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Réalités monétaires, réalités économiques, réalités historiques

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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La publication par les Annales d'un article analysant la situation monétaire du diocèse de Lyon entre le XIIIe et le XVe siècles a soulevé les vives critiques de deux historiens du Lyonnais, MM. Perroy et Fournial, qui rejettent de façon radicale ses prémisses et ses conclusions.

Leur démonstration repose sur une double antithèse que nous résumerons avant de la soumettre aux données des textes et des faits.

L'atelier ecclésiastique, loin d'émettre des produits peu abondants au x n e siècle, dépréciés au XIVe par une dévaluation continue et une concurrence monétaire qui l'éliminent progressivement, frapperait, en réalité, une monnaie abondante au XIIIe siècle.

Type
Débats et Combats
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1959

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References

1. Annales, 1957, n° 4, p. 561-572.

2. Annales, 1958, n° 3, p. 533-540.

3. L’ « empirement n'est pas le “ décri ” ». Bien avant MM. Perroy et Fournial, nos maîtres numismates nous l'ont enseigné. La formule, trop concise, soulignait simplement que les espèces émises étaient fréquemment retirées de la circulation pour faire place à d'autres espèces, tel le décri ordonné par le chapitre en 1373. (ARCH. RHÔNE, 10 G 76 f° 123 v°).

1. Fait significatif : le bail de 1274, primitivement non inséré dans les actes capitulaires, donne lieu à un vidimus notarial, enregistré onze ans plus tard. Le chapitre avait donc souci de conserver les actes concernant la monnaie.

2. Le bail prévoit la frappe d'oboles fortes neuves, valant la moitié d'un fort neuf, et non d'oboles vieilles, comme l'affirment MM. Perroy et Fournial. 3. … parvi denarii viennenses vel venus obolifortium novorum lugdunensium (ARCH. DU RHÔNE, 10 G 712).

1. En suivant le raisonnement de MM. Perroy et Fournial, on devrait admettre que le fort neuf correspond à deux pièces viennoises d'un denier.

2. Sur l'importance de la pougeoise, voir A. Blanchet, La pîte ou pougeoise. Etudes de numismatique, t. I, p. 309.

3. La frappe au balancier apparaît seulement au XVIe siècle. Auparavant, les monnayeurs utilisaient, non une matrice unique, mais une matrice par partie de sujet. Cf. A. Dieudonné, Manuel de Numismatique, t. I, p. 24.

4. Absence de rigueur admise par MM. Perroy et Fournial eux-mêmes (art. cité, p. 358).

5. Guilhiermoz, P., Notes sur les poids du moyen âge (Bibl. de l'Ecole des Chartes, t. LXVII [1906], p. 161 Google Scholar et 402) : le Codex germanicus 158 de la Bibl. de Munich donne le poids du marc de Lyon comme légèrement supérieur au poids du marc monétaire de Nuremberg (évalué à 238, 56 gr par Guilhiermoz), puisque 100 marcs de Nuremberg valent 96 marcs 5 onces 8 deniers de Lyon ; — Schoapp, (Europâische Gewichts l'évicvergleichungen, Nuremberg, 1722 Google Scholar), utilisant des équivalences antérieures, atteste la dépendance du marc de Lyon par rapport au système pondéral du marc de Troyes- Paris (244,75 gr, d'après Guilhiermoz) et son équivalence au marc de Genève qui dérivait aussi du marc de Troyes (Guilhiermoz, p. 443, n. 7). Toutes ces précisions sont fournies dans une thèse inédite soutenue à l'Ecole des Chartes par l'auteur de l'article incriminé.

1. En 1315, 14 deniers de Lyon valent 12 deniers tournois (Bibl. Nat. ms. fr. 5524 f° 60) ; en 1350, il faut 5 deniers de Lyon pour 4 deniers tournois (AKCH. DU RHÔNE 10 G 1918 et G. Guigue, Inventaire du trésor de Saint-Nizier, p. 38). Dieudonné n'a nullement confondu monnaie de Blois et monnaie de Lyon, comme l'affirment MM. Perroy et Fournial. Le « Registre entre deux ais » (ARCH. NAT. Z IB 54), qui fournit les données essentielles de l'ordonnance de 1315, ne mentionne pas le cours de la monnaie de Lyon et termine par la monnaie de Blois. En revanche, ce cours est précisé dans une copie du XVIe siècle (Bibl. Nat. ms. fr. 5524 f° 60), d'authenticité indiscutable (ne serait-ce que par une description rigoureusement conforme du type). Cette copie semble inconnue de MM. Perroy et Fournial, qui ont cru à une confusion de Dieudonné.

1. L'application de la loi de Gresham est donc douteuse dans un système d'étalons parallèles, acceptés pour leur valeur intrinsèque. En revanche la loi de Gresham a joué au XIVe siècle entre la Flandre et le Brabant, précisément parce que des conventions monétaires imposaient un cours forcé réciproque entre monnaie flamande et monnaie brabançonne. Aussi, quand le comte de Flandre dévaluait, le duc de Brabant était contraint de dévaluer pour éviter la ruine de la bonne monnaie brabançonne. Cf. H. Laurent, La loi de Gresham au moyen âge, Bruxelles, 1933.

2. ARCH. DU RHÔNE, 10 G 714, n” 28, 10 G 1918, n° 2.

3. Art. cité, p. 535.

4. La parité « immuable » (art. cité, p. 537) entre tournois et lyonnais ne saurait justifier l'application de la loi de Gresham. Une parité coutumière eXIste au x m e siècle entre viennois et lyonnais, époque où un renforcement défend le denier ecclésiastique contre la mauvaise monnaie viennoise. La loi de Gresham postule non seulement un rapport fixe entre monnaies, mais aussi leur pouvoir libératoire illimité que la pratique ne reconnaît pas à la monnaie lyonnaise du XIVe siècle.

5. A. Dieudonné, Manuel de Numismatique française, t. IV, p. 16.

6. Entre 1150 et 1193, le prix du marc d'argent fin exprimé en monnaie lyonnaise augmente de deux sous, indice d'une diminution parallèle du denier ecclésiastique, la valeur de l'argent paraissant à l'époque relativement stable. En 1193, l'archevêque envisage d'ailleurs la possibilité d'une mutation et prescrit le paiement d'impôts en argent non monnayé (Grande Pancarte de Vile-Barbe, 1.1, n° LVIII, p. 44 ; n° LIX, p. 45 ; — Cartulaire municipal de la ville de Lyon, Appendice, n° 1, p. 375).

1. Pénurie de billon qui n'a jamais été considérée comme particulière au monnayage lyonnais, contrairement à l'affirmation de MM. Perroy et Fournial. Mais ces difficultés du monnayage lyonnais ont été préparées, à Lyon comme ailleurs, par de* mutations abusives.

2. Archives DU Rhône, 10 G 76 f° 139.

3. Perroy et Fournial, art. cité, p. 537, n° 2, qui reconnaissent implicitement le caractère insolite d'une telle clause, en un temps où la monnaie royale est stabilisée.

4. Sur les préoccupations et les réactions royales, voir A. Dieudonné, Bibl. de VEcole des Chartes (1932), p. 12.

5. Archives DU Rhône, 10 G 76 f° 141. Relèvement injustifiable dans l'hypothèse d'une application de la loi de Gresham, puisque le lyonnais est à l'époque une monnaie faible par rapport à la monnaie royale stabilisée.

6. Archnat., Z I B 56 f 85 v°.

7. Annales, 1957, n° 4, p. 572.

8. Cartulaire Lyonnais, t. I, n° 234, p. 304.

1. AKCH. DU RHÔNE, 10 G 78 f° 90 :v pendant cinq années, les versements aux incorporati ne se feront de alia moneta seu ad valorem alterius monete nisi ad monetam quae nunc solvunlur videlicet florinos auri communis pro XX ti IIII or solidis.

2. Le tableau des seigneuriages perçus depuis le xme siècle étaye difficilement la thèse adverse. Tous sont comptabilisés en viennois, à l'exception du bail de 1371 qui prévoit le paiement de 400 florins d'or. La comptabilité en florins n'était donc pas constante, et le caractère insolite d'une telle mention suggère la possibilité d'un règlement en or.

3. Perrodx, F., L'Europe sans rivages, Paris, P.U.F., 1954.Google Scholar

4. Sapori, A., Le marchand italien au moyen âge, Paris, S.E.V.P.E.N. (Publications du Centre de Recherches Historiques), 1952.Google Scholar

5. Sur ce développement économique, voir Deniau, J., Histoire de Lyon et du Lyonnais, Paris, 1951.Google Scholar

6. Interventions multiples en faveur du pouvoir libératoire des monnaies étrangères : Cartulaire municipal de la ville de Lyon, n° LXXVI, p. 123 ; LXXVIII, p. 125 ; CXXXII, p. 329 ; C, p. 193 ; ARCH. DU RHÔNE, 10 G 80 f” 97 v°.

1. La concision de la formule « foires activés » égare MM. Perroy et Fournial et provoque leur interprétation abusive. Il n'a jamais été affirmé que les foires de Lyon étaient actives « dès 1422 », mais que l'établissement de ces foires, dont la « pleine activité » reprend en 1444, traduit la transformation économique du Lyonnais.