Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
La médecine n'a jamais été une profession de prédilection pour le second ordre. Certes, dans les pays de tradition romaine, Dauphiné ou Comtat, de nombreux médecins sont nobles et font leurs preuves pour l'ordre de Malte. Partout ailleurs ils se recrutent dans le tiers état et leurs origines sont parfois très modestes. Ils se distinguent en cela d'autres professions libérales que la noblesse embrassait beaucoup plus volontiers, le barreau par exemple qui constituait une sorte de stage et de position d'attente avant l'exercice d'une charge plus prestigieuse. Mais la médecine a toujours ouvert la carrière des honneurs à ceux qui se révélaient des maîtres dans leur art. Vingt médecins ont été anoblis par les ducs de Lorraine du règne de Léopold à la mort de Stanislas (1690- 1766). En France même, les occasions d'une promotion ne manquaient pas : acquisition d'une charge anoblissante, lettres patentes du roi destinées à récompenser le « mérite », charges de la cour qui, sans intégrer automatiquement leurs titulaires au second ordre, les auréolaient du prestige des commensaux du roi. D'ailleurs au XVIIIe siècle l'influence du médecin est en hausse.
The 18th century witnessed a renewed appreciation on the part of society of the dignity of doctors and their art. Generally lacking the favors of Fortune, however, they remained behind the other, more privileged categories in the race for social promotion. Frequently merit more than money opened the way to nobility. Another mean existed as well : service at court, founded on a good reputation and a solid network of acquaintances, constituted a privileged path to both wealth and nobility.
1. D'avenel, Les Revenus d'un intellectuel de 1200 à 1913, 1922, p. 173.
2. Pillement, Les Anoblis des ducs de Lorraine. Médecins et chirurgiens, 1906.
3. A.N., V2 245, 19 décembre 1777.
4. Je ne prends en compte ici que les médecins directement affectés à la personne du roi. Il conviendrait d'y adjoindre ceux qui étaient affectés à la Grande et à la Petite Écurie, à la Vénerie, etc.
5. Le docteur Gaston de La Roquebrou, appelé d'urgence par un de ses malades, M. de La Porte, à quelques lieues, se rend chez lui, y demeure huit jours, administre six lavements et une purge dont meurt le patient, et reçoit 32 livres 18 sols (Dr Louis Ribier, Notes biographiques sur quelques médecins et chirurgiens de la haute Auvergne sous l'ancien Régime, 1903).
6. A.N., AB XIX, 1197.
7. Cf. à ce propos : Meyer, J., « L'enquête de l'académie de médecine sur les épidémies, 1774-1794 », Études rurales, 1969, n° 34, pp. 7–69 CrossRefGoogle Scholar; Goubert, cf. J.-P., Malades et médecins en Bretagne, 1770-1790, Paris, 1974, pp. 127–181 Google Scholar.