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Lumières sur Vichy ?

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Trois livres viennent de paraître sur le drame que la France a vécu entre 1940 et 1944 ; l'un met au net un dossier, celui du procès Pétain. Les deux autres, publiés, le premier en France, le second aux États-Unis, se présentent comme des synthèses. Il est incontestable que la publication à peu près simultanée de ces trois ouvrages fait date. Ils marquent un changement d'époque : de la saison des juges au temps de l'historien? Certes, trop de dépositions et de plaidoyers ont, à dessein, embrouillé les faits pour que ne soit pas nécessaire un immense travail critique, qui est loin de trouver ici son achèvement.

Type
Notes Critiques
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1956

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References

page 510 note 1. Procès de la Haute-Cour, des Cours de Justice et des Chambres civiques ; archives des administrations, papiers de la Wilhelmstrasse, de la Wehrmacht et des services allemands, saisis par les Alliés, occidentaux ou russes, etc.

page 510 note 2. Noguères, Louis, Le véritable procès du maréchal Pétain, Arthème Fayard, 1955, 680 Google Scholar p.

page 511 note 1. Il donne en annexe quelques photocopies de documents.

page 511 note 2. Général HÉRiNG-Cdt LE Roch, Revision, Paris, Les Iles d'Or, 1949.

page 511 note 3. De Rethondes à l'Ile d'Yen, Éditions Creator, 1952.

page 511 note 4. Il faut déplorer un certain nombre de lapsus : commissaire Acherry pour Achiary, bonheur pour honneur (il s'agit de la France, p. 244) ; Loustauneau-Lacau « travaille pour la France Libre i : le réseau Alliance était britannique ; Mgr Deloy pour Delay, Raunaud pour Barnaud.

page 511 note 5. Le plus intéressant des documents ainsi révélés — du moins en son intégralité — est probablement le compte rendu de l'entretien Warlimont, Darlan, Huntziger, Abetz, Laval, du 10 décembre 1940, où le désir de collaboration s'affiche nettement. Huntziger révèle les mesures prises pour reprendre le Tchad, occuper, s'il le faut, Bathurst et tenter une opération contre Freetown ; il envisage de bombarder la base anglaise de Takorada « où les Anglais montent 200 avions américains par mois, destinés à l'Egypte ». Laval commente : « Là France veut reprendre ses colonies et accepte l'éventualité d'une guerre avec l'Angleterre en Afrique », et il ajoute : t Notre unique pensée est d'être en état d'assumer les obligations de la collaboration décidée à Montoire ».

page 512 note 1. De même, après une reconstitution très exacte des entretiens principaux auxquels a participé Pétain entre le 22 mai et le 16 juin, la conclusion est mesurée : « Le maréchal voulait le pouvoir et l'armistice a été, pour lui, une occasion d'y parvenir ».

page 512 note 2. « C'était votre voeu, Monsieur le Maréchal, d'avoir une fois un entretien avec moi. »

page 513 note 1. Que M. Noguères ne relève pas. Cf. Arnoult, Les Finances de la France et l'occupation allemande.

page 513 note 2. Ils sont certes l'oeuvre de Darian, mais jusqu'à l'intervention de Weygand, Pétain a approuvé. Cette lacune est d'autant plus regrettable que le président Noguères a magistralement dépouillé le dossier de Benoist-Méchin.

page 513 note 3. Cf. Kammereb, DU Débarquement américain au meurtre de Darian.

page 513 note 4. Presque tout le long récit du 10 juillet 1940 est tiré de témoignages rédigés en 1944-1945.

page 514 note 1. Qui ne conduit pas toujours a bien comprendre le caractère de l'accusé. M. Noguères voit bien l'influence du séjour en Espagne sur la « doctrine vichyste » : corporatisme, syndicats verticaux, charte du travail, Phalange. Il souligne la sécheresse de coeur du maréchal accrue par la sénilité, sa désinvolture à se débarrasser de ses meilleurs collaborateurs. Le portrait demeure inachevé. Le désir du maréchal « de garder le pouvoir à tout prix » peut difficilement expliquer toute son action.

page 514 note 2. Il révèle par exemple que les « accords » avec Churchill ont été communiqués à la Commission d'Armistice par le général Doyen le 31 janvier 1941 (p. 376) et que les Anglais insistèrent sans succès pour avoir un agent officieux en permanence à Vichy. Toujours sur ce point, l'analyse de la lettre de Pétain à Weygand, du 9 novembre 1940, non citée au procès, et reprise dans la demande de revision, est en fait à porter au débit de I'« anglophobie » du maréchal.

page 514 note 3. Il faut déplorer, outre certaines négligences — la même note répétée deux fois, p. 153 et p. 161 — des impedimenta : longues analyses de «l'agendaBonhomme», affaire du Massilia, récit de l'expulsion de l'évêque de Metz ; des erreurs, comme « les télégrammes de Noguès n'étaient pas pour rassurer » (sur la poursuite de la lutte en A.F.N.) ; M. Truchet ﹛L'armistice et VA.F.N.) a montré combien le général Noguès avait été fermement partisan de la poursuite de la lutte jusqu'à ce que le gouvernement do Bordeaux l'ait contraint à se soumettre « la mort dans l'âme ».

page 514 note 4. Farmer, Paul, Vichy, polàical dilemna, 376 p., New York, Columbia University Press, 1955 Google Scholar.

page 514 note 5. M. Farmer attribue à un dessein politique l'interdiction d'ouvrir aux chercheurs les fonds d'archives contemporaines : les historiens français savent bien qu'il ne s'agit là que d'une mesure administrative, qui s'explique et même se justifie, mais dont les conséquences sont graves.

page 514 note 6. A quelques exceptions près, dont un bon compte rendu de l'arrestation de Laval, le13 décembre 1940.

page 515 note 1. De là, encore, de nombreuses erreurs de détail : Kérillis, « homme de l'Action Française », Darlan assassiné « dans les rues d'Alger » ; le mot « déportés » servant à désigner les requis du S.T.O. Sans oublier des jugements sommaires et des classifications rapides : diviser la période d'avant-guerre en deux décades, 1920-1930 et 1930-1940 ne signifie pas grand-chose ; 1930 n'est pas une date charnière, du moins en France ; il est excessif d'opposer brutalement, du point de vue politique, les ouvriers des villes et les ruraux (les viticulteurs du Midi votaient « socialiste », comme les maraîchers de la « ceinture dorée ») ; dire que l'influence des communistes était prépondérante dans le gouvernement d'Alger est exagéré ; en fait, ils ne détenaient que deux Ministères, d'importance réduite, etc.

page 515 note 2. P. Arnoult, op. cit.

page 515 note 3. Truchet, A., L'Armistice de juin 1940 et l'Afrique du Nord, Paris, Presses Universitaires de France Google Scholar.

page 515 note 4. Les livres de Soustelle et de Passy ne sont même pas indiqués.

page 515 note 5. Il écrit que le maquis « fit parfois plus de mal que les Allemands ».

page 516 note 1. Jusqu'au printemps 1942, il n'est guère attaqué personnellement.

page 516 note 2. Mémoires de DE Gaulle, t. I, Paris, Pion.

page 516 note 3. R. Cassin, Un Coup d'État, la soi-disant Constitution de Vichy ;P. Tissier, Le Gouvernement de Vichy.

page 516 note 4. Par exemple sur les socialistes d'avant 1939 « qui ne pensaient qu'aux jeux parlementaires ou étaient aussi avides de pouvoir que les autres », ou sur la IIIe République « qui penchait vers le corporatisme en abandonnant l'individualisme » ; par contre les prémices de Vichy sont bien discernés : rôle'de l'Action Française, avec sa doctrine d'autorité, son régionalisme, son corporatisme et son antisémitisme ; influence du succès électoral du Front Populaire pour conduire l'extrême droite à un durcissement que traduisait la formule : « plutôt Hitler que Blum » ; médiocre popularité du régime parlementaire que la pratique des décrets-lois avait partiellement paralysé, surtout dans la période du gouvernement Daladier.

page 517 note 1. Il vaudrait peut-être mieux dire «fascistes» et «hitlériens” ; le corporatisme, le parti unique, l'antiparlementarisme et l'antisémistisme, les mythes du chef et de la jeunesse sont des traits caractéristiques du facisme international ; les collaborateurs de zone Nord y ajouteront leur admiration pour le nazisme, pogroms, Gestapo et camps de concentration compris.

page 517 note 2. Il ne dit rien du pacifisme, de l'esprit « ancien combattant », il ne connaît pas les cercles d'études et les revues vichystes, l'école des cadres d'Uriage, etc.

page 517 note 3. Il pense que « le patriotisme ne leur faisait pas défaut, mais que la solution n'était pas dans une obéissance stricte au devoir patriotique », et que « la morale des hommes d'État n'est pas celle des particuliers ».

page 518 note 1. Voir plus loin, p. 522, n. 2.

page 518 note 2. Cf. Billig, Le Commissariat aux questions juives, t. I (Centre de documentation juive contemporaine).

page 518 note 3. Àron, Robert, Histoire de Vichy, 1940-1944, Paris, Arthèrae Fayard, 1954, 766 Google Scholar p.

page 518 note 4. Il ne faut jamais oublier que, à la suite de la condamnation à mort de Pucheu, tous les hiérarques de Vichy savaient qu'ils joueraient leur tête à la Libération. On détruit, pour moins que cela, des papiers compromettants

page 519 note 1. Le Piège où nous a pris l'histoire (Albin Michel).

page 519 note 2. Cf. notamment : A. Truchet, op. cit. ; J. Billig, Le Commisariat aux questions juives (G.D.J.C).

page 520 note 1. Mettre « à égalité », comme l'ont fait les avocats du maréchal — mais c'était au prétoire — l'entrevue de Montoire et la mission de Rougier à Londres, c'est, pour l'historien, oublier qu'à Montoire était présent le chef de l'État, et à Londres un simple universitaire ; que l'entrevue avait été demandée par Pétain et qu'elle esquissait tout un plan politique à longue échéance, tandis que la mission à Londres n'avait été qu'acceptée par lui.

page 520 note 2. De même pour Bichelonne qui « multiplie les efforts pour préserver le patrimoine industriel français … et qui envoie des ouvriers en Allemagne … pour protéger l'industrie française », tout en étant un « collaborateur forcené ».

page 521 note 1. Racontant l'entrevue de Ciano et de Darlan, il se borne à dire qu'il a seulement traité de généralités ; il oublie de rappeler que l'anglophobie de Darlan a frappé Ciano (cf. Journal de Ciano, t. II). De même, au sujet de la visite du comte de Paris à Vichy : Aron ne dit pas quelle impression détestable fit sur le prince l'étalage de la germanophilie régnante.

page 521 note 2. Parfois le désir de trop prouver confine au burlesque : à une cérémonie à Paris, le cardinal Suhart feint de tomber, se raccroche au bras de Barthélémy : victoire ! Abetz ne vient ainsi qu'au second rang.

page 521 note 3. Cf. Kammmerer, La Passion de la flotte française (p. 484).

page 521 note 4. Cf. Kammerer, op. cit. (p. 468).

page 522 note 1. Mais, en peu de pages, erreurs et confusions abondent : liberté pris pour libération nationale ; le Conseil national, « organisme directeur de la Résistance », confusion entre francs-tireurs et F.T.P., etc.

page 522 note 2. Et encore : la libération de la Corse n'est pas racontée, mais un court tableau est brossé du théâtre à Paris. Seul le Cantal — pourquoi le Cantal? — a droit à une mention pour les sabotages qui furent perpétrés sur son territoire. La préparation du débarquement en Afrique du Nord paraît avoir été étudiée plus dans le livre amusant de Chamine que dans l'étude nourrie de Kammerer. Et combien il aurait été important de préciser que non seulement des policiers, mais aussi des voitures de « gonio » furent autorisés par Laval à opérer en zone Sud dès le printemps de 1942, ou de rappeler que les armes camouflées par l'armée de l'Armistice furent refusées à l'armée secrète, pour être livrées ensuite, par obéissance, peur ou dénonciation, à l'ennemi

page 523 note 1. Cf. P. Arnoult, Les Finances de la France et Voccupation allemande et La Délégation française auprès de la commission allemande d'armistice, t. II.

page 523 note 2. Il en est de même pour le télégramme de Pétain à Hitler après le raid anglais sur Dieppe ; un fait est certain, le télégramme est parti, il a été retrouvé ; allant plus loin que M. Noguères, M. Aron suggère qu'un autre que le maréchal aurait pu l'envoyer à sa place. Le moins qu'on puisse dire est que l'hypothèse est peu convaincante. Il suffit de penser à ce que seraient ces déclarations si l'Allemagne avait gagné la guerre

page 524 note 1. A noter ce jugement sur Pétain : « Plutôt qu'un homme exceptionnel, il était l'homme des qualités moyennes poussées à leur plus haut degré ».

page 524 note 2. Dès août 1940, G. Valois revendiquait la paternité du vichysme dans un article paru dans un journal suisse.

page 524 note 3. Sans oublier la technocratie qui a inspiré aussi un mouvement de résistance comme l'O.C.M.

page 524 note 4. En qui Alban-Vistel voit l'inspirateur de la Résistance. Cf. Alban Vistel, L'héritage spirituel de la Résistance.

page 524 note 5. Passons sur le rapprochement entre Pétain et… Bergson, Kierkegaard, Heidegger (ce dernier fut nazi, il est vrai), en vertu d'un « préexistentialisme politique » promu par Pétain … « sans le vouloir ».

page 525 note 1. Dont M. R. Aron ne dit pas qu'il a été, à l'origine, organisé par les Allemands. Cf. Cahiers d'Histoire de la Guerre, fasc. 3, Aspects économiques de la France occupée.

page 525 note 2. M. R. Aron ne cite pas dans sa bibliographie l'étude parue sur ce sujet dans le même numéro des Cahiers d'Histoire de la Guerre.