Published online by Cambridge University Press: 20 January 2017
Trente ans après l’article de Nicole Loraux paru dans L’Homme en 1986, cette étude entend revenir sur l’expérience politique dans le monde grec ancien. L’objectif est de montrer qu’il est nécessaire d’articuler les deux définitions du terme politique inventé par les Grecs : d’une part, le politique compris comme un ensemble d’activités sans substance ni incarnation institutionnelle spécifique, un champ d’actions qui ne s’identifie pas dans les formes de l’État moderne, mais dans des expériences et des pratiques très variées, en contexte conflictuel, et, d’autre part, la politique, entendue non pas seulement comme l’accès réglé à différentes institutions, mais aussi comme auto-institution de la communauté par ellemême. À travers l’étude d’un cas précis, la crise de 404 à Athènes et, en particulier, le discours de Cléocritos transmis par les Helléniques de Xénophon, l’article propose une nouvelle manière de penser ces deux niveaux d’expression de la vie collective. Loin de la lecture réconciliatrice qu’en avait proposée N. Loraux, l’appel à la concorde de Cléocritos témoigne, dans l’effervescence et la tension des événements, de l’oubli de la politique, au sens institutionnel du terme, au profit exclusif du politique et des pratiques collectives qui y sont associées. Pour finir, cette étude de cas débouche sur une interrogation plus générale sur le sens de l’événement et sa portée épistémologique. En proposant de penser la crise de 404 au sein des différents régimes d’historicité qui ont caractérisé l’histoire d’Athènes entre le Ve et le IVe siècle, l’article vise à mieux réarticuler les moments instituants et le I I fonctionnement institué de la démocratie grecque.
Thirty years after Nicole Loraux published her 1986 article in L’Homme, this study revisits the question of political experience in the Ancient Greek world. Its aim is to demonstrate the importance of distinguishing between the two definitions of the term “politics” as conceived by the Ancient Greeks. On the one hand, the political (le politique) was conceived as an ensemble of activities with no specific institutional substance or form, a sphere of action which has no direct equivalent in the modern state, but rather relates to very varied experiences and practices undertaken in the context of conflict. On the other hand, politics (la politique) was understood not only as organized access to different institutions, but also as the way in which a community structured and defined itself. Taking the Athenian crisis of 404 BCE as a case study, and, in particular, the speech of Cleocritus preserved in Xenophon's Hellenica, this paper proposes a new way of thinking about this dual expression of collective life. Far from the reconciliatory reading of Cleocritus’ speech proposed by Loraux, his appeal for harmony bears witness, in the turmoil and tension of events, to the way that politics (in the institutional sense) was sidelined—to the exclusive benefit of the political and the collective practices associated with it. In conclusion, this case study opens up a more general consideration of the meaning of the “event” and its epistemological significance. By considering the crisis of 404 BCE at the heart of the “regimes of historicity” which characterized the history of Athens between the fifth and fourth centuries BCE, this article aims to provide a clearer articulation of the foundational moments and established functioning of Greek democracy.
Cet article a grandement bénéficié des relectures croisées de Paulin Ismard, Arnaud Macé, Christel Müller, Pascal Payen et des rapporteurs anonymes de l’article, qu’ils en soient chaleureusement remerciés. Sauf indications contraires, les textes grecs sont cités dans la Collection des universités de France, Paris, Les Belles Lettres.
1 Loraux, Nicole, « Repolitiser la cité » [1986], in Loraux, N., La cité divisée. L’oubli dans la mémoire d’Athènes, Paris, Payot, 1997, p. 41–58.Google Scholar
2 Voir, en premier lieu, l’oeuvre monumentale de Theodor Mommsen, Römisches Staatsrecht, vol. 1-2, Leipzig, S. Hirzel, 1876-1888 et, pour le monde grec, Szanto, Emil, Das griechische Bürgerrecht, Fribourg-en-Brisgau, P. Siebeck, 1892.Google Scholar
3 Loraux, Nicole, « Thucydide n’est pas un collègue », Quaderni di storia, 12, 1980, p. 55–81.Google Scholar
4 Murray, Oswyn, « Cités de raison », in Murray, O. et Price, S. (dir.), La cité grecque d’Homère à Alexandre, trad. par Regnot, F., Paris, La Découverte, [1990] 1992, p. 13–39, notamment p. 17-18.Google Scholar
5 Nicole Loraux, «L’oubli dans la cité » [1980], in N. Loraux, La cité divisée…, op. cit., p. 11-40, ici p. 16 : « comment, de l’homogène, faire vraisemblablement surgir la violence, sauf à invoquer la régression de l’homme ensauvagé, en deçà des bornes de l’humain ou à susciter la figure du tyran, homme-loup, bête ou dieu, qui s’exclut de la cité à force d’y peser trop fort ? »
6 Pour un essai de bilan critique, voir Vincent AZOULAY et Ismard, Paulin, « Les lieux du politique dans l’Athènes classique. Entre structures institutionnelles, idéologie civique et pratiques sociales », in Pantel, P. Schmitt et de Polignac, F. (éd.), Athènes et le politique. Dans le sillage de Claude Mossé, Paris, Albin Michel, 2007, p. 271–309.Google Scholar
7 Loraux, Nicole, « Corcyre, 427-Paris, 1871 », in Loraux, N., La tragédie d’Athènes. La politique entre l’ombre et l’utopie, Paris, Éd. du Seuil, 2005, p. 31–60, ici p. 32.Google Scholar
8 Id., « Back to the Greeks ? Chronique d’une expédition lointaine en terre inconnue » [1996], in N. Loraux, La tragédie d’Athènes…, op. cit., p. 9-28, ici p. 28.
9 Id., « L’âme de la cité » [1987], in N. Loraux, La cité divisée…, op. cit., p. 59-84, ici p. 61 et 63.
10 V. Azoulay et P. Ismard, « Les lieux du politique dans l’Athènes classique… », art. cit., p. 291-296.
11 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, II, 40, 2 (trad. de J. de Romilly modifiée).
12 Dans l’oraison funèbre de Périclès, les « choses politiques » répondent en effet à une définition pragmatique : c’est dans la pratique participative des citoyens que les contours des « choses politiques » se définissent de manière concrète.
13 Castoriadis, Cornelius, Sur Le Politique de Platon, Paris, Éd. du Seuil, 1999, p. 62–63.Google Scholar Sur cet étrange dialogue, voir, dans une bibliographie pléthorique, Monique Dixsaut (dir.), no spécial [Le Politique de Platon], Les études philosophiques, 74-3, 2005, et Rosen, Stanley, Le Politique de Platon. Tisser la cité, trad. par Helmer, É., Paris, J. Vrin, [2003] 2004.Google Scholar
14 Platon, Le Politique, 310E-311C.
15 C. Castoriadis, Sur Le Politique de Platon, op. cit., p. 62-63.
16 Scheid, John et Svenbro, Jesper, Le métier de Zeus. Mythe du tissage et du tissu dans le monde gréco-romain, Paris, La Découverte, 1994.Google Scholar
17 Wagner-Hasel, Beate, Der Stoff der Gaben. Kultur und Politik des Schenkens und Tauschens im archaischen Griechenland, Francfort-sur-le-Main/New York, Campus Verlag, 2000.Google Scholar
18 J. Scheid et J. Svenbro, Le métier de Zeus…, op. cit., p. 40.
19 Ibid., p. 42 : le tissage a un caractère pacificateur, en ce qu’il permet de « maîtriser les forces opposées de la cité avant que celles-ci ne ruinent tout ». La métaphore sert aussi à penser la différence des sexes et leur complémentarité : ainsi le terme sumplokè désigne-t-il, chez Platon, à la fois l’union de la chaîne (stemon, masculin) et de la trame (krokè, féminin) dans le tissage (Le Politique, 281A) et l’union sexuelle de l’homme et de la femme (Le banquet, 191C). Voir à ce sujet ibid., p. 21, n. 21.
20 N. Loraux, « Back to the Greeks ?… », art. cit., p. 24.
21 Platon, Le Politique, 308C-309A et 308D-E. Cette dimension purificatrice apparaît déjà lorsque Platon emploie la métaphore du politique-berger : celui-ci doit trier les bêtes lorsqu’il reçoit son troupeau et se débarrasser des mauvaises. Platon, Lois, 735b1-c3.
22 Platon, La République, 422E.
23 Nicole Loraux, «Le lien de la division » [1987], in N. LORAUX, La cité divisée…, op. cit., p. 90-120, ici p. 91.
24 J. Scheid et J. Svenbro, Le métier de Zeus…, op. cit., p. 41.
25 Ibid., p. 35 : « La talasiourgikè (le ‘travail de la laine’) comprend tous ces arts mais elle se divise en deux selon que ceux-ci séparent ou assemblent : le cardage sépare, le filage assemble ; et, chose importante, le tissage fait les deux, étant donné que la navette sépare d’abord chaîne et trame pour les assembler ensuite en un tissu. Elle sépare pour mieux assembler. Et l’Étranger de conclure cette analyse méticuleuse : ‘le tissage est l’art d’entrelacer la chaîne et la trame’ (Le Politique, 283B). »
26 Platon, Le Politique, 308E-309A.
27 Aristophane, Lysistrata, v. 574-576. Voir J. Scheid et J. Svenbro, Le métier de Zeus…, op. cit., p. 24.
28 Aristophane, Lysistrata, v. 577-578 (je souligne).
29 Ibid., v. 585-586.
30 Pausanias, Description de la Grèce, V, 16, 2-3. Voir J. Scheid et J. Svenbro, Le métier de Zeus…, op. cit., p. 17-21.
31 Platon, Euthyphron, 6B-C ; La République, 378B-C.
32 Peut-être est-ce d’ailleurs dans cette perspective qu’il convient d’interpréter l’attentat d’Harmodios et d’Aristogiton. Celui-ci se déroule en effet à l’occasion des Grandes Panathénées, alors que la procession s’ébranle pour aller remettre le peplos à la déesse. Ce moment festif d’unité se transforme donc en son contraire : la stasis se trouve brutalement réactivée, dans le lieu même où elle doit être en principe exclue. Et, faut-il le rappeler, le meurtre d’Hipparque aurait été motivé, selon Thucydide, par l’exclusion de la soeur d’Harmodios d’une de ces processions censées affirmer l’unité de toute la communauté : Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, VI, 56, 1-2.
33 Pour une appréciation nuancée, voir Monod, Jean-Claude, Penser l’ennemi, affronter l’exception. Réflexions critiques sur l’actualité de Carl Schmitt, Paris, La Découverte, 2006.Google Scholar
34 Meier, Christian, La naissance du politique, trad. par Trierweiler, D., Paris, Gallimard, [1980] 1995.Google Scholar
35 Voir à ce sujet Azoulay, Vincent, «Du paradigme du don à une anthropologie pragmatique de la valeur », in Payen, P. et Scheid-Tissinier, É. (éd.), Anthropologie de l’Antiquité. Anciens objets, nouvelles approches, Turnhout, Brepols, 2013, p. 17–42;Google Scholar Anheim, Étienne, Grenier, Jean-Yves et Lilti, Antoine, « Repenser les statuts sociaux », Annales HSS, 68–4, 2013, p. 949–953.Google Scholar
36 Schmitt, Carl, Der Begriff des Politischen. Text von 1932 mit einem Vorwort und drei Corollarien, Berlin, Duncker & Humblot, [1932] 1991, p. 29,Google Scholar n. 5 (cette note essentielle n’est pas reproduite dans la traduction française du texte). Sur l’interprétation de cette référence à Platon, voir Balakrishnan, Gopal, The Enemy: An Intellectual Portrait of Carl Schmitt, Londres, Verso, 2000, p. 110.Google Scholar
37 Schmitt, Carl, État, mouvement, peuple. L’organisation triadique de l’unité politique, trad. par Pilleul, A., Paris, Éd. Kimé, [1933] 1997, p. 57–58.Google Scholar
38 Cette connaissance directe du texte platonicien est également attestée par son journal intime, le Glossarium, dans lequel le juriste cite Le Politique en le présentant comme « une utopie, pour autant que cette idée signifie une délocalisation par rapport à la réalité » : Id., Glossarium. Aufzeichnungen der Jahre 1947-1951, Berlin, Duncker & Humblot, 1991, p. 46 (21 novembre 1947).
39 Id., « Éthique de l’État et État pluraliste », in C. Schmitt, Parlementarisme et démocratie. Suivi d’une étude sur La notion de politique, Paris, Éd. du Seuil, 1988, p. 142-143.
40 Id., La notion de politique. Théorie du partisan, trad. par M.-L. Steinhauser, Paris, Calmann-Lévy, [1932] 1972, p. 64.
41 C. Schmitt, « Éthique de l’État et État pluraliste », art. cit., p. 141.
42 KervÉgan, Jean-François, Que faire de Carl Schmitt ?, Paris, Gallimard, 2011, p. 183.Google Scholar
43 C. Schmitt, La notion de politique…, op. cit., p. 65.
44 C’est, me semble-t-il, le problème principal du livre de C. MEIER, La naissance du politique, op. cit., qui reprend la notion sans prendre le soin d’en pointer aussi les faiblesses. Pour une critique raisonnée de l’ouvrage, voir de Polignac, François, «Anthropologie du politique en Grèce ancienne (note critique) », Annales HSS, 52–1, 1997, p. 31–39.CrossRefGoogle Scholar
45 Beaud, Olivier, Les derniers jours de Weimar. Carl Schmitt face à l’avènement du nazisme, Paris, Descartes, 1997.Google Scholar
46 Aristote, Politique, III, 9, 1280b38-39. Voir également Éthique à Nicomaque, V, 8, 1132b32-1133a5.
47 Jacques Derrida, Politiques de l’amitié, suivi de L’oreille de Heidegger, Paris, Galilée, 1994, souligne bien que la conception schmittienne de l’ami se donne de manière purement négative, en creux, comme le contraire de l’ennemi : il est le non-ennemi ou, comme C. Schmitt s’en expliquera plus tard, « tout ce qui n’est pas ennemi porte eo ipso [le nom] d’ami » : C. Schmitt, La notion de politique…, op. cit., p. 165.
48 ECK, Bernard, «Le pharmakos et le meurtrier », in Liard, V. (éd.), Histoires de crimes et société, Dijon, Éd. universitaires de Dijon, 2011, p. 15–29, ici p. 19.Google Scholar
49 Voir la critique de Loraux, Nicole, « Comment repolitiser la cité», Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens, 9–10, 1994, p. 121–127, ici p. 125.CrossRefGoogle Scholar On aura reconnu la thèse de Jean-Pierre Vernant selon laquelle l’ostracisme serait un avatar rationalisé du rituel du pharmakos : Vernant, Jean-Pierre et Vidal-Naquet, Pierre, Mythe et tragédie en Grèce ancienne, Paris, F. Maspero, 1972, p. 124.Google Scholar À l’appui de cette thèse « ritualiste », il faut néanmoins rappeler que certains ostraka retrouvés portent, outre le nom de l’individu à écarter, des termes religieux qui insistent sur la souillure de celui que l’on souhaite ainsi expulser, tel ce « Megaclès, fils d’Hippocratos, maudit (aliteiros) » : Siewert, Peter (éd.), Ostrakismos-Testimonien. Die Zeugnisse antiker Autoren, der Inschriften und Ostraka über das athenische Scherbengericht aus vorhellenistischer Zeit, 487-322 v. Chr, Stuttgart, F. Steiner, 2002, p. 104–105 (T1/91-93).Google Scholar
50 Payen, Pascal, « Ostracisme, amnisties, amnésie : Athènes au Ve siècle av. J.-C. », in Cazals, R. (éd.), Épurations, amnisties, amnésie, Toulouse, Université de Toulouse- Le Mirail, 1999, p. 2–17.Google Scholar
51 Voir par exemple Sinos, Rebecca H., « Divine Selection: Epiphany and Politics in Archaic Greece », in Dougherty, C. et Kurke, L. (éd.), Cultural Poetics in Archaic Greece: Cult, Performance, Politics, Cambridge, Cambridge University Press, 1993, p. 73–91.Google Scholar
52 Voir Buc, Philippe, Dangereux rituel. De l’histoire médiévale aux sciences sociales, Paris, PUF, 2003.Google Scholar
53 Voir Mariot, Nicolas, « Qu’est-ce qu’un ‘enthousiasme civique’ ? Sur l’historiographie des fêtes politiques en France après 1789 », Annales HSS, 63–1, 2008, p. 113– 139,Google Scholar qui critique à raison le « paradigme intégrateur » de la plupart des études sur les fêtes civiques.
54 J’adapte ici une remarque de Ludwig Wittgenstein, à propos de la suppose croyance en l’efficacité des rituels pour ceux qui s’y livrent : « Brûler en effigie. Embras ser l’image du bien-aimé. Cela ne repose naturellement pas sur la croyance qu’on produit un certain effet sur l’objet que l’image représente. Cela vise à procurer une satisfaction et y parvient effectivement. Ou plutôt, cela ne vise rien ; nous agissons ainsi et nous avons alors un sentiment de satisfaction. » Wittgenstein, Ludwig, Remarques sur Le Rameau d’Or de Frazer, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1982, p. 16.Google Scholar
55 Terray, Emmanuel, « Un anthropologue africaniste devant la cité grecque », Opus, 6–8, 1987-1989, p. 13–25.Google Scholar
56 Castoriadis, Cornelius, Ce qui fait la Grèce, vol. 1, D’Homère à Héraclite, éd. par Escobar, E., Gondicas, M. et Vernay, P., Paris, Éd. du Seuil, 2004, p. 57 (je souligne).Google Scholar
57 Detienne, Marcel (éd.), Qui veut prendre la parole ?, Paris, Éd. du Seuil, 2003.Google Scholar
58 Id., « Des pratiques d’assemblée aux formes du politique. Pour un comparatisme expérimental et constructif entre historiens et anthropologues », in M. Detienne (éd.), Qui veut prendre la parole ?, op. cit., p. 13-14.
59 La même erreur de perspective peut être décelée – avec un présupposé idéologique inverse – à la fin du dernier ouvrage d’ Testart, Alain, Avant l’histoire. L’évolution des sociétés, de Lascaux à Carnac, Paris, Gallimard, 2012.Google Scholar Selon l’auteur, des traces archéologiques permettent d’envisager qu’au Rubané – Néolithique ancien, en Europe centrale (5500-4800 av. J.-C.) –, quand l’Europe tempérée était sans doute cannibale, le peuple se rassemblait (déjà) et participait aux décisions collectives. On se trouverait là aux origines de « la tonalité démocratique » de l’Europe. Rabattre ainsi la politique sur les seules pratiques d’assemblée aboutit, cette fois, à mettre en scène un Occident déjà incomparable et miraculeux à l’époque néolithique.
60 C. Castoriadis, Ce qui fait la Grèce, vol. 1, op. cit., p. 59.
61 Voir Pauline Schmitt Pantel, « Les activités collectives et le politique dans les cités grecques », in O. Murray et S. Price (dir.), La cité grecque d’Homère à Alexandre, op. cit., p. 233-248.
62 Pour une analyse des évolutions de la pensée de Pauline Schmitt Pantel en la matière, voir Ismard, Paulin, « Le public et le civique dans la cité grecque : hypothèses à partir d’une hypothèse », in Azoulay, V., Gherchanoc, F et Lalanne, S. (éd.), Le banquet de Pauline Schmitt Pantel. Genre, moeurs et politique dans l’Antiquité grecque et romaine, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, p. 317–327.Google Scholar
63 Blok, Josine H., « Becoming Citizens: Some Notes on the Semantic of ‘Citizen’ in Archaic Greece and Classical Athens », Klio, 87–1, 2005, p. 7–40;Google Scholar Id., « Hosiè and Athenian Law from Solon to Lykourgos », in Blok, Josine H. Azoulay, V. et Ismard, P. (éd.), Clisthène et Lycurgue d’Athènes. Autour du politique dans la cité classique, Paris, Publications de la Sorbonne, 2011, p. 233–254.Google Scholar
64 C’est ce que nous avons déjà tenté de faire V. Azoulay et P. Ismard (éd.), Clisthène et Lycurgue d’Athènes…, op. cit.
65 XÉnophon, Helléniques, II, 4, 19.
66 Outre Loraux, Nicole, « La guerre dans la famille », Clio. Histoire, femmes et sociétés, 5, 1997, p. 21–62,Google Scholar ici p. 48, voir notamment P. Schmitt Pantel, « Les activités collectives et le politique… », art. cit., p. 243 ; Azoulay, Vincent, Xénophon et les grâces du pouvoir. Charis et charisme dans l’oeuvre de Xénophon, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, p. 284;Google Scholar Gherchanoc, Florence, L’oïkos en fête. Célébrations familiales et sociabilité en Grèce ancienne, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, p. 184;Google Scholar Damet, Aurélie, La septième porte. Les conflits familiaux dans l’Athènes classique, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, p. 74–75.Google Scholar Dans une perspective littéraire, voir par ailleurs Gray, Vivienne J., The Character of Xenophon's Hellenica, Londres, Duckworth, 1989, p. 101–103.Google Scholar
67 XÉnophon, Helléniques, II, 4, 21-22. Dans les Mémorables, IV, 6, 14, le Socrate de Xénophon célèbre également les discours qui apaisent la stasis pour faire naître la concorde (homonoia) entre citoyens. Il fait même de l’homonoia « le plus grand des biens pour les cités ».
68 Voir déjà ClochÉ, Paul, La restauration démocratique à Athènes en 403 av. J.-C, Paris, E. Leroux, 1915, p. 59.Google Scholar
69 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXIX, 2 : .
70 XÉnophon, Helléniques, II, 4, 25.
71 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 2.
72 Inscriptiones Graecae (ci-après IG) II2, 10. Voir aussi Osborne, Michael J., Naturalization in Athens: A Corpus of Athenian Decrees Granting Citizenship, Bruxelles, Paleis der Academiën, 1981, vol. 1, D6 ;Google Scholar Rhodes, Peter J. et Osborne, Robin, Greek Historical Inscriptions 404-323 BC, Oxford, Oxford University Press, 2003, no 4.Google Scholar
73 Aristophane, Lysistrata, v. 585-586.
74 Voir récemment F. Gherchanoc, L’oïkos en fête…, op. cit., p. 184, qui se sert du discours de Cléocritos pour présenter la polis « comme une koinônia composée d’un réseau de koinôniai », où la philia produite dans ces communautés « maintient l’unité de la cité, la concorde ».
75 La première phrase de la préface de N. LORAUX, La cité divisée…, op. cit., p. 7, est à cet égard explicite : « Tout a commencé avec le discours de Kléokritos dans les Helléniques de Xénophon. »
76 Sur les Trente comme figure de l’ennemi radical (hostis), voir Lysias, Contre Ératosthène (XII), 51 : Ératosthène, l’un des Trente, « regardait la cité comme son ennemie (echthran) ».
77 De la même façon, l’amnistie de 403 ne saurait être interprétée comme le reflet de l’angoisse des démocrates face à la stasis. Tout d’abord, ce n’est pas une décision prise de bon coeur. La négociation se déroule en effet alors que les troupes spartiates campent en Attique et sont intervenues militairement contre les démocrates basés au Pirée (XÉnophon, Helléniques, II, 4, 35-38) : la paix est conclue à l’instigation du roi Pausanias. Ensuite, l’amnistie ne concerne pas tout le monde, puisqu’une cinquantaine d’Athéniens en sont exclus – les Trente, les Onze, les Dix magistrats du Pirée, auxquels il faut ajouter les Dix de la Ville (XÉNOPHON, Helléniques, II, 4, 38 et PSEUDO-ARISTOTE, Constitution des Athéniens, XXXIX, 6). Comme le discours de Cléocritos, l’amnistie refoule moins la stasis qu’elle ne l’encadre, en redéfinissant la figure de l’ennemi.
78 XÉnophon, Helléniques, II, 4, 23-24. Si les partisans les plus enragés des Trente s’établirent à Éleusis et y demeurèrent après la restauration de la démocratie en 403, ils n’en sortirent toutefois pas indemnes : en 401/400, les Athéniens se résolurent à lancer une expédition militaire contre ce bastion oligarchique, après avoir éliminé physiquement leurs stratèges venus à une conférence dans la ville. Voir XÉnophon, Hellé niques, II, 4, 43 et Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 5.
79 XÉnophon, II, 4, 8-10 : « Les Éleusiniens sont arrêtés, emmenés à Athènes par l’Hipparque Lysimachos et livrés aux Onze. Le lendemain, les Trente convoquent à l’Odéon les hoplites et les cavaliers. Critias parle : ‘Nous organisons la politeia pour vous comme pour nous : vous devez donc avoir part aux périls comme aux honneurs. Condamnez, en conséquence, les Éleusiniens que nous avons arrêtés : ainsi vos espérances et vos craintes seront les mêmes que les nôtres’ (hina tauta hèmin kai tharrète kai phobèsthe). » Voir Lysias, Contre Ératosthène (XII), 52, qui évoque 300 citoyens condamnés à mort.
80 P. ClochÉ, La restauration démocratique…, op. cit., p. 34-46.
81 XÉnophon, Helléniques, II, 4, 28-29, 35. Voir P. ClochÉ, La restauration démocratique…, op. cit., p. 61-85.
82 XÉnophon, Helléniques, II, 4, 42-43.
83 N. Loraux, « De l’amnistie et de son contraire » [1987], in N. Loraux, La cité divisée…, op. cit., p. 150-155.
84 Voir Luciano Canfora, Une profession dangereuse. Les penseurs grecs dans la cité, trad. par I. Abramé-Battesti, Paris, Desjonquères, [2000] 2001, p. 28-29, selon qui Xénophon aurait été hipparque après la bataille de Mounychie, n’hésitant pas à faire le coup de main contre les démocrates.
85 Voir José Castro, F. GONZÁlez, « El exilio de Jenofonte », Gerión, 16, 1998, p. 177–181,Google Scholar qui penche pour un exil de Xénophon dès 399. Voir toutefois les arguments convaincants de Tuplin, Christopher J., « Xenophon's Exile Again », in Whitby, M. et Hardie, P. (éd.), Homo Viator: Classical Essays for John Bramble, Bristol, Bristol Classical Press, 1987, p. 59–68,Google Scholar ici p. 66-68, selon lequel Xénophon aurait été exilé en 394 sur le double fondement de son soutien passé à Cyrus et de son laconisme présent. En 399, on comprendrait mal pourquoi Athènes aurait ouvertement reproché à l’un de ses citoyens son engagement auprès d’un allié de Sparte, alors que celle-ci dominait sans partage le monde grec.
86 Pontier, Pierre, Trouble et ordre chez Platon et Xénophon, Paris, J. Vrin, 2006, p. 86–87.Google Scholar
87 Sur ces questions chronologiques, voir V. Azoulay, Xénophon et les grâces du pou voir…, op. cit., p. 11-15.
88 Castoriadis, Cornelius, Les carrefours du labyrinthe, vol. 3, Le monde morcelé, Paris, Éd. du Seuil, 1990,Google Scholar « Pouvoir, politique, autonomie », p. 125-126.
89 Dans ce passage C. Castoriadis vise implicitement C. Schmitt et ceux qui s’en inspirent. Sa lecture n’est assurément pas exempte de mauvaise foi, dans la mesure où il oublie que le juriste défend une vision énergétique du politique : celui-ci ne s’identifie pas à toutes les interactions sociales ou, du moins, pas tout le temps. Reste que C. Castoriadis a raison sur le fond : en anti-démocrate passionné, C. Schmitt prend un malin plaisir à évacuer la politique au sens traditionnel, car il n’a que faire de la capacité d’une communauté à décider de son propre sort dans des formes réglées. Sur la distinction entre imaginaire radical et « décisionnisme » schmittien, voir Id., Ce qui fait la Grèce, vol. 3, Thucydide, la force et le droit, éd. par E. Escobar, M. Gondicas et P. Vernay, Paris, Éd. du Seuil, 2011, p. 69-70.
90 Id., «La polis grecque et la création de la démocratie », Les carrefours du labyrinthe, vol. 2, Domaines de l’homme, Paris, Éd. du Seuil, 1999, p. 325-382, ici p. 357. Voir, dans une même perspective, Christophe PÉBARTHE, « Faire l’histoire de la démocratie athénienne avec Cornelius Castoriadis », Revue des études anciennes, 114-1, 2012, p. 139-157.
91 V. Azoulay et P. Ismard, « Les lieux du politique dans l’Athènes classique… », art. cit., p. 307.
92 Deleuze, Gilles, « Qu’est-ce qu’un dispositif ? » [1988], in Deleuze, G, Deux regimes de fous. Textes et entretiens, 1975-1995, Paris, Éd. de Minuit, 2003, p. 316–325, ici p. 317.Google Scholar
93 François de Polignac, « D’Ajax à Hippothon. Héros ‘marginaux’ et cohérence des tribus clisthéniennes », in V. Azoulay et P. Ismard (éd.), Clisthène et Lycurgue d’Athènes…, op. cit., p. 107-117.
94 Laclau, Ernesto, La raison populiste, trad. par Ricard, J.-P., Paris, Éd. du Seuil, [2005] 2008, p. 81.Google Scholar
95 Lysias, Contre Ératosthène (XII), 4.
96 Métèques et citoyens se mêlaient volontiers dans les hétairies – sorte de clubs aristocratiques regroupant de jeunes gens riches, sans considération de leur statut : Andocide, Sur les mystères (I), 15.
97 Platon, La République, 328D. Voir Cohen, Edward E., The Athenian Nation, Princeton, Princeton University Press, 2000, p. 19–21.Google Scholar
98 Platon, La République, 327C : « Polémarque arriva, avec Adimante, frère de Glaucon, Nicératos, fils de Nicias, et un certain nombre d’autres, qui revenaient de la procession [en l’honneur de Bendis]. » Quelques lignes plus loin, le même Polémarque demande à Socrate et Glaucon de rester parmi eux pour qu’ils assistent ensemble à la course aux flambeaux qui doit avoir lieu le soir même en l’honneur de la déesse : « Nous sortirons après dîner, nous assisterons à la fête nocturne (pannuchis) ; nous y rencontrerons une foule de gens et nous causerons » (328A).
99 Lysias, Contre Ératosthène (XII), 18 : le cortège funéraire de son frère Polémarque ne put partir « d’une des trois maisons qui nous appartenaient (triôn hèmin oikiôn ousôn) ».
100 Pseudo-Plutarque, Lysias, 835F.
101 Pseudo-Plutarque, Lysias, 835F-836A.
102 Archinos fut en effet l’un de « ceux qui ramenèrent le Dèmos », selon Eschine, Contre Ctésiphon (III), 187. Voir DÉmosthÈNE, Contre Timocrate (XXIV), 135, qui cite Archinos comme « ayant occupé Phylè » et ajoute, avec une exagération certaine, qu’il fut « après les dieux le principal artisan du retour ».
103 Pseudo-Plutarque, Vie des dix orateurs [Lysias], 836A. Au-delà de cet aspect procédural, il semble que seuls les métèques ayant fait partie du contingent de Phylè (ou ayant rejoint Thrasybule au Pirée) se soient vus octroyer la citoyenneté : IG II2, 10. Exilé à Mégare durant la guerre civile, Lysias ne comptait donc pas parmi les heureux élus.
104 Sur cette question des mobilités intra-statutaires, voir les réflexions de Christel Müller dans ce numéro.
105 Voir, entre autres, Giorgio Agamben, Homo sacer. Le pouvoir souverain et la vie nue, trad. par M. Raiola, Paris, Éd. du Seuil, [1995] 1997. On connaît sa thèse inspirée de Michel Foucault : l’état d’exception se caractérise par l’intervention jusque dans la vie biologique des individus (zoé, ou « vie nue »), le pouvoir tendant à gérer les citoyens comme de simples « vivants ».
106 Sur la justification de cette équivalence, voir C. Castoriadis, Ce qui fait la Grèce, vol. 1, op. cit., p. 57.
107 Castoriadis, Cornelius, Ce qui fait la Grèce, vol. 2, La cité et les lois, éd. par Escobar, E., Gondicas, M. et Vernay, P., Paris, Éd. du Seuil, 2008, p. 41.Google Scholar
108 Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, livre III, chap. IV, dans OEuvres complètes, t. III, Paris, Gallimard, 1964, cité par C. Castoriadis, Ce qui fait la Grèce, vol. 2, op. cit., p. 117.
109 C. Castoriadis, Ce qui fait la Grèce, vol. 2, op. cit., p. 117 ; C. CASTORIADIS, Les carrefours du labyrinthe, vol. 3, op. cit., p. 127 : « […] la politique grecque […] est donc venue au jour, partielle certes, de l’instituant en personne (dramatique, mais non exclusivement, illustrée par les moments de révolution). La création de la politique a lieu lorsque l’institution donnée de la société est mise en cause comme telle et dans ses différents aspects et dimensions (ce qui en fait découvrir rapidement, expliciter, mais aussi articuler autrement la solidarité), donc lorsqu’un autre rapport, inédit jusqu’alors, est créé entre l’instituant et l’institué. »
110 Descombes, Vincent, Philosophie par gros temps, Paris, Éd. de Minuit, 1989.Google Scholar
111 RanciÈre, Jacques, La mésentente. Politique et philosophie, Paris, Galilée, 1995.Google Scholar Voir aussi Id., Aux bords du politique, Paris, Gallimard, [1990] 2003.
112 Monod, Jean-Claude, Qu’est-ce qu’un chef en démocratie ? Politiques du charisme, Paris, Éd. du Seuil, 2012, p. 252.Google Scholar
113 Hartog, François, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Éd. du Seuil, 2003.Google Scholar
114 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, II, 41, 4 : « nous n’avons besoin ni d’un Homère pour nous glorifier, ni de personne dont les accents charmeront sur le moment, mais dont les interprétations auront à pâtir de la vérité des faits ».
115 C.Castoriadis, Ce qui fait la Grèce, vol. 3, op. cit., p. 132 et p. 172-173 (commentant Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, I, 70). Voir déjà Cornelius CASTORIADIS, L’institution imaginaire de la société, Paris, Éd. du Seuil, 1975, p. 87-88.
116 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XLI, 2. Et l’auteur approuve d’ailleurs cette évolution : « Et il semble qu’on a bien fait ainsi (kai touto dokousi poiein orthôs), car le petit nombre est plus facilement corruptible que le grand aussi bien par l’argent que par les faveurs. » Voir Ober, Josiah, Political Dissent in Democratic Athens: Intellectual Critics of Popular Rule, Princeton, Princeton University Press, 1998, p. 353.Google Scholar
117 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XLI, 2.
118 À l’époque où écrit l’auteur de la Constitution des Athéniens (v. 330 av. J.-C.), le misthos de la Boulè revient à près de quinze talents par an, et celui de l’Héliée s’élève à un montant oscillant entre vingt et trente talents par an. Voir par ailleurs Gauthier, Philippe, « L’inscription de Iasos relative à l’ekklesiastikon (I. Iasos, 20) » [1990], Études d’histoire et d’institutions grecques : choix d’écrits, Genève, Droz, 2011, p. 455–492.Google Scholar
119 Andocide, Sur les mystères (I), 81.
120 Voir Azoulay, Vincent, Les Tyrannicides d’Athènes. Vie et mort de deux statues, Paris, Le Seuil, 2014, p. 125–126.Google Scholar
121 C. Castoriadis, Ce qui fait la Grèce, vol. 3, op. cit., p. 229 : « on entre dans une phase de décadence où le rapport à la démocratie n’est plus le même : les mots demeurent, mais on n’invente plus rien. On ne peut pas prendre des orateurs du IVe siècle, Lysias ou Hypéride, et dire : voilà ce que le peuple athénien au sommet de sa création démocratique pensait de lui-même. » Sur le dédain de C. Castoriadis pour le IVe siècle athénien, voir Pierre Vidal-Naquet, « Castoriadis et la Grèce ancienne », in C. CASTORIADIS, Ce qui fait la Grèce, vol. 1, op. cit., p. 25-26.
122 C. Castoriadis, Ce qui fait la Grèce, vol. 1, op. cit., p. 200. S’il cite le jugement du Pseudo-Aristote soulignant qu’au IVe siècle, « le peuple s’est rendu maître de tout », il n’en tire aucune conséquence pratique. Voir C. Castoriadis, Ce qui fait la Grèce, vol. 2, op. cit., p. 206.
123 N. Loraux, «Repolitiser la cité » [1986], in N. Loraux, La cité divisée…, op. cit., p. 54.
124 Voir par exemple Azoulay, Vincent, « Isocrate, Xénophon ou le politique transfiguré », Revue des études anciennes, 108–1, 2006, p. 133–153.Google Scholar
125 Ober, Josiah, « The Original Meaning of ‘Democracy’: Capacity to Do Things, Not Majority Rule », Constellations, 15–1, 2008, p. 3–9 :CrossRefGoogle Scholar « Dèmokratia, qui émerge avec l’auto-affirmation du démos au moment de la révolution, se réfère ainsi à la capacité collective du démos de faire advenir des choses. Cela signifie que dèmokratia ne désigne pas en premier lieu le contrôle par le démos d’une autorité institutionnelle pré-existante […]. La démocratie, c’est le peuple empowered, c’est-à-dire le régime où le peuple a une capacité collective de changer les choses […], de constituer le domaine public à travers l’action. » Voir à ce sujet Claudia Moatti, « Le germe et le kratos. Réflexions sur la création politique à Athènes », in C. Castoriadis, Ce qui fait la Grèce, vol. 3, op. cit., p. 13-26, ici p. 23.