Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
L'histoire sociale de la Révolution française a été marquée par le fait que le discours révolutionnaire a toujours suridentifié le lien entre l'existence quotidienne et la vie publique. Depuis l'équation établie par Siéyès entre le privilège aristocratique et le parasitisme improductif jusqu'à la caricature de Thermidor présentant les architectes de la Terreur comme la lie de la société, la Révolution a constamment produit sa propre « interprétation sociale ». Ce procédé est employé de façon explicite dans la figure du sans-culotte. Les historiens ont généralement interprété la sans-culotterie en fonction des conditions sociales de la production artisanale de la fin du XVIIIe siècle, et de la manière dont une conception particulière de la propriété — celle des produits du travail manuel notamment — s'est traduite dans le langage politique en l'an II.
Historians have explained the role of the sans-culottes during the French Revolution in terms of the distinctive features of small-scale, artisanal production. In reality, artisanal production in eighteenth-century Paris was very different from this characterization. It is therefore not possible to envisage the language of the sans-culottes as an expression of the social conditions of artisanal production. Instead, the figure of the sans-culotte was a metaphor in which the terms upon which journeymen and their masters negotiated their differences in informal ways were transposed, by speakers and writers addressing a popular public, to the sphere of public discourse.
Ce texte est une version en partie remaniée d'une communication parue en anglais dans Mouvements populaires et conscience sociale, XVIe-XIXe siècles. Actes du congrès de Paris, mai 1984, recueillis et présentés par Jean Nicolas, Paris, Éditions Maloine, 1985, 773 p., pp. 557-572. Je remercie J. Nicolas d'en avoir autorisé la publication ici.
Les sources utilisées pour cet article ont été réunies grâce à des subventions du S.S.R.C. (Social Science Research Council), de la British Academy et du Middlesex Polytechnic, que nous tenons à remercier. Nous avons adopté dans les notes les abréviations suivantes : A.N. : Archives nationales. B.N. : Bibliothèque nationale.
1. Cette phrase est tirée de Cobban, A., The Social Interprétation of the French Révolution, Londres, 1964.Google Scholar Pour une explication historique de la Révolution par les révolutionnaires de 1789, voir Chili, E.,, Power, Property and History : Joseph Barnave's Introduction to the French Révolution and Other Writings, New York, 1971.Google Scholar Sur 1’ « interprétation sociale » de la Terreur après Thermidor, voir Cobb, R., Les armées révolutionnaires, t. I, Paris, 1961, introduction.Google Scholar
2. L'étude classique sur les sans-culottes est bien entendu celle de Soboul, A., Les sansculottes parisiens de l'an II, Paris, 1958.Google Scholar Voir en particulier pp. 407-455 l'analyse des déterminants sociaux du mouvement sans-culotte. Des interprétations similaires ont été proposées ultérieurement par Monnier, R., Le Faubourg Saint-Antoine, 1789-1815, Paris, 1981 Google Scholar, et par Burstin, H., « Conflitti sul lavoro e protesta annonaria a Parigi alla fine dell'Ancien Régime », Studi Storici, 19, 1978, pp. 735–775 Google Scholar ; du même auteur, « Conditionnement économique et conditionnement mental dans le monde du travail parisien à la fin de l'Ancien Régime : le privilège corporatif », History of European Ideas, 3, 1982, pp. 23-29. Bien qu'il se concentre sur des sujets différents, notamment le degré de cohérence de l'idéologie des sans-culottes, William Sewell décrit de façon très similaire ce mouvement dans Work and Révolution in France : the Language of Labor from the Old Régime to 1848, Londres-New York, 1980 (voir en particulier pp. 100-113). R. M. Andrews propose une analyse du mouvement populaire assez différente, dans « The Justices of the Peace of Revolutionary Paris, September 1792-November 1794 (Frimaire Year III) », Past & Présent, 52, 1971, pp. 56-105 : l'auteur soutient que le contexte dans lequel se situent les sans-culottes est le quartier plutôt que la boutique. Voir aussi l'article de Pertue, M., dans Annales historiques de la Révolution française, 208, 1972, pp. 313–317.Google Scholar
3. Voir F. Furet, Penser la Révolution française, Paris, Gallimard, 1978, en particulier pp. 70-76 et 212-259. Selon l'auteur, « L'activité révolutionnaire par excellence tient dans la production de la parole maximaliste… pour occuper cette position symbolique qu'est la volonté du peuple » (pp. 74-75). Les conflits politiques de la période qui s'achève en Thermidor sont provoqués par une dichotomie fondamentale contenue dans les deux images du Peuple qui est, ou bien représenté dans ses assemblées élues, ou bien incarné par les militants des clubs et des sociétés. C'est la tension entre ces deux définitions qui, plus que toute logique sociale sous-jacente, fait de la vie politique elle-même le terrain sur lequel se nouent conflits et accords politiques. « Réduire cette dichotomie à une opposition sociale… c'est qu'en réifiant la symbolique révolutionnaire, en réduisant le politique au social, elle ‘ normalise ’ et supprime ce qui est à expliquer : à savoir que la Révolution a installé cette symbolique au centre de l'action politique, et que c'est elle, et non pas les intérêts des classes, qui arbitre provisoirement les conflits du pouvoir » (p. 75). L'analyse de Furet critique de façon très intelligente une certaine forme de marxisme obtus, mais elle pèche par omission et par déformation. En vidant le « social » de toute valeur explicative, il le réduit au politique au lieu de réduire le politique au social. Il devient par conséquent impossible de trouver une quelconque explication de la valeur et de la signification du discours politique. En dernière analyse, il ramène le conflit politique à une tautologie provenant du langage de l'an II et qui finit avec la mort de ce langage. Dès lors, le lexique thermidorien et les événements de Germinal et Prairial an III n'ont aucune place dans son exposé de la dynamique de la politique révolutionnaire.
4. Nous ne prétendons pas, bien évidemment, que c'est le seul registre à gouverner le discours public en 1793 ou en 1794. Pour une analyse récente de la langue politique de la Révolution, voir Blanchard, M. E., Saint-Just & Cie : la Révolution et les mots, Paris, 1980 Google Scholar, et Hunt, L., « The Rhetoric of Révolution in France », History Workshop Journal, 15, 1983, pp. 78–94.Google Scholar Les historiens de la France révolutionnaire peuvent trouver des idées sur les rapports entre les mouvements sociaux, le langage et la politique dans les travaux sur l'Angleterre du xvne siècle. Les historiens des idées politiques et des sciences ont beaucoup oeuvré pour transformer l'histoire intellectuelle. Voir en particulier Pocock, J. G. A., Politics, Language and Time, Londres, 1972.Google Scholar D'après les travaux de K. M. Baker, une transformation similaire est probablement sur le point de se produire dans l'historiographie de la France révolutionnaire. Voir en particulier « On the Problem of the Ideological Origins of the French Révolution », dans La Capra, D. et Kaplan, S. L. éds, Modem European Intellectual History : Reappraisals and New Perspectives, Ithaca-Londres, 1982.Google Scholar
5. Markov, W. et Sobotjl, A. éds, Die Sansculotten von Paris, Berlin, 1957, p. 2.Google Scholar
6. Rude, G., The Crowd in the French Révolution, Londres, 1959, p. 18.Google Scholar Cet ouvrage est consacré en particulier aux aspects « préindustriels » de la production artisanale. C'est aussi le point de départ de l'importante étude de Hobsbawm, E. J., « Custom, Wages and Work Load », dans Labouring Men, Londres, 1964, pp. 405–435 Google Scholar, qui renseigne sur la façon dont certains historiens ont interprété les mouvements urbains de taxation au xviiie siècle. Cette interprétation de la production artisanale démontre entre autres qu'il faut considérer le langage des révoltes de la faim comme un véhicule des conflits politiques probablement plus complexe qu'on ne l'a cru jusqu'à présent. C'est en partie ce que suggère Reddy, W. N., « The Textile Trade and the Language of the Crowd at Rouen 1752-1871 », Past & Présent, 74, 1977, pp. 62–89.Google Scholar
7. A. Soboul, Les sans-culottes, p. 451.
8. A. Soboul, op. cit., id.
9. A. Soboul, op. cit., p. 454.
10. F. Braesch, « Essai de statistique de la population ouvrière de Paris vers 1791 », La Révolution française, 1912, pp. 289-312.
11. G. Rude, The Crowd… pp. 17-18 ; A. Soboul, Les sans-culottes, pp. 435-438.
12. A. Soboul, op. cit., pp. 436-7.
13. Le concept de la division du travail n'apparaît pas dans les travaux de Soboul et de Rude ; il n'en est évidemment pas davantage question dans le langage des sans-culottes. Nous développons notre travail dans « Work and Wages in Eighteenth Century Paris », dans Berg, M. et al. éds, Manufacture in Town and Country before the Factory, Londres, 1983.CrossRefGoogle Scholar
14. Ainsi, une dispute entre un scieur de pierres, un compagnon tailleur de pierres et trois appareilleurs travaillant sur le chantier de l'église Sainte-Geneviève en 1765 est provoquée par une discussion concernant l'ordre dans lequel les pierres doivent être taillées (A.N. Y II 687, 2 octobre 1765). Un compagnon peintre employé pour la décoration de l'Hôtel de Liancourt rue de Varennes en juin et juillet 1784, affirme « qu'il y a travaillé lui six ou septième à des ouvrages de peintures pendant environ six ou sept semaines ». (A.N. Y II 281a, 22 mars 1786). Voir aussi l'excellente étude sur la division du travail dans les métiers de l'imprimerie : Mckenzie, D. F., « Printers of the Mind », Studies in Bibliography, XXII, 1969, pp. 1–75.Google Scholar On trouve un exemple de conflit sur le travail payé et non payé dans Gayot, G., « La longue insolence des tondeurs de draps dans la manufacture de Sedan au xviiie siècle », Revue du Nord, LXIII, 1981, pp. 105–134.Google Scholar
15. Voir par exemple A. Soboul, Les sans-culottes…, p. 452 : « Travaillant et vivant aux côtés de ses compagnons, ancien compagnon lui-même bien souvent, le petit patron artisan exerce sur eux une influence idéologique décisive. »
16. Voir M. Sonenscher, « Journeymen's Migrations and Workshop Organisation in Eighteenth Century France : the Tailors of Rouen », dans S. L. Kaplan éd., Work in France, à paraître, Cornell Univ. Press.
17. Ces termes sont tous utilisés à Paris au xviiie siècle. Même dans les métiers du vêtement, les maîtres emploient un premier garçon. En 1770, André Blot, ancien compagnon tailleur, témoigne « qu'il a travaillé pendant environ dix-huit mois pour le Sr Dupuis, aussy maître tailleur d'habits en qualité de son premier garçon, qu'il l'a quitté pour prendre un établissement il y a plus de quatre mois, qu'en cette qualité de premier garçon il a toujours été à la tête de ses ouvrages et a agi pour ledit Sr Dupuis pendant les temps qu'il a été absent de sa maison comme il auroit fait luymême. » (A.N. Y 10 784b, 27 novembre 1770). Ils sont souvent chargés de couper les tissus et peuvent en profiter pour travailler pour leur compte (voir, par exemple A.N. Y 10 784b 26 novembre 1770). En 1767, un maître peintre se plaint d'un compagnon peintre d'impression nommé Legros auquel il a confié sa boutique pendant deux mois où il était absent de Paris. Legros profite de la situation pour payer les autres compagnons 35 sous par jour au lieu de 50, et empoche la différence. « Il a aussi… employé pendant cette absence les couleurs et le temps des ouvriers du comparant pour faire une enseigne en forme d'étoile qu'il a vendu à son profit. » (A.N. Y II 008, 7 mars 1767).
18. « Les ouvriers font beaucoup moins d'ouvrage en ville que chez leurs maîtres, non seulement parce qu'ils ne sont pas sous ses yeux, mais parce qu'ils quittent leur travail une heure plus tôt qu'il n'est d'usage dans cette profession, pour se conformer aux maçons et autres ouvriers de bâtiment qui finissent leur journée à sept heures du soir, au lieu que les menuisiers ne la finissent chez leurs maîtres qu'à huit. » Potain, Détails des ouvrages de Menuiserie pour les Bâtiments, Paris, 1749, p. 217. Les conflits à ce sujet sont nombreux dans les métiers du bâtiment au XVIII’ siècle. Ils sont examinés dans mon étude : « Work and Wages in France in the Eighteenth Century », op. cit.
19. En 1781 par exemple, quinze compagnons (10 compagnons serruriers, 2 scieurs de planches et 3 compagnons charrons) doivent témoigner de qui a payé leur salaire à l'occasion d'une dispute entre un maître sellier et un maître charron, maréchal, sellier et serrurier, à propos de la propriété d'un chantier et d'un hangar où l'on faisait des voitures (A.N. Y 13 802 5 février 1781). Voir aussi M. Sonenscher, « Work and Wages… » dans M. Bero et al., Manufacture…
20. B.N. Mss Joly de Fleury 1732, fos 234 ss.
21. M. Sonenscher, « Journeymen's Migrations… ».
22. Voir Thompson, E. P., « Time, Work Discipline and Industrial Capitalism », Past & Présent, 38, 1967, pp. 56–97 Google Scholar. Darnton, R. C., TheLiterary Underground of the Old Régime, Londres et Cambridge, Mass., 1982, ch. 5.Google Scholar L'un des avantages les plus durables obtenu par les ouvriers de Paris pendant la Révolution (probablement en 1791) est la réduction de deux heures de la journée de travail (cf. A.N. AD XI 65, Requête au Roi et Mémoire sur la Nécessité de Rétablir les Corps de Marchands, Paris, 1817, p. 25).
23. Sur les conflits à Londres, voir Dobson, C. R., Masters and Journeymen : a Prehistory of Industrial Relations 1717-1800, Londres, 1980, pp. 42–44.Google Scholar Pour Paris, voir Coornaert, E., Les compagnonnages en France du Moyen Age à nos jours, Paris, 1966, pp. 425–26Google Scholar, et Kaplan, S. L., « Réflexions sur la police du monde du travail, 1700-1815 », Revue historique, 529, 1979, pp. 17– 77.Google Scholar Voir aussi l'article de H. Burstin cité plus haut (note 2).
24. Ce total est basé sur les archives du Châtelet de Paris, les jugements et les ordonnances de police imprimés et reproduits dans les statuts corporatifs, et la collection Joly de Fleury à la B.N. Des sources détaillées se trouvent dans un article non publié : « Labour Disputes in Eighteenth Century Paris. »
25. Sur l'interprétation des conflits du travail au xviiie siècle, voir l'opinion de Linebauoh, P., « Laboring People in Eighteenth-Century England », International Labor and Working Class History, 23, 1983, pp. 1–8.CrossRefGoogle Scholar
26. D. Garrioch et M. Sonenscher, « Journeymen's Associations in Eighteenth Century Paris », à paraître.
27. Cette phrase est tirée de C. R. Dobson, Masters and Journeymen…
28. Certains de ces sujets sont traités par Truant, C., « Solidarity and Symbolism among Journeymen Artisans : the Case of Compagnonnage », Comparative Studies in Society and History, 21, 1979, pp. 214–26CrossRefGoogle Scholar et J. Lecuir, « Associations ouvrières de l'époque moderne, clandestinité et culture populaire », Revue du Vivarais, 1979, pp. 273-290.
29. W. Sewell, Work and Révolution, p. 41. Il est exact que le cérémonial des compagnonnages peut laisser penser que ce sont des « versions des corporations des maîtres », comme le pense Sewell. Aussi bien, il est probable que le lieu de travail lui-même soit une source supplémentaire du cérémonial utilisé par les différents rites au XVIIIe siècle.
30. Sur la police des arts et métiers, voir S. L. Kaplan, « La police… », cité plus haut note 23.
31. W. Sewell, Work and Révolution, pp. 23-24. L'analyse de Sewell est à mon avis très habile. Cependant, il néglige de distinguer les modes du discours publics et formels (le « langage corporatif »), des modes privés et informels, si bien que les termes des relations entre les compagnons et leurs maîtres avant et pendant la Révolution ne sont pas selon lui un problème. Pour l'auteur, le caractère dominant du langage corporatif permet de montrer comment « les compagnons comme les maîtres » partagent en 1793 et en 1794 une même identité politique.
32. Les documents de la Lieutenance générale de Police ayant été détruits en 1871, il est probable que les réactions des corporations ont été beaucoup plus nombreuses.
33. B.N. Ms Joly de Fleury 596 f° 80.
34. B.N. Ms Joly de Fleury, 462 f° 110 v°.
35. B.N. Ms Joly de Fleury, id., f° 116.
36. Le quartier étant situé au-delà des barrières, le vin y était bon marché, et on y trouvait de nombreux cabarets. Citons aussi le Petit Charonne, Belleville, la Glacière, Gentilly et Vaugirard.
37. B.N. Ms Joly de Fleury 462 f° 106.
38. B.N. Ms fr. 6682 f° 191.
39. A.N. Y II267” et Y 13 728.
40. Op. cit., Y II 496, 16 avril 1776.
41. G. Rude, TheCrowd, pp. 84-85.
42. En 1785-1786, des conflits importants ont lieu dans ces métiers. Voir les ouvrages cités plus haut (notes 23 et 24).
43. Ou plus probablement à partir de l'automne 1789. Voir G. Rude, The Crowd, pp. 64-65. Dans les villes comme Rouen, Lyon et Marseille, où les documents des corporations ont été conservés, il apparaît clairement que la loi d'AUarde formalise un état de fait qui existait depuis l'été 1789. Par la suite, on observe très peu d'assemblées de corporations.
44. Sur la législation de la Révolution sur le travail, voir C. Schmidt, « Industrie : recueil de textes et de notes », dans Commission de recherche et de publication des documents relatifs à la vie économique de la Révolution, Paris, 1910. Cette analyse de la loi Le Chapelier va à rencontre de celle que l'on trouve habituellement dans les textes classiques. Voir par exemple Soreau, E., « La loi Le Chapelier », Annales historiques de la Révolution française, VIII, 1931, pp. 287–314.Google Scholar Une comparaison des dispositions de la loi (dans J. Thompson, M., French Révolution Documents, Londres, 1953, pp. 82–85 Google Scholar), des textes des deux déclarations royales les plus importantes et des lettres patentes du 2 janvier 1749 et du 12 septembre 1781 (qui font spécifiquement référence au livret) montre jusqu'à quel point la loi Le Chapelier reflète la disparition de la police des arts et métiers de l'Ancien Régime.
45. W. Sewell, Work and Révolution, p. 101.
46. Voir S. L. Kaplan, op. cit.
47. Voir les remarques à ce sujet de P. Linebaugh, op. cit., note 25.
48. La Misère des Garçons Boulangers de la Ville et Faugbourgs de Paris (Troyes, 1715, B.N. 8° Z Le Senne 4403).
49. A.N. Y 15 349, 6 décembre 1751.
50. Op. cit., 1 septembre 1751.
51. Roche, D. éd., Journal de ma vie: Jacques-Louis Ménétra Compagnon vitrier au XVIIIe siècle, Paris, 1982.Google Scholar Il est significatif que Ménétra limite ses souvenirs au récit de ses prouesses. Le travail en lui-même n'apparaît pas dans son autobiographie de la même façon qu'au xixe siècle. Voir Rancière, J., La nuit des prolétaires, Paris, 1981 Google Scholar, ainsi que mon compte rendu de ces ouvrages dans Social History, 9, 1984, pp. 113-116.
52. A.N. Y 12 987% 10 mars 1770.
53. Op. cit., Y 14 069, 20 juillet 1740.
54. A.N. Y II 344b, 1 juillet 1761 ; Bibliothèque de l'Arsenal, Ms Bastille 12 127.
55. W. Sewell, Work and Révolution, p. 108.
56. A.N. Y 9500.
57. Le point de départ de toute discussion demeure Thompson, E. P., « The Moral Economy of the English Crowd in the Eighteenth Century », Past & Présent, 50, 1971, pp. 76–136.Google Scholar Voir aussi les remarques de Tilly, L., « Food Entitlement, Famine and Conflict », Journal oflnterdisciplinary History, XIV, 1983, pp. 333–349.Google Scholar
58. Toutefois, les compagnons engagent évidemment ces avocats et approuvent leurs mémoires. Voir l'exemple des compagnons serruriers de 1746 analysé dans D. Garrioch et M. Sonenscher, « Journeymen's Associations… ».
59. Le livret est un document imprimé qui comporte la date et le lieu de naissance du compagnon, sa description physique, son lieu de résidence, ses emplois passés et actuels et son attitude au travail. C'est une variante standardisée d'un certain nombre de certificats imprimés utilisés de façon différente dans de nombreux métiers à Paris au xviiie siècle.
60. A.N. K 1031, N° 121.
61. B.N. Ms Joly de Fleury, 648 f° 293 ss.
62. Cf. M. Sonenscher, « Work and Wages… ».
63. A.N. Y 10 898, 7 décembre 1769.
64. Op. cit., AD XI 13, 4 septembre 1742.
65. Op. cit., Y 9533 ; Y 12 151, 12 novembre 1748.
66. Bibliothèque de l'Arsenal, Ms Bastille II 596.
67. A.N. Y II 010, 13 mai 1769.
68. Voir J.-C. Perrot, « Voies nouvelles pour l'histoire économique de la Révolution », dans Commission d'histoire économique et sociale de la Révolution française, Mémoires et documents XXXV, Paris, 1978, pp. 115-142, pour une étude de l'inflation et de ses effets sur le crédit et sur les rythmes de la vie économique.
69. L'absence d'une sphère publique définie après 1789 a été reconnue formellement par Furet (voir plus haut note 3). Cependant, le problème n'est pas résolu si les choses en restent à ce niveau formel (c'est-à-dire comment « le Peuple » trouve une expression politique pratique). Il y a plusieurs manières de qualifier « le Peuple » et le problème historique demeure de savoir comment les différents modes de réalisation de ces modifications influent sur les conventions et les attentes du véritable peuple. Les rapports réciproques entre les métaphores, les symboles et la dynamique des relations sociales dans la France révolutionnaire exigent plus qu'une analyse d'un discours réifié.
70. M. Sonenscher, « Work and Wages… ».
71. La meilleure analyse des origines de ce personnage reste celle de F. Braesch éd., Le Père Duchesne d'Hébert, Paris, 1938, pp. 5-86.
72. Sur les foires à Paris au xviiie siècle, voir Isherwood, R. M., « Entertainment in the Parisian Fairs in the Eighteenth Century », Journal of Modem History, 53, 1981, pp. 24–48.CrossRefGoogle Scholar Sur la sociabilité à Paris au xviiie siècle, l'étude de David Garrioch promet d'apporter une contribution importante à la compréhension du sujet.
73. F. Braesch, Le Père Duchesne, p. 235.
74. F. Braesch, op. cit., pp. 768, 263.
75. F. Braesch, op. cit., p. 270.
76. Pour certaines indications sur une approche possible, voir Gumbrecht, H.-U., Lusebrink, H.-J., Reinhardt, H., « Histoire et langage : travaux allemands en lexicologie historique et en histoire conceptuelle », Revue d'Histoire moderne et contemporaine, XXX, 1983, pp. 185–195.Google Scholar Voir aussi Schaffer, S., « Natural Philosophy and Public Spectacle in the Eighteenth Century », History of Science, XXI, 1983, pp. 1–43.Google Scholar