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Psychologie de chef : Charles de Gaulle et ses Mémoires

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Il y a dès maintenant, il y aura désormais posé dans l'histoire de la France, un « problème de Gaulle ». Et qui se situe sur deux plans différents. Quelle fut exactement l'oeuvre accomplie par l'homme qui, au lendemain d'un désastre sans nom, prit à son compte, seul tout d'abord, sans titre, sans moyens, sans argent, sans armes, le redressement de ce grand corps meurtri qui s'abandonnait? — Et comment expliquer pareille initiative héroïque, folle aux yeux des sages, qui poussa sur le devant de la scène, dans un splendide isolement, cet homme hier inconnu et que rien ne semblait spécialement disposer à jouer le personnage qu'il sut incarner sans hésitation? Histoire d'un côté, psychologie de l'autre : étroitement mêlées en fait et finalement inséparables.

Type
Essais
Copyright
Copyright © Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1955

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References

page 372 note 1. Gaulle, Général de, Mémoires de guerre, t. I, L'Appel, 1940-1942, Paris, Pion, 1954 Google Scholar ; in-8°, 680 pages.

page 372 note 2. Laquelle allait devenir en 1942 la France Combattante. Ct. p. 217 : «J'avais au printemps de 1942 nommé la France Combattante ce qui était jusqu'alors la France Libre, et notifié aux alliés cette nouvelle appellation ». La France Libre avait réussi à se taire reconnaître « porte-épée de la France », et « gérante inébranlable de ses intérêts ». Il fallait, au début de l'été 1942 et alors que les conditions étaient réunies pour que la guerre prît un tour décisif, attester que la France Libre d'hier était capable d'engager dans la lutte finale des forces militaires notables, une partie de son Empire et sa Résistance.

page 373 note 1. Cette définition se trouve à la page 79 : » goût du risque et de l'aventure poussé jusqu'à l'amour de l'art, mépris pour les veules et les indifférents, propension à la mélancolie et par làmême aux querelles pendant les périodes sans danger, fierté nationale aiguisée jusqu'à l'extrême par le malheur de la patrie et le contact d'alliés bien pourvus ; par-dessus tout, confiance souveraine en la force et en la ruse de leur propre conjuration… ».

page 375 note 1. Cf. la fin de son discours d'Oxford, 25 novembre 1941 : « Homme de la plaine, pourquoi gravis-tu la colline? — C'est pour mieux regarder la plaine. Je n'ai compris la plaine qu'en la voyant du haut dos sommets ».

page 375 note 2. Ce refus de polémiques rétrospectives est frappant par exemple dans le bref récit du limogeage, contre la volonté des Anglais, de l'amiral Muselier (p. 220-223) — et par ailleurs de l'incident policier de la « trahison » de ce dernier (p. 124).

page 375 note 3. Et, j'ajoute, une intelligence singulière : « C'était une rude épreuve que de résister à la machine britannique quand elle se mettait en mouvement pour imposer quelque chose. A moins d'en avoir fait soi-même l'expérience,6 on ne peut imaginer quelle concentration des efforts, quelle variété de procédés, quelle insistance tour à tour gracieuse, pressante ou menaçante les Anglais étaient capables de déployer pour obtenir satisfaction ». Cf. p. 139-141, des remarques curieuses sur la psychologie des rapports franco-britanniques — et d'abord sur celle de nos diplomates français : « Pour beaucoup, à force d'avoir vécu sous un régime dépourvu de consistance, il était comme'entendu que la France ne disait jamais Non. D'où l'effarement parfois du Comité devant les exigences perpétuellement tendues de son chef, son inclinaison à la conciliation — et les brusques rappels à l'ordre de l'Inflexible ».

page 375 note 4. Voir Littré. — Furetière regrettait que ce mot disparût de la langue en son temps.