Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Nous regardons toujours la carte du Maroe de façon à rapprocher de nos yeux la partie septentrionale du pays. Le bas n'est plus, dans notre voeabulaire, que « Territoires du Sud », « Confins ». Or, c'est de ce bas de la carte qu'ont jailli, sans exception, depuis mille ans, tous les pouvoirs’ politiques indigènes qui maîtrisèrent le pays. C'est bien plutôt le Nord qui pourrait être considéré comme un cul-de-sac, un appendice. Combien n'est-il pas plus instructif de regarder la carte du Maroc en sens inverse, son magnifique évasement continental étant reporté vers le haut, et le pédoncule rejeté vers le bas ? A peu près comme l'Inde apparaît sur nos cartes. Notre vision se trouve de la sorte corrigée, les régions supérieures offertes au regard étant celles-là mêmes d'où partirent Almohades, Mérinides, Saâdiens, Alaouites.
[Cet article n'avait pas été écrit pour les Annales. Nous l'empruntons à la Revue de Géographie Marocaine. Nos lecteurs apprécieront sinous avons bien fait. — Notede la Direction.]
Ce travail s'en tenant aux aspects les plus généraux, il n'est pas question de donner ici une bibliographie complète. J'ai consulté avec fruit, pour le cadre physique : J. Dresch, Recherches sur l'évolution du relief dans le massif du Grand Atlas, le Haouz et le Sous ; pour les genres de vie : R. Montagne, Villages et kasbahs berbères; J. Dresch, Documents sur les genres, de nie de montagne dans le massif du Grand Atlas ; pour la sociologie politique de l'époque récente : R. Montagne, Les Berbères et le Makhzen.
En outre, de précieuses monographies inédites aux archives du bureau d'Imintanout : d'une façon générale, ce sont les Mtougga les moins bien connus.
1. Cette pratique (mt'tra) coexiste dans le Nord avec le labour préalable : son caractère est dès lors très obscur, à moins qu'on n'y voie la trace d'une vieille technique berbère.
page 477 note 1. L'hagiologie musulmane du Sud, notamment celle de Sidi Ah'med ou Moussa, renferme nombre de traits empruntés à la pratique soigneuse du maraîchage .Cf. Manâqib al-H'ud'aygi, éd. lith., t. I, p. 3,1. 7; 4,1.12; 8,1. 10; 60, 1. 3 ; t. II, p. 11, 1. 8, etc.
page 477 note 2. Les rites de la moisson dans le Maroc berbère ont été fort bien étudiés par E. Laoust, Mois et choses berbères, qui relève notamment une curieuse coutume du côté Bwabbout'. Mais à côté de l'aspect magique, il y a un aspect d'antagonismes sociaux qui semble avoir été jusqu'ici négligé en l'espèce.
page 477 note 3. Sur la twiza, institution communautaire, cf. Marçais, W., Takrouna, p. 186 Google Scholar ; Maunier, R., Annales sociologiques, C. 2, 1937, p. 48 Google Scholar. Sur la twiza seigneuriale, A. Berque, « Esquisse d'une histoire seigneuriale algérienne », t. à part de la Revue de la Méditerranée, 1949, p. 19.
page 479 note 1. Cf. mes « Documents anciens sur la coutume immobilière des Seksawa », tirage à part de la Revue africaine, 1948, p. 365.
page 480 note 1. Bloch, M., La société féodale, t. II, p. 116 Google Scholar.
page 480 note 2. Cf. H. Terrasse, « Le Maroc, pays d'économie égarée », tirage à part de la Revue de la Méditerranée, 1947.
page 482 note 1. L'époque almohade, qui est la grande époque des Maçmouda, ne fait, sauf erreur, aucune mention des In-Tougga, ou Mtougga (sing. : a-Tiggi). Mais ce nasab y apparaît sous une ferme isolée (Lévy-Provençal, Documents inédits d'histoire almohade, p. 137).
page 483 note 1. C'est ce que Cénival, fait, Sources inédites, lre série, Portugal, t. I, p. 765 Google Scholar, n. 1.
page 483 note 2. Bonne description de cette route au XVIe siècle par « l'Anonyme portugais », trad. de Castries, , Une description du Maroc sous le règne d'Ahmed el Mansour, p. 27 Google Scholar et suiv., 82 et suiv.