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Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
L'histoire de l'empire russe puis de l'Union soviétique est une histoire des ruptures ; c'est une succession d'histoires qui s'interrompent ou naissent en des dates rarement aussi marquées, attachées aux faits et aux hommes plus sans doute que partout ailleurs. Elle est marquée d'un besoin constant d'en appeler aux révolutions, à un renouveau permanent. Pour paraphraser Nicolas Berdiaev, lorsque nous abordons l'histoire soviétique « nous quittons toutes les rives historiques habituelles […]. Le temps de l'histoire change, il devient catastrophique » . Mais, au-delà de ces ruptures, on retrouve des éléments de continuité qui font fi du conjoncturel et de l'évolution politique. Une interrogation sur la continuité est posée de longue date au travers de l'histoire idéologique, intellectuelle ou culturelle russe. La démographie apparaît comme un révélateur puissant des contradictions et des interrogations qui parcourent cette double thématique. Elle a aussi été l'enjeu de débats qui, peut-être d'ailleurs avec retard sur l'historiographie, la dépassaient.
The history of the Russian Empire and the Soviet Union is most often viewed as a succession of abrupt breaks, both in its procession and political or ideological discourse. Through a study of major demographic trends, it is possible to shed the usual theoretical frames and resituate this history in a social context that goes beyond these breaks. A dissociation then appears between a political world subject to brutal changes and a Social world which seems to develop in almost complete independence from it. A temporal perspective allows to separate the often violent short-term effects. A geographical perspective allows us to see the Soviet Union not as a country closed in upon itself, but rather as a country that can only be understood by opening the doors to much broader cultural domains. The demographic approach thus allows for the formulation of a hypothesis: social evolution is independent of political evolution.
1. N. B. E, Le nouveau Moyen Age, Paris, L'Age d'Homme, trad. de 1985.
2. A tort sans doute. Si on lit en détail le livre d'Hélène Carrère D'Encausse, L'empire éclaté, Paris, 1975, l'aspect démographique n'est pas le plus important, et l'imbrication entre le pouvoir local et le pouvoir russe est aussi au centre de sa réflexion.
3. Mamardachvili, Merab, «Le langage des ombres», Cosmopolitique, 14-15, février 1990 Google Scholar.
4. Von Rauch, G., The Baltic State. The Years of Independence ; Estonia, Latvia, Lithuania, 1917-1940, Berkeley, 1974 Google Scholar.
5. P. P. Zvidrin'š, «Osobennosti razvitija naselenija v Latvii do 1940 gg. », Naselenie Sovetskoj Latvii, Riga, Zinatne, 1986, 256 p. Coale, A. et Watkins, S., The Décline ofFertility in Europe, Princeton, 1986 Google Scholar.
6. II s'agit d'une mesure, à une date donnée, de la descendance des femmes.
7. Calculé à partir de Aperçu de la démographie des divers pays du monde, 1929-1936, Office permanent de l'Institut International de Statistique, La Haye, 1939.
8. Festy, P., La fécondité dans les pays occidentaux depuis 1860, Paris, Ined/Puf, Travaux et Documents 85, 1979 Google Scholar, ainsi que Aperçu de la démographie…, Institut International de Statistique, op. cit.
9. Selon P. Zvindrin'S, qui cite des auteurs tels que O. Pin'Kis et R. Frejvalds.
10. Voir en particulier les articles de H. Reiman dans le Bulletin mensuel de statistique (Eesti statistika kuukiri/Rïgi Statistika kesbüroo), 1922 à 1940.
11. O merakh po usilieniju gosudarstvennoj pomosci sem'jam, imejus'cim detej.
12. Aborty v 1926, Statizdat CSU SSSR, Moscou, 1929.
13. L'indicateur calculé est cependant sans doute surestimé. Il est en effet calculé à partir des divorces enregistrés dans la république, selon la durée de mariage, et des effectifs initiaux des cohortes de mariage correspondant. Il ne tient donc pas compte des migrations.
14. Le schéma de la baisse de la fécondité dans les pays rentrant dans la phase de transition démographique est connu. On en trouvera des synthèses dans les travaux produits à la suite de l'enquête mondiale de fécondité (WorldFertility Survey).
15. Voir, à ce propos, Ph. Fargues, «La baisse de la fécondité arabe», Population, 6, 1988, pp. 915-1004, ainsi que J. R. Weeks, «The Demography of Islamic Nations», Population Bulletin, vol. 43, 4, décembre 1988.
16. Selon le World Population Data Sheet, Washington D.C., Population Référence Bureau, avril 1988.
17. Dans un précédent article, nous avons étudié la fécondité non plus des républiques ellesmêmes mais des populations selon la nationalité. Cette étude avait montré que l'on pouvait confondre sans trop de risque nationalité dominante et république. Cf. Blum, A., « La transition démographique en URSS», Population, 6, 1984 Google Scholar.
18. Cf. Fargues, P., « Le monde arabe », dans Histoire de la Famille, A. Burguière, Klapish, C. et Segalen, M. éds, Paris, Éditions du Seuil, 1987 Google Scholar.
19. Anderson, B. et Siiver, B., « Infant Mortality in the Soviet Union : Régional Différences and Measurement Issues », Population and Development Review, 4, 1986 Google Scholar.
20. Gruff et Jones ont essayé d'appliquer mécaniquement le schéma classique à l'ensemble des républiques. S'ils estiment être arrivés à une réponse affirmative, leur démonstration n'est guère convaincante. L'utilisation d'une batterie de régressions multiples conduit naturellement à mettre en valeur les effets positifs de l'éducation. Mais les différentiels, et surtout les moments de rupture, ne sont pas vraiment explicités.
21. Cf. Bennigsen, A. et Lemercier-Quelquejay, C., L'islam en Union soviétique, Paris, Payot, 1968 Google Scholar, ainsi que A. Bennigsen et Wimbush, S. Enders, Muslims of the Soviet Empire. A Guide, Londres, 1985 Google Scholar. Pour une intégration dans un espace plus large, Weeks, R. V., Muslim People. A World Ethnographie Survey, Westpost, Greenwood Press, 1984 Google Scholar.
22. Chesnais, J. C., La transition démographique : étapes, formes, implications économiques, Paris, INED/PUF Google Scholar, Travaux et Documents 113, 1986, et surtout, les différents travaux produits à partir de l'enquête mondiale de fécondité.
23. A. Blum «La transition démographique en Union soviétique», op. cit.
24. Rappelons à cet égard que le parti communiste de Lituanie a décrété son indépendance par rapport au PCUS, avant que la république elle-même ne la proclame le 11 mars 1990.
25. Czap, P., «A Large Family : the Peasant's Greatest Wealth. Serf Household in Mishino Russia (1814-1858) », dans Family Forms in Historié Europe, Wall, R., Laslett, P., et Robin, P. éds, Cambridge University Press, 1983 Google Scholar.
26. Nous ne revenons pas ici sur ce débat ancien qui opposa P. Laslett et L. Berkner sur la signification des formes familiales et de leur dynamique pour analyse une société. Il ne s'agit pas ici d'opposer instantané et cycle, il s'agit beaucoup plus de se dégager de ces simples structures familiales. Nous aurions tendance à reprendre à notre compte les mots de Levi, Giovanni : «Nous pouvons en revanche, supposer qu'une grande partie du changement réel doit être cherchée ailleurs, et non dans la structure interne de la famille, étendue ou nucléaire, formellement égale tout au long des siècles, plus ou moins indifférente aux profondes transformations économiques, politiques et religieuses. C'est-à-dire qu'il faut chercher dans le domaine moins homogène et moins institutionnalisé des relations externes entre des noyaux de toute manière structurés ; dans la forme de solidarité et de coopération sélective… », dans Le pouvoir au village. Histoire d'un exorciste dans le Piémont du XVIIe siècle, Paris, Gallimard, 1989, p. 65 Google Scholar.
27. Mouradian, C., L'Arménie, Paris, Ramsay, 1990 Google Scholar.
28. H. Carrère D'Encausse, L'empire éclaté, op. cit. ; Karklins, R., Ethnie Relations in the USSR. The Perspective from Below, Boston, 1986 Google Scholar ; B. Anderson et Silver, B. «Démographie Sources of the Changing Ethnie Composition of the Soviet Union », Population and Development Review, 4, 1989, pp. 609–656 Google Scholar ; A. Volkov, «Etničeski smešanye sem'i v SSSR : Dinamika i sostav», Vestnik Statistiki, 7 et 8, 1989.
29. Traditionnellement les Russes ont, en Europe, un mariage précoce, rattachant ainsi la pratique contemporaine au schéma traditionnel de Hajnal.
30. W. Berelowitch a bien montré comment le code du mariage de 1926, présenté comme image extrême d'un refus de la famille traditionnel, est en fait un subtil compromis entre des revendications telles celles de A. Kollontaï et les revendications beaucoup plus traditionnelles des milieux paysans, ou même ouvriers (voir, par exemple, W. Berelowitch : «Modèles familiaux dans la Russie des années 20 », dans L'évolution des modèles familiaux dans les pays de l'Est européen et en URSS, cultures et sociétés de l'Est, IMSECO, 1988).
31. Décret du 18 novembre 1920, Narodnye Komissariaty Zdravookhranenija i Justicii (Nkzdrava et Nkjusta) pour la Russie, décret du 5 juin 1921 en Ukraine, et la même année pour les autres républiques.
32. Décret du Nkzdrava et Nkjusta du 3 novembre 1924. Pour une description détaillée, A. Gens « K problème legalizaciji i statistiki abortov v RSFSR », Aborty v 1925 godu, Moscou, Izdanija CSU SSSR, 1927. En juillet 1924 est d'autre part établie une carte associée à chaque avortement, décrivant un certain nombre de caractéristiques socio-démographiques de la femme. Un ordre de priorité est mis en place. Enfin, le 12 février 1926, un délai maximum de trois mois est associé à l'autorisation d'effectuer un avortement.
33. On compte, en 1988, environ 7 millions d'avortements non clandestins, ou se terminant à l'hôpital par suite de complications.
34. II est à noter qu'elle n'a pas non plus été abordée exhaustivement en France. Un article comme celui de J. Dupâquier fait la recension des articles de la fin du xixe siècle abordant ce problème, lui permettant d'ailleurs de démonter l'origine du mythe du million d'avortements annuel : J. DupÂQuier, « Combien d'avortements en France avant 1914 », Communications, n° 44, 1986, pp. 87-106.
35. 12yj S'ezd obsCestva vračej imeni Pirogova.
36. S'ezd russkoj gruppy meždunarodnogo sojuza kriminalistov.
37. Certaines communications faisant suite aux travaux du congrès de la société Pirogov ont été publiés séparément. Voir, par exemple I. V. Grin', Abort. Prestuplenie ili operacija. Voir aussi, la communication au congrès des criminologues de Gernet, M. N., « Doklad o nakazuemosti istreblenija ploda», Otčet X-go obščego sobranija russkoj gruppy mezdunarodnogo sojuza kriminalistov, 13-16 février 1914 Google Scholar, Petrograd, 1916.
38. Borisov, V. A., «Iz istorii kontracepcii (ili čto proizošlo na 12-m Pirogovskom s'ezde vračej)», dans Vystuplenija na vsesojuznoj naučno-praktičeskoj konferencii «planirovanie sem'i i nacional'nye tradicii», Moscou, mimeo, 1988 Google Scholar ; A. A. Avdeev «Àborty i roždaemosti », Sociologičeskoe Issledovanija, 3, 1989. C'est à la suite de ce congrès que Lénine écrira son fameux «Protiv Neo-maltuzianisma», qui sera le point de référence essentiel, mais aussi contradictoire, de l'idéologie soviétique sur ces problèmes.
39. Sur ce point voir V. A. Borisov, op. cit.
40. Le code pénal russe (Uloženie o nakazanijakh) distingue les avortements effectués sans le consentement de la mère, qui conduisent à une peine de quatre à six ans de travaux forcés.
41. J. Dupâquier note qu'en France très peu d'affaires conduisent à une poursuite en justice. J. DupÂQuier, op. cit.
42. Voir en particulier une série de numéros de La Pravda de mai et juin 1936.
43. Postanovlenie CIK i SNK SSSR, 27 juin 1936.
44. Ukaz Presidiuma Verkhovnogo Soveta SSSR «ob otmene zapreščenija abortov», novembre 1955.
45. Kisileva, G. P., « Demografičeskaja politika v SSSR », dans Demografičeskaja politika v sovremennom mire, A. G. Višnevskij éd., Moscou, Nauka, 1989 Google Scholar.
46. A. Gens, Problema aborta v SSSR, Gosudarstvennoe medicinskoe izdatel'stvo, 1929.
47. La première publication, Aborty v 1925 g., op. cit., est plus un recueil d'articles, présentant nombre de données, qu'un annuaire proprement dit. Le seul annuaire détaillé est celui de l'année suivante Aborty — 1926 g., Statizdat CSU SSSR, Moscou 1929, qui n'aura pas de suite.
48. Le terme clandestins n'est d'ailleurs pas entièrement correct. Il s'agit entre autre d'avortements hors clinique, souvent ceux n'ayant pas bénéficié de la gratuité et réorientés vers des médecins.
49. M. Ferro a bien mis l'accent sur la particularité du niveau d'instruction des femmes russes citadines : Ferro, M., La révolution de 1917, Paris, Aubier, 1976 Google Scholar ; on retrouve une analyse analogue dans divers ouvrages traitant du féminisme en russie, comme Stites, R., The Women's Liberation Movment in Russia : Feminism, Nihilism and Bolchevism, 1860-1930, Princeton, 1978 Google Scholar ; Schlesinger, R., Changing Attitudes in Soviet Russian : The Family in the USSR, Londres, 1949 Google Scholar ; Women in Russia, D. Atkinson éd., 1978 ; et Edmondson, enfin L. H., Feminism in Russia 1900-1917, Standford University Press, 1984 Google Scholar.
50. En dehors des Russes, les Arméniens et les Juifs sont les seuls qui semblent le pratiquer assez largement.
51. Ploskho, B. G. et Eliseva, I. I., Istorija Statistiki, Moscou, Finansy i statistika, 1990 Google Scholar, aborde ce problème de façon assez détaillée.
52. Cf. par exemple B. Pilniak, L'acajou, ou encore L'année nue.
53. Tant chez V. Grossman que chez A. Soljenistyne (dans Le pavillon des cancéreux par exemple), ou encore dans cette description marquante d'un avortement clandestin chez Rybakov, A., Les enfants de l'Arbat, Paris, Albin Michel, 1988 Google Scholar.
54. Par exemple dans le film Trois dans un Souterrain de A. Room, 1926.
55. Voir la comparaison entre les textes des années 20, et les textes contemporains que donne A. Avdeev, « Abort-damoklov Meč pod každoj sem'ej », dans CCCP : demografičeskij diagnoz, Moscou, Le Progrès, 1990, pp. 337-350.
56. Plusieurs articles ou ouvrages de ces années mettent en avant la nécessité de développer l'éducation des femmes en matière de limitation des naissances. Voir, par exemple, M. Ja. Karlin, Abort i ego posledstvija do i poste revoljucii — kak predupredit’ beremennost', izdatel'stvo P.P. Sojkin, 1926.
57. Le taux de natalité passe de 31,6 %o en 1935 à 34,3 %o en 1936, 38,7 %o en 1937 pour redescendre à 36,5%o en 1939 et 31,2 %o en 1940 (cf. B. C. Urlanis, « Dinamika urovnija roždoemosti v SSSR za gody sovietskoj vlasti», dans Bračnost', roždaemost', smertnost’ v Rossii i v SSSR, A. G. VIšNievskij éd., Moscou, 1977). Sur le remplacement des avortements légaux par les avortements clandestins, voir, en particulier, Sadvokasova, E. A., Social'no-gigieničeskie aspekty, regulirovanija razmerov sem'i, Moscou, 1969 Google Scholar.
58. Katkova, I. et Mamatokhunova, A., «Nekotorye aspekty formirovanija sovremennye mnogodetnye semej », Demografičeskaja situacija v SSSR, Moscou, 1976 Google Scholar ; Katkova, I. et Manuilova, I., « Iskusstvennye aborty, kontracepcija. Aktual'nye problemy sovremennogo zdravookhranenija », Naše zdorov'e, Moscou, 1983 Google Scholar.
59. Une très large littérature a abordé ce paradoxe ces quinze dernières années. On trouve de nombreux articles dans les revues Sovetskoe Zdravookhranenie, Zdravookhranenie Rossijskoj Federacii, ou encore Zdravookhranenie Tadjikskoj SSR depuis le début des années 1970. Ce thème est repris par Popov, A., « Regulirovanie roždenij v sovremennykh sem'jakh», dans Sem'ja, zdorov'e, obščestvo, Moscou, Mysl', 1986 Google Scholar. Les statistiques publiées récemment distinguent avortement effectués dans un établissement hospitalier, et avortements se terminant, par suite de complication, dans un tel établissement. On arrive, en 1988, à un rapport d'environ un avortement « clandestin », se terminant en hôpital pour trois avortements légaux.
60. A. et Berelowitch, W., « Le malthusianisme en Russie », dans Malthus hier et aujourd'hui, Fauve-Chamoux, A. éd., Paris, 1984 Google Scholar, ainsi que Ptukha, Očerki po istoriistatistiki v SSSR, t. II, Moscou, Izdanie Akademii nauk SSSR, 1959.
61. Les premières sociétés d'eugénique sont fondées après 1917, à Moscou et à Leningrad (en 1927), et n'auront qu'une brève existence. Cf. la revue Evgenika, dont seuls quelques exemplaires parurent, et qui présente, dans son premier numéro, cette histoire. Cf. aussi M. H. Mandriixon, « L'image de l'enfant dans la presse eugénique des années 20 soviétiques», dans L'évolution des modèles familiaux dans les pays de l'Est européen et en URSS, B. Kerblay éd., Paris, Imseco, Cultures & Sociétés de l'Est, 9,1988 ; L. R. Graham, Science andPhilosophy in the Soviet Union, 1972 ; Adams, M. (éd.), The Well-born Science. Eugenics in Britain, France, Germany and USSR, Oxford, 1990 Google Scholar.
62. C. Davies et M. Feshbach, Rising Infant Mortality in the USSR in the 1970's, US. Department of Commerce, Bureau of the Census, série P-95, 74, juin 1980 ; Gruff, F. W. et Jones, E., « Infant Mortality Trends in the Soviet Union », Population and Development Review, 2, 1983;Google Scholar B. Anderson et Silver, B., « Infant Mortality in the Soviet Union. Régional Différences and Measurment issues », Population and Development Review, 4, 1986 Google Scholar.
63. Essentiellement grâce aux publications récentes, qui permettent de donner une vision plus précise de l'évolution réelle.
64. II serait impossible de citer l'ensemble des travaux ayant proposé leur estimation de ces pertes. Dès 1946, F. Lorimer, The Population of the USSR, traite du problème. Les plus importants, traitant spécifiquement de l'Ukraine sont ceux de Mace, E., Communism and the Dilemnas of National Liberation. National Communism in Soviet Ukraine, 1918-1933, Cambridge, 1983 Google Scholar, et de R. Conquest, The Harvest of Sorrow, 1986. Une longue discussion a opposé des auteurs comme Rosefield, S., «Great Leap Forward», Slavic Review, 39, 1980 Google Scholar, B. Anderson et B. Silver, «Démographie Analysis and Population Catastrophes in the Ussr», Slavic Review, 44, 1985, ou S. G. Weathcroft. Maksudov, dont les divers articles ont été rassemblés dans Poteri Naselenija SSSR, Chalidze publications, 1989, a été l'un des premiers à proposer une estimation claire et précise de ces pertes. Depuis quelques années les historiens soviétiques ont pris part à ce débat avec V. Danilov, « Diskussija v zapadnoj presse o golode 1932-1933 gg. i demogra- fičeskoj katastrofe 30-40 kh godov v SSSR»,Voprosy istorii, 3, 1988, et Caplin, V.« Statistika žertv stalinizma v 30.e gody », Voprosy istorii, 4, 1989 Google Scholar, qui a fournit de nouvelles données statistiques sur le recensement de 1937, ou encore, spécifiquement sur l'Ukraine, Kul'čIskij, S.V., «Demografičeskie posledstvija goloda 1933 g. na Ukraine», Filosofskaja i Sociologičeskaja Mysl', 6, 1989 Google Scholar, ainsi que A. L. Perkovs'KU et PirožKov, S. I, « Demograficni vtrati Ukraïns'koï RSR u 30-ti roki », Ukraïns'kij Istroičnij žurnal, 8, 1989 Google Scholar. Le débat a maintenant atteint un public plus large, les journaux à forte diffusion y faisant référence. Enfin commencent à paraître les analyses des résultats complets du recensement de 1937 et du mouvement naturel autour de ces années. Voir en particulier E. Andreev, L. Darsku et Khar'Kova, T., «Opyt ocenki čislennosti naselenija SSSR 1926-1941 gg », Vestnik Statistiki, 7, 1990 Google Scholar ; «Iz arkhivov Goskomstata SSSR. Itogi Vsesojuznoj perepisi naselenija 1937 g», Vestnik Statistiki, 7, 1990 ; Ju. Poljakov, A., ŽIromoskaja, V. B., Kiselev, I. N., « Polveka Molčanija [Vsesojuznoja Perepis’ naselenija 1937 g.] », Sociologičeskie Issledovanija, 6 et 7, 1990 Google Scholar.
65. Voir à ce propos V. Caplin, op. cit. ; etc.
66. Voir, à ce propos A. Blum et V. Nauduzas, « L'enjeu démographique », à paraître.
67. Ce point serait d'ailleurs à discuter avec plus de détails. On sait, par exemple, que les statistiques de naissances hors mariages n'étaient pas produites jusqu'à une date récente, sous le prétexte que, dans le droit soviétique, il n'y a pas de distinctions entre légitimité et illégitimité des nouveauxnés.