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Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
L'un des plaisirs que Charles Malamoud offre à son lecteur est de découvrir en exergue à ses différents écrits des citations littéraires toujours choisies avec une acuité et une ironie suprêmes. « Cuire le monde », l'essai qui a donné son titre au recueil récemment publié, s'ouvre ainsi sur une formule de Jean Cocteau dans Essai de critique indirecte : « La métaphore est un calembour mal noué. Je serre le nœud jusqu'à ce que le doigt ne sente plus rien sur la corde. » Malamoud traque tout au long de son œuvre un malentendu qui renaît sans cesse entre l'Inde et nous. Nous prenons pour métaphores, en effet, des connexions qui pour les Indiens sont inscrites dans les choses mêmes. Serrons le noeud et les formules sanskrites qui semblaient faire image et ne pouvoir se comprendre qu'en un sens figuré récupèrent la solidité première du sens littéral.
1. Il faut rapprocher trois grands livres : Vernant, Jean-Pierre, Mythe et pensée chez les grecs. Études de psychologie historique, Paris, François Maspéro, 1966 Google Scholar ; Vidal-Naquet, Pierre, Le chasseur noir. Formes de pensée et formes de société dans le monde grec, Paris, François Maspéro, 1981 Google Scholar ; Charles Malamoud, Cuire le monde, op. cit. Triangle d'or d'une anthropologie comparée de la pensée dans les sociétés anciennes, où un philosophe, un historien et un linguiste — convergence des disciplines ô combien significative ! — conjuguent leurs efforts. Les pages du livre de Malamoud auxquelles nous faisons référence dans cette note critique sont indiquées entre parenthèses dans le corps du texte.
2. Charles Malamoud, « Terminer le sacrifice. Remarques sur les honoraires rituels dans le brahmanisme », dans Biardeau, Madeleine et Malamoud, Charles, Le sacrifice dans l'Inde ancienne, Paris, Presses Universitaires de France, 1976, p. 178 Google Scholar cite Heesterman en justifiant contre ce dernier l'idée d'un contrat réalisé dans la daksinā et p. 179-182 rassemble et commente les textes pertinents de la Mîmāmsā.
3. Heesterman, J.C., The Inner Conflict of Tradition. Essays in Indian Ritual, Kingship, and Society, Chicago, University of Chicago Press, 1985, p. 212 Google Scholar note 59.
4. Raheja, Gloria Goodwin, The Poison in the Gift. Ritual, Prestation, and the Dominant Caste in a North Indian Village, Chicago, The University of Chicago Press, 1988 Google Scholar. Voir dans l'index s.v. sawâ. Le donataire qui décharge ainsi le sacrifiant du poids de ses afflictions est une divinité ou bien encore (p. 137) le purohit de la famille du garçon lors d'un mariage. C'est à lui qu'on donne la mesure 1/4 de linge blanc qui a servi à nouer l'un à l'autre le garçon et la fille au cours de la cérémonie de mariage. Raheja rapproche de façon très convaincante le don empoisonné de ce linge de celui de la tunique de la mariée donnée au prêtre dans l'Hymne des Noces du Rg-Veda X 85, 34 : « Elle est piquante, elle est aiguë, / crochue, impossible à manger — tel un poison — : / seul le conjurateur, qui connaît l'hymne à Sûryâ, / est apte à recevoir la tunique de la fiancée. » Traduction Renou, Louis, Hymnes spéculatifs du Véda, Paris, Gallimard, 1956, p. 87 Google Scholar.
5. Pandurang Vaman Kane, History of Dharmasâstra, Volume III, Poona, 2nd éd., 1973, p. 420 n. 683 et p. 422 n. 688.