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Mentalités populaires : un sondage à Amiens au xviie siècle
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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Une telle recherche comporte des pièges évidents. L'attention de l'historien en effet, est trop souvent sollicitée par des témoignages qui concernent les seules classes aisées et cultivées, ou par le pâle reflet, dans les œuvres artistiques et littéraires, des modes de vie et de pensée populaires. Une seconde difficulté, non la moindre et que rencontrent toutes les études de psychologie collective, naît de la confusion fréquente entre l'anecdotique et le typique. Ce risque ne connaît d'autre garantie que la confrontation minutieuse et répétée si possible, entre tous les plans de la connaissance historique. Une telle confrontation obligera l'historien, très souvent, à restreindre le cadre chronologique et géographique de son enquête; elle donnera ainsi aux travaux d'histoire locale cette nouvelle légitimité dont ils ont besoin.
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- Études
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- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1962
References
1. Cet article a été inspiré par la lecture du livre de R. Mandeou, Introduction à la France moderne (1500-1640), A. Michel, 1961. C'est assez dire tout ce que l'auteur lui doit.
1. Op. cit., p. 112.
2. Pages, Manuscrits de Jean Pages, 6 vol., in-8°, Amiens, 1856-1864.
3. Op. cit., p. 7.
4. Ph. Ariès, L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, Paris, 1960, 502 p., ch. II, La découverte de l'enfance, p. 34 à 38.
1. L'article de L. Febvre dans Annales d'Histoire sociale, 1941, I I I , p. 41-53, « A Amiens, de la Renaissance à la Contre-Réforme » ; et Wildenstein, G., « Le goût pour la peinture dans la bourgeoisie parisienne », Gazette des Beaux-Arts, Paris, 1958 et 1959.Google Scholar
2. Il est vrai que la corporation des maÎtres peintres travaillait depuis le début du siècle à éliminer les marchands de tableaux flamands et que l'école picarde, privée de cette concurrence et de ces modèles, était tombée dans une pénible décadence. Voir les derniers tableaux de la collection du Puy-Notre-Dame, exposés dans une salle du Musée de Picardie. 6. Cf. inventaire après décès, le 9 juin 1711, de Marie Damien, épouse de François de Frêsne, seigneur d'Espagny, Président-Trésorier de France, ou celui de Marie Lefebvre, femme de Joseph de Sachy, le 9 juin 1714, Archives départementales, B. 2511 et 2514.
1. Voir l'inventaire après décès de Louis Pingre, Procureur du Roi au Baillage, Arch. départ. B. 2531. Voir aussi celui de François Cornet, du 14 juillet 1693 : Inventaire d'un riche marchand, qui traduit bien une transformation radicale du genre de vie de la bourgeoisie provinciale. On relève, entre autres titres, dans sa bibliothèque : les Essais de Montaigne, les oeuvres d'Ambroise Paré, Plutarque, Tacite, Tive-Live, Pline l'Ancien, les oeuvres de Bodin, plusieurs histoires de France et d'Angleterre, l'histoire des Pays-Bas de Grotius, l'histoire de la Chine, la Chine illustrée, une description de Madagascar, les Mémoires du Cardinal du Bellay, les oeuvres du cardinal Bellarmin, celles de saint Vincent de Paul, les épÎtres de saint François de Sales, saint Augustin, VAugustinus, les oeuvres d'Antoine-Amauld d'Andilly, et la Connaissance de l'Amour de Dieu de saint Jean de la Croix.
2. Souvent les délibérations d'échevinages reflètent également dans leurs attendus les moeurs populaires et enregistrent les requêtes et doléances des gens « vils et mécaniques ».
1. Voir par exemple A. C. Amiens, BB. 62, 17-4-1626. Délibérations de l'échevinage, et BB. 62 18-7-1630.
2. R. Dion, Histoire du vin et de la vigne en France, 1960, p . 488-489.
3. V. Pages, op. cit., tome 2, p. 117-1716.
4. Huizinga, J., Le déclin du Moyen Age, Paris, 1932.Google Scholar
5. Voir ce que dit José De Castro des effets du régime alimentaire sur le comportement et la psychologie des gens du Sertao. Voir aussi R. Mandrou, op. cit., p. 34 et 35… « et la misère physiologique… accoutume (les âmes) aux terreurs et à l'angoisse… C'est tout une mentalité d'hommes traqués avec ses superstitions, ses mouvements de colère, ses sensibilités trop vives, qui ressort de cette sous-alimentation chronique ».
6. Ph. Ariès, L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, Paris, i960, eh. V : « De l'impudence à l'innocence », p . 130 et ss.
7. Ces essais de psychologie collective aideront peut-être à comprendre certains aspects des séditions populaires.
1. Voir par exemple un gros dossier, abus, malversations des gardes de fil de houppe, A.C. Amiens, FF. 1128-1699.
2. A.C. Amiens, FF. 1126,30 août 1696, Informations-Procès Verbaux. « Les ouvriers de la dite communauté cabalent, s'assemblent et s'attroupent et font des ligues entre eux, abandonnent leur travail, disant les dits ouvriers qu'il fallait prendre des épées, qu'ils étaient en plus grand nombre que les maÎtres et qu'il les fallait défaire… »
3. Sur ces compagnies de jeunesse, voir Mandrou, op. cit., p. 184-186.
4. A.C. Amiens, FF. 1123, 7 mai 1689. Informations-Procès Verbaux. Gilles Beuger approuvé par Mauriset Briquet, dit Gratte-panche
1. En dépit des interdictions et des arrêtés d'expulsion réitérés par l'échevinage.
2. V. Mgr. Moliand, Actes de VEglise d'Amiens, 2 t., 494 p. et 825 p., 1848 et 1849.
3. Voir A.C. Amiens 1849, BB 67, 31 octobre 1658, délibérations de l'échevinage : « Toute la ville témoigne une extrême passion pour le renfermement des pauvres… il s'agit de la Gloire de Dieu » ! Au sujet de la création de ces hôpitaux généraux il existe une abondante bibliographie, depuis les travaux de P. Laixemand sur L'Histoire de la charité, jusqu'aux mises au point récentes de P. Imbekt.
4. Voir A.C. Amiens BB. 73, 27 janvier 1670, Délibérations de l'échevinage.
5. Dans un article qui suscita une discussion féconde entre son auteur et Lucien Febvre, René Baehrel a montré comment les épidémies accusent au XVIIe siècle, les contrastes et les conflits sociaux. Voir Annales historiques de la Révolution Française, 1951, p. 113 et L. Febvre, Annales, Economies, Sociétés, Civilisations, 1951, p . 520.
6. Archives municipales FF. 1275, 2 mars 1602, « Les ordures et infections des mendiants dont l'air devient par succession de temps, corrompu et contagieux… »
1. Voir Brosse, Guy De La, Traité de la Peste, 1623, Paris, in-8°, p. 11 : « Les pauvres, nourris de chétives viandes et salement logés en sont plus tôt infectés que les riches vivant proprement et nourris grassement. » Google Scholar
2. Archives municipales BB. 72. Délibérations de l'échevinage, 8 mars 1669, « La bourgeoisie de cette ville est sortie, la plupart s'est retirée à la campagne avec leur ménage, n'y étant resté que les pauvres et menu peuple ». Les bourgeois et gens aisés qui n'avaient pas quitté la ville à temps étaient autorisés à se retirer dans leur jardin ou à construire à leurs frais une logette où ils étaient contraints de se retirer.
3. Voir Archives municipales FF 1286, Police. Publications. « Résolution prise dans l'assemblée du Conseil de Santé, tenu en la Chambre du Conseil de l'Hôtel de Ville d'Amiens en laquelle s'est trouvé Monsieur de Paris envoyé par ordre du Roy… »
1. Plusieurs ouvrages récents ont décrit cette extension de la sorcellerie aux xvie et xviie
2. Voir par exemple : Delcambre, Le concept de sorcellerie dans le duché de Lorraine au XVIe et XVIIe siècles, 3 tomes, 1948 ; E. Brouette, La sorcellerie dans le comté de Namur, 1954 ; P. Villette, La sorcellerie dans le Nord de la France, du milieu du XVIIe siècle à la fin du XVIIIe siècle, Lille, 19S6. Voir aussi à ce sujet tout ce que dit R. Mandrou, op. cit., ch. X, Evasions : la magie satanique et la mort : « Tous ces hommes… vivent dans une fantasmagorie quotidienne dans un univers peuplé d'esprits, de démons de nature semi-divine ou para-divine… », p. 322 et p. 325 : « Cette magie satanique… reflète non seulement une croyance universelle et solidement ancrée dans les pouvoirs terrestres du malin, mais elle exprime aussi ce permanent besoin d'une présence supérieure capable d'intervenir dans la vie quotidienne et de la bouleverser. »
3. A.C. Amiens FF. 1124 (42). Informations, procès-verbaux, juin 1690.
4. A cette angoisse, à ce risque de dépersonnalisation, la Réforme avait opposé la justification par la foi et la prédestination. Mais avait-elle rassuré beaucoup de chrétiens, en dehors d'une bourgeoisie satisfaite de sa vertu et de sa dignité religieuse et sociale ? Les anabaptistes qui inauguraient sur terre le royaume du Christ proposaient une solution, populaire celle-là, mais si chargée d'utopie, de naïveté, de scandale et si cruellement persécutée ! Trois attitudes religieuses, trois comportements sociologiques, trois réponses au même défi spirituel, unanimement ressenti.
1. Voir en particulier : A.D. Somme, G. 598, G. 604,1666 à 1687. Evêché d'Amiens, procédures, ibid. G. 687. 19 août 1687, « Requête des curés de la ville d'Amiens… sur ce qu'il se débite un petit livre, intitulé : privilèges et devoirs de la confrérie Notre- Dame. »
2. Voir B. N. Mss., Fonds Picardie, papiers de Dom Grenier, Rituels et cérémonies de l'Eglise d'Amiens, n° 14.
3. Il est vrai que la question était compliquée par les répugnances éprouvées à l'égard du rituel romain.
4. Cf. Archives départementales, G. 604, 20 novembre 1666 « Evêché d'Amiens ». Procédures. Ordonnance de l'éveque d'Amiens. « Il y a apparence que l'extinction du feu doit être rapportée uniquement à des causes naturelles, la fumée s'étant élevée, la flamme s'est arrêtée là où elle s'est trouvée étouffée faute d'air. »
1. Archives départementales, G. 687, 19 août 1687, et note 32.
2. Souvent écartés de l'administration de ces confréries, comme de celles des fabriques paroissiales.
3. Voir les difficultés créées par les échevins et les administrateurs de l'hôpital général, au couvent des filles de la Providence, fondé en 1676 pour enseigner les filles indigentes. Abbé Fr. Mantel, Le couvent des filles de Sainte-Geneviève de la Providence, Amiens, 1911, 343 p.
4. Ce qu'il y avait à craindre pour les ignorants, c'était qu'ils ne fissent l'invocation des saints trop semblable à celle de Dieu et leur intercession trop semblable à celle de Jésus-Christ (Bossuet, Var., XV, 155).
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