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Les juifs et l'écrit dans la mentalité eschatologique du Moyen Age chrétien occidental (France 1000-1200)
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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Mea grammatica Christus est affirme Pierre Damian (1007-1072), évoquant par ce véhément raccourci le rôle de l'analyse grammaticale dans la compréhension des écritures saintes, et par là même le jalon essentiel que constitue la grammaire dans le chemin qui pour le moine mène à la rencontre divine. De ce fait, une grande importance s'attachait aux textes, aux mots, et à l'écrit dans la culture monastique. Bernard de Clairvaux (1090-1153) toutefois tient à préciser que le sentiment religieux ne peut se nourrir uniquement de la connaissance des textes. Pour marquer le point, il s'en prend aux juifs, ces lettrés à l'esprit littéral qui s'acharnent sur les lettres de l'écrit divin, les rongeant comme s'il s'agissait de vieilles croûtes rassies.
Summary
Christian lay elites in Northern France participated progressively in ecclesiastical documentary practices during the eleventh and twelfth centuries. This acculturation involved a complex set of ideas according to which gifts of land recorded in writing assured a warrior nobility redemption in the world to come, and writing was seen as the inscription of divine order deriving authority and authenticity from scripture. Monks, particularly Benedictines, were primarily responsible for the spread of such literate modes and their linkage to eschatological visions. Concern for the validity of the written word and for its capacity to signify truth became focal points in monastic thought. By defining God and scripture as the referential matrix of written signs, the monks created a semiotic dilemma in which writing was seen as both absolute and infinité. Seen as absolute, the written text was authoritative but idolatrous. Seen as infinité, the written text required and became subordinate to interpretation, thus loosening its tie to the divine absolute. While engagea in these uneasy reflections on script and scripture, monks encountered another contemporary literate culture in which the association between scribal and scriptural practices was predicated upon the same principle (divine origin) applied to the same text (the Bible). Monks thus came to consider contemporary Jewish scribal and scriptural modes as challenges to Christian authenticity. Jewish intimacy with script and scripture had to be undermined and invalidated. In a new rhetoric of antisemitism introduced by Benedictine monks, the traditional theme of the Jew relating to scripture carnally and not spiritually was brought to an extreme conclusion. As beings who used flesh for mind, the Jews were dehumanized, considered animais from whose polluting presence the world had to the purged.
- Type
- Regards Réciproques : Juifs et Chrétiens
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- Copyright
- Copyright © Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1994
References
1. Leclercq, Jean, L'amour des lettres et le désir de Dieu : initiation aux auteurs monastiques du Moyen Age, Paris, 1957 Google Scholar. Cet ouvrage a été consulté dans sa traduction anglaise, The Love of Learning and the Désire for God. A Study of Monastic Culture, 3e édition, New York, 1982, p. 72. La citation de Pierre Damian se trouve p. 260.
2. Cité et discuté dans J. Leclercq, The Love of Learning…, op. cit., p. 259.
3. Langmuir, Gavin, « “Judei Nostri” and the Beginning of Capetian Législation », Toward a Definition of Antisemitism, Berkeley, 1990, pp. 137–166 Google Scholar, aux pp. 137-138 ; Jordan, William Chester, The French Monarchy and the Jews, Philadelphie, 1989.Google Scholar
4. Clanchy, M. T., From Memory to Written Record. England, 1066-1307, Cambridge, Ma., 1979, pp. 51, 137Google Scholar ; 2e édition, Cambridge, Ma., 1993, pp. 71,167. Dans les références ultérieures à l'ouvrage de M. T. Clanchy, les pages renvoient à la première édition.
5. Voir à ce sujet les réflexions de Stock, Brian, « Textual Communities : Judaism, Christianity, and the Definitional Problem », Listening for the Text. On the Uses of the Past, Baltimore-Londres, 1990, pp. 140–158.Google Scholar
6. Les chartes analysées pour cet article se trouvent dans Bruckner, Albert et Marichal, Robert, Chartae Latinae Antiquiores, vol. XIII, France, Atsma, Helmut et Vezin, Jean éds, Zurich, 1981 Google Scholar ; Brunel, Clovis, Recueil des actes des comtes de Ponthieu, Paris, 1880 Google Scholar ; Fauroux, Marie, Recueil des actes des ducs de Normandie de 911 à 1066, Caen, 1961 Google Scholar ; Gasnault, P., « Les actes privés de l'abbaye de Saint-Martin de Tours du VIIIe au XIIe siècle », Bibliothèque de l'École des chartes, 112, 1954 : 24–66 Google Scholar ; Guillot, Olivier, Le comte d'Anjou et son entourage au XIe siècle, 2 vols, Paris, 1972 Google Scholar, vol. 2, Catalogue d'actes ; Prevenier, Walter, De Oorkonden der graven van Vvlanderen. 1191-1206, 3 vols, Bruxelles, 1964-1977 Google Scholar ; Vercauteren, F., Actes des comtes de Flandre. 1071-1128, Bruxelles, 1938.Google Scholar
Sur les modalités et l'enjeu du recours à l'écrit au XIe siècle, on me permettra de renvoyer à mes travaux, Brigitte Bedos-Rezak, « Diplomatie Sources and Medieval Documentary Practices : An Essay in Interpretative Methodology », The Past and Future of M edi e val Studies, John Van Engen éd., Notre-Dame-Londres, 1994, pp. 313-343 ; « The Confrontation of Orality and Textuality : Jewish and Christian Literacy in Eleventh and Twelfth-Century Northern France », Rashi, 1040-1990. Hommage à Ephraïm E. Urbach, Gabrielle Sed-Rajna éd., Paris, 1993, pp. 541-558.
La multiplication du nombre de chartes seigneuriales produites et conservées à partir du XIe siècle a encore été notée récemment par Stock, Brian, The Implications of Literacy. Written Language and Models of Interprétation in the Eleventh and Twelfth Centuries, Princeton, 1983, p. 17 Google Scholar ; Tabuteau, Emily Zack, « Ownership and Tenure in Eleventh-Century Normandy », The American Journal of Légal History, XXI, 1977, pp. 97–124 Google Scholar (spécialement p. 123) ; White, Stephen, Custom, Kinship, and Gifts to Saints, Chapel Hill-Londres, 1988, p. 17.Google Scholar
Le décompte des chartes seigneuriales prises ici en considération et relatives à la Flandre, au Ponthieu, à la Picardie, à l'Ile-de-France, à l'Anjou, à la Normandie et à la Champagne, indique que 10 % appartiennent au xe siècle, et 90 % à la première moitié du XIe siècle. McKitterick, Rosamund, The Carolingians and the Written Word, Cambridge, 1989 Google Scholar, voit dans l'explosion documentaire du XIe siècle le prolongement et la continuation de pratiques carolingiennes. En ce qui concerne la France du Nord, cette solution de continuité reste improbable en l'absence virtuelle de chartes seigneuriales entre 870 et l'an mil. De plus, l'écrit carolingien n'a pas été accompagné, comme il le sera au XIe siècle, de la diffusion des sceaux comme modes de validation, laquelle révèle un souci d'authenticité propre à une société dont les rouages reposent sur la confiance faite à l'écrit. Sur ces questions, voir Bedos-Rezak, B., Form and Order in Médiéval France. Studies in Social and Quantitative Sigillography, Londres, 1993.Google Scholar
7. Pour une analyse de la terre et de son enjeu social et culturel, voir Rosenwein, Barbara, To Be the Neighbor of Saint Peter. The Social Meaning of Cluny's Property, 909-1049, Ithaca-Londres, 1989 Google Scholar ; Gurevich, Aron, « Représentations et attitudes à l'égard de la propriété pendant le Haut Moyen Age », Annales ESC, 1972, n° 3, pp. 523–547.Google Scholar
8. Sur la christianisation profonde et définitive de l'Europe germanique au XIe siècle, voir les remarques de G. Langmuir, Toward a Définition of Antisemitism, op. cit., pp. 59, 65, 112-113, 304. Sur l'importance du salut dans la spiritualité aristocratique du XIe siècle, voir les analyses de Bouchard, Constance, Sword, Miter and Cloister. Nobility and the Church in Burgundy, 980-1198, Ithaca-Londres, 1987, pp. 225–229, 241-246Google Scholar ; Howe, John, « The Nobility's Reform of the Médiéval Church », The American Historical Review, 93, 1988, pp. 317–339, aux pp. 333-334Google Scholar ; Tellenbach, G., Church, State and Christian Society, Oxford, 1959, p. 84 Google Scholar ; S. White, Custom, Kinship and Gifts to Saints, op. cit., pp. 130-176.
9. B. Bedos-Rezak, « The Confrontation of Orality and Textuality », art. cit., pp. 555-556. Le retrait juif de l'occupation des terres a souvent été remarqué : Little, Lester, Religious Poverty and the Profit Economy in Médiéval Europe, Londres, 1978, p. 43 Google Scholar ; Blumenkranz, Bernhard, Juifs et chrétiens dans le monde occcidental, 430-1069, Paris, 1960, p. 20 Google Scholar ; Schwarzfuchs, Simon, « France Under the Early Capets », The World History of the Jewish People. Jews in Christian Europe, 711-1069, Roth, Cecil éd., Rutgers University Press, 1966, pp. 143–161 Google Scholar, aux pp. 155-156 ; Chazan, Robert, Médiéval Jewry of Northern France : A Political and Social History, Baltimore, 1973, p. 15 Google Scholar ; Rabinowitz, L., The Social Life ofthe Jews of Northern France in the XII-XIV Centuries as Related in the Rabbinical Literature of the Period, Londres, 1938, pp. 38–39 Google Scholar ; Langmuir, G., « The Jews and the Archives of Angevin England : Reflections on Médiéval Anti-Semitism », Traditio, 19, 1963, pp. 183–244 Google Scholar, aux pp. 211-212, 216. Il est aussi remarquable de constater après G. Langmuir, ibid., pp. 219, 240, comment les moines ont tiré parti des dettes contractées par les nobles auprès des juifs pour s'emparer du patrimoine terrien de ces nobles en produisant le numéraire nécessaire au remboursement de la dette.
10. G. Langmuir, « Medieval Antisemitism », Toward a Definition of Antisemitism, op. cit., pp. 301-310, attribue à la p. 304 ce massacre aux forces populaires, soulignant qu'il n'était ni le fait des croisés officiels, ni perpétré à l'instigation du gouvernement et des lettrés. Toutefois, en reconnaissant que ces masses populaires avaient appris à définir leur cosmos en termes chrétiens, et qu'en tuant des juifs elles croyaient exécuter les assassins du Christ, G. Langmuir implicitement admet une influence religieuse et donc lettrée. Pour une interprétation différente de l'antisémitisme médiéval considéré comme émanant des couches cléricales et gouvernementales, voir Moore, R. I., The Formation of a Persecuting Society, Oxford, 1987 Google Scholar.
11. B. Bedos-Rezak, « The Confrontation of Orality and Textuality… », art. cit., p. 554. Les diatribes de Pierre le Vénérable se trouvent dans la lettre qu'il adressa au roi Louis VII (1146), et par laquelle il suggère que les juifs paient les dépenses de la deuxième croisade : « […] non enim de simplici agri cultura, non de legali militia, non de quolibet honesto et utili officio horrea sua frugibus, cellaria vino, marsupia nummis, archas auro sive argento [Judei] cumulant, quantum de his quae ut dixi christicolis dolose subtrahunt, de his quae furtim a furibus empta, vili praecio res carissimas comparant […] », Constable, Giles éd., The Letters of Peter the Venerable, 2 vols, Cambridge, Ma., 1967, vol. 1, pp. 327–330 Google Scholar (Lettre n° 130, Ad Ludovicum Francorum Regem), à la p. 329 ; l'analyse de la lettre se trouve dans le t. 2, p. 185. Dans cette même lettre, ibid., vol. 1, p. 330, Pierre le Vénérable distingue la richesse des juifs de celle des chrétiens. Selon lui, les juifs possédaient des trésors mal acquis, les chrétiens de l'argent et des terres : « […] auferatur ergo vel ex maxima parte imminuatur judaicarum divitiarum male parta pinguendo, et Christianus exercitus qui ut Sarracenos expugnet pecuniis vel terris propriis Christi domini sui amore non pareil, Judaeorum thesauris tam pessime adquisitis non parcat […] ». Le discours tenu par Pierre le Vénérable sur les juifs est analysé par L. Little, Religious Poverty…, op. cit., p. 56 ; Torrell, Jean-Pierre, « Les Juifs dans l'oeuvre de Pierre le Vénérable », Cahiers de Civilisation médiévale, 30, 1987, pp. 331–346 Google Scholar ; Friedman, Yvonne, « An Anatomy of Anti-Semitism : Peter the Venerable's Letter to Louis VII, King of France (1146) », Bar-Ilan Studies in History, 1978, pp. 87–102, à la p. 99.Google Scholar
12. B. Bedos-Rezak, « The Confrontation of Orality and Textuality… », art. cit., p. 555. Il est remarquable que le monachisme bénédictin traditionnel, qui reproche aux juifs leur mentalité terre-à-terre et à leur Loi son manque de spiritualité, s'attire à cette même époque des critiques qui lui reprochent de s'adonner avec trop d'enthousiasme aux plaisirs de ce monde, van Engen, John, « The “Crisis of Cenobitism” Reconsidered : Benedictine Monasticism in the Years 1050-1150 », Speculum, 61, 1986, pp. 269–304, aux pp. 299-300, 302-303.Google Scholar
Les positions d'Anselme se trouvent dans son Epistola de sacrificio azimi et fermentati, et sont analysées par Dahan, Gilbert, « Saint Anselme, les Juifs, le judaïsme », Foreville, Raymonde éd., Les mutations socio-culturelles au tournant des XIe-XIIe siècles, Paris, 1984, pp. 521–534, à la p. 522.Google Scholar
Les dénonciations de Guibert se trouvent dans son Tractatus de Incarnatione contra Judaeos, Migne, J.-P. éd., Patrologiae Latinae, vol. 156, Paris, 1880, p. 519 Google Scholar : « In lege vestra que vobis Deus praemia pollicetur ? Possessiones, ventrium plenitudines, uxores ac filios, longaevitates, et nulla nisi iis contraria comminatur. De aeternis silentium est. Coeli praemia, tartari tormenta tacentur ».
L'attitude de Rupert est analysée par Timmer, David, « Biblical Exegesis and the Jewish- Christian Controversy in the Early Twelfth Century », Church History, 58, 1989, pp. 309–321 Google Scholar, aux pp. 315-316.
Les critiques d'Abélard se trouvent dans Dialogus inter Philosophum, Judaeum et Christianum et sont discutées par LiebeschÜTz, H., « The Significance of Judaism in Peter Abelard's Dialogus », Journal of Jewish Studies, 12, 1961, pp. 1–18 Google Scholar, aux pp. 3-5, 7. Sur la datation du Dialogus, laquelle demeure très controversée, voir la mise au point de Mews, Constant, « On Dating the Works of Peter Abélard », Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, 60, 1985, pp. 73–134 Google Scholar. Je tiens ici à remercier Michel Lemoine, directeur de recherche au CNRS (Nouveau Du Cange), qui m'a signalé l'existence de cet article. D'après C. Mews, le Dialogus aurait été rédigé alors qu'Abélard enseignait au Paraclet (vers 1125-1126), et non, comme le soutiennent la plupart des érudits, vers 1140-1142 à Cluny où Abélard avait trouvé refuge grâce à l'intervention de Pierre le Vénérable.
Le thème du juif charnel est repris par le cistercien Bernard de Clairvaux qui écrivit que les juifs, à la différence des chrétiens, ne reçoivent que la promesse de récompenses terrestres : Berger, David, « The Attitude of St. Bernard of Clairvaux toward the Jews », Proceedings of the American Academy for Jewish Research, 40, 1972, pp. 89–108, à la p. 99Google Scholar.
13. J. Leclercq, 77ie Love of Learning…, op. cit., pp. 79-80, 122.
14. Legendre, Pierre, Le désir politique de Dieu. Études sur les montages de l'État et du droit, Paris, 1988, pp. 290–292.Google Scholar
15. Street, Brian V., Literacy in Theory and Practice, Cambridge, 1984, pp. 113–114.Google Scholar
16. M. T. Clanchy, From Memory to Written Record, op. cit., pp. 109-110. M. T. Clanchy discute le préjudice qui semble s'attacher chez les chrétiens, tant clercs que laïcs, à l'usage des rouleaux en matière de documentation administrative, et considère comme possible que ce puisse être une influence juive qui ait suscité l'usage des Pipe Rolls par le gouvernement royal anglais au Moyen Age.
17. Fraenkel, Béatrice, La signature. Genèse d'un signe, Paris, 1992, pp. 55–70 Google Scholar ; O. Guillot, Le comte d'Anjou, II, p. 9, n. 21 : donation en 1056 du comte Geoffroy Martel à l'abbaye de Marmoutiers portant la formule cartam istam […] sacratissime crucis in aedem effigiato vexillo quo adversus omnem possit esse tuta calumniam munivimus ; M. Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie, acte 43, p. 148, donation en 1015-1026 du duc Richard II à l'abbaye de Saint-Ouen : […] per signum crucis cum excommunicatione hanc cartam firmavit…
18. Bongert, Yvonne, Recherches sur les cours laïques du Xe au XIIIe siècle, Paris, 1949, p. 43 Google Scholar, donne plusieurs exemples des clauses comminatoires invoquant châtiment divin ou ecclésiastique trouvées dans les chartes. Les clauses contenant spécifiquement des malédictions d'ordre spirituel contre quiconque s'attaquerait aux dispositions de la charte sont particulièrement nombreuses dans la première moitié du XIe siècle, et en déclin après cette période : Little, L., « La morphologie des malédictions monastiques », Annales ESC, 1979, n° 1, pp. 43–60 Google Scholar, à la p. 47 ; et tout récemment idem, Benedictine, Maledictions. Liturgical Cursing in Romanesque France, Ithaca-Londres, 1993.
19. Sur la récitation des chartes, et sur la participation orale de l'auditoire, voir, L. Little, « Malédictions monastiques », p. 48 ; L. White, Custom, Kinship…, op. cit., pp. 37, 208 ; Tabuteau, Emily, Transfers of Property in Eleventh-Century Norman Law, Chapel Hill, 1988, pp. 207, 212-215, 220Google Scholar. J. Howe, « The Nobility's Reform of the Médiéval Church », op. cit., discute, à la p. 334, le fait que les donateurs aristocratiques recevaient de leurs relations avec les établissements ecclésiastiques définition de leur statut social.
20. Voir les cas cités par Favreau, Robert, « Fonction des inscriptions au Moyen Age », Cahiers de Civilisation médiévale, 32, 1989, pp. 204–232 CrossRefGoogle Scholar, aux pp. 210-214.
21. M. Fauroux, Actes des ducs de Normandie, par exemple l'acte 149, p. 334 : confirmation en 1040-1050 du duc Guillaume en faveur de l'abbaye de Saint-Léger, […] pro sua suorumque salute, donationem supra altare posuit, de his omnibus que Hunfridus dederat […J. Voir aussi les remarques de de Boüard, A., Manuel de diplomatique française et pontificale, t. 2 : L'acte privé, Paris, 1948, pp. 112–114.Google Scholar
22. Sur la relation entre monopole de l'écrit et service sacerdotal, voir Goody, Jack, The Logic of Writing and the Organization of Society, Cambridge, 1986, p. 22.CrossRefGoogle Scholar
23. Le clergé a maintenu depuis le Haut Moyen Age certaines pratiques de droit romain : R. MCKitterick, The Carolingians and the Written Word, p. 71 ; L. Little, « Morphologie des malédictions monastiques », pp. 47-48 ; Y. Bongert, Recherches sur les cours laïques…, op. cit., p. 295 ; Davies, Wendy et Fouracre, Paul, The Settlement of Disputes in Early Medieval Europe, Cambridge, 1986, pp. 32, 39.CrossRefGoogle Scholar
24. White, L., « Pactum… legem vincit et amor judicium : The Settlement of Disputes by Compromise in Eleventh-Century Western France », American Journal of Legal History, 22, 1978, pp. 281–308 CrossRefGoogle Scholar, à la p. 297 et Custom, Kinship and Gifts, pp. 50-53, 82-83 et passim ; Y. Bongert, Recherches sur les cours laïques…, op. cit., p. 41 ss.
25. B. Bedos-Rezak, « Diplomatie Sources and Médiéval Documentary Practices… », art. cit, p. 323 ; E. Tabuteau, Transfers of Property…, op. cit., pp. 11-12, 148-149, 212.
26. Voir une évaluation de l'usage de l'écrit chez les juifs de France septentrionale au XIe siècle dans B. Bedos-Rezak, « The Confrontation of Orality… », art. cit., pp. 543-547.
27. Grabois, A., « Écoles et structures sociales des communautés juives dans l'Occident aux IXe-XIIe siècles », Civilisation et société dans l'Occident médiéval, Londres, 1983, n° XI, pp. 938–940 Google Scholar ; Agus, Irving, The Heroic Age of Franco-German Jewry, New York, 1969, pp. 310–311, 313, 320Google Scholar et Urban Civilization in Pre-Crusade Europe : A Study of Organized Town Life in Northwestern Europe during the Tenth and Eleventh Centuries based on the Responsa Literature, 2 vols, Leyde, 1965, p. 207 ; Simon, Joseph, « L'éducation chez les Juifs et particulièrement chez les Juifs de France au Moyen Age », Mémoires de l'Académie de Nîmes, 15, 1892, pp. 117–130 Google Scholar ; Nahon, Gérard, « Les communautés juives de la Champagne méridionale (XIe-XIVe siècle) », Rachi, Paris, 1974, pp. 64–66 Google Scholar. Il était possible à un juif illettré d'être compté pour le quorum religieux de dix hommes, et d'être accepté comme témoin : Tossafot, Soukk. 38b, 6 and Pes. 49b, 4, cité par L. Rabinowitz, The Social Life of the Jews of Northern France…, op. cit., p. 220, qui déduit de ce responsum que le nombre de juifs illettrés devait être élevé. Mais la question a pu être posée précisément parce que l'existence de juifs illettrés étant rare, leur statut demeurait peu clair ; voir Blumenfield, Samuel, « Education in the Age of Rashi », Rashi, His Teachings and Personality, Federbush, Simon éd., New York, 1958, pp. 99–106 Google Scholar, aux pp. 105-106, et R. Chazan, Medieval Jewry in Northern France…, op. cit., p. 52.
28. R. Chazan, Medieval Jewry in Northern France…, op. cit., p. 20.1. AGUS, Urban Civilization…, op. cit., pp. 533-534, passim, et voir à l'index sous les rubriques : Contracts, Documents, Notes of indebtedness ; Norman Golb, « Les Juifs de Normandie à l'époque d'Anselme », R. Foreville éd., Les mutations socio-culturelles…, op. cit., pp. 149-160, à la p. 155 ; Grabois, A., « Remarques sur l'influence mutuelle de l'organisation de la communauté juive et de la paroisse urbaine dans les villes entre le Rhin et la Loire à la veille des croisades », Civilisation et société dans l'Occident médiéval, n° XVI, p. 551 Google Scholar ; Finkelstein, Louis, Jewish Self-Government in the Middle Ages, New York, 1964, pp. 31, 201Google Scholar.
29. Sur les compétences linguistiques des juifs, voir, M. T. Clanchy, From Memory to Written Record…, op. cit., pp. 156, 188. Sur leurs sceaux, les juifs manifestent une préférence marquée pour les légendes hébraïques, même si le latin et le vernaculaire sont aussi employés : Bedos-Rezak, B., « Les sceaux », Art et archéologie des Juifs au Moyen Age, Toulouse, 1980, pp. 207–228 Google Scholar ; FRiedenberg, Daniel, Medieval Jewish Seals from Europe, Détroit, 1987, pp. 59–119.Google Scholar
30. Pirenne, Henri, « L'instruction des marchands au Moyen Age », Annales ESC, 1929, n° 1, pp. 13–28, aux pp. 19-21, 24Google Scholar ; Lopez, Roberto S., « The Culture of the Médiéval Merchant », Randall, Dale B. J. éd., Medieval and Renaissance Studies, 8, Durham, NC, 1979, pp. 54–62.Google Scholar
31. Reif, Stephan, « Aspects of Mediaeval Jewish Literacy », The Uses of Literacy in Early Mediaeval Europe, McKitterick, R. éd., Cambridge, 1990, pp. 134–155 Google Scholar, à la p. 145.
32. Les points communs entre tradition, exégèse et école juives et monastiques ont été établis par J. Leclercq, The Love of Learning…, op. cit., pp. 17-18, 77.
33. Sur le recours aux juifs et à leur expertise par les nobles et les marchands chrétiens, voir B. Bedos-Rezak, « The Confrontation of Orality and Textuality », art. cit., pp. 551-553.
34. L. Rabinowitz, The Social Life of the Jews in Northern France, op. cit., p. 195 : Rabbenou Tarn interdit que se tiennent des funérailles le second jour de fête, car si le roi ou son administration apprenaient que les juifs faisant partie de leur personnel pouvaient enterrer leurs morts en ce jour, ils imposeraient à ces juifs l'obligation de travailler et d'écrire pendant les fêtes ; I. Agus, Urban Civilization, op. cit., pp. 323, 331, 413.
35. B. Bedos-Rezak, « The Confrontation of Orality and Textuality », art. cit., pp. 551-552. Sur les méfaits de Thomas de Marie (1100-1130), voir R. I. Moore, Formation of a Persecuting…, op. cit., pp. 41, 94 et Self and Society in Twelfth-Century France: The Memoirs of Abbot Guibert of Nogent, John Benton éd., New York, 1970, pp. 184-186, 197-207. Sur le comportement du comte de Soissons, voir R. I. Moore, Formation of a Persecuting…, op. cit., pp. 117, 122 ; The Memoirs of Abbot Guibert of Nogent, op. cit., pp. 209-210 ; Chauraud, Jacques, « Les Juifs dans l'oeuvre autobiographique de Guibert de Nogent (1055-1124) », Études Inter-Ethniques, 7, 1984, pp. 3–19, aux pp. 6-10Google Scholar. Sur le fait que Guibert de Nogent rédigea son Tractatus de Incarnatione contra Judeos, suscité par la tolérance que le comte de Soissons montrait envers les juifs, voir Gilbert Dahan, « St Anselme, les Juifs, le judaïsme », R. Foreville éd., Les mutations socio-culturelles…, op. cit., pp. 521-534, à la p. 530.
36. Chazan, R., « 1007-1012 : Initial Crisis for Northern European Jewry », Proceedings of the American Academy for Jewish Research, 38–39 (1970-1971), pp. 101–118, à la p. 113CrossRefGoogle Scholar ; R. I. Moore, Formation of Persecuting…, op. cit., p. 148.
37. Cité par L. Little, Religious Poverty and Profit Economy, p. 54, n. 62, d'après Monod, Bernard, « Juifs, sorciers et hérétiques au Moyen Age d'après les mémoires d'un moine du XIe siècle (Guibert de Nogent) », Revue des Études juives, 46, 1903, pp. 237–245 Google Scholar, qui discute de la présence juive dans l'entourage seigneurial, sans toutefois faire référence à l'accusation portée par Guibert.
38. Voir ci-dessus, pp. 1054-1055.
39. J. Leclercq, The Love of Learning…, op. cit., pp. 73, 77, 79.
40. Voir les remarques de Atlan, H., « Niveaux de signification et athéisme de l'écriture », La Bible au présent. Actes du XXIIe colloque des intellectuels juifs de langue française, Paris, 1982, pp. 55–88.Google Scholar
41. G. Langmuir, « Doubt in Christendom », Toward a Definition of Antisemitism, op. cit., pp. 100-133 aux pp. 103-105.
42. Jean-Pierre Torrell, « Les Juifs dans l'œuvre de Pierre le Vénérable », art. cit., p. 335.
43. Les Dialogi se trouvent dans la PL, vol. 157, col. 535-672 ; la référence à la compréhension charnelle des juifs est dans les col. 541-542. Voir à ce sujet les remarques de P. Legendre, Le désir politique de Dieu…, op. cit., pp. 293-295.
44. Les passages pertinents sont cités dans J.-P. Torrell, « Les Juifs dans l'œuvre de Pierre le Vénérable », art. cit., p. 337. G. Langmuir, « Doubt in Christendom », Toward a Définition of Antisemitism, op. cit., pp. 132-133.
45. Sur la fluctuation du concept d'authenticité documentaire au XIIe siècle, et sur le discours des théoriciens en la matière, voir B. Bedos-Rezak, « Diplomatie Sources and Medieval Documentary Practices… », art. cit., pp. 326-327, 331-332.
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