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Processus de Décision Collective et Guerre Civile : L'exemple de l'Odyssée Chant XXIV, VV. 419-470

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Egon Flaig*
Affiliation:
Max-Planck Institut für Geschichte, Göttingen

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L’Odysséene s'achève pas avec le retour d'Ulysse chez lui. Elle s'achève par une guerre civile en Ithaque, puis par une paix intérieure qui est l'oeuvre de Zeus. La guerre civile éclate parce que dans le dernier chant de l'épopée, l'assemblée populaire de la commune d'Ithaque n'est pas en mesure de prendre une décision. L'échec de cette tentative pour élaborer une volonté collective nous donne quelques aperçus sur la question de la constitution des procédures de décision dans les communautés caractérisées par un très faible degré d'institutionnalisation politique.

Summary

Summary

In archaic Greece the majority rule was known, but many communities (poleis) were not able to use it. The poet of the “Odyssey” discusses this problem in the 24. chant, where the polis of Ithaka fails to corne to an agreement and to act conjointly against the mass murderer Odysseus. The polis doesn 't succeed in acting as a political entity because there is no consensus about fundamental norms: as long as a powerful nobleman asserts his honor without respecting any limits, it is impossible to impose collective values. When norm conformity grows and political cohesion gets stronger, the group is able to make collective decisions, but this doesn't necessarily mean, that the majority rule becomes the dominant mode of decision.

Type
Le Politique en Grèce Ancienne
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1997

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References

* La traduction de l'Odyssée utilisée est celle des Éditions Les Belles Lettres, texte établi, édité et traduit par Victor Bérard.

1. Sur ce point, voir J. Halverson, « Social Order in the Odyssey », Hermes, 113, 1985, p. 129 ; FInley, M. I., The World of Odysseus, deuxième édition, Londres, 1977, p. 9 Google Scholar ; Adkins, A. W. H., « Homeric Values and Homeric Society », Journal of Hellenic Studies, 91, 1971, p. 1.Google Scholar

2. Pour certains chercheurs, il n'est pas légitime de parler de « noblesse », G. M. Calhoun. « Class and Masses in Homer », Class. PhiL, 29, 1934, pp. 192-208 et 301-316 ; Halverson, J.. art. cité, p. 130 ; C. Ulf, Die homerische Gesellschaft. Materialien z.ur analytischen Beschreibung und historischen Lokalisierung, Munich, 1990, pp. 1–49.Google Scholar Sur l'état du débat, voir K. Raaflaub, « Homer und die Geschichte des 8. Jahrhunderts v. Chr. », Zweihundert Jahrc Homer-Forschung, J. Latacz éd., Stuttgart-Leipzig, 1991, pp. 230-238.

3. Bureau, J., « Les Gamo d'Ethiopie. Étude du système politique », Histoire et civilisations de l'Afrique orientale, 3, Paris, 1981, pp. 162167 Google Scholar ; Dyson-Hudson, N., Karimojong Politics. Oxford, 1966, p. 223 Google Scholar ss.

4. Finley, Moses I., « Max Weber und der griechische Stadtstaat », Quellen und Modelle in der Alten Geschichte, Francfort, 1987, p. 111 ss.Google Scholar

5. P. Funke se réfère à des tribus d'Israël et à des tribus arabes (” Stamm und Polis. Überlegungen zur Entstehung der griechischen Staatenwelt in den “Dunklen Jahrhunderten” », Frankfurter Althistorische Studien, 13 [Colloque à l'occasion du 80e anniversaire d'Alfred Heub, J. Bleicken éd.], Kallmünz, 1993, p. 44 ss).

6. « L'histoire ne peut être une science que dans la mesure où elle explique, et l'on ne peut expliquer qu'en comparant […]. C'est donc servir la cause de l'histoire que d'amener l'historien à dépasser son point de vue ordinaire, à étendre ses regards au-delà du pays et de la période qu'il se propose plus spécialement d'étudier, à se préoccuper des questions générales que soulèvent les faits particuliers qu'il observe. Or, dès qu'elle compare, l'histoire devient indistincte de la sociologie», Emile Durkheim, préface à VAnnée sociologique, 1, 1896-1897, p. 11 ss. Voir aussi, Paul Veyne, L'inventaire des différences (Leçon inaugurale au Collège de France), Paris, 1976, pp. 34-43 et Pierre Bourdieu, Réponses. Pour une anthropologie réflexive, Paris, 1992, p. 67.

7. Odyssée (par la suite Od.), Chant I, vv. 394-398.

9. Sur le conflit suscité par le remariage de Pénélope, voir Egon Flaio, « Todliches Freien. Penelopes Ruhm, Telemachs Status und die sozialen Normen », Historische Anthropologie, 3, 1995, pp. 364-388.

10. « Romantique » est ici entendu au sens que Hegel donne à ce terme dans V Esthétique. Voir Peter Szondi, « Hegels Lehre von der Dichtung », dans Poetik und Geschichtsphilosophie, I (t. 2 de l'édition des cours), Francfort, 1974, pp. 420-465.

11. Voir Erbse, H., Beiträge zum Verständis der Odyssée, Berlin-New York, 1972, p. 122.Google Scholar

12. Voir le discours du prétendant Antinoos devant la première assemblée populaire, Od. , II, v. 125 ss. 13. Les vers d'Aigyptos, Od. , II, vv. 28-32 ne constituent pas un catalogue complet des thèmes des débats « publics », mais montrent que la question la plus importante était celle d'une attaque extérieure.

14. Le catalogue des prétendants (Od. , XVI, vv. 246-251) mentionne douze prétendants d'Ithaque. Mais il faut leur associer les cinquante-deux jeunes gens de Dulichion, dans la mesure où Ithaque et Dulichion forment une seule polis ; Antinoos de Dulichion est désigné comme le meilleur jeune homme d'Ithaque (Od. , XVII, v. 395 ; XXI, v. 29 ss) ; son père Eupeithès fait partie de la commune d'Ithaque (Od. , XVI, vv. 424-430 ; XXIV, vv. 426-437).

15. Od. , XVI, vv. 424-430.

16. La première interprétation est celle de l'écrasante majorité des commentaires littéraires ; la seconde est défendue par un nombre considérable d'historiens, dont M. I. Finley, A.W. H. Adkins, J. Halverson.

17. Cette malédiction est annoncée dans Od. , I, vv. 378-390, et prononcée dans Od. , II, vv. 143-145.

18. Od, II, v. 316 ss.

19. Od, II, v. 325 ss.

20. Od, IV, vv. 663-674.

21. Od, XVI, vv. 373-382.

22. Od, XVI, v. 374 ss.

23. Od. , XVI, vv. 400-405.

24. Od.,XX, vv. 241-247.

25. Od. , XXII, vv. 35-41.

26. Bien des chercheurs s'en tiennent à la conception évolutionniste selon laquelle le meurtre ne menace la communauté que dans les sociétés modernes. Voir Bonner, R. J. et Smith, G., The Administration of Justice from Homer to Aristotle, 2 t., New York, 1930, I, p. 25 Google Scholar ; Calhoun, G. M., « Polity and Society », dans Wace, A. J. B. et Stubbings, F. H. éds, A Companion to Homer, Londres, 1962, p. 440.Google Scholar L'anthropologie politique a démontré la fausseté de cette conception en s'appuyant sur une énorme quantité de documents ethnologiques. Voir par exemple, Evans-Pritchard, E. E., The Nuer. A Description of the Modes of LiveUhood and Political Institutions of a Nilotic People, Oxford, 1968, p. 156.Google Scholar

27. Voir Mair, Lucy, Primitive Government. A Study of Traditional Political Systems in Eastern Africa(édition revue), Londres, 1962, pp. 33–54.Google Scholar Étudiant la manière dont la polis athénienne s'est institutionnalisée avec l'aide de la tyrannie (Aristokraten und Tyrannen im archaischen Athen. Untersuchungen zur Überlieferung, zur Sozialstruktur und zur Entstehung des Staates, Stuttgart, 1987, pp. 145-189), M. Stahl met l'accent sur le règlement des conflits. Voir aussi Hans-Joachim Gerke, « Konflikt und Gesetz. Ùberlegungen zur friihen Polis », dans Frankfurter Althistorische Studien, 13, op. cit. , pp. 49-68.

28. Voir Schmitt, Cari, Der Begriff des Politischen, réimpression du texte de 1932, Berlin, 1963, p. 48.Google Scholar L'escalade de la vengeance meurtrière ne se produit pas seulement quand elle est soumise à des règles strictes (sur ce point, voir de Garine, I., « Les étrangers, la vengeance et les parents chez les Massa et les Moussey », dans La vengeance. Études d'ethnologie, d'histoire et de philosophie, Verdier, R., Poly, J. P. et Courtois, G. éds, Paris, 1980, t. I, pp. 96102 Google Scholar ; Manga Bekombo, «La vengeance comme forme de l'offense», dans ibid. , pp. 145-156; R. Schott, «Vengeance and Violence among the Bulsa of Northern Ghana», dans ibid. , pp. 187-191 ; J. Bureau, « Une société sans vengeance : le cas des Gamo d'Ethiopie », dans ibid. , pp. 213-223 ; R. Verdier, « De l'une à l'autre vengeance », dans La vengeance. Vengeance et pouvoir dans quelques sociétés extraoccidentales, R. Verdier éd., Paris, 1980, t. 2, pp. 7-13 ; S. TcherkÉZoff, « Vengeance et hiérarchie ou comment un roi doit être nourri », dans ibid. , pp. 41-57 ; G. Charachidze, « Types de vendetta au Caucase », dans ibid. , pp. 83- 104). Pour imposer ces règles, une autorité centrale n'est pas forcément nécessaire ; mais un fort consensus normatif doit régner, et l'ensemble de la société doit être prêt à contribuer en permanence et non pas seulement dans certains cas à l'application des normes, à imposer les règles dans tous les cas et non pas seulement dans certaines occasions, et ce d'autant plus qu'une autorité centrale fait défaut. Sur ce point, voir E. Colson, Tradition and Contract. The problem of Order, Londres, 1975, pp. 38-52.

29. Cf. R. J. Bonner et G. Smith éds, op. cit. , p. 22.

31. Aucune procédure « probuleumatique » (telle que la postulent G. Glotz dans La cité grecque, Paris, 1928, p. 58 ss et F. Gschnitzer, « Der Rat in der Volksversammlung. Ein Beitrag des homerischen Epos zur griechischen Verfassungsgeschichte », dans Festschrift für Robert Muth, P. H ändei.et W. Meid éds, IBK 22, Innsbruck, 1983) n'est mise en place. Aucun conseil de la noblesse ne se manifeste dans l'assemblée populaire du Chant II.

32. Sur la définition de l'institution, voir W. H. Hamilton, « Institution », Encyclopedia of ilie Social Sciences, VIII, 1932, sp. pp. 84-89 ; S. N. Eisenstadt, « Social Institutions », International Encyclopedia of the Social Sciences, XIV, 1968, col. 409-428.

33. Voir E. E. Evans-Pritchard, The Nuer, op. cit. , pp. 152-155. Sur le problème de l'efficacité de son autorité, L. Mair, Primitive Government. A Study ofTraditional Political Systems in Eastern Africa (édition revue), Londres, 1962, p. 41 ss et C. Sigrist, « Gesellschaften ohne Staat und die Entdeckungen der Social Anthropology », dans Gesellschaften ohne Staat, t. 1, Gleichheit und Gegenseitigkeit, F. Kramer et C. Sigrist éds, Francfort, 1978, p. 136. De même chez les Dinka, voir Mair, L., op. cit. , p. 43 et Lienhardt, G., «The western Dinka », dans Tribes Without Rulers, Middleton, J. éd., Londres, 1958.Google Scholar

34. Hoebel, E. A., The Law of Primitive Man. A Study in Comparative Légal Dynamics, Cambridge, Ma., 1954, p. 121 Google Scholar ; Barton, R. F., « Ifugao Law », University of California, Publications in American Archeology and Ethnology15, 1919, pp. 1–27.Google Scholar

35. Voir Ruzé, F., « Les tribus et la décision politique dans les cités grecques archaïques et classiques », dans Du pouvoir dans l'Antiquité. Mots et réalité, Nicolet, C. (sous la direction de), Cahiers du Centre G. Glotz, I, Genève, 1990, pp. 6972.Google Scholar

36. Les recherches de Bourriot, F., Recherches sur la nature du génos. Études d'histoire sociale athénienne. Périodes archaïque et classique, 2t., Lille-Paris, 1976 Google Scholar et de Roussel, D., Tribu et cité. Études sur les groupements sociaux dans les cités grecques aux époques archaïque et classique, Paris, 1976 Google Scholar ont montré que les phylai et les phratries ne devaient pas être considérées comme les reliques d'une société tribale plus ancienne. Sur ce point, voir aussi Jones, N. F., Political Organization in Ancient Greece : A Documentary Study,Philadelphie, Memoirs of the American Philosophical Society, 176, 1987 Google Scholar; Welwei, K. W., « Urspriinge genossenschaftlicher Organisationsformen in der archaischen Polis », Saeculum 39, 1988, p. 13 Google Scholar, et P. Funke, op. cit. , p. 35 ss.

37. Les « Anciens » (gerontes) occupent leurs propres sièges ; ils font place à Télémaque \Od. , II, v. 14), lorsqu'il s'assied sur le siège de son père. Mais il ne s'agit pas vraiment d'une classe d'âge (sur la terminologie ethnologique, voir A. Prins, J. H., East African Age-Class Systems. An Inquiry into the Social Order of Galla, Kipsigis and Kikuyu, Groningen, 1953, pp. 923 Google Scholar ; Stewart, F. H., Fundamentals of Age-Group Systems, New-York, 1977, pp. 815 Google Scholar, 27 ss et 42 ss). Les héros de VIliade sont eux aussi des gerontes.

38. Od. , II, vv. 239-241.

39. C. Ulf, op. cit. , Munich, 1990, pp. 51-83 affirme l'existence de classes d'âge dans les épopées homériques et postule le « primat de principe de l'aîné sur le jeune homme » (p. 65). Mais on rencontre chez Homère quantité de chefs « jeunes » (neoi) ; Achille et Diomède sont des «jeunes” et sont pourtant les plus grands héros de l'armée grecque. Ulf explique ces « exceptions » par des circonstances particulières ; mais il reconnaît que dans la société homérique, l'« action » peut constituer un critère plus important que l'« âge ». Dans ce cas, on peut dire qu'il n'existe pas de classes d'âge institutionnalisées. Le fait que de jeunes nobles — comme Achille — soient désignés comme géron indique que le nom d'une classe d'âge est utilisé pour désigner des rangs sociaux. C. Ulf confond les noms des classes d'âge susceptibles de désigner un rang social — comme le remarquait déjà Wilamowitz, U. V., Die Ilias und Homer, Berlin, 1902 , p. 37 Google Scholar — et l'existence sociale de classes d'âge. Sur ce point, voir A.J. H. Prins, op. cit. , et F. H. Stewart, op. cit. , p. 10.

40. Les vers 245 ss du Chant I font apparaître que la domination de la noblesse s'exerce indépendamment de la jeunesse ou de la vieillesse des nobles. Il ne pourrait en être ainsi s'il existait des classes d'âge.

41. Ce fut sans doute le cas dans les polis de la période archaïque dotées d'un plus fort degré d'organisation, mais aussi dans beaucoup as polis oligarchiques de la période classique. Voir F. Gschnitzer, op. cit. , p. 154.

42. Dans les sociétés dites sans pouvoir, il existe presque toujours des classes d'âge, et les groupes d'aînés exercent de fait une certaine autorité sur les jeunes. Cette autorité — même si sa portée et son intensité ne sont pas très grandes — implique l'obéissance à certaines directives. Il s'agit, pour un groupe précisément délimité, d'une « attribution de pouvoir » au sens de Max Weber. Il semble pourtant opportun de parler d'une «absence de pouvoir», C. Sigrist, op. cit. , pp. 185-203 ; Clastres, P., La société contre l'État. Recherches d'anthropologie politique, Paris, 1974, pp. 2542 Google Scholar ; id., Recherches d'anthropologie politique, Paris, 1980, pp. 103-109. Il faut tenir compte de la dynamique sociale du changement de génération : chez les Massaïs, chaque jeune garçon fera un jour partie du groupe dominant ; ce n'est pas

le cas dans des sociétés où existent des élites politiques.

43. Sur ce point, voir N. Dyson-Hudson, op. cit. , pp. 218-221 ; Sigrist, C., Regulierte Anarchie. Untersuchungen zum Fehlen und zur Entstehung politischer Herrschaft in segmentdren Gesellschaften Afrikas, Fribourg, 1967, pp. 131151 Google Scholar ; E. A. Hoebel, op. cit. , p. 294 ss ; J. Burkau, op. cit. , pp. 146 et 153 ; Bourdieu, P., Le sens pratique. Critique de la raison théorique, Paris, 1977 Google Scholar (édition allemande, Francfort, 1987, p. 201 ss). E. Colson, Tradition and Contract…, op. cit. , p. 80 souligne le danger que comporte toute codification écrite : elle raccourcit la procédure et la rend apparemment plus efficace ; mais cette simplification réduit la communication de tous avec tous. Une dimension essentielle de ce type de règlement de conflit est alors perdue : le rétablissement de la concorde n'est pas mis en scène. L'affaire est peut-être résolue, mais cela n'est pas d'une grande utilité dans une telle société de face à face si les adversaires ne sont pas réconciliés.

44. Reinhardt, K., Die Ilias und ihr Dichter, HöLscher, U. éd., Göttingen, 1961, p. 99 Google Scholar l'exprime ainsi : « L'écrivain écrit en conflits ».

45. TLéPoléMos (Iliade, II, vv. 661-666) ; MéDon (Iliade, XIII, v. 694) ; Mastor (Iliade, XV, vv. 430-432) ; même Patrocle, qui avait tué, enfant, un de ses camarades de jeu sur un coup de colère, fut contraint de s'enfuir (Iliade, XXIII, vv. 85-90). Voir la liste établie par Svenbro, J., « Vengeance et société en Grèce archaïque. A propos de la fin de l'Odyssée», dans Vengeance, pouvoirs et idéologies dans quelques civilisations de l'Antiquité, Verdier, R. et Poly, J.-P. éds, Paris, 1984, p. 48 Google Scholar ss.

46. Ulysse affirme dans une histoire inventée être un meurtrier en fuite, Od. , XIII, vv. 258- 273 ; les prétendants craignent que leurs projets de meurtre de Télémaque ne soient éventés et qu'ils soient eux-mêmes chassés d'Ithaque, Od. , XVI, vv. 376-382 ; le devin Théoklyménos s'enfuit d'Argos, Od. , XV, vv. 271-278 ; un meurtrier étolien en errance passe par Ithaque et raconte le destin d'Ulysse, Od. , XIV, v. 380.

47. Iliade, XXIV, vv. 480-482.

48. Od. , XXIII, vv. 118-122.

49. M. I. Finley affirme que « c'est là une rencontre des parents indignés des victimes, qui réclament en guise de vengeance le sang du meurtrier, et non une véritable assemblée […]. Il s'agit d'une vengeance privée », Finley, M. I., Die Welt des Odysseus, Darmstadt, 1974, p. 94 Google Scholar. Ce n'est pas vrai. Si tel était le cas, Halithersès et Médon n'y auraient pas participé et n'auraient pas pris la parole.

50. Iliade, IX, vv. 632-636. Mais ni l'Iliade ni l’Odyssée n'évoquent un cas concret.

51. Sur ce point, voir Popitz, H., « Soziale Normen », Europäisches Archiv fur Soziologie, 2,1961 Google Scholar.

52. On pourrait énumérer par exemple les cas suivants : Héra veut que le cadavre d'Hector demeure sans sépulture (Iliade, XXIV, vv. 55-63) ; Aphrodite sauve Pâris de la mort et cause ainsi la chute de Troie ﹛Iliade, III, vv. 369-382). Héra protège Agamemnon, mais elle n'intervient pas lorsque celui-ci offense le prêtre dont la prière déclenche une épidémie dans l'armée grecque ﹛Iliade, I, vv. 9-56). Dans l'Odyssée, les dieux ne se comportent pas autrement : avec l'approbation des dieux (Od. , I, vv. 68-75), Poséidon se venge contre Ulysse de la blessure de son fils, sans reconnaître que face au cannibale Polyphème, Ulysse a commis un acte de légitime défense (Od. , XIII, vv. 128-145) ; Athéna incite Télémaque à tuer les prétendants, et lui dépeint ce meurtre sous des traits attrayants, en lui rappelant la gloire d'Oreste (Od. , I, vv. 293-302). Sur ce point, voir Adkins, A.W. H., « Homeric Values and Homeric Society », Journal of Hellenic Studies, 91, 1971, p. 17 Google Scholar.

53. Od. , XX, vv. 41-43.

54. Od. , XXIV, vv. 478-486. Athéna agit même à rencontre du conseil de son divin père : elle n'empêche pas le combat, contribue même à le déclencher. Zeus en personne doit lancer un éclair aux pieds de sa fille pour mettre un terme à la guerre civile (Od. , XXIV, vv. 521 - 539).

55. Cela n'est pas si rare : Henry, Jules a analysé l'autodestruction des Kaingang, Jungle l'eople, New York, 1964 Google Scholar.

56. Les querelles non surmontées entraînent chez les Nuers une division des tribus, L. Mair, Primitive Government…, op. cit. , p. 41 ss. Le désordre absolu des vengeances sanglantes chez les tribus abkhazes et chez les Massa du Cameroun ont pour conséquence leur incapacité notoire à une action politique, voir G. Charachidze, op. cit.

57. Od. , XXII, v. 55 ss. Sur ce point, voir J. Halverson, art. cité, p. 142.

58. Il., XIX, vv. 137-144.

59. Od. , XXII, v. 73.

60. J. Svenbro, op. cit. , p. 52 est d'avis que la guerre civile et la réconciliation amenée par l'intervention divine marquent la naissance de la polis. Mais le serment ne fait que restaurer Ulysse dans sa position antérieure de basileus. La commune d'Ithaque ne se trouve donc pas dans une situation nouvelle : elle revient à la situation antérieure.

61. Od, VII-VIII ; XIII, vv. 1-187.

62. Od. , IX, vv. 106-115.

63. Od. , III, vv. 135-156.

64. Od. , III, vv. 160-165.

65. Voir J. V. Andreev, « Volk und Adel bei Homer », Klio, 57, 1975, p. 286 ; Bonner, R. J. et Smith, G., op. cit. , p. 25 ; Vlachos, G. C., Les sociétés politiques homériques, Paris, 1974, p. 200 Google Scholar ; T. Fatheuer, Ehre und Gerechtigkeit. Studien zur Entwicklung der gesellschaftlichen Ordnung im friihen Griechenland, Munster, 1988, p. 46.

66. R. J. Bonner et G. Smith, op. cit. , p. 25 affirment qu'Eupithès exécute une décision formelle.

67. Sur ce point, voir N. Loraux, « La majorité, le tout et la moitié », Le Genre humain, 22, 1990, pp. 89-110. 68. Sur les procédures de vote à Sparte, voir Flaig, E., « Die spartanische Abstimmung nach der Lautstarke. Uberlegungen zu Thukydides », I, 97, Historia, 42, 1993, pp. 139160 Google Scholar.

69. Ces réflexions se rattachent à celles de Martin, J., «Von Kleisthenes zu Ephialtes. Zur Entstehung der athenischen Demokratie », Chiron, 4, 1974, pp. 542 Google Scholar.

70. Sur ce point, voir HöLkeskamp, K. J., « Written Law in archaic Greece », dans Proceetlings of the Cambridge Philological Society, 38, 1992, pp. 87117 Google Scholar.

71. Sur ce point, voir Loraux, N., « L'oubli dans la cité », Le temps de la Réflexion, 1, 1980, pp. 219224 Google Scholar.

72. Sur ce point, voir E. Flaig, Die Mehrheitsentscheidung in der Antike. Dynamik und Risiken (à paraître).

71. Sur ce point, voir N.Loraux, « L'oubli dans la cité », Le temps de la Réflexion,1, 1980, pp. 219 –224.

72. Sur ce point, voir E. Flaig, Die Mehrheitsentscheidung in der Antike. Dynamik und Risiken (à paraître).