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Tracer les limites des sociétés dans une perspective transeuropéenne: Les « Polonais de la Ruhr » à la fin du xixe et au début du xxe siècle

Published online by Cambridge University Press:  12 January 2022

Anne Friedrichs*
Affiliation:
Leibniz Institut für Europäische Geschichte Mainz [email protected]

Tracer les limites des sociétés dans une perspective transeuropéenne les « polonais de la ruhr » à la fin du xixe et au début du xxe siècle

Cet article se penche sur les travailleurs germano-polonais, principalement originaires des régions orientales de la Prusse, de l’Autriche-Hongrie et de l’Empire russe, dans la vallée de la Ruhr au tournant des xixe et xxe siècles. À partir de cette étude de cas, nous cherchons à faire valoir un point méthodologique plus général permettant de repenser notre conception des sociétés, en étudiant les processus par lesquels la démarcation et l’appartenance ont été produites aux niveaux local, national et transeuropéen lorsqu’un nombre croissant de personnes sont venues, restées et parfois parties de nouveau. La figure intellectuelle et sociale des « Polonais de la Ruhr » est particulièrement révélatrice en ce qu’elle met au jour des attributions spatiales concurrentes dont les significations ont changé en fonction du monde social et du contexte. L’analyse des processus de différenciation et d’évaluation imbriqués dans lesquels ces migrants étaient impliqués donne un aperçu de l’influence exercée par les acteurs régionaux à travers les pratiques administratives de catégorisation. Elle met également en évidence les différentes manières dont les nouveaux arrivants se sont représentés et ont réglementé les relations sociales. Enfin, nous discutons des conséquences de ces processus interactifs dans la classification légale et académique d’individus qui se déplaçaient au-delà de la grille de lecture de l’État-nation – et entre des espaces multiples tels que la vallée de la Ruhr et les régions polonophones. L’article montre que même à une époque où l’idéal de l’État-nation devenait prédominant dans les discours universitaires et publics en Europe, différentes constructions de l’appartenance, fondées sur l’origine, la réussite et des visions de l’humanité commune des sujets se côtoyaient dans la région de la Ruhr en tant que zone économique façonnée par les mobilités.

Charting the boundaries of societies in a trans-european perspective: the “ruhr poles” in the late nineteenth and early twentieth century

Charting the Boundaries of Societies in a Trans-European Perspective: The “Ruhr Poles” in the Late Nineteenth and Early Twentieth Century

This paper considers the Polish-German workers, mainly from the eastern parts of Prussia, Austria-Hungary, and the Russian Empire, who moved to the Ruhr Valley in the late nineteenth and early twentieth centuries. Extrapolating from this case study, it suggests a way of rethinking our conception of societies by shedding light on the processes through which demarcation and belonging were produced at local, state, and trans-European levels as an increasing number of people arrived, stayed, or sometimes moved on. The intellectual and social figure of the “Ruhr Poles” is particularly revealing because it points to competing spatial affiliations whose meanings shifted depending on geographical setting and social context. An analysis of the interwoven processes of differentiation and evaluation in which these migrants were involved provides insights into the influence that regional actors exerted through administrative practices of categorization. It also shows the diverse ways in which newcomers to the area represented and normalized social relationships. Finally, the article discusses the consequences of these interacting processes for the legal and scholarly classification of individuals who moved in ways that were not defined by the nation-state grid between multiple spaces such as the Ruhr Valley and Polish-speaking areas. Overall, the article demonstrates that even as the model of the “nation-state” was becoming prevalent in scholarly and public discourses across Europe, different constructions of belonging based on origin, achievement, and visions of the common humanity of subjects coexisted in the Ruhr region as an economic zone shaped by mobilities.

Type
Migration
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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Footnotes

*

J’aimerais remercier les participants à la conférence « Rethinking Social Spaces in an Epochal Comparison: Concepts and Approaches in Historical Migration Research » et au colloque « History of Emotions », respectivement organisés en 2019 à l’Institut Leibniz d’histoire européenne à Mayence et au Max Planck Institute for Human Development à Berlin, pour leurs questions et leurs commentaires sur une première version de cet article. Je remercie également Bettina Severin-Barboutie, Christina Brauner, Bernhard Gißibl, Johannes Paulmann, le comité de rédaction des Annales et les relecteurs anonymes pour leurs précieux commentaires sur des versions précédentes.

Traduction d’Antoine Heudre

References

1 Voir Bert Hardin, The Professionalization of Sociology: A Comparative Study; Germany – USA, Francfort, Campus, 1977.

2 Georg Simmel, « Soziologie der Geselligkeit », in Deutsche Gesellschaft für Soziologie (dir.), Verhandlungen des Ersten Deutschen Soziologentages vom 19.–22. Oktober 1910 in Frankfurt a.M., Tubingue, Mohr, 1911, p. 1-16.

3 Max Weber, « Geschäftsbericht », in Deutsche Gesellschaft für Soziologie (dir.), Verhandlungen des Ersten Deutschen Soziologentages…, op. cit., p. 39-62.

4 Voir Lynn Hunt, Writing History in the Global Era, New York, W. W. Norton, 2014, chap. 3. Il faut également signaler les débats existants sur la question de savoir qui représente la sociologie en tant que discipline. Voir, par exemple, Jonathan H. Turner, « American Sociology in Chaos: Differentiation without Integration », The American Sociologist, 37-2, 2006, p. 15-29. En Allemagne, ce débat a récemment abouti à la création de l’Académie de sociologie, qui s’est résolument démarquée de la Société allemande de sociologie : Gerald Wagner, « Ein Quexit in der Soziologie ? », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 23 janv. 2019.

5 Cette approche a été défendue par Paul Nolte dans les années 1990 : Paul Nolte, « Gesellschaftstheorie und Gesellschaftsgeschichte. Umrisse einer Ideengeschichte der modernen Gesellschaft », in T. Mergel et T. Welskopp (dir.), Geschichte zwischen Kultur und Gesellschaft. Beiträge zur Theoriedebatte, Munich, Beck, 1997, p. 275-298. Plus récemment, Hagen Schulz-Forberg a adopté une perspective différente : Hagen Schulz-Forberg (dir.), A Global Conceptual History of Asia, 1860-1940, Abingdon, Routledge, 2014. Pour une perspective politique et théorique, voir également Jean Terrier, Visions of the Social: Society as a Political Project in France, 1750-1950, Leyde, Brill, 2011.

6 Pour une présentation plus détaillée de cette approche, voir Anne Friedrichs, « Placing Migration in Perspective. Neue Wege einer relationalen Geschichtsschreibung », Geschichte & Gesellschaft, 44-2, 2018, p. 167-195. Voir également l’introduction au présent dossier d’Anne Friedrichs et Bettina Severin-Barboutie, « Mobilités, catégorisation et appartenance. Un défi de réflexivité », Annales HSS, 76-3, 2021, p. 445-455.

7 Pour des considérations plus générales dans les sciences humaines et sociales, qui, cependant, négligent largement les asymétries de pouvoir, variées historiquement : Dilek Dizdar et al. (dir.), Humandifferenzierung. Disziplinäre Perspektiven und empirische Sondierungen, Weilerswist, Velbrück, 2021.

8 Sur les avantages du concept d’appartenance par rapport à celui plus ancien, mais toujours populaire, d’« identité », voir Joanna Pfaff-Czarnecka, Zugehörigkeit in der mobilen Welt. Politiken der Verortung, Göttingen, Wallstein, 2012. Sur la participation des chercheurs à la catégorisation : Richard Jenkins, « Categorization: Identity, Social Process and Epistemology », Current Sociology, 48-3, 2000, p. 7-25.

9 L. Hunt, Writing History in the Global Era, op. cit., p. 78 sq.

10 Sur l’influence du franchissement des frontières l’identification, voir Sanjay Subrahmanyam, Three Ways to Be Alien: Travails and Encounters in the Early Modern World, Waltham, Brandeis University Press, 2011. Sur les effets des changements de frontières et, en particulier, la Révolution américaine, voir Dror Wahrman, The Making of the Modern Self: Identity and Culture in Eighteenth-Century England, New Haven, Yale University Press, 2004.

11 Pour une approche sur les tentatives de questionner la pertinence des approches nationale et/ou impériale plus lointaines, voir Matthias Middell et Lluís Roura (dir.), Transnational Challenges to National History Writing, Londres, Palgrave Macmillan, 2013.

12 Voir, plus récemment, John-Paul A. Ghobrial (dir.), « Global History and Microhistory », Past & Present, 242, supplément 14, 2019 ; Romain Bertrand et Guillaume Calafat (dir.), dossier « Micro-analyse et histoire globale », Annales HSS, 73-1, 2018, p. 1-159 ; Angelika Epple, « Lokalität und die Dimensionen des Globalen. Eine Frage der Relationen », Historische Anthropologie, 21-1, 2013, p. 4-25 ; Bettina Severin-Barboutie, « Attempts to Build Postwar Europe from Below in Stuttgart: Failure or Forerunner », in B. Shaev et S. Hackett (dir.), no spécial « Cities and Migration in Post-War Europe », Journal of Migration History, 7-3, 2021, p. 357-380.

13 Voir Christof Dejung et Martin Lengwiler, « Einleitung. Ränder der Moderne : Neue Perspektiven auf die Europäische Geschichte », in C. Dejung et M. Lengwiler (dir.), Ränder der Moderne. Neue Perspektiven auf die Europäische Geschichte (1800-1930), Cologne, Böhlau, 2016, p. 7-35 ; Bernhard Gißibl et Isabella Löhr (dir.), Bessere Welten. Kosmopolitismus in den Geschichtswissenschaften, Francfort, Campus, 2017.

14 Voir, en particulier, Sanjay Subrahmanyam, « Connected Histories: Notes towards a Reconfiguration of Early Modern Eurasia », Modern Asian Studies, 31-3, 1997, p. 735-762. Serge Gruzinski, « Les mondes mêlés de la Monarchie catholique et autres ‘connected histories’ », Annales HSS, 56-1, 2001, p. 85-117 ; Sebastian Conrad et Shalini Randeria (dir.), Jenseits des Eurozentrismus. Postkoloniale Perspektiven in den Geschichts- und Kulturwissenschaften, Francfort, Campus, 2002. Dans le domaine des études globales, voir également Pnina Werbner, « Global Pathways: Working Class Cosmopolitans and the Creation of Transnational Ethnic Worlds », Social Anthropology, 7-1, 1999, p. 17-35.

15 Voir également la critique de Johannes Fabian, « You Meet and You Talk: Anthropological Reflections on Encounters and Discourses », in S. Juterczenka et G. Mackenthun (dir.), The Fuzzy Logic of Encounter: New Perspectives on Culture Contact, Münster, Waxmann, 2009, p. 23-34. Pour un aperçu des différentes approches de l’histoire globale centrées sur les acteurs et sur les structures, en particulier en France, voir Romain Bertrand, « Histoire globale, histoires connectées : un ‘tournant’ historiographique ? », in A. Caillé et S. Dufoix (dir.), Le tournant global des sciences sociales, Paris, La Découverte, 2013, p. 44-66. On peut en outre trouver des pistes de réflexions intéressantes dans des études de sociologie et de géographie « classiques » qui s’intéressent à l’appropriation sociale de l’espace et aux effets de l’espace sur les changements sociaux. Voir par exemple Georg Simmel, Soziologie. Untersuchungen über die Formen der Vergesellschaftung, Leipzig, Duncker & Humblot 1908, p. 614-708.

16 Sur les tendances récentes de l’histoire des migrations qui étudient différents types de mouvements dans une perspective globale, voir Andreas Fahrmeir, « Conclusion: Historical Perspectives on Borderlands, Boundaries and Migration Control », no spécial « Migrations and Border Processes: Politics and Practices of Belonging and Exclusion from the 19th to the 21st Century », Journal of Borderlands Studies, 34-4, 2019, p. 623-631. Pour une position plus critique, voir Nancy L. Green, The Limits of Transnationalism, Chicago, The University of Chicago Press, 2019.

17 Voir, par exemple, Brian McCook, The Borders of Integration: Polish Migrants in Germany and the United States, 1870-1924, Athens, Ohio University Press, 2011. Pour l’étude qui reste la plus classique, voir Christoph Kleßmann, Polnische Bergarbeiter im Ruhrgebiet 1870-1945. Soziale Integration und nationale Subkultur einer Minderheit in der deutschen Industriegesellschaft, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1978. Même les travaux plus récents, qui ont commencé à analyser de manière plus approfondie les publications autobiographiques, tendent à ne prendre en compte que des sources en polonais : David Skrabania, Keine Polen ? Bewusstseinsprozesse und Partizipationsstrategien unter Ruhrpolen zwischen der Reichsgründung und den Anfängen der Weimarer Republik, Herne, Gabriele Schäfer Verlag, 2019.

18 Pour des études de cas illustrant la pertinence de cette approche combinant différentes perspectives, voir par exemple Abdellali Hajjat, Les frontières de l’« identité nationale ». L’injonction à l’assimilation en France métropolitaine et coloniale, Paris, La Découverte, 2012 ; Anne Friedrichs (dir.), no spécial « Migration, Mobilität und Sesshaftigkeit », Geschichte & Gesellschaft, 44-2, 2018.

19 N. L. Green, The Limits of Transnationalism, op. cit., p. 49.

20 Andreas Pott, Christoph Rass et Frank Wolff (dir.), Was ist ein Migrationsregime ? What Is a Migration Regime ?, Wiesbaden, Springer, 2018 ; Nancy L. Green et François Weil (dir.), Citoyenneté et émigration. Les politiques du départ, Paris, Éd. de l’EHESS, 2006 ; Patrick Weil, The Sovereign Citizen: Denaturalization and the Origins of the American Republic, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2013.

21 Natalie Zemon Davis, Trickster Travels: A Sixteenth-Century Muslim Between Worlds, New York, Hill and Wang, 2006 ; Linda Colley, The Ordeal of Elizabeth Marsh: A Woman in World History, New York, Pantheon Books, 2007 ; Nikolaos Papadogiannis et Detlef Siegfried, « Introduction », in N. Papadogiannis et D. Siegfried (dir.), no spécial « Between Leisure, Work and Study: Tourism and Mobility in Europe from 1945 to 1989 », Comparativ, 24-2, 2014, p. 7-17 ; Sarah Panter (dir.), no spécial « Mobility and Biography », Jahrbuch für Europäische Geschichte, 16, 2015 ; Levke Harders, « Belonging, Migration, and Profession in the German-Danish Border Region in the 1830s », Journal of Borderlands Studies, 34-4, 2019, p. 571-585.

22 Sur les concours de mémoires en Pologne, voir Katherine Lebow, « The Conscience of the Skin: Interwar Polish Autobiography and Social Rights », Humanity: An Interdisciplinary Journal of Human Rights, Humanitarianism, and Development, 3-3, 2012, p. 297-319 ; Kornelia Kończal et Joanna Wawrzyniak, « Provincializing Memory Studies: Polish Approaches in the Past and Present », Memory Studies, 11-4, 2018, p. 391-404 ; Paweł Rodak, « Poland’s Autobiographical Twentieth Century », in T. Trojanowska, J. Niżyńska et P. Czapliński (dir.), Being Poland: A New History of Polish Literature and Culture since 1918, Toronto, University of Toronto Press, 2018, p. 627-641. Cette tradition de production de connaissances sociologiques s’est très largement fondée sur William I. Thomas et Florian Znaniecki, The Polish Peasant in Europe and America: Monograph of an Immigrant Group, Boston, R. G. Badger, 5 vol., 1918-1920.

23 Philippe Lejeune, Le pacte autobiographique, Paris, Éd. du Seuil, [1975] 1996.

24 Voir, par exemple, Carsten Heinze, « Der paratextuelle Aufbau der Autobiographie », BIOS. Zeitschrift für Biographieforschung, Oral History und Lebensverlaufsanalysen, 20-1, 2007, p. 19-39 ; Volker Depkat, « Zum Stand und zu den Perspektiven der Autobiographieforschung in der Geschichtswissenschaft », BIOS. Zeitschrift für Biographieforschung, Oral History und Lebensverlaufsanalysen, 23-2, 2010, p. 170-187.

25 Voir, par exemple, la documentation produite pour le concours « Polonia » de 1970, organisé à Varsovie, Archiwum Akt Nowych (ci-après AAN), Towarzystwo Przyjaciół Pamiętnikarstwa (ci-après TPP), no 4104. Outre ce concours, des autobiographies individuelles et des compilations de mémoires publiées avant 1945, nous examinons également des textes produits lors de deux autres concours organisés en 1950 (pour les « travailleurs ») et en 1957 (pour les « Polonia »). Pour un aperçu des différents concours de mémoires et leurs publications, voir Franciszek Jakubczak (dir.), Konkursy na pamiętniki w Polsce, 1921-1966, Varsovie, Komitet Badań nad Kulturą Współczesną Polskiej Akademii Nauk. Komisja Badań nad Pamiętnikarstwem Współczesnym, 1966.

26 Pourtant, même pendant la période staliniste, certains mémoires non publiés ne correspondaient souvent pas au script communiste : Katherine Lebow, « Autobiography as Complaint: Polish Social Memoir between the World Wars », Laboratorium: Russian Review of Social Research, 6-3, 2014, p. 13-26, ici p. 24.

27 Pour ce qui suit, voir Dariusz Wierzchoś, « Zwyczajne życie zwykłych ludzi. Losy archiwum Towarzystwa Przyjaciół Pamiętnikarstwa », Histmag.org, 2008, https://histmag.org/Zwyczajne-zycie-zwyklych-ludzi.-Losy-archiwum-Towarzystwa-Przyjaciol-Pamietnikarstwa-1750.

28 W. I. Thomas et F. Znaniecki, The Polish Peasant in Europe and America, op. cit.

29 Sur la tradition des récits d’esclaves et différentes formes d’histoires de vie post-coloniales, voir Bart Moore-Gilbert, Postcolonial Life-Writing: Culture, Politics, and Self-Representation, Londres, Routledge, 2009. De nombreuses collections célèbres de témoignages autobiographiques se trouvent dans les bibliothèques des États-Unis. Voir, par exemple, Bibliothèque du Congrès, « An Introduction to the WPA Slave Narratives », s. d., https://www.loc.gov/collections/slave-narratives-from-the-federal-writers-project-1936-to-1938/articles-and-essays/introduction-to-the-wpa-slave-narratives/.

30 Sur les pratiques genrées des récits autoréférentiels des travailleurs, voir Regina Gagnier, « Social Atoms: Working-Class Autobiography, Subjectivity, and Gender », Victorian Studies, 30-3, 1987, p. 335-363.

31 Cette démarche fait écho à l’appel à analyser la construction du « soi » en relation à d’autres groupes (la famille, par exemple) et d’autres normes, qui a fait suite au débat sur la montée d’un « soi » individuel et autonome pendant la Renaissance : voir Mary Fulbrook et Ulinka Rublack, « In Relation: The ‘Social Self’ and Ego-Documents », German History, 28-3, 2010, p. 263-272.

32 Sur les genres des récits de vie des travailleurs en Allemagne, voir Mary Jo Maynes, Taking the Hard Road: Life Course in French and German Workers’ Autobiographies in the Era of Industrialization, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1995. Pour un aperçu de la littérature sur les travailleurs de la région de la Ruhr, et notamment des textes autoréférentiels, voir Dirk Hallenberger, Dirk van Laak et Erhard Schütz (éd.), Das Ruhrgebiet in der Literatur. Annotierte Bibliographie zur Literatur über das Ruhrgebiet von den Anfängen bis 1961, Essen, Klartext, 1990.

33 Pour un aperçu de cette recherche, voir Birgit A. Jansen, « Bawdy Bodies or Moral Agency? The Struggle for Identity in Working-Class Autobiographies of Imperial Germany », Biography, 28-4, 2005, p. 534-557, ici p. 536-539.

34 Cette approche se rattache également aux considérations praxéologiques dans la recherche interdisciplinaire sur les migrations, voir A. Pott, C. Rass et F. Wolff (dir.), Was ist ein Migrationsregime ?, op. cit.

35 Le terme « interférence » est employé ici dans un sens métaphorique. Emprunté à la physique, où il décrit la superposition de différentes ondes sonores provenant de différents centres, il a été transposé dans le champ des études culturelles par Clifford Geertz, « Ritual and Social Change: A Javanese Example » [1957], in The Interpretation of Cultures: Selected Essays, New York, Basic Books, 1973, p. 142-169, ici p. 167.

36 Pour une discussion plus approfondie des motivations de la migration vers la région de la Ruhr dans le contexte d’un système migratoire transatlantique, voir Anne Friedrichs, « A Site of Shifting Boundaries: Fostering and Limiting Mobility in the Ruhr Valley (1860-1910) », Journal of Borderlands Studies, 34-4, 2019, p. 587-603.

37 Wolfram Fischer, « Die Bedeutung der preußischen Bergrechtsreform (1851-1865) für den industriellen Ausbau des Ruhrgebiets », in W. Fischer (éd.), Wirtschaft und Gesellschaft im Zeitalter der Industrialisierung. Aufsätze, Studien, Vorträge, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1972, p. 161-178.

38 Königliches Statistisches Bureau in Berlin (dir.), Preußische Statistik. Die endgültigen Ergebnisse der Volkszählung im preußischen Staate vom 1. December 1880, vol. 121, part. 2, Berlin, Königliches Statistisches Bureau, 1883, p. 44-45.

39 Ibid., p. 159-160. Sur la fonction politique des statistiques, voir David I. Kertzer et Dominique Arel, « Censuses, Identity Formation, and the Struggle for Political Power », in D. I. Kertzer et D. Arel (dir.), Census and Identity: The Politics of Race, Ethnicity, and Language in National Censuses, Cambridge, Cambridge University Press, 2001, p. 1-42.

40 Les statisticiens prussiens ne considéraient toutefois pas la langue comme un critère dénué d’ambiguïté. Les recensements de la population prenaient également en compte les personnes ayant deux langues premières.

41 Voir, par exemple, Lorenz Pieper, Die Lage der Bergarbeiter im Ruhrrevier, Stuttgart, Cotta, 1903 ; Johannes Victor Bredt, Die Polenfrage im Ruhrkohlengebiet. Eine wirtschaftspolitische Studie, Leipzig, Duncker & Humblot, 1909 ; Franz Schulze, Die Polnische Zuwanderung im Ruhrrevier und ihre Wirkungen, Bigge, Josefs Druckerei, 1909 ; Max Metzner, Die soziale Fürsorge im Bergbau. Unter besonderer Berücksichtigung Preußens, Sachsens, Bayerns und Österreichs, Iéna, G. Fischer, 1911 ; Stanislaus Wachowiak, Die Polen in Rheinland-Westfalen, Borna, Noske, 1916. Sur la perspective nationaliste, voir Alldeutscher Verband (dir.), Die Polen im rheinisch-westfälischen Steinkohlen-Bezirke. Mit einem statistischen Anhange, einer Sammlung polnischer Lieder und zwei Karten, Munich, Lehmann, 1901 ; Johannes Altkemper, Deutschtum und Polentum in politisch-konfessioneller Bedeutung, Leipzig, Duncker & Humblot, 1910.

42 L. Pieper, Die Lage der Bergarbeiter im Ruhrrevier, op. cit.

43 J. V. Bredt, Die Polenfrage im Ruhrkohlengebiet, op. cit.

44 Voir, par exemple, Sebastian Conrad, Globalisation and the Nation in Imperial Germany, trad. par S. O’Hagan, Cambridge, Cambridge University Press, [2006] 2010. Les premières impulsions pour une recherche critique sur l’Ostforschung (soit les recherches menées en Allemagne devant fournir des arguments pour l’élargissement ou la révision des frontières orientales) ont été données par des études plus nuancées : Wolfgang Wippermann, Der ‘Deutsche Drang nach Osten’. Ideologie und Wirklichkeit eines politischen Schlagwortes, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1981 ; Michael Burleigh, Germany Turns Eastwards: A Study of Ostforschung in the Third Reich, Cambridge, Cambridge University Press, 1988.

45 J. Altkemper, Deutschtum und Polentum…, op. cit. Sur la fondation de l’Association allemande, voir Christoph Hübner, Die Rechtskatholiken, die Zentrumspartei und die katholische Kirche in Deutschland bis zum Reichskonkordat von 1933. Ein Beitrag zur Geschichte des Scheiterns der Weimarer Republik, Berlin, Lit, 2014, p. 62.

46 Torsten Lorenz, Von Birnbaum nach Miedzychod. Bürgergesellschaft und Nationalitätenkampf in Großpolen bis zum Zweiten Weltkrieg, Berlin, Berliner Wissenschafts-Verlag, 2005 ; Geoff Eley, Reshaping the German Right: Radical Nationalism and Political Change after Bismarck, New Haven, Yale University Press, 1980.

47 Berlin, Geheimes Staatsarchiv Preußischer Kulturbesitz (ci-après GStA PK), I. HA Rep. 77 Ministerium des Innern, Tit. 870, no 38, « Lettre du gouverneur de Westphalie [Oberpräsident] au ministère prussien de l’Intérieur », 24 janv. 1890.

48 Berlin, GStA PK, I. HA Rep. 77 Ministerium des Innern, Tit. 870, no 38, « Lettre du ministère prussien de l’Intérieur au gouverneur de Westphalie », 22 févr. 1890 ; Berlin, GStA PK, I. HA Rep. 77 Ministerium des Innern, Tit. 870, no 38, « Projet de lettre », 15 janv. 1891.

49 Sur l’histoire de Wiarus polski, voir Christoph Kleßmann, « Der ‘Wiarus Polski’ – Zentralorgan und Organisationszentrum der Polen im Ruhrgebiet 1891-1923 », Beiträge zur Geschichte Dortmunds und der Grafschaft Mark, 69, 1974, p. 383-397.

50 Entre autres signes de cette absence d’intérêt, on peut évoquer le fait que l’observation des associations fondées par des « Polonais » n’a pas commencé avant 1883 et que, par la suite, l’initiative est toujours venue du ministère de la Culture à Berlin. Voir, par exemple, Münster, Landesarchiv NRW, Abteilung Westfalen (ci-après LAW), OP Münster, no 2748, vol. 1, « Lettre du ministère de la Culture au gouverneur de Westphalie », 24 mars 1883.

51 Berlin, GStA PK, I. HA Rep. 77 Ministerium des Innern, Tit. 870, no 38, « Lettre du gouverneur [Regierungspräsident] d’Arnsberg », 20 nov. 1893.

52 Pour un aperçu de la question, voir Christoph Kleßmann et Johannes Frackowiak, « Die Polenpolitik des Deutschen Kaiserreichs 1871-1918 », in J. Frackowiak (dir.), Nationalistische Politik und Ressentiments. Deutsche und Polen von 1871 bis zur Gegenwart, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2013, p. 23-38.

53 Voir Marek Rajch, « Preußische Zensurpolitik und Zensurpraxis in der Provinz Posen 1848/49 bis 1918 », Archiv für Geschichte des Buchwesens, 56, 2002, p. 1-77.

54 Berlin, GStA PK, I. HA Rep. 77 Ministerium des Innern, Tit. 870, no 38, « Rapport du gouverneur [Oberpräsident] de la province de Rhénanie », 24 juill. 1897 et Berlin, GStA PK, I. HA Rep. 77 Ministerium des Innern, Tit. 870, no 38, « Lettre du ministère de l’Intérieur à von Studt », 19 nov. 1897.

55 Peter Sahlins, Boundaries: The Making of France and Spain in the Pyrenees, Berkeley, University of California Press, 1989 ; Pieter M. Judson, Guardians of the Nation: Activists on the Language Frontiers of Imperial Austria, Cambridge, Harvard University Press, 2007.

56 Par exemple, Münster, LAW, OP Münster, no 2748, vol. 3, « Lettre du gouverneur de Westphalie au gouverneur [Regierungspräsident] de Münster », 29 oct. 1899.

57 Thomas Mergel, « Das Kaiserreich als Migrationsgesellschaft », in S.-O. Müller et C. Torp (dir.), Das Kaiserreich in der Kontroverse, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2008, p. 374-391.

58 Berlin, GStA PK, I. HA Rep. 77 Ministerium des Innern, Tit. 870, no 38, « Rapport de l’agent de police Goehrke », 29 janv. 1900.

59 C. Kleßmann, Polnische Bergarbeiter…, op. cit., p. 86.

60 Ralph Jessen, Polizei im Industrierevier. Modernisierung und Herrschaftspraxis im westfälischen Ruhrgebiet 1848-1914, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1991. Pour mettre en perspective cette évolution avec la situation dans d’autres pays, voir Eric A. Johnson, Urbanization and Crime: Germany, 1871-1914, Cambridge, Cambridge University Press, 1995.

61 Berlin, GStA PK, I. HA Rep. 77 Ministerium des Innern, Tit. 870, no 38, « Lettre du ministère de l’Intérieur », 1er déc. 1906.

62 Berlin, GStA PK, I. HA Rep. 77 Ministerium des Innern, Tit. 871, no 109, « Lettre du ministère de l’Intérieur », 13 juill. 1909 (au sujet du décret du 26 mars 1909).

63 Berlin, GStA PK, I. HA Rep. 77 Ministerium des Innern, Tit. 871, no 109, « Lettre du ministère de l’Intérieur », 13 juill. 1909 (au sujet du décret du 26 mars 1909). Voir aussi R. Jessen, Polizei im Industrierevier, op. cit., p. 154.

64 C’est en 1880 que Wilhelm Rost est mentionné pour la première fois en tant que secrétaire de mairie dans le carnet d’adresses de Dortmund ; voir Otto Jaehrke (dir.), Dortmunder Wohnungs- und Geschäftsanzeiger für das Jahr 1880, Dortmund, s. n., 1880. Voir également Münster, LAW, Regierung Arnsberg, no 14044, « Lettre du maire [Oberbürgermeister] de Dortmund », 12 juill. 1889. Sur les origines de Rost, voir Poznań, Archiwum Państwowe w Poznaniu (ci-après APP), no 2724, « Lettre du maire de Dortmund au chef de la police de Poznań », 20 févr. 1898. Sur Friedrich Goehrke, voir C. Kleßmann, Polnische Bergarbeiter…, op. cit., p. 86. Sur von Studt, voir la notice proposée par la Landschaftsverband Westfalen-Lippe, « Konrad von Studt », sur le site Westfälische Geschichte, http://www.westfaelische-geschichte.de/per245.

65 Pierre-Yves Saunier, Transnational History, Londres, Palgrave Macmillan, 2013, en particulier chap. 2.

66 Andreas Kossert, Preußen, Deutsche oder Polen ? Die Masuren im Spannungsfeld des ethnischen Nationalismus 1870-1956, Wiesbaden, Harrassowitz, 2001.

67 Berlin, GStA PK, I. HA Rep. 195 Deutscher Ostmarkenverein, no 4, « Lettre au conseil d’administration de la Société allemande des frontières orientales à Berlin », 9 janv. 1909.

68 Seule une très petite proportion (moins de 10 %) des personnes ne parlant que le polonais était membre des associations de langue polonaise. Voir Witold Matwiejczyk (dir.), Katolickie towarzystwa robotników polskich w Zagłębiu Ruhry, 1871-1894, Lublin, Towarzystwo Naukowe KUL, 1999, tableau 2, p. 892-894.

69 Sur les débats concernant la mesure dans laquelle la mobilité et les tendances générales ont façonné la vie des femmes et des hommes, voir Nils Riecken, « Relational Lives: Historical Subjectivities in Global Perspective », in N. Riecken (dir.), no spécial « Relational Lives », Geschichte & Gesellschaft, 45-3, 2019, p. 325-340. Voir également A. Friedrichs et B. Severin-Barboutie, « Mobilités, catégorisation et appartenance », art. cit.

70 Didier Fassin, « Les économies morales revisitées », Annales HSS, 64-6, 2009, p. 1237-1266.

71 Franz Josef Brüggemeier et Lutz Niethammer, « Schlafgänger, Schnapskasinos und schwerindustrielle Kolonie. Aspekte der Arbeiterwohnungsfrage im Ruhrgebiet vor dem Ersten Weltkrieg », in J. Reulecke et W. Weber (dir.), Fabrik – Familie – Feierabend. Beiträge zur Sozialgeschichte des Alltags im Industriezeitalter, Wuppertal, Hammer, 1978, p. 135-175. Voir également Lynn Abrams, Workers’ Culture in Imperial Germany: Leisure and Recreation in the Rhineland and Westphalia, Londres, Routledge, [1992] 2002, p. 79.

72 Sur l’étendue de ce phénomène en Europe, voir Friedrich Lenger, European Cities in the Modern Era, 1850-1914, Leyde, Brill, 2012, p. 107 sq.

73 Moritz Grän, Erinnerungen aus einer Bergarbeiterkolonie im Ruhrgebiet, Münster, F. Coppenrath, 1983, p. 1-9.

74 Stanisław Drygas, Czas zaprzeszły. Wspomnienia, 1890-1944, Varsovie, Czytelnik, 1970, p. 85.

75 Georg Werner, Ein Kumpel. Erzählung aus dem Leben der Bergarbeiter, Berlin, Die Knappschaft, 1929, p. 70.

76 Charles Tilly, « Migration in Modern European History », in W. H. McNeill et R. Adams (dir.), Human Migration: Patterns and Policies, Bloomington, Indiana University Press, 1978, p. 48-72.

77 [Auteur anonyme], « Pamiętnik no 1 », in Instytut Gospodarstwa Społecznego (éd.), Pamiętniki chłopów. Serja druga, Varsovie, Instytut Gospodarstwa Społecznego, 1936, p. 1-29, ici p. 12.

78 Johan Huizinga, Homo Ludens: A Study of the Play-Element in Culture, Londres, Routledge, 1949.

79 Sur le concept d’Eigensinn, voir Alf Lüdtke, Eigen-Sinn. Fabrikalltag, Arbeitererfahrungen und Politik vom Kaiserreich bis in den Faschismus, Münster, Westfälisches Dampfboot, [1993] 2015.

80 Jakub Wojciechowski, Życiorys własny robotnika, Poznań, Wydawnictwo Poznańskie, 2 vol., 1971, p. 316 sq. Voir également [Auteur anonyme], « Pamiętnik no 4 », in Instytut Gospodarstwa Społecznego (éd.), Pamiętniki emigrantów. Francja, Nr. 1-37, Varsovie, Instytut Gospodarstwa Społecznego, 1939, p. 48-54, ici p. 51-52.

81 J. Wojciechowski, Życiorys własny robotnika, op. cit., p. 316.

82 M. J. Maynes, Taking the Hard Road, op. cit., p. 129-151.

83 [Auteur anonyme], « Pamiętnik no 4 », art. cit., p. 51.

84 Susanna Burghartz, « Jungfräulichkeit oder Reinheit ? Zur Änderung von Argumentationsmustern vor dem Basler Ehegericht im 16. und 17. Jahrhundert », in R. van Dülmen (dir.), Dynamik der Tradition, Francfort, Fischer, 1992, p. 13-40.

85 Voir, par exemple, Berlin, GStA PK, I. HA Rep. 120, BB VII 1 no 19, vol. 2, « Mesures visant à éliminer les maux découlant du système d’internat et de logement », 1877-1891.

86 Voir, par exemple, Sonja Janositz, « Entwurf eines gemeinsamen Lebens. Die Briefe der irischen Migrantin Annie O’ Donnell », L’Homme, 25-1, 2014, p. 69-84.

87 Voir Instytut Gospodarstwa Społecznego (éd.), Pamiętniki emigrantów. Francja, Nr. 1-37, op. cit.

88 M. J. Maynes, Taking the Hard Road, op. cit., p. 139.

89 Pour des exceptions, voir M. Grän, Erinnerungen…, op. cit. et Tomasz Olszański, Życie tułacze, Varsovie, Książka i Wiedza, 1957. Au sujet du mariage de sa grand-mère, voir également Heinrich W. Seidel, Lebenserinnerungen, Munich, Books on Demand, 2002.

90 G. Werner, Ein Kumpel, op. cit., p. 112-113.

91 Dortmund, Stadtarchiv, « Dossiers de collecte de mariages, bureau de Mengede », 1889-1900.

92 Paul-André Rosental, Les sentiers invisibles. Espace, famille et migration dans la France du xix e siècle, Paris, Éd. de l’EHESS, 1999.

93 Dortmund, Stadtarchiv, « Dossiers de collecte de mariages, bureau de Mengede », demande d’enregistrement de mariage entre Georg Friedrich Hüppe et Amalie Kullack du 8 octobre 1899.

94 Dortmund, Stadtarchiv, « Dossiers de collecte de mariages, bureau de Mengede », demande d’enregistrement de mariage entre Karl August Meier et Anna Maria Hedwig Spedawski du 13 juin 1899.

95 Münster, LAW, OP Münster, no 2835, vol. 2, « Lettre du ministère du Commerce au gouverneur de Westphalie et au Bureau central des mines [Oberbergamt] », 10 mars 1898.

96 Des règlements de ce type n’existaient dans aucun autre district minier : voir Ministerium für Handel und Gewerbe (dir.), Zeitschrift für das Berg-, Hütten- und Salinenwesen im preussischen Staate, Berlin, Ernst, 1880-1913.

97 C. Kleßmann, Polnische Bergarbeiter…, op. cit., p. 63.

98 La liste inclut, par exemple, une entrée consacrée à un Russe, du nom de Wischnewetzki, qui ne parlait pas allemand ; les entrées sur d’autres ouvriers mentionnent qu’ils ne parlaient qu’un allemand très rudimentaire. Entre le 1er et le 9 octobre 1908, l’entreprise a également employé un certain Wojcik dont la langue natale était le polonais et qui venait d’Autriche-Hongrie : Dortmund, Westfälisches Wirtschaftsarchiv, « Liste des employés de la mine de charbon de Kurl », n. d. [1911].

99 Poznań, Archives de l’Instytut Zachodni (ci-après IZP), II 332, « Histoires de vie de garçons mazuriens », 1947. Également publié dans une version légèrement différente : Janusz Jasinski (éd.) Karol Pentowski Pamiętnik Mazura, Olsztyn, Stowarzyszenie Społeczno-Kulturalne, 1959, p. 19.

100 Franciszek Połomski, « Ze wspomnień starego ‘Westfaloka’ – A. Podeszwy », Studia Śląskie, 1, 1958, p. 253-264, ici p. 256-257.

101 Ibid., p. 258.

102 Sur l’évolution de ce sentiment au xxe siècle et ses conséquences, voir Peter Oliver Loew, Wir Unsichtbaren. Geschichte der Polen in Deutschland, Munich, Beck, 2014.

103 John J. Kulczycki, The Foreign Worker and the German Labor Movement: Xenophobia and Solidarity in the Coal Fields of the Ruhr, 1871-1914, Oxford, Berg Publishers, 1994, p. 90 et 160.

104 Ibid.

105 Christoph Kleßmann, « Polnische Bergarbeiter im Ruhrgebiet. Soziale Lage und gewerkschaftliche Organisation », in H. Mommsen et U. Bonsdorf (dir.), Glück auf, Kameraden ! Die Bergarbeiter und ihre Organisationen in Deutschland, Cologne, Bund, 1979, p. 109-130, ici p. 119.

106 Sylvia Haida, « Die Ruhrpolen – Nationale und konfessionelle Identität im Bewusstsein und im Alltag 1871-1918 », thèse de doctorat, université de Bonn, 2012, p. 139-193 et 357-359 ; Andrzej Paczkowski, Prasa polonijna w latach 1870-1939. Zarys problematyki, Varsovie, Biblioteka Narodowa, 1977 ; Andrzej Notkowski, « Polska prasa prowincjonalna doby powstaniowej (1865-1918). Jej funkcje społeczne i ‘geografia’ wydawnicza », in R. Czepulis-Rastenis (dir.), Inteligencja polska xix i xx wieku. Studia, t. 6, Varsovie, Wydawnictwo Naukowe, 1991, p. 185-228.

107 Benedict Anderson, Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, Londres, Verso, 1983.

108 À propos de Wiarus polski, voir S. Haida, « Die Ruhrpolen », op. cit., p. 150-161, et C. Kleßmann, « Der ‘Wiarus Polski’ », art. cit.

109 A. Kossert, Preußen, Deutsche oder Polen ?, op. cit., p. 99-100.

110 Poznań, IZP, no II 332, « Histoires de vie de garçons mazuriens », 1947.

111 Voir J. Wojciechowski, Życiorys własny robotnika, op. cit., p. 320.

112 Bochum, Bergbau-Archiv, 45/212, « Plaintes des voisins (1904-1916) », 1904-1916.

113 Klaus Tenfelde, Sozialgeschichte der Bergarbeiterschaft an der Ruhr im 19. Jahrhundert, Bonn, Verlag Neue Gesellschaft, 1977.

114 G. Werner, Ein Kumpel, op. cit., p. 75-76.

115 Ibid., p. 76.

116 Sur le Verein für Socialpolitik (une association fondée par des professeurs d’économie nationale et des praticiens sociaux, en 1872, pour s’opposer au libéralisme qui dominait les sciences économiques dans les années 1860) : voir Irmela Gorges, Sozialforschung in Deutschland 1872-1914. Gesellschaftliche Einflüsse auf Themen- und Methodenwahl des Vereins für Socialpolitik, Königstein, Anton Hain, 1980.

117 Sandrine Kott, « From Transnational Reformist Network to International Organization: The International Association for Labour Legislation and the International Labour Organization, 1900-1930 », in D. Rodogno, B. Struck et J. Vogel (dir.), Shaping the Transnational Sphere: Experts, Networks, and Issues from the 1840s to the 1930s, New York, Berghahn, 2015, p. 239-259.

118 Voir Jasmien Van Daele, « Engineering Social Peace: Networks, Ideas, and the Founding of the International Labour Organization », International Review of Social History, 50-3, 2005, p. 435-466, ici p. 444-445.

119 Pour davantage de contexte, voir Rosemary Feurer, « The Meaning of ‘Sisterhood’: The British Women’s Movement and Protective Labor Legislation, 1870-1900 », Victorian Studies, 31-2, 1988, p. 233-260.

120 Voir Paul-André Rosental, « Migrations, souveraineté, droits sociaux. Protéger et expulser les étrangers en Europe du xixe siècle à nos jours », Annales HSS, 66-2, 2011, p. 335-373.

121 L’incidence du traité de Gotha de 1851 fait l’objet d’une intense controverse dans le domaine de la recherche sur les migrations. Voir, par exemple, Michael Schubert, « The Creation of Illegal Migration in the German Confederation, 1815-1866 », Journal of Borderlands Studies, 34-4, 2019, p. 527-545.

122 Julie Green, The Canal Builders: Making America’s Empire at the Panama Canal, New York, Penguin Books, 2009, p. 66.

123 Ibid., p. 66-67.

124 Sur les différentes notions de mérite, voir Nina Verheyen, Die Erfindung der Leistung, Munich, Carl Hanser Verlag, 2018.

125 Les liens entre le colonialisme et le national-socialisme constituent un champ vaste et complexe. Pour une introduction, voir Matthew P. Fitzpatrick, « The Pre-History of the Holocaust? The Sonderweg and Historikerstreit Debates and the Abject Colonial Past », Central European History, 41, 2008, p. 477-503 ; id., « Colonialism, Postcolonialism, and Decolonization », no spécial « Central European History at Fifty (1968-2018) », Central European History, 51-1, 2018, p. 83-89 ; Winson Chu, Jesse Kauffman et Michael Meng, « A Sonderweg through Eastern Europe? The Varieties of German Rule in Poland during the Two World Wars », German History, 31-3, 2013, p. 318-344.

126 Dörte Lerp, Imperiale Grenzräume. Bevölkerungspolitiken in Deutsch-Südwestafrika und den östlichen Provinzen Preußens 1884-1914, Francfort, Campus, 2016.

127 Jürgen Zimmerer, Von Windhuk nach Auschwitz ? Beiträge zum Verhältnis von Kolonialismus und Holocaust, Münster, Lit, 2011 ; Shelley Baranowski, Nazi Empire: German Colonialism and Imperialism from Bismarck to Hitler, Cambridge, Cambridge University Press, 2010. Pour une critique, voir Robert Gerwarth et Stephan Malinowski, « Der Holocaust als ‘kolonialer Genozid’ ? Europäische Kolonialgewalt und nationalsozialistischer Vernichtungskrieg », Geschichte & Gesellschaft, 33-3, 2007, p. 439-466.

128 Peter Haslinger, « Sprachenpolitik, Sprachendynamik und imperiale Herrschaft in der Habsburgermonarchie 1740-1914 », Zeitschrift für Ostmitteleuropa-Forschung, 57, 2008, p. 81-111.

129 Pour un aperçu du paysage international de la recherche sur les régions frontalières d’Europe centrale et orientale pendant l’entre-deux-guerres, voir Winston Chu, The German Minority in Interwar Poland, New York, Cambridge University Press, 2012, p. 4-11. Sur la période précédant 1918, voir Brendan Karch, Nation and Loyalty in a German-Polish Borderland: Upper Silesia, 1848-1960, New York, Cambridge University Press, 2018, p. 10-16. Concernant l’Alsace en particulier, voir Alison Carrol, The Return of Alsace to France, 1918-1939, New York, Oxford University Press, 2018, p. 5-13. Pour une histoire des empires sous l’angle de la longue durée, voir Valérie Assan et Jakob Vogel, « Introduction. Une histoire croisée des minorités en Méditerranée », in V. Assan, B. Heyberger et J. Vogel (dir.), Minorités en Méditerranée au xix e siècle. Identités, identifications, circulations, Rennes, PUR, 2019, p. 9-21.

130 Anne Friedrichs, « Multiperspektivität als Schlüssel zur Kontingenz von Zugehörigkeit. Der Umzug von polnisch-deutschen Arbeitern und ihren Familien aus dem Ruhrgebiet nach Frankreich von 1922 bis 1925 », Historische Zeitschrift, 313-3, 2021, p. 645-685.

131 Il convient de rappeler que les femmes avaient travaillé dans les mines de la Ruhr pendant la Première Guerre mondiale : Kai Rewe, « …wir werden sie schon zur Arbeit bringen ! » Ausländerbeschäftigung und Zwangsarbeit im Ruhrkohlenbergbau während des Ersten Weltkriegs, Essen, Klartext, 2005, p. 64-68.

132 Tara Zahra, « The ‘Minority Problem’ and National Classification in the French and Czechoslovak Borderlands », Contemporary European History, 17-2, 2008, p. 137-165.

133 Piet C. Emmer, « The Meek Hindu: The Recruitment of Indian Laborers for Service Overseas, 1870-1916 », in P. C. Emmer (dir.), Colonialism and Migration: Indentured Labour Before and After Slavery, Dordrecht, M. Nijhoff, 1986, p. 187-207 ; David Northrup, Indentured Labor in the Age of Imperialism, 1834-1922, New York, Cambridge University Press, 1995.

134 Voir, par exemple, Laurent Dornel, « L’appel à la main-d’œuvre étrangère et coloniale pendant la Grande Guerre. Un tournant dans l’histoire de l’immigration ? », Migrations Société, 156-6, 2014, p. 51-67.

135 Gary S. Cross, Immigrant Workers in Industrial France: The Making of a New Laboring Class, Philadelphie, Temple University Press, 1983, p. 35-98.

136 Czesław Kaczmarek, L’émigration polonaise en France après la guerre, Paris, Berger-Levrault, 1928 ; Janine Ponty, Polonais méconnus. Histoire des travailleurs immigrés en France dans l’entre-deux-guerres, Paris, Publications de la Sorbonne, 1988 ; Philip D. Slaby, « Industry, the State, and Immigrant Poles in Industrial France, 1919-1939 », thèse de doctorat, Brandeis University, 2005. Sur l’émigration depuis l’Italie, la Belgique et d’autres pays au xixe siècle, voir l’ouvrage de référence de Gérard Noiriel, Longwy. Immigrés et prolétaires (1880-1980), Paris, PUF, 1984.

137 Philip H. Slaby, « Dissimilarity Breeds Contempt: Ethnic Paternalism, Foreigners, and the State in Pas-de-Calais Coalmining, France, 1920s », International Review of Social History, 60-1, 2015, p. 227-251.

138 Seules quelques études ont étudié les compilations publiées de textes autobiographiques. Voir, par exemple, J. Ponty, Polonais méconnus, op. cit., p. 60-68.

139 Par exemple, AAN, TPP, no 3985.

140 Voir Instytut Gospodarstwa Społecznego (éd.), Pamiętniki Emigrantów. Francja, Nr. 1-37, op. cit., en particulier les numéros 4, 6, 7 et 34, et AAN, TPP, no 7600.

141 AAN, TPP, no 4186.

142 AAN, TPP, no 3945 et 3985.

143 Par exemple, Berlin, Bundesarchiv, R69 et R186 ; Łódź, Archiwum Państwowe, Centrala Imigracyjna, no 13. Pour le contexte d’ensemble, voir Isabell Heinemann, Rasse, Siedlung, deutsches Blut. Das Rasse- und Siedlungshauptamt der SS und die rassenpolitische Neuordnung Europas, Göttingen, Wallstein, 2003, p. 336 et 356.

144 Sur l’influence que la convention de Genève relative à la Haute-Silésie a eu sur la protection de la population juive dans cette région après 1933, voir B. Karch, Nation and Loyalty in a German-Polish Borderland, op. cit., p. 186-217.

145 Berlin, GstA PK, I. HA. Rep 77, Tit. 4032, no 13, « Pétition de l’Union des Polonais en Allemagne, Section I, au Conseil de la Société des nations à Genève », 14 mars 1932. Sur le contexte d’ensemble, voir Carole Fink, « Minority Rights as an International Question », Contemporary European History, 9-3, 2000, p. 385-400. Sur les règles spéciales pour la Haute-Silésie, voir Christian Raitz von Frentz, A Lesson Forgotten: Minority Protection Under the League of Nations; The Case of the German Minority in Poland, 1920-1934, Münster, Lit, 1999, p. 116-126.

146 Stanisław Kubiak, Wspomnienia. Pół wieku pracy społecznej ws´ród Polonii Westfalskiej, Herne, Nakładem autora, 1980, p. 8.

147 Voir Heidi Behrens et Norbert Reichling, « Ich war ein seltener Fall. » Die deutsch-jüdisch-polnische Geschichte der Leni Zytnicka, Essen, Klartext, 2018, par opposition à Wolfgang Emmerich (dir.), Proletarische Lebensläufe. Autobiographische Dokumente zur Entstehung der Zweiten Kultur in Deutschland, Reinbek, Rohwolt, 2 vol., 1974-1975 ; Walter Köpping (dir.), Lebensberichte deutscher Bergarbeiter, Francfort, Büchergilde Gutenberg, 1984.

148 Comme le surnomme Leni Zytnicka : H. Behrens et N. Reichling, « Ich war ein seltener Fall », op. cit., p. 27

149 Ibid., p. 17.

150 Pour un aperçu du débat sur l’« indifférence nationale », voir Tara Zahra, « Imagined Noncommunities: National Indifference as a Category of Analysis », Slavic Review, 69-1, 2010, p. 93-119.

151 P.-A. Rosental, Les sentiers invisibles, op. cit. ; Ewa Morawska, For Bread with Butter: Life-Worlds of East Central Europeans in Johnstown, Pennsylvania, 1890-1940, Cambridge, Cambridge University Press, 1985, chap. 1.

152 Voir le texte classique de Hannah Arendt, « The Rights of Man: What Are They? », Modern Review, 3-1, 1949, p. 24-36. Pour un regard critique sur la notion et les droits des « minorités » : Laura Robson, « Capitulations Redux: The Imperial Genealogy of the Post-World War I ‘Minority’ Regimes », American Historical Review, 126-3, 2021, p. 978-1000.

153 Des travaux de recherche supplémentaires sont nécessaires afin d’étudier l’opportunité d’appliquer cette approche à des contextes impériaux au-delà de l’Europe du xixe et du xxe siècles. Il semble que ce n’est qu’à partir de la période des Lumières, au xviiie siècle, que la société a commencé à être considérée comme entité distincte de l’État autoritaire et de la religion, composée d’individus et non pas seulement de familles ou de groupes fondés à partir de leur statut ou de leur confession. Voir L. Hunt, Writing History in the Global Era, op. cit., p. 81-82 et 96 sq.

154 Jacques Revel, « Micro-analyse et construction du social », in J. Revel (dir.), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard/Éd. du Seuil, 1996, p. 15-36, ici p. 19.

155 Cette région jouit depuis longtemps d’une réputation de conurbation économique façonnée par des mobilités imbriquées, qu’elle entend d’ailleurs faire reconnaître au travers d’une campagne récente en faveur de son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Voir Stefan Berger, Christian Wicke et Jana Golombek, « Burdens of Eternity? Heritage, Identity, and the ‘Great Transition’ in the Ruhr », The Public Historian, 39-4, 2017, p. 21-43.