveau de vie de ces jeunes cités. On notera d'ailleurs que la demande de produits corinthiens n'était pas satisfaite uniquement par l'offre corinthienne, mais aussi, et de plus en plus, par des imitations locales qui, jointes à partir du vie siècle à la concurrence attique, ont fini par tuer la production corinthienne vers 550. Il ne faut donc pas trop se hâter de voir dans l'essor de la production « de série » une solution, ou un élément de solution, à un problème d'importations nécessaires. Un exemple entre cent des incertitudes dont est issue l'histoire économique de ces époques.
page 19 note 1. IDEM, Ibid., p. 296 et suiv.
page 19 note 2. On saisira du même coup combien est délicate l'insertion du moment économique dans les essais d'interprétation synthétique des faits. Excellente mise en garde à ce sujet de la part de Bickerman, rendant compte de la récente Griech. Gesch. de Bengtson (Amer. Journ. Philol., LXXIX, 1953, p. 96) : « Now and then, the author accepts the économie interprétation of history. Thus, p. 207, the trade rivalry between Athens and Corinth in the West ïs named as the immédiate cause of the Peloponnesian War… I wonder wether the author means the compétition for markets or for the supplies of commodities? In either case, tvhat does this mean in the context of Greek technique and psychoîogy about 430 B. C. ? As long as thèse preliminary questions are not even posed, the high-sounding « explanation » is a mère phrase. »
page 19 note 3. Il faut noter que la terminologie commerciale grecque semble toujours être restée très imprécise et qu'il est pratiquement impossible de savoir si les divers termes utilisés par les Grecs pour désigner les commerçants correspondaient à une véritable différenciation professionnelle. Tentatives d'interprétations par Knorringa, H., Emporos : Data on trade and trader in Greek littérature from Homer to Aristotle (Amsterdam, 1926)Google Scholar ; Hasebroek, Staat u. Handel, p. 1 et suiv. ; — Finkelstein, Emporos, Naucleros and Kapelos , A prolegomena [sic] to the study of Athenian trade, Class. Phil., XXX, 1935, p. 320 et suiv. L'accord n'est pas fait— et pour cause….
page 19 note 4. Sur sa technique au iv» siècle, cf. G. M. Galhoun, Risks in Sea-Loans in Ancient Athens, dans Journ Econ. Busin. Hist., II, 1929-1930, p. 561 et suiv.